avaient été trompées dans leur attente. Pourquoi? Parce que l'on avait commencé à proclamer des principes de liberté de commerce, et que l'on n'avait pas été jusqu'où il fallait aller pour donner de la consistance à ces principes on n'avait pas osé les étendre aux grands articles, le sucre et le blé. : Mais surtout, continuait lord Russell, qu'avait-on fait relativement aux finances? Dans les trois années finissant en 1842, les droits de douane avaient diminué de 834,000 liv. sterl. Sur trois années, la diminution avait été de 2 millions 268,000 liv. sterl. La somme totale des droits de douane et d'accise avait été, en 1842, de 34 millions 115,000 liv. sterl., ce qui, sur les trois années, donnait une diminution de 2 millions 559,000 liv. sterl. Quel avait été le résultat du tarif adopté par le ministère actuel? Un déficit de 2,400,000 liv. sterl., quoique le chancelier de l'Échiquier eût annoncé imprudemment que, en combinant le tarif avec l'impôt du revenu, on aurait un excédant de 50,000 liv. sterl. Ce déficit palpable, incontestable de 2 millions 400,000 liv. sterl., voulait-on l'attribuer, avec le chancelier de l'Échiquier, à la diminution survenue dans la consommation? Mais alors pourquoi n'avait-on pas, en 1841, examiné les droits sur le sucre et sur le blé, pour voir s'il n'y aurait pas moyen d'arrêter ce déficit ? Il serait inutile de suivre cette discussion dans ce qu'elle eut de personnel aux chefs de partis. Comme dans toutes les questions intérieures ou extérieures, ce que les whigs reprochèrent aux tories fut renvoyé par les tories aux whigs. Une étude plus profitable sera celle des différents chiffres apportés par les différentes opinions. Là seulement, dans les énonciations positives, dans les appréciations contradictoires des mêmes résultats peut se trouver la certitude. La question du déficit se représenta à la Chambre des lords sous forme d'une résolution proposée par lord Monteagle. Le noble lord eût voulu que la Chamble déclarât avoir vu avec regret que l'espérance d'un excédant de recettes de plus de 500,000 liv. sterl. pour l'année 1842-1843 ne se fût pas réalisée, tandis qu'au contraire il y avait eu un déficit de 2 millions 421,000 liv. sterl., nonobstant l'établissement d'une taxe sur la propritéé, l'application au service public, dans l'année, de 511,406 liv sterl. obtenues du gouvernement de la Chine et une recette de plus de 1,300,000 liv. sterl. pour droits sur le grain importé. La charge pour la dette permanente s'était accrue depuis deux ans, ajoutait lord Monteagle. Les balances de l'Échiquier avaient été réduites, et plus d'un million de bons de l'Échiquier, détenus par les mandataires des caisses d'épargne, avaient été convertis en fonds publics. Dans ces circonstances, il était du devoir tout spécial de la législature et du gouvernement de S. M. de réaliser l'économie la plus rigoureuse qui pût se concilier avec le service public, et d'adopter toutes les mesures de nature à augmenter les revenus ordinaires en assurant à l'industrie agricole, manufacturière et commerciale la plus large extension, dans le but d'éviter ainsi au pays la remise en vigueur d'une taxe de propriété en temps de paix. On le voit, dans toutes les occasions, sous toutes les formes, c'est toujours la même accusation portée contre le ministère, le même plaidoyer pour la liberté du commerce qui compte maintenant, outre de nombreux défenseurs entraînés par l'esprit de parti, quelques esprits sérieux, impartiaux et convaincus. Lord Monteagle s'attachait à suivre le déficit dans chacune des branches du revenu. Les produits de la houille, des liqueurs irlandaises étaient demeurés de beaucoup audessous des évaluations du gouvernement. Sir Robert Peel avait promis que la taxe du revenu cesserait au bout de trois ans, si le résultat répondait à son attente; or, l'impôt avait produit 5 millions 100,000 liv. sterl. assuré à la navigation. Il n'y avait pas, selon l'orateur, un seul port qui pût recevoir les bâtiments en cas de guerre. Le capitaine Péchell appuya cette motion, en confirmant le fait par l'exemple des ports de Douvres et de Ramsgate, dont l'inutilité était complète, comme port de refuge; sir Charles Napier étendit l'observation à tous les ports d'Angleterre et d'Irlande. Le budget de l'armée, présenté (27 février) par sir Henry Hardinge, fixait le chiffre des troupes à 100,846 hommes, c'est-à-dire, 5,740 hommes de moins que l'année précédente; économie, 139,000 liv. sterl. Le budget spécial de l'artillerie (6 mars) accusait une économie de 258,126 liv. sterl. sur les dépenses de l'année précédente. 