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14224. AU PRINCE CAMBACÉRÈS,
ARCHICHANCELIER DE L'EMPIRE, A PARIS.

Pau, 23 juillet 1808.

Mon Cousin, je suis arrivé hier à Pau. Je vais partir pour Tarbes. Le roi d'Espagne est arrivé le 20, à six heures du soir, à Madrid. NAPOLÉON.

P. S. Je suis arrivé à Tarbes aujourd'hui, à dix heures du matin.

D'après la copie comm. par M. le duc de Cambacérès.

14225. AU MARECHAL PERIGNON, A PARIS.

Tarbes, 23 juillet 1808.

Mon Cousin, le secrétaire d'État vous envoie le décret par lequel je vous ai nommé gouverneur de Naples et commandant de mon armée dans ce royaume. Il est indispensable que vous soyez rendu à Naples le 5 août, ou plus tôt s'il est possible. Le maréchal Jourdan ayant été appelé à Madrid, vous recevrez le commandement de lui, s'il est encore à Naples, ou du plus ancien général de division auquel il l'aura laissé. La proclamation du grand-duc de Berg comme roi de Naples doit avoir été faite. Il ne pourra se rendre à Naples que d'ici à quinze ou vingt jours. Il est donc nécessaire que, d'ici à ce temps, vous preniez toutes les mesures convenables pour le bien du royaume et de mon armée. Je m'en fie entièrement à votre zèle pour mon service. Vous trouverez, à votre arrivée à Naples, des lettres patentes du Roi, qui vous confèrent le titre de son lieutenant général, afin que vous puissiez pourvoir à tous les besoins du royaume.

D'après la minute. Dépôt de la guerre.

14226.

NOTE.

Auch, 24 juillet 1808.

A Auch, nommer trois curés de première classe; le vicaire général, évêque de Poitiers; Jaubert, ailleurs.

Il faut, pour entretenir la cathédrale, 12,000 francs. J'ai assigné 6,000 francs sur les cultes, 4,000 par le département, 2,000 par la ville. Il sera formé une fabrique pour administrer.

J'ai accordé 50,000 francs pour faire venir les eaux; ce fonds sera pris sur les ponts et chaussées, savoir: 25,000 francs cette

année, 25,000 l'année prochaine; ceux de cette année, sur les fonds

communs.

10,000 francs pour le pavé, également par les ponts et chaussées. D'après la minute. Archives de l'Empire.

14227. A JOSEPH NAPOLÉON, ROI D'ESPAGNE, A MADRID.

Auch, 24 juillet 1808.

Mon Frère, je suis arrivé aujourd'hui à Auch; je serai demain à Toulouse.

Je vous envoie votre courrier de Naples. J'ai ouvert tous les rapports de la police et de l'armée; je n'y ai rien trouvé d'intéressant. La Reine est arrivée à Lyon. Si vous ne jugez pas à propos qu'elle aille à Madrid, peut-être feriez-vous bien de la laisser venir à Paris. Il ne faut, dans la position actuelle des choses, rien faire qui n'ait l'air d'être naturel.

Je n'ai point de nouvelles de votre entrée à Madrid; votre dernier courrier est de Buitrago, le 19, à onze heures du soir. Je n'en ai pas davantage du maréchal Bessières. Je crois vous avoir mandé d'avoir l'œil sur Burgos et d'y tenir un général de confiance.

Les espèces sont parties de Paris pour former le second payement de l'emprunt. Je suppose que le ministre des finances aura fait la cédule royale et se sera occupé de déposer les effets, conformément à la demande qu'en a faite la Banque.

NAPOLÉON.

D'après l'expédition originale comm. par les héritiers du roi Joseph.

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INTENDANT GÉNÉRAL DE LA GRANDE ARMÉE, A BERLIN.

Toulouse, 25 juillet 1808.

