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dix ou douze soldats français sont bons pour les expéditions dans les colonies, sans y employer les matelots français que vous avez.

Le marquis d'Alorna, qui commande les troupes portugaises, va se rendre ici; je le garderai deux jours et je le renverrai en Portugal pour présider au recrutement. Ne violentez pas les Portugais pour ce motif; je désire sans doute renforcer ces régiments de quelques milliers d'hommes, mais je veux que votre tranquillité ne soit pas troublée avant tout. Il faut employer principalement des moyens de persuasion.

D'après l'original comm. par Mme la duchesse d'Istrie.

14054.

NAPOLEON.

AU MARECHAL BESSIÈRES,

COMMANDANT LA GARDE IMPÉRIALE, ETC., A BURGOS.

Bayonne, 3 juin 1808, une heure après midi.

Mon Cousin, le major général vous écrit sur l'insurrection de Santander. Il paraît que l'aide de camp que vous y avez envoyé y a été arrêté, ainsi que des officiers espagnols partis de Madrid, et même, dit-on, un officier du grand-duc de Berg. Dans tous les cas, la place de Santander est nécessaire à occuper. La Biscaye paraît d'un bon esprit. D'ailleurs, j'ai ordonné que les trois régiments portugais fissent halte à Tolosa, Vitoria et Irun, et j'aurai bientôt ici d'autres forces à J envoyer, si cela devenait nécessaire. Vous devez donc ordonner au général Verdier de partir avec les 13 et 14 provisoires, ses deux escadrons de cavalerie et son artillerie, et de se diriger sur Santander. Donnez l'ordre au général Lasalle de partir avec un régiment de cavalerie, le général Sabatier et sa brigade, et son artillerie, et de se diriger de Burgos sur Santander. Si l'insurrection est grave, comme on le dit, mon intention est que ces 6,000 hommes séjournent à Santander et envoient des détachements dans les Asturies; si l'insurrection n'était pas aussi grave, le général Verdier se rendrait toujours à Santander, mais le général Sabatier s'approcherait seulement à moitié chemin de Santander à Burgos, c'est-à-dire en joignant l'Ebre å Villarcayo. Par ce moyen, il protégerait la marche du général Verdier et lui servirait de réserve. Le général Lasalle peut prendre deux routes: l'une, la route de poste qui passe par Reinosa, et l'autre, en suivant la grande route jusqu'à Castrojeriz, passe l'Ebre et se dirige par Villarcayo sur Espinosa. Cette dernière route est plus courte d'un quart, et elle offre surtout l'important avantage de se rapprocher de celle du général Verdier, de sorte que, si les événements étaient

sérieux, ce général pourrait facilement réunir les deux colonnes à Espinosa et même en avant, si cela était nécessaire. Vous sentez donc combien cette route-ci est préférable.

Le général Verdier peut prendre deux routes, l'une par Orduña et de là à Santander, et l'autre en rétrogradant sur Miranda, venant à Frias et de là à Medina et à Espinosa. Étant sur les lieux, vous pouvez prendre des renseignements à ce sujet. Les routes qui tendent à rapprocher la marche de mes colonnes sont les meilleures. Pour ne pas agglomérer une aussi grande quantité de troupes à Santander, le général Lasalle pourra s'arrêter à Espinosa, Medina et Villarcayo, et, en une marche forcée ou deux marches, se porter de là au secours du général Verdier.

De la célérité et de la vigueur. Commencez par ordonner ces mouvements. Que le général Lasalle se mette en marche et qu'il commence toujours à occuper l'Ebre et Villarcayo jusqu'à ce que la division du général Verdier arrive. Ayez soin que le général Lasalle ait avec lui pour dix jours de biscuit, ses huit pièces de canon approvisionnées, que les hommes aient leurs cartouches et qu'il y ait un bon nombre de caissons à la suite de cette troupe. Veillez à la mème chose pour la division Verdier. Recommandez à ces deux généraux de faire prompte et sévère justice. On m'assure que les révoltés occupent déjà Reinosa au nombre de 400 ou 500. Il est très-nécessaire d'arriver promptement, car déjà les Anglais tàchent de jeter des émissaires et vont bientôt jeter des armes. Faites-moi connaître la population de Reinosa. Aussitôt que toutes les troupes seront en mouvement, et quand elles se trouveront à mi-chemin de Santander, envoyez-y en avant deux ou trois bons prêtres de Burgos pour faire connaître aux habitants combien est grand leur aveuglement d'avoir des intelligences avec les Anglais et qu'ils courent à leur ruine totale. Une fois arrivé à Santander, qu'on désarme les habitants, et, si on y entre les armes à la main, que l'on fasse un exemple. Lorsque les troupes seront en marche, vous écrirez au capitaine général de la Cuesta pour que ce brave homme envoie un de ses officiers dans les Asturies, qui fasse connaitre aux habitants de cette province les malheurs que la révolte attirerait sur toute l'Espagne et sur eux

mêmes.

D'après la copie. Dépôt de la guerre.

NAPOLÉON.

14055. — AU MARÉCHAL BESSIÈRES, COMMANDANT LA GARDE IMPÉRIALE, ETC., A BURGOS.

Bayonne, 3 juin 1808.

Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 1er juin à six heures du soir. Si le sieur Balbiani, qui arrive de Buenos-Ayres, veut y retourner ou quelques-uns des siens, cela serait bien; j'aurai bientôt ici un brick prêt à partir. S'il préfère se rendre à Madrid, d'où le gouvernement le ferait partir par Cadix ou par d'autres ports, il en est le maître.

Je vous ai écrit il y a une heure, et j'ai dicté des ordres au major général pour agir vigoureusement sur Santander et pour donner aux deux colonnes qui partent, l'une de Vitoria et l'autre de Burgos, une marche concentrique. Cette ville de Santander paraît avoir besoin. d'un exemple. Je ne pense pas que des forces plus considérables soient nécessaires; si cela était, vous feriez soutenir le général Verdier par le général Merle.

Les généraux Lefebvre et Bazancourt doivent être partis pour Pampelune. Je compte avoir là demain près de 5,000 hommes, tant infanterie que cavalerie et artillerie; et, si les affaires d'Aragon ne se calmaient pas, cette force pourrait se diriger sur Saragosse, de concert avec une colonne de 6,000 hommes que le général Chabran amènerait de Tortose. Le maréchal Moncey marche avec 12,000 hommes sur Valence; le général Dupont, avec 10,000 hommes de ses troupes et 5,000 Français tirés du Portugal, sur Cadix. Je vous ai mandé d'envoyer l'ordre au général Loison de venir prendre position à Miranda sur le Duero. Cette division de 4,000 hommes avec les divisions Verdier et Merle et, s'il était nécessaire, votre réserve, pourraient se porter de concert pour mettre à la raison le royaume de Léon et les Asturies. Comme la montagne de Santander est du gouvernement de la Castille-Vieille, dont M. de la Cuesta est capitaine général, il sera bon que ce général imprime une proclamation pour faire connaître au peuple les malheurs dont la révolte sera suivie. Il serait aussi convenable que de semblables proclamations fussent faites par le tribunal d'appel et le métropolitain d'où ressortit Santander ; l'évêque métropolitain est, je crois, celui de Burgos. Toutefois ces mesures ne devront être prises qu'après que mes troupes auront deux jours de marche. On me suppose que l'évêque de Santander, un Santa-Cruz et son beau-frère Miranda sont à la tête de cette révolte; il me paraît extraordinaire que des hommes de sens veuillent

ainsi compromettre leur état; si cela est, il n'y aura pas à les épargner.

NAPOLÉON.

P. S. Je reçois votre lettre du 2 juin. Vous avez fait marcher la division Merle, ainsi il n'y a plus lieu à faire marcher le général Lasalle; mais je ne trouve pas que la division Merle soit suffisante. J'envoie directement au général Verdier l'ordre de se mettre en marche. Il se mettra probablement en marche demain, 4. Faites partir la brigade Sabatier pour soutenir le général Merle et rester en réserve sur l'Ebre. Vous ne dites pas par quelle route vous faites marcher le général Merle. L'insurrection paraissant sérieuse, il faut se montrer en force, et ce n'est pas de trop que la colonne du général Verdier, qui est de 4,000 hommes, celle du général Sabatier et celle du général Merle; cela fera 9 à 10,000 hommes sur ce point, et il n'y a pas d'inconvénient à cela. Vous resterez à Burgos avec ma Garde, ce qui est suffisant pour maintenir la ville. Il y a un rassemblement à Oviedo, et la moindre incertitude dans la marche de mes troupes serait dangereuse; j'estime donc que vous avez fait marcher trop peu de monde.

D'après l'original comm. par Mme la duchesse d'Istrie.

14056.

AU MARECHAL BESSIÈRES,

COMMANDANT LA GARDE IMPERIALE, ETC., A BURGOS.

Bayonne, 3 juin 1808.

Mon Cousin, donnez ordre au général Loison, qui est avec sa colonne à Almeida, de faire un mouvement sur sa gauche et de prendre position à Miranda sur le Duero et à Bragance. Par ce moyen, il sera à portée de se diriger sur les Asturies, sur le royaume de Léon ou sur la Galice, selon les circonstances. L'officier que vous enverrez à Almeida vous rapportera l'état de situation du général Loison, et vous fera connaître le jour précis où il sera arrivé à sa nouvelle position. Par ce mouvement, ce général se trouvera bien plus près de Valladolid que dans sa position actuelle, et vous vous trouverez bien plus rapproché de lui. Vous pourrez concerter vos opérations ensemble, si les circonstances l'exigent. Il doit y avoir un bataillon de gardes wallones ou de gardes espagnoles arrivé dans votre commandement; s'il en est ainsi, vous pouvez écrire au capitaine général

de la Cuesta, qui prendra ce bataillon sous ses ordres et le dirigera partout où il sera nécessaire pour la tranquillité du pays.

NAPOLEON.

Trois heures après midi.

Il est trois heures après midi. Je reçois votre lettre du 2. Je trouve que le général Merle est trop faible. J'ordonne à Verdier de doubler de marche afin de soutenir ce général. Si Merle a pris la route qui passe par Pesadas, Puente-Arenas, Villarcayo, Espinosa, le général Verdier sera en mesure de le soutenir; si, au contraire, Merle a pris la route de poste qui passe par Reinosa, il est urgent de faire partir Lasalle avec la brigade Sabatier, 200 chevaux et six pièces de canon pour se porter en réserve à Villarcayo. Reliez les deux colonnes. Il faut beaucoup de force pour frapper un coup de tonnerre.

Vous pouvez disposer de Loison selon les circonstances; mais il faut écraser Santander, soumettre les Asturies.

D'après l'original comm. par Me la duchesse d'Istrie.

14057.AU GÉNÉRAL VERDIER,

COMMANDANT LA 2 DIVISION DES PYRÉNÉES OCCIDENTALES, A VITORIA.

Bayonne, 3 juin 1808.

Il est trois heures après midi. Je reçois un courrier du maréchal Bessières qui m'apprend que, le 2, il a fait partir le général Merle avec 3,700 hommes pour Santander, sans me dire par quelle route. Cette force n'est pas suffisante; il est donc instant de ne pas perdre un moment; mon intention est que vous vous mettiez vous-même en marche sur-le-champ sur Santander, en vous mettant en mesure de vous réunir au général Merle. Mandez votre route au maréchal Bessières, et tàchez de prévenir le général Merle du lieu où vous serez, afin que vous puissiez le soutenir. Je mande au maréchal Bessières d'envoyer la brigade du général Sabatier à mi-chemin de Burgos à Santander. Il faut écraser les rebelles, en forces. Si le maréchal Bessières a fait partir le général Merle par la route de gauche, c'està-dire par Reinosa, il fera partir le général Sabatier par la route du centre qui passe par Villarcayo et Espinosa.

D'après la minute. Archives de l'Empire.

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