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ture à laquelle est jointe une ferme modèle a été établie par le marquis de Ridolfi et a obtenu un grand succès. Le grand-duc, pour compléter cette œuvre si utile, a créé un enseignement universitaire avec grades et diplomes pour l'agriculture. S. A. I. et R. s'occupe aussi utilement de la réforme des prisons. Le bagne de Pise a déjà été supprimé et changé en maison de correction, et à Valterre a été établie une maison pénitentiaire dans laquelle les condamnés sont traités avec une humanité louable. Enfin, 20 asiles ou écoles industrielles d'enfants, établis depuis dix ans et soutenus par des contributions volontaires, témoignent assez des progrès qu'a fait, en Toscane, l'esprit de philanthropie bien entendu.

tranquillité publique. Suivant le ministre, c'était le cas de ces écrits, qui méconnaissaient les prérogatives de la couronne et qui excitaient le peuple au désordre. La circulation de tout écrit de cette espèce devait donc être arrêtée par le fonctionnaire public et la dénonciation faite dans les douze heures qui suivraient la saisie et le dépôt, sans que les verdicts contraires du jury pussent paralyser, en aucune occasion, l'action de la loi.

Le gouvernement fut obéi; les saisies se multiplièrent ; mais les jurés ne furent pas aussi dociles que les agents de l'autorité; un petit nombre de condamnations fut prononcé.

Les journaux coalisés persévérèrent dans leur attitude violente. Aucun acte du gouvernement n'échappait à leur censure; dès que l'oppression arbitraire de la presse à Barcelone leur fut connnue, ils publièrent, d'un commun accord, une protestation énergique contre la conduite du capitainegénéral Seoane.

C'est alors que, convaincu de tyrannie et d'impuissance,le gouvernement dut renoncer à obtenir la contribution dont il avait frappé Barcelone. Il le fit par un décret du 2 février: la communication par laquelle le capitaine-général en faisait part à la municipalité contenait ces paroles singulières :

« S. A. (le régent) veut donner par cette mesure à la population de Barcelone une nouvelle et évidente preuve de sa bonté et de sa déférence. Elle est mue par l'espérance que cela servira de stimulant pour prévenir ultérieurement la reproduction de semblables événements, si défavorable au bien-être et à la réputation de cette ville. Ce sont là deux objets en faveur desquels S. A. sera toujours disposée à employer ses efforts et son zèle.»

Toutefois, à la même époque (6 février), Espartero, effrayé des proportions que prenaient les événements et de la coalition de passions et d'intérêts qui se déclaraient contre sa politique, crut devoir adresser aux Espagnols un manifeste sur la situation et rappeler le souvenir de ce qu'il

avait fait pour le pays. Ce document est plutôt une récrimination contre les ennemis du régent qu'une justification de sa conduite; il est empreint d'incertitude et d'exagération; il est disposé pour jeter l'odieux sur ce que l'on a appelé l'attentat d'octobre, en 1841, et sur l'insurection de Barcelone, en 1842 mais il parle de répression sans s'arrêter sur les moyens employés pour l'obtenir.

Il s'attache ensuite à tracer la mission des nouvelles chambres et les travaux d'organisation dont elles auront à s'occuper. Le régent affecte, dans son manifeste, de ne pas désigner aux électeurs la classe, le parti et l'opinion dans laquelle ils doivent choisir leurs candidats. « Tous les partis, dit-il, toutes les opinions, toutes les vues qui n'outrepasseront pas les limites de la constitution peuvent être utiles au service de l'État, tous sont respectables pour moi. >>

La dernière partie du manifeste était toute entière consacrée à l'exposition des sentiments personnels du régent; il s'efforçait surtout d'y montrer son attachement au trône d'Isabelle et d'y répondre par des protestations de tendances monarchiques aux accusations de coupable ambition qu'on ne lui épargnait plus ni en Espagne, ni en Europe. (Voy. à l'Appendice).

Il n'y avait là rien qui pût éclairer le pays sur la politique du régent, rien qui pût exercer une influence sur la pensée du pays. Aussi, les accusations des partis et de la presse ne se ralentirent point. L'approche des élections doublait plutôt leur activité.

Cependant, le gouvernement s'occupait, bien qu'avec peu d'activité, de questions d'administration. Les finances de l'État, le service si difficile de la dette étrangère étaient l'objet de ses soins. Il allait affermer les mines d'Almaden et il prenait ses mesures pour qu'à l'avenir le revenu en fût consacré au paiement de la rente 3 %. Ii réalisait également une pensée depuis longtemps conçue et incontestablement utile, la création d'un conseil d'Etat, destiné à préparer les

projets de loi et à résoudre les questions de contentieux administratif (voy. l'appendice).

Ces actes avaient peu d'importance pour les partis; cependant l'affermage des mines fut vivement critiqué comme fait à des conditions défavorables pour le trésor, et la préférence accordée au 3 % ne parut pas suffisamment justifiée.

Quant à la création du conseil d'État sans la délibération des chambres, elle fut regardée comme bonne en fait, et mauvaise en principe. Si elle dotait le pays d'une institution nécessaire, ce n'était qu'au prix d'une nouvelle atteinte portée aux droits des cortès. Ainsi, le pouvoir frappé de vertige ne pouvait faire même le bien, sans donner prise aux attaques de ses ennemis.

Le mois de mars fut rempli par les luttes électorales. Elles furent ce qu'elles ont presque toujours été en Espagne, agitées, violentes, et, dans plusieurs villes comme Barcelone, elles occasionèrent des prises d'armesdans lesquelles il y eut du sang répandu. Dans sa signification politique, le résultat fut favorable à la coalition, et remplit les espérances que l'opposition en avait conçues. Il n'y avait point encore lieu de supposer que les nouvelles chambres voulussent renverser autre chose que le ministère et le système. Mais telle semblait être la fermeté de leur résolution sur ce point, qu'aucun obstacle ne pouvait les détourner de ce but, fût-ce la personne du régent lui-même. Dans l'incertitude des événements, une chose était du moins certaine : c'est que les nouvelles chambres voudraient une autre politique et qu'elles avaient avec elles les vœux et l'appui du pays. Le ministère comprit dèslors qu'il n'échapperait pas aux difficultés d'administration qui se préparaient, et que son existence ne tarderait pas devenir impossible. Il déclara au régent que telle était son opinion et qu'il ne pouvait que penser à la retraite (16 mars). Mais le régent refusa d'accepter la démission du cabinet, en lui demandant, comme un service au pays, de rester au pouvoir Jusqu'à ce que la majorité se fût déclarée dans les cortès.

d'être perçu légalement. Deux faits graves en résultaient, c'est que l'argent avait à peu près cessé de rentrer dans le trésor et que les partis hostiles essayaient de pousser les populations au refus de l'impôt. A toutes ces causes de faiblesse et de crainte pour le gouvernement se joignait la résistance que Barcelone vaincue opposait aux autorités chargées de lever la contribution dont elle avait été si injustement frappée. Vainement le chef militaire et politique de la Catalogne, le capitaine-général Seoane, employa l'intimidation et la force; vainement les autorités municipales furent conduites à la citadelle et menacéesde la détention; vainement la presse fut interdite et plusieurs écrivains politiques mis en prison; les habitants de Barcelone firent preuve d'un très-grand courage d'inertie; un très-petit nombre consentirent à payer ce que l'on exigeait d'eux, les autres échappèrent à tous les mesures violentes dont ils furent l'objet. Les altercations les plus vives éclatèrent entre la population et les garnisaires envoyés pour contraindre les récalcitrants, et l'ordre fut plusieurs fois mis en péril. Enfin,et ce n'était pas là le moindre embarras pour le gouvernement, la presse avait pris, à l'égard du ministère et du régent lui-même, l'attitude la plus agressive et la plus ferme. La plupart des feuilles progressistes s'étaient jointes aux feuilles modérées dans une vaste conspiration d'efforts. Leur langage révolutionnaire, si exagéré qu'il fût, répandait dans le pays le mépris de l'ordre de choses établi, la haine, la défiance, toutes les passions propres à faire naitre comme à faire exécuter les résolutions extrêmes.

Le gouvernement ne dissimula pas les alarmes que lui causait cette coalition de la presse. Dans une circulaire adressée à ce sujet aux chefs politiques, le ministre de l'intérieur fit appel à une loi de 1837, qui autorise le gouvernement, les chefs politiques et, en l'absence de ces derniers, les alcades, à suspendre la circulation de tout écrit que, sur de bons motifs, ils jugeraient capable de compromettre la

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