Monsieur Daru, les employés français en Saxe ne doivent rien coûter au pays, tout au plus le logement. Cela est contraire à mes intentions. Les employés, commissaires des guerres, garde-magasins, etc., ont leur traitement de guerre et ne doivent rien demander, sous prétexte qu'ils sont dans un pays allié. Au lieu de cela, on a demandé au gouvernement saxon de donner en argent ce qu'il donnait en nature. Ces petites tracasseries font tort et sont tout à fait contraires à la dignité de la France. Écrivez au sieur Bourgoing pour qu'on laisse tranquille le roi de Saxe. Diminuez les trois quarts

des employés, soit civils, soit militaires. Réitérez vos ordres et prenez des mesures telles que mes agents ne coûtent rien au roi de Saxe. Faites finir toutes ces misères. Il est inutile d'avoir des manutentions, des commissaires des guerres, des garde-magasins dans tous les lieux de passage. Les employés saxons peuvent tout aussi bien faire cela que des employés français. Laissez des employés français seulement dans les lieux où il y aurait des magasins français assez considérables; ces lieux sont extrêmement peu nombreux.

D'après la copie comm. par M. le comte Daru.

NAPOLÉON.

14229. A JOSEPH NAPOLÉON, ROI D'ESPAGNE, A MADRID.

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Toulouse, 25 juillet 1808.

Mon Frère, Tournon apporte votre lettre du 20, et celle du 21 au soir qui m'apprend votre entrée à Madrid.

Le maréchal Bessières mande de Benavente, en date du 20, qu'il marche sur Léon. Je reçois de Santander la nouvelle que 1,500 hommes des Asturies, qui s'y étaient rendus, en sont repartis, apprenant la défaite de Cuesta. L'officier d'ordonnance d'Estourmel, de chez le maréchal Bessières, raconte avoir donné dans une des colonnes de Cuesta, près de Benavente. Il parait que Cuesta, avec un débris de 3 à 4,000 hommes, se dirigeait du côté de l'Estremadure.

Le major général a donné des ordres pour qu'il y eût à Burgos, dans les premiers jours d'août, 3 ou 4,000 hommes; ce qui assurera et maintiendra vos derrières. Comme ce sont en grande partic des conscrits, il faut les laisser s'exercer, et se trouver satisfait de voir les communications avec Madrid et avec le maréchal Bessières

à l'abri de toute surprise. Il faudrait envoyer à Burgos un général pour avoir l'œil sur Vitoria et sur Aranda, et qui correspondra avec Madrid et avec le maréchal Bessières, qui sera arrivé le 23 à Léon.

sont

Vous aurez reçu des lettres du général Verdier devant Saragosse. Le major général vous a mandé l'expédition du colonel Pepin sur Villafeliche près Daroca, qui a dissipé 4,000 rebelles. On écrit de Saragosse que cette ville ne tardera pas à tomber. L'officier du maréchal Bessières dit que Zamora, Valladolid, Palencia, etc., fatiguées d'ètre pillées par les deux partis, et que même les moines désirent fort la tranquillité. Le colonel Pepin, qui est devant Saragosse, écrit que tous les villages et petites villes qu'il a parcourus demandent à grands cris la paix.

J'approuve fort les mesures que vous avez prises pour renforcer le général Dupont.

NAPOLÉON.

D'après l'expédition originale comm. par les héritiers du roi Joseph.

14230. — A JEROME NAPOLÉON, ROI DE WESTPHALIE ',

A CASSEL.

Toulouse, 25 juillet 1808.

Monsieur mon Frère, l'Autriche arme; elle nie ses armements: elle arme donc contre nous. Elle fait répandre le bruit que je lui demande des provinces: elle veut donc couvrir du voile d'une défense légitime une mesure aussi gratuitement offensive qu'insensée. Nos relations avec l'Autriche, depuis la paix de Presbourg, ont été constamment amicales; un traité les a cimentées. Les notes, les communications importantes qui ont eu lieu depuis cette époque entre les deux gouvernements étaient le gage d'une parfaite harmonie. La Russie n'est pas moins que nous étonnée de ces armements de l'Autriche.

Sans doute il ne devrait pas être vraisemblable que l'Autriche voulût attaquer la France et la Confédération du Rhín. Mais n'avonsnous pas vu, il y a deux ans, la Prusse, par une démarche plus insensée encore, provoquer sa ruine entière? Dans un gouvernement faible, le parti qui veut la guerre fait faire des armements sous un prétexte quelconque, et le prince trompé se trouve engagé dans la guerre sans l'avoir voulu.

Les hommes raisonnables verront avec pitié les armements de l'Autriche. Mais, s'ils étaient tolérés, ils ne seraient pas sans inconvénients; ils lui donneraient en Allemagne une force d'opinion qu'elle ne doit point avoir. Elle-même acquerrait une idée exagérée de sa propre puissance, et, se croyant forte parce qu'on aurait souffert ses préparatifs, elle se déciderait bientôt à la guerre, que d'abord elle ne voulait pas.

Puisque l'Autriche arme, il faut donc armer. Aussi j'ordonne que la Grande Armée soit renforcée. Mes troupes se réunissent à Strasbourg, Mayence, Wesel. J'engage Votre Majesté à tenir son contingent prêt. S'il est un moyen d'éviter la guerre, c'est de montrer à l'Autriche que nous ramassons le gant et que nous sommes prêts. Je répète à Votre Majesté qu'il n'y a, entre l'Autriche et moi, aucun 1 La même lettre a été adressée au roi de Wurtemberg, et, avec quelques modifications, aux autres princes de la Confédération du Rhin.

XVII.

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sujet de différend, que je ne lui demande rien, et que je n'arme que parce que je la vois armer.

D'après la copie comm. par S. A. I. le prince Jérôme.

14231.

NAPOLÉON.

A M. DE LACÉPÈDE,

GRAND CHANCELIER DE LA LÉGION D'HONNEUR, A PARIS.

Toulouse, 26 juillet 1808.

J'ai reçu votre lettre. Je suis fàché que la lettre que je vous ai écrite vous ait affligé; ce n'était pas certainement mon intention. La maison d'Écouen ne peut être ainsi régie de clerc à maître et par le grand chancelier de la Légion. Il est nécessaire qu'il y ait un conseil d'administration de la maison sous la surveillance du grand chancelier, et que la Légion soit tenue de payer une masse par individu audit conseil d'administration. Cette mesure doit calmer toute inquiétude. Si une élève, quelque économie qu'on y apportat d'ailleurs, devait coûter plus de 7 à 800 francs, il me semble que ce serait trop cher. Dites-moi un mot dans ce sens, et surtout croyez que personne ne désire plus que moi vous donner des preuves d'estime et de considération.

D'après la minute. Archives de l'Empire.

14232. AU GÉNÉRAL CLARKE, MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS. Toulouse, 27 juillet 1808.

Monsieur le Général Clarke, la batterie du signal de Breskens, au lieu d'avoir sept côtés, doit être formée par une demi-ellipse devant contenir vingt-cinq pièces de canon. Comme les mortiers peuvent être mis derrière, 75 toises suffisent au côté elliptique. La batterie peut être ensuite fermée par trois côtés, en forme de trapèze, de manière qu'avec 200 toises de développement, avec escarpe et contrescarpe, une caserne, des magasins, une citerne, la batterie soit à l'abri de toute espèce de coup de main et puisse résister huit à dix jours de tranchée ouverte, sans avoir besoin d'avoir de l'eau dans les fossés. Cette batterie ou redoute ne serait, dans le fait, qu'un grand cavalier placé sur le milieu de la dune. On tracerait autour trois fronts de fortification en terre, de 180 toises, avec fossés pleins d'eau ; ce serait la place qu'on défendrait par un siége en règle. Alors on sent que tous les avantages seraient réunis. On pourrait commencer d'abord par faire la redoute et avoir 300 hommes à l'abri de toute

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