Page images
PDF
EPUB

léans, prince de Joinville, accoucha d'un prince qui reçut le nom de Pierre-Philippe-Jean-Marie d'Orléans, duc de Penthièvre.

Quelques jours après, le 15 novembre, la princesse MarieCaroline-Auguste de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, épouse de S. A. R. Monseigneur le prince Henri-Eugène-Philippe - Louis d'Orléans, duc d'Aumale, donnait le jour à un prince qui fut nommé Louis-Philippe-Marie - Léopold d'Orléans, prince de Condé.

Il y avait dans ces joies nouvelles accordées à la famille du roi que s'est choisi la France, une juste compensation à de douloureuses épreuves et la plus douce récompense de son dévouement à la fortune du pays.

CHAPITRE IX.

-

[ocr errors]

COLONIES. ALGÉRIE. Situation.- Conséquences du traité avec l'empereur du Maroc. - Surprise du camp de Sidi-Bel-Abbės. Négociations pour un traité de délimitation de frontières. Traité conclu entre le général de La Rue et Si-Hamida.— Projet d'expédition contre la Kabylie. Reprise des hostilités. Insurrection générale. — Rentrée d'Abd-elKader sur le territoire français. - Prédications fanatiques de ses khalifas. - Coups portés à Ben-Salem et aux insurgés du Jurjura. — Situation du centre et de l'ouest. - Expédition du Dahra. Affaire des grottes. Expédition contre les Hamianes. - Bou-Maza. Soumission des Kabyles. Ratification du traité de Lalla-Maghrnia. Envoi d'un ambassadeur à Paris. Situation d'Abd-el-Kader dans le Maroc. Trahison des Sbéah. - Bou-Maza surpris et battu. Départ du maréchal-gouverneur pour la France. Son discours à cette occasion. - Embuscade de Sidi-Brahim. - Surprise d'un détachement près d'Ain-Temouchen. - Entrée d'Abdel-Kader dans le pays de Trara. Insurrection générale. – Défaite des Kabyles par MM. Lamoricière et Cavaignac. Fuite de l'émir. — Clémence du général Lamoricière. Arrivée du maréchal-gouverneur à Alger. Proclamations. - Pointe faite par Abd-el-Kader vers Mascara. - Apparition du maréchal Bugeaud sur la baute Mina. Plan nouveau de l'émir.—Émigrations forcées dans le Maroc. M. le maréchal Bugeaud cbâtie les Flittas. - Mouvement d'Abd-el-Kader vers l'est. Il est poursuivi par le général Jussuf. Il pénètre dans la province d'Orléansville. -Craintes dans la province d'Alger. Mobilisation de la milice. Situation. Situation financière de la colonie. Création d'un comptoir de la banque de France à Alger. — Institution de l'avocat des Arabes. COLONIES TRANSATLANTIQUES. MARTINIQUE. Ouverture de la session. Discours du gouverneur. Réclamations des conseils coloniaux.

ILES MARQUISES.
structions de M. Guizot.

--

TAHITI. Arrivée du contre-amiral Hamelin. In-
Démarches inutiles auprès de Pomaré.

ALGÉRIE.

Au commencement de l'année, tout était tranquille dans les possessions françaises du nord de l'Afrique. Abd-el-Kader, longtemps campé sur la rive gauche de la Molouïa, sur la frontière du Maroc, transporta son camp, dans les premiers jours de février, un peu plus dans l'ouest. Fallait-il reconnaître dans ce

fait l'influence de l'empereur Abd-er-Rhaman, et pouvait-on en conclure que les négociations qui allaient s'entamer sur la question des limites feraient tomber les appréhensions que l'on avait pu concevoir sur la bonne foi du souverain du Maroc?

En admettant même cette bonne foi, ne fallait-il pas au moins reconnaître que l'empereur était impuissant à remplir ses promesses, et à écarter des frontières algériennes l'ennemi le plus dangereux de la France?

On ne pouvait nier que la clause du traité conclu avec le Maroc, par laquelle l'empereur s'engageait à faire interner Abdel-Kader ou à l'expulser, n'avait pas été remplie (voyez le texte du traité, Annuaire précédent, Documents historiques, partie officielle). La conclusion de ce traité avait donc été une faute selon l'opposition, et le gouvernement avait eu tort de mettre à l'essai la bonne volonté ou la puissance de l'empereur.

Le gouvernement, au contraire, se glorifiait d'avoir fait preuve de modération dans la force. Le véritable intérêt de la France n'avait pas été, selon lui, de réduire l'empereur Abd-erRhaman aux dernières extrémités, et d'imposer aupays la dangereuse conquête du Maroc. On avait ménagé ce prince vaincu, entraîné malgré lui à la guerre par le fanatisme de ses sujets; en lui dictant les conditions de la paix, on avait eu soin de ne pas l'affaiblir en l'humiliant. Cette modération habile nous donnait aujourd'hui le droit incontestable de nous faire justice.

Le premier signal d'une lutte nouvelle fut une tentative insensée contre le camp de Sidi-Bel-Abbės, poste situé à 72 kilomètres au sud d'Oran, et dans lequel étaient établis un bataillon du 6o léger et deux escadrons de spahis. Le 31 janvier, 60 Arabes, sans armes apparentes, s'introduisirent dans le camp, tuèrent le factionnaire et quelques soldats sans défiance, et se firent eux-mêmes tuer jusqu'au dernier. Cette attaque, attribuée à des partisans de la secte fanatique des Derkaona, nous coûta une vingtaine de morts et de blessés.

La connivence évidente entre les auteurs de cette tentative et Abd-el-Kader réveilla tous les doutes élevés contre la bonne

foi de l'empereur de Maroc, qui souffrait cet ennemi de la France sur sa frontière. Toutefois les négociations qui s'ouvrirent quelques jours après sur la question de limites vinrent démentir les accusations des partis. Le 18 mars, les deux plénipotentiaires des deux États se rencontrèrent près du fort de Lalla-Maghrnia, et une convention y fut signée entre le général comte de La Rue pour la France, et Si-Hamida pour le Maroc (voy. la Chronique).

Plus tard, nous aurons à revenir sur ces négociations encore incomplètes, puisqu'au traité qui en était sorti manquait encore la double ratification impériale et royale.

Rien n'annonçait encore une reprise générale d'hostilités, et le gouverneur de l'Algérie caressait de nouveau le projet d'une expédition décisive contre la Kabylie. Cette tentative contre des peuplades pour la plupart inoffensives, encadrées dans nos possessions de manière à ne pas leur permettre de nous inquiéter d'une manière sérieuse, était-elle opportune dans un moment où aucun danger réel ne nous menaçait encore sur la frontière, mais où au moins on pouvait en prévenir de nouveaux ?

L'événement vint donner raison à ceux qui pensaient qu'une telle entreprise était imprudente. Au milieu des préparatifs de l'expédition, on apprit que, de tous côtés, la guerre sainte était prèchée parmi les tribus limitrophes de la frontière du Maroc. De nombreux émissaires d'Abd-el-Kader parcouraient la plaine et les campagnes, et, à leur voix, se réveillait ce fanatisme arabe qui peut sommeiller, mais qui ne meurt jamais.

L'enlèvement d'un camp sur la route de Tenez à Orléansville, poste gardé par une cinquantaine de soldats malades, et l'attaque d'un convoi près de Cherchell, furent le signal d'une insurrection générale.

Peu de temps après l'affaire de Sidi-Bel-Abbès, un bruit vague se répandit de l'arrivée d'Abd-el-Kader sur la frontière marocaine. En effet, on fut bientôt certain que sa deïra était établie à Ksar-Beïda, près de Taguin, à 45 lieues au sud de Teniet-elHad. Plusieurs des partisans les plus renommés de l'émir, Ben

Salem, Bou-Chareb et Bel-Kassem, se répandirent dans la province d'Oran et vinrent fomenter la révolte dans les montagnes de Kabylie. Deux colonnes partirent au plus vite de Sétif et de Medeah, pour arrêter les premiers progrès de l'insurrection.

Les deux généraux d'Arbouville et Marey, commandant, le premier, la colonne de Sétif, et le second, la colonne de Medeah, opérèrent, le 17 juin, leur jonction près de Bordj-Hamza. Il fallait profiter de cette heureuse circonstance pour frapper un coup décisif: le 19, les deux colonnes réunies attaquèrent vigoureusement l'ennemi, retranché dans des positions formidables; Ben-Salem et ses contingents furent chassés de toutes parts. Cette leçon donnée aux Ouel-el-Azig porta promptement ses fruits les Beni-Yala et les Kserma vinrent, le 20, traiter de leur soumission.

Dans les provinces du centre et de l'ouest, les choses étaient dans une bonne situation. De Sebdon à Boghar, six colonnes mobiles observaient au loin le désert, gardant une défensive les rigueurs de la saison ne permettaient pas encore de changer en offensive absolue.

que

Du côté de Medeah, la tranquillité n'était que précaire; il y avait là des partisans tels que Ben-Salem, Bou-Chareb et BelKassem, qui, trouvant dans les montagnes du Jurjura un asile assuré, ne cessaient d'y fomenter des troubles.

A l'est de Dellys, la tranquillité n'avait pas été troublée. Le général Gentil était établi à Ain-el-Arbâa.

Dans le Dahra, trois commandants de colonnes, les colonels Pélissier, de Saint-Arnaud et Ladmirault, battaient, le premier, les Beni-Zelis et les Oulad - Riah, le second, les Achâacha et les Beni - Youness, le troisième, les nouveaux insurgés à l'est de Tenez. Le 11 juillet, le khalifah français Sid-el-Aribi rencontrait la bande du chérif Bou-Maza, et celui-ci, battu, se voyait forcé de fuir de tribu en tribu, essayant, mais en vain, de soulever encore sur son passage les fanatiques et crédules montaguards du Sahara.

Un épisode sanglant de cette expédition eut un fàcheux

« PreviousContinue »