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porter sur ceux de Burgos, Aranda, etc., à l'exception d'une centaine qu'on ne pourrait transporter, et qu'on y laissera sous la responsabilité espagnole; qu'à Valladolid continuera à rester le commandant de la place avec 12 hommes et un piquet de cavalerie (lui recommander les hommes isolés, surtout de la Garde impériale); qu'à Burgos se porteront ceux depuis Vitoria à Burgos; à Madrid, tous ceux depuis Lerma à Madrid. Que l'Empereur approuve la nomination du général Frère au commandement de la division à Aranda, poste important et qu'il faut garder soigneusement. Réunir sous ses ordres les divers bataillons de marche. Avoir au moins à Aranda 1,200 hommes d'infanterie, 5 à 600 hommes de cavalerie et quatre pièces de canon de la division Merle.

Que le général Verdier continuera à être sous les ordres du maréchal Bessières, mais ayant la police de la province de Biscaye, composée de Guipuzcoa, Alava et Biscaye proprement dite; il n'y a que la seule place de Saint-Sébastien. Que le général Verdier prenne connaissance de l'organisation de la province, des hommes en place ou qui ont de l'influence, afin d'agir au besoin en conséquence. Sa Ire brigade, à Vitoria; sa 2°, à Hernani, comme il a été dit. Faire connaître ces dispositions au maréchal Bessières.

C'est le moyen d'être partout, puisque en deux marches on peut se porter sur tous les points avec des forces imposantes. Point de garnisons; point de petits paquets. Quant au chemin d'Aranda à Madrid, il y aura le point de Buitrago, où sont des magasins et un hôpital; le grand-duc У tiendra 1,000 hommes en infanterie et cavalerie avec deux pièces de canon pour tenir les communications.

Les hôpitaux à Saint-Sébastien, Burgos, Aranda et Vitoria ; aucun homme souffert entre ces points; les soldats isolés seront sur-lechamp dirigés sur le plus près. Rendre les généraux responsables des hommes isolés, les retenir dans les corps et les y mettre en subsistance.

Que le maréchal Bessières, les généraux Verdier et Frère se portent sur le pays ou village qui pourrait s'insurger ou qui aura maltraité des soldats et des courriers; y faire un grand exemple. Une fois dans une campagne un terrible exemple, comme j'ai fait à Bignasco en Italie, suffira.

Le maréchal Bessières jugera s'il ne serait pas à propos de réunir les escadrons provisoires dans les quatre régiments provisoires. Ces escadrons, mal organisés, rendent peu de services, d'autant que 1,000 hommes du général Lasalle arrivent à Bayonne. L'intention de l'Empereur est que le maréchal Bessières ait le commandement

des trois provinces, Navarre, Biscaye et Vieille-Castille. Dans la province de la Navarre, il y a le général d'Agoult avec sa brigade; on tiendra bonne garnison dans la citadelle de Pampelune, qui, dominant la ville, en rend toujours maitre; dans celle de la Biscaye, le général Thouvenot est chargé de Saint-Sébastien.

Tous les hommes isolés seront retenus à Bayonne. Après trois jours de repos, avec des cartouches et bien armés, ces hommes seront dirigés sur Saint-Sébastien, de manière à porter les bataillons de la réserve à 1,000 hommes chacun, et avoir une colonne mobile, commandée par le colonel Pepin, de 1,200 hommes d'infanterie, 50 hommes de cavalerie et quatre pièces de canon.

A Hernani, la 2o brigade du général Verdier, composée du 3o escadron de marche des cuirassiers, du 13° provisoire d'infanterie et de trois pièces de canon. A la tête de cette colonne sera le général Ducos, qui partira de Bayonne le 18; le 17, au soir, le major général prendra là-dessus mes ordres. Cette brigade sera renforcée du 14° régiment provisoire (qui doit arriver le 14 à Bayonne, y rester un jour et prendre mes ordres avant le départ), et d'une compagnie de 100 Basques, s'il est possible de la former. Le général Verdier, avec sa 1 brigade et douze pièces de canon, 3 à 400 hommes de cavalerie qui forment à présent les postes dans les relais depuis Irun, se tiendra a Vitoria; sa 2o brigade, ainsi que la garnison de SaintSébastien, sera spécialement chargée de la Biscaye.

Enfin M. le maréchal Bessières se tiendra à Burgos avec les deux régiments de fusiliers de la Garde, huit pièces de canon de la Garde, la 1 brigade du général Merle avec huit pièces de cette division, le 1" régiment de marche, la brigade Gaulois. Toute la cavalerie de la Garde, entre Vitoria et Burgos. Enfin le général Frère se tiendra à Lerma avec trois bataillons de marche, différents escadrons de marche et les quatre régiments de marche du général Lagrange. Le maréchal Bessières est maître d'établir des troupes dans ces quatre points, Hernani, Burgos, Aranda et Vitoria; il n'y aura point de Français ailleurs, à l'exception d'un poste à l'abri d'un coup de main, que l'on pourra occuper. On pourra laisser quelques capitaines ou lieutenants pour commander les points importants, avec ordre de se replier vers la masse en cas d'insurrection générale.

On fera connaitre à M. le maréchal Bessières et au général Verdier que j'irai en Espagne à la tète de la division Lasalle, composée de quelques milliers d'hommes. On laissera les chevaux aux relais. Dans tous les pays quelconques, en tenant les principales villes ou postes, on les contient facilement, en ayant sous sa main les évêques,

les magistrats, les principaux propriétaires, qui sont intéressés à maintenir l'ordre sous leur responsabilité.

Au maréchal Bessières : tenir à Madrid des corps nombreux de la Garde; c'est là que les événements se passeront. C'est là le centre des Espagnols. Autour de cette capitale se trouvent les grandes plaines.

Dépôts de cartouches à Burgos, Aranda, Vitoria et Buitrago, et y faire venir des vivres et du biscuit. 300,000 rations de biscuit à Vitoria, autant à Burgos, Aranda et Buitrago.. Ces mesures doivent s'exécuter sous dix jours, par gradation et sans secousses, rien n'est pressé; mais cependant plus tôt si des insurrections se manifestaient.

D'après la minute. Dépôt de la guerre.

13750.

A FERDINAND, PRINCE DES ASTURIES, A VITORIA.
Bayonne, 16 avril 1808.

Mon Frère, j'ai reçu la lettre de Votre Altesse Royale. Elle doit avoir acquis la preuve, dans les papiers qu'elle a eus du Roi son père, de l'intérêt que je lui ai toujours porté. Elle me permettra, dans la circonstance actuelle, de lui parler avec franchise et loyauté. En arrivant à Madrid, j'espérais porter mon illustre ami à quelques réformes nécessaires dans ses États et à donner quelque satisfaction à l'opinion publique. Le renvoi du prince de la Paix me paraissait nécessaire pour son bonheur et celui de ses sujets. Les affaires du Nord ont retardé mon voyage. Les événements d'Aranjuez ont eu lieu. Je ne suis point juge de ce qui s'est passé et de la conduite du prince de la Paix; mais ce que je sais bien, c'est qu'il est dangereux pour les rois d'accoutumer les peuples à répandre du sang et à se faire justice eux-mêmes; je prie Dieu que Votre Altesse Royale n'en fasse pas elle-même un jour l'expérience. Il n'est pas de l'intérêt de l'Espagne de faire du mal à un prince qui a épousé une princesse du sang royal et qui a si longtemps régi le royaume. Il n'a plus d'amis : Votre Altesse n'en aura plus, si jamais elle est malheureuse. Les peuples se vengent volontiers des hommages qu'ils nous rendent. Comment, d'ailleurs, pourrait-on faire le procès au prince de la Paix sans le faire à la Reine et au Roi votre père? Ce procès alimentera les haines et les passions factieuses le résultat en sera funeste pour votre couronne. Votre Altesse Royale n'y a de droits que ceux que lui a transmis sa mère; si le procès la déshonore, Votre Altesse déchire par là ses droits. Qu'elle ferme l'oreille à des conseils faibles et per

fides. Elle n'a pas le droit de juger le prince de la Paix; ses crimes, si on lui en reproche, se perdent dans les droits du tròne. J'ai souvent manifesté le désir que le prince de la Paix fût éloigné des affaires ; l'amitié du roi Charles m'a porté souvent à me taire et à détourner les Jeux des faiblesses de son attachement. Misérables hommes que nous sommes! faiblesse et erreur, c'est notre devise! Mais tout cela peut se concilier. Que le prince de la Paix soit exilé d'Espagne, et je lui offre un refuge en France. Quant à l'abdication de Charles IV, elle a eu lieu dans un moment où mes armées couvraient les Espagnes, et, aux yeux de l'Europe et de la postérité, je paraîtrais n'avoir envoyé tant de troupes que pour précipiter du trône mon allié et mon ami. Comme souverain voisin, il m'est permis de vouloir connaître, avant de reconnaître cette abdication. Je le dis à Votre Altesse Royale, aux Espagnols, au monde entier : Si l'abdication du roi Charles est de pur mouvement, s'il n'y a pas été forcé par l'insurrection et l'émeute d'Aranjuez, je ne fais aucune difficulté de l'admettre, et je reconnais Votre Altesse Royale comme roi d'Espagne. Je désire donc causer avec elle sur cet objet. La circonspection que je porte depuis un mois dans ces affaires doit lui être garant de l'appui qu'elle trouvera en moi, si, à son tour, des factions de quelque nature qu'elles soient venaient à l'inquiéter sur son tròne. Quand le roi Charles me fit part de l'événement du mois d'octobre dernier, j'en fus douloureusement affecté, et je pense avoir contribué, par les insinuations que j'ai faites, à la bonne issue de l'affaire de l'Escurial. Votre Altesse Royale avait bien des torts, je n'en veux pour preuve que la lettre qu'elle m'a écrite, et que j'ai toujours voulu ignorer. Roi à son tour, elle saura combien les droits du trône sont sacrés : toute démarche près d'un souverain étranger de la part d'un prince héréditaire est criminelle. Le mariage d'une princesse française avec Votre Altesse Royale, je le tiens conforme aux intérêts de mes peuples, et surtout comme une circonstance qui m'attacherait par de nouveaux liens à une Maison dont je n'ai eu qu'à me louer depuis que je suis monté sur le trône. Votre Altesse Royale doit se défier des écarts des émotions populaires. On pourra commettre quelques meurtres sur mes soldats isolés, mais la ruine des Espagnes en serait le résultat. J'ai déjà vu avec peine qu'à Madrid on ait répandu des lettres du capitaine général de la Catalogne et fait tout ce qui pouvait donner du mouvement aux têtes. Votre Altesse Royale connaît ma pensée tout entière. Elle voit que je flotte entre diverses idées qui ont besoin d'être fixées. Elle peut être certaine que, dans tous les cas, je me comporterai avec elle comme envers le Roi son père. Qu'elle croie à mon désir de tout concilier et de trouver

des occasions de lui donner des preuves de mon affection et de ma parfaite estime.

D'après la copie du registre du maréchal duc d'Istrie.

NAPOLÉON.

13751.-- AU MARECHAL BESSIÈRES,

COMMANDANT DE LA GARDE IMPÉriale en espagNE, ETC., A BURGOS.

Bayonne, 16 avril 1808.

Mon Cousin, le major général vous aura fait connaître mes intentions. Je désire que mes troupes soient centralisées dans les quatre points de Hernani, Vitoria, Burgos et Aranda. J'envoie à Hernani le général Ducos avec le 3o escadron de marche de cavalerie, une brigade de régiments provisoires et six pièces de canon que j'ai fait organiser à Bayonne; ce qui compose une fort belle brigade, qui sera la seconde de la division Verdier. Il ne sera fait aucun établissement à Hernani; les hôpitaux et les magasins seront établis dans la place de SaintSébastien. Cette brigade du général Ducos sera augmentée, si l'occasion l'exige, d'une colonne mobile tirée de Saint-Sébastien, que commandera le colonel Pepin. Cette colonne serait de 1,200 hommes et de deux pièces d'artillerie. Le général Verdier avec ses douze pièces d'artillerie, sa 1re brigade et 2 ou 300 chevaux, gardera Vitoria; il aura le commandement de la Biscaye et prendra des mesures pour assurer la tranquillité de cette province. Tous les hommes isolés se rendront à Saint-Sébastien, pour être mis en subsistance dans les bataillons; aucun ne passera Vitoria ni Burgos. Recommandez bien aux commandants de place d'y porter la plus grande surveillance et mettez en subsistance les hommes isolés dans les bataillons de marche que vous avez.

Entre Hernani et Vitoria il n'y aura aucun hôpital ni dépôt; tout sera évacué sur Saint-Sébastien. Entre Vitoria et Burgos il n'y aura aucun hôpital, ni établissement, ni poste français; tout sera à Vitoria ou à Burgos. Vous réunirez à Burgos toutes vos troupes, en laissant à Aranda 1,800 hommes d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie. Il y aura aussi à Saint-Sébastien, Vitoria, Burgos et Aranda, des magasins de vivres, de biscuit, de cartouches, et des hôpitaux. Tenant ainsi les capitales, le pays restera tranquille, et, s'il était agité, quelques colonnes mobiles tombant sur le lieu, et y faisant des exemples sévères, y rétabliraient la tranquillité. Vous pouvez laisser entre les différents points de réunion quelques gendarmes avec des soldats espagnols, en faisant connaitre qu'ils sont là pour faire respecter les alcades et

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