110,000 liv. sterl. étaient demandées pour le service civil. M. Williams critiqua les dépenses exorbitantes de la diplomatie. Vingt-six personnes seulement, dit l'orateur, sont employées dans des postes éminents, et la dépense des chancelleries est de 205,900 liv. sterl. Vingt-deux diplomates sont employés par les États-Unis, et le chiffre de la dépense n'est que de 28,000 liv. par an; différence monstrueuse; ce chiffre de 110,000 liv. sterl., de 28,000 liv. sterl. moins fort que l'année précédente, fut, au reste, consacré par la chambre. Il en fut de même d'un chiffre de 39,000 liv. sterl., demandé pour le service de l'étranger et le service secret; d'une somme de 50,000 liv. sterl., réclamée pour l'éducation politique en Angleterre ; de 300.000 liv. sterl., pour le pénitentiaire des condamnés dans la Nouvelle-Galles du sud et dans la terre de Van-Diemen; et, enfin, de 34,400 liv. sterl., pour l'entretien des forces de la police à Dublin (7 avril). Tous les subsides ayant été votés dans le sens des propositions ministérielles, le parlement fut prorogé au 19 octobre (24 août). Dans le discours prononcé à cette occasion par la reine elle-même, une phrase seulement, conçue en termes vagues Ann, hist. pour 1843. 30 Outre les 870,000 liv. sterl. portées au budget, la Chine devait verser une somme de 2 millions de liv. sterl., mais cette somme avait son emploi à part, savoir : Pour le paiement de l'opium confisqué. . Pour remboursement à la compagnie des Indes pour la guerre de Chine. . 1,250,000 liv sterl. 800,000 En définitive, l'Angleterre avait dépensé pour la guerre de Chine 4 millions 200,000 liv. sterl. et n'avait encore reçu, pour son propre compte, que 500,000 liv. sterl., d'une part, et 870,000 de l'autre. Quant à l'income-tax, beaucoup de droits non perçus étaient constatés et devaient aider à combler le déficit. Ici, quoique les évaluations n'eussent pas été réalisées, il Y avait une augmentation réelle de 1 million 525,000 liv. sterl. puisque le produit effectif s'élevait, au lieu de 3,775,000 liv. sterl. à 5,500,000, dont voici le détail : De ce total il fallait pourtant déduire, pour causes diverses, à peu près 400,000 liv. ster. Cette augmentation monstrueuse de l'income-tax, l'opposition l'avait reprochée au ministère; mais l'exagération même du reproche avait rendu la réponse facile. La grandeur même du remède appliqué au mal par le cabinet tory ressortait de l'énormité du déficit de l'accise, des douanes et des diverses taxes. De toute la discussion i ressortait que, l'épreuve une fois complète, l'augmentation de l'incometax serait suffisante pour rétablir l'équilibre. A la fin de l'année, une amélioration déjà sensible dans les revenus commençait à faire pressentir que ces espérances étaient bien fondées (Voy., chap. XIII, intérieur, l'exposé de la situation financière d'après les relevés trimestriels publiés par le gouvernement). D'un seul côté, en ce qui touchait la nouvelle taxe des eaux-de-vie irlandaises, sir Robert Peel s'était incontestablement trompé: il avoua franchement son erreur et abandonna cette partie de l'impôt. Pour le droit d'exportation des houilles, il réussit à faire repousser, par 187 voix contre 124, une motion de lord Howick, tendant à le faire supprimer. Pour compléter cette esquisse du budget, il est nécessaire de jeter maintenant un coup-d'œil sur les diverses parties dubudget des dépenses et d'indiquer les diminutions partielles consenties ou proposées par le ministère. Le budget de la marine, présenté à la Chambre des communes (24 février) par M. Sydney-Herbert supportait une réduction de 4,000 hommes, due surtout à la cessation des hostilités en Chine. Le nombre ainsi réduit des hommes appliqués, pour la présente année, an service des vaisseaux de l'État, se montait à 39,000 hommes 1). Ce chiffre fut voté par la chambre, ainsi que celui de 1,259,697 liv. sterl. pour salaire des matelots et soldats de marine, Une réduction importante fut annoncée, par sir Robert Peel, sur le nombre des vaisseaux de ligne dans la Méditerranée. Ce nombre, qui était de 10, en 1841, ne serait plus que de 4. J'ai tant de confiance, ajoutait le ministre, dans la raison et le bon (1) A peu près 8,000 tommes de plus que l'effectif des équipages français pour la même année. Mais la marine anglaise emploie toujours un personnel moindre que la marine française. |