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tour en plusieurs parties, et ces parties en titres ou rubriques sous lesquels sont classés les divers textes. Le sixième livre n'est qu'un épilogue afin de récapitulation de tout le travail (v). Au dire de quelques historiens, Omnibonus aurait composé une Concordia discordantium canonum; mais cette assertion repose sur une méprise (w).

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En Angleterre, il ne parut dans cette période aucun recueil d'une grande étendue, mais seulement de courts extraits qui présentent de l'analogie avec les capitules des évêques dans la monarchie des Francs. De ce nombre sont les lois données, vraisemblablement entre 949 et 952, pour les prêtres de Northumbrie (x); les canons parus sous Edgar vers 960, où se trouvent beaucoup de dispositions sur la pénitence (y); les canons sur la réformation du clergé (z), rassemblés vers 970 pour l'évêque Wulfin par Ælfric, qui sans doute était moine; enfin les lois ecclésiastiques publiées vers 994 par le même Elfric (a), lesquelles ne sont autre chose qu'une traduction anglosaxonne des Capitules de Théodulfe d'Orléans (§ 86). Quant à l'abrégé fait vers 1040 du grand ouvrage de l'archevêque Egbert, il en a déjà été question (§ 85). La discipline ecclésiastique fut d'ailleurs puissamment soutenue par les dispositions que rendirent les rois dans les diètes (b). Tels sont les lois d'Alfred-le-Grand (871-901); le traité de celui-ci avec le roi des Danois, Guthurn, traité renouvelé vers 905 sous Edouard l'Ancien; plusieurs statuts d'Æthelstan (928) et d'Edmond (944); la première partie des lois d'Edgar (967), sous lequel on commença à classer les lois en deux sections, selon qu'elles

(✔) Ughelli Italia sacra. T. III. Archiepisc. Florent. N° 30., Sarti de claris archigymn. Bonon. profess. T. I. P. I. p. 248. Ce recueil est soigneusement décrit par Zaccaria Dissert. latin. de rebus ad histor. atque antiquit. ecclesiæ pertinentibus. (Fulginia 1781. 4.) Tom. II. Diss. XIV. (Galland. T. II. p. 767.), Theiner disquisit. p. 399-447. (w) Sarti de clar. archigymn. Bonon. profess. T. I. P. I. p. 282.

(x) Elles se trouvent dans Wilkins Conc. Britann. T. I. p. 218-221., Mansi Conc. T. XIX. col. 67-70.

(y) Ils sont imprimés dans Wilkins Conc. Britann. T. I. p. 225-239., Mansi Conc. T. XVIII. col. 514-26.

(z) On les trouve dans Wilkins Conc. Britann. T. I. p. 250-55, et moins complets d'après Spelmann dans Mansi Conc. T. XIX. col. 697-702.

(a, Elles sont imprimées dans Wilkins Cone. Britann. T. I. p. 265-82. Mansi les a par mégarde reproduites deux fois, dans les traductions latines de Wilkins et de Spelman. Conc. T. XIX. col. 179-94. 703-14.

(b) Elles se trouvent dans les collections de lois anglo-saxonnes de Wilkins, Canciani et Schmid. La plupart ont été aussi insérées dans les recueils de Conciles de Wilkins et de Mansi.

traitaient de matières ecclésiastiques ou séculières; le livre des constitutions d'Ethelred (1008); les décisions de la diète d'Ænham (1009); les lois ecclésiastiques d'Ethelred (1012); la constitution sur la paix de l'Eglise (1014) (c); enfin la première section des lois de Canut-le-Grand (d), composées vers 1032. Ce que les sources sus-désignées avaient fondé, fut consolidé et perfectionné sous les rois normands qui, depuis 1066, occupèrent le trône d'Angleterre. Témoin les lois de Guillaume-le-Conquérant (1066-87); le recueil publié sous le nom d'Edouard-le-Confesseur, mais appartenant au règne de Guillaume II (1087-1100) e), et les chartes d'Henri le 1116, Etienne (1136) et Henri II (1155), sur les libertés de l'Eglise anglicane. Mais les recueils ecclésiastiques antérieurs, écrits en anglosaxon, tombèrent en désuétude, attendu que bientôt la plupart des siéges épiscopaux furent occupés par des prélats normands. Par là s'y répandirent les recueils de Burchard et Yves, plus tard aussi celui de Gratien. En Danemark, Suède, Norwége et Islande, se for mèrent aussi, bientôt après la conversion au christianisme, des sources particulières; il est mieux de les réunir à celles de la période suivante. En Hongrie, où les institutions ecclésiastiques avaient acquis, sous le premier roi Etienne, un caractère durable, les ordonnances rendues par ce roi vers l'année 1016, et celles d'André Ir (vers 1048), et Colmann (vers 1103), furent d'une grande importance (ƒ).

$ 98. C) État du droit canonique depuis le douzième jusqu'au quinzième siècle. 1) Droit commun. a) Les conciles généraux.

Tandis que les auteurs de collections privées, les conciles provinciaux et diocésains, et de pieux souverains travaillaient ainsi au bien de l'Eglise, il s'était élevé maintes difficultés et contestations qu'on tenta de résoudre, suivant l'ancien usage, dans des conciles généraux. Toutefois, comme l'Orient s'était détaché de l'unité, les seuls évêques d'Occident y prirent part. Le premier fut le concile de Latran, tenu à la suite de la querelle des investitures; puis vinrent les second (1139), troisième (1179)et quatrième (1215) conciles

(c) De ces quatre monuments du règne d'Ethelred, le premier et le quatrième ne se trouvent pas dans les recueils de Conciles, le troisième au contraire ne se trouve que là.

(d) Il en existe une nouvelle édition: Legum regis Canuti Magni quas Anglis olim dedit versionem antiquam latinam ex codice Colbertino variantibus lectionibus atque observationibus additis cum textu Anglo-Saxonico edidit J. L. A. Kolderup Rosenvinge. Hauniæ 1826. 4.

· (e) V. pour plus amples renseignements G. Phillips Englische Reichs und Rechtsgeschichte (Berlin 1827. 8.) §. XXV.

(ƒ) Elles se trouvent aussi dans le Recueil de Conciles de Mansi.

de Latran. Indépendamment des difficultés politiques et dogmatiques qui en avaient été l'occasion immédiate, ces quatre conciles ont décrété beaucoup de canons de la plus haute importance et d'une influence puissante. Il en est de même des premier 1245 et deuxième (1274) conciles de Lyon et de celui de Vienne (1311). Ces sept conciles se rattachent dignement aux huit conciles généraux des temps antérieurs, et se sont efforcés, là où les sources existantes ne suffisaient plus aux rapports et besoins nouveaux, de les régler par voie de législation générale.

$ 99.6) Réception du recueil de Gratien dans les universités,

un

Dès la seconde moitié du onzième siècle s'était éveillée en Occident une activité intellectuelle toute particulière qui bientôt s'empara aussi des sciences et leur imprima une direction nouvelle. Elle eut naturellement pour organes les établissements ecclésiastiques et séculiers d'instruction qui, bien qu'obscurs et languissants, existaient depuis un temps reculé. Ceux de Paris et de Bologne acquirent bientôt une grande célébrité. Dans ces deux villes affluaient des jeunes gens de tous les pays; ils y étudiaient les recueils reçus du droit pratique, retournaient dans leur patrie avec les connaissances acquises, et les y répandaient par leurs écrits soit comme hommes d'affaires soit comme juges. Ainsi les universités devinrent les foyers de la vie intellectuelle, et la décision par laquelle elles rejetaient ou approuvaient, faisait loi pour presque toute l'Europe. Auprès de la législation positive surgit donc nouvel élément, l'autorité de la doctrine qui la dominait presque entièrement et maintenait l'uniformité dans ses diverses parties. Cette activité se déploya d'abord sur le recueil de Gratien. Ce recueil avