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ordonná la continuation des poursuites, qui ne cessèrent qu'a prés la publication de l'amnistie.

Après la publication de l'acte d'amnistie, M. Madoz prit la parole, tant en son nom qu'en celui dé ses coaccusés. Il se déFeridit d'avoir jamais äppartenu à ce qu'on appelait le parti aharchiste, et declara qu'au moment même od M. Gonzales Bravo le faisait arrêter, il venait de signer une circulaire pour engager ses amis politiques à lutter sur le terrain de la légalité. M. Madoz s'éleva ensuite avec beaucoup de force contre Fattentat commis sur sa personne et sur celle de ses collégues, dont la qualité de député n'avait nullement été respectée:il se plaignait des mauvais traitements dont ils avaient été l'objet de la part des agents du gouvernement, et surtout d'avoir été pendant deux mois enfermés dans des cachots obscurs et malsains qui jusqu'alors n'avaient servi qu'à garder de grands criminels.

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Les amis eux-mêmes du cabinet Narvaez le voyaient ave peine et avec effroi se condamner à un dangereux isolement et sé compromettre dans une lutte téméraire où, d'un côté, il était tout seul, et où, de l'autre côté, il avait contre lui, nouseulement les progressistes et les carlistés, mais les conservafeurs; non-seulement les journaux modérés, mais encore ceuxla même qui, comme le Heraldo, s'étaient voués le plus ardemment à sa defense. Il avait traversé heureusement de graves difficultés dans un pays divisé en provinces nombreuses, étrangères l'une à l'autre et souvent rivales, privé de puis si longtemps de gouvernement, d'armées, de financés, de voies de communication, livre à tous les déchirements de h guerre civile, cette tâché avait été difficile à accomplit. Mais aujourd'hui, ses amis eux-mêmes se refusaient à le suivre dans la voix où il s'obstinait à s'engager au mépris de leurs avértissements.

Toutes les concessions que le parti conservateur avait faites au ministère, pour obtenir les réformés réclamées par l'état politique et financier du pays, étaient restées inutiles. Quant

aux finances, le ministère ne se voyait-il pas dans la nécessité de se faire avancer 14 millions, à compte sur le service de septembre? L'intendant de Barcelone n'était-il pas obligé d'emprunter à la banque de cette ville 6 millions pour faire face aux besoins de l'armée ? Enfin, et ceci était plus grave; l'intendant de la Havane n'avait-il pas suspendu le payement des traites échues du gouvernement, à cause de la dimination considérable des recettes de la douane? Or, la banque de SaintFerdinand avait compté sur l'excédant des recettes de l'île de Cuba pour payer les intérêts de la dette.

Un événement politique d'une assez grande portée fut la résurrection du parti carliste par l'acte d'abdication de don Carlos en faveur de son fils aîné. A ce document, répandu en secret à Madrid, était joint un manifeste du comte de Montemolin (voy. aux Documents historiques).

Ces actes eussent été accueillis avec la plus grande indifférence par l'opinion publique, si, à tort ou à raison, on n'y avait vu les effets d'une influence étrangère qui encourage le clergé dans ses prétentions et qui a toujours exercé une action directe et puissante sur le parti absolutiste.

Dans le document d'abdication, publié le 4 juin, perçait encore cette obstination fatale qui a déjà coûté tant de sang à l'Espagne, et qui a rendu impossible à jamais toute conciliation entre les auteurs volontaires de si grands désastres et ceux qui ont eu à en souffrir.

Au reste, on y voyait l'aveu d'impuissance du parti carliste à faire valoir ses prétentions par la force, et le signe du discrédit dans lequel il était tombé auprès des cabinets de l'Europe. Tout en reconnaissant le peu de valeur réelle de ce document, on pouvait regretter d'y rencontrer des phrases telles que celle-ci mise dans la bouche du prétendant:

«Je désire ne me présenter parmi vous qu'avec des paroles de paix et non avec le cri de guerre. Ce serait pour moi une très-grande peine que de me voir jamais obligé de m'écarter de cette ligne de conduite. »

Cette menace était-elle permise à ceux qui, dans les montagnes de la Biscaye et de la Navarre, et dans les places fortes de la Catalogne, n'avaient pu que faire répandre inutilement le sang espagnol, sans pouvoir arrêter l'essor de ces idées libérales auxquelles ils ont juré une haine mortelle ?

Un décret de l'année précédente, à la date du 11 octobre 1844, parut, cette année, autorisant le mariage de S. M. la reine Marie-Christine de Bourbon avec le duc de Rianzarès (Fernando Muñoz). Il y était déclaré que, par le fait de ce mariage de conscience, quoique avec une personne d'un rang inférieur au sien, Marie-Christine de Bourbon n'était pas déchue dans le cœur et dans la tendresse de la reine, et qu'elle devait conserver les honneurs et prérogatives qui lui appartenaient à titre de reine-mère; mais son époux ne jouirait que des honneurs, prérogatives et distinctions concernant son rang, conserverait ses armoiries et son nom, et les enfants qui nattraient de ce mariage seraient soumis aux dispositions de l'article 12 de la loi générale, titre 2, livre 10, du nouveau recueil des lois, et pourraient hériter des biens, titres de leurs parents.

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CHAPITRE XI.

PORTUGAL. Ouverture des Chambres. - Élection du président. — Traité. relatif aux travaux publics. - Réformes dans le système financier. Simplification des contributions. - Conversion de la dette consolidée extérieure. — Menées miguelistes. - Incident parlementaire. Clôture de la session.-Élections. - Comité conservateur. - Défaite de l'opposition. Adresse à la reine. Composition de la Chambre. Tendances de M. Costa-Cabra). Modifications diplomatiques.

PORTUGAL.

Les Chambres furent ouvertes le 2 janvier, par un commissaire royal, vu l'état de grossesse avancée de la reine. M. Gorjoo Henriques, l'ancien président, fut réélu et la réélection approuvée par Sa Majesté.

Parmi les projets importants présentés aux Chambres par le gouvernement portugais, le plus important peut-être était celui qui concernait un traité fait par le ministère avec la compagnie des travaux publics. Ce traité avait pour objet, 1o la construction et l'amélioration de divers chemins; 2o la construction d'un chemin de fer, depuis les bords du Tage jusqu'à la frontière d'Espagne; 3° le nettoyage de la barre et la construction d'une nouvelle douane à Oporto; 4o la construction d'un mur d'enceinte à Lisbonne, pour rendre plus facile et plus régulière la perception des droits; 5° l'établissement à Lisbonne d'une maison de correction; 6° l'exécution d'autres travaux pour lesquels le gouvernement pourrait, à l'avenir, avoir besoin du secours de la compagnie.

La contribution applicable à la construction des chemins de fer n'avait produit, en 1843, que 632,001,058 reis ( à peu près 4 millions de fr.). Cette somme reconnue insuffisante avait été détournée de sa destination et avait servi à payer les intérêts du capital employé à d'autres travaux d'utilité publique,

C'est pour combler cette lacune, que le gouvernement avait fait avec la compagnie des travaux publics le traité qu'il soumettait à l'approbation des Chambres, La compagnie s'obligeait à exécuter tous les travaux, à la charge, par le gouvernement, de lui compter annuellement 600 contos de reis, sur lesquels seraient prélevés les intérêts du capital employé, à raison de 6 p. 100. La compagnie prenait à sa charge l'entretien de toutes les voies de communication dont elles partagerait les bénéfices avec le gouvernement. Les pertes, s'il y en avait, seraient exclusivement supportées par la compagnie.

En ce qui concernait les réformes à opérer dans le système financier qui régit actuellement le Portugal, le projet du gouvernement avait l'incontestable avantage de substituer quelque chose de élair et d'une application facile à une législation confuse. Les contributions directes actuellement existantes sont au nombre de vingt; le gouvernement proposait de les réduire à trois, ainsi divisées: 1° contribution foncière montant à 1,584,818,357 reis; 2° contribution des patentes, calculée à 505,431,272 reis; 3o contribution du personnel, calculée à 455,067,202 reis. Ces trois sommes réunies représentaient exactement celle que produisaient les 20 impôts qu'il s'agissait de remplacer, c'està-dire, 2,945,316,831 reis (15,000,000 de fr.).

La répartition de l'impôt se ferait par districts, le manque absolu de toute espèce de statistique ne permettant pas de la calculer d'après la valeur des propriétés. Le gouvernement déelarait que ce dernier système lui paraissait de beaucoup préférable, et que c'était avec peiné qu'il se voyait forcé de ne pas l'appliquer.

Une autre mesure importante proposée par le gouvernement. c'était la conversion de la dette consolidée extérieure. Les bases de cette opération avaient été présentées par la société Folgoza. Junqueira, Santos et comp., laquelle s'engageait à convertir immédiatement 4 millions de liv. sterl. au pair du fonds actuel en titres 4 p. 100; s'obligeant, en outre, à faire coter à Londres le nouveau papier, et à fournir pendant quatre ans la somme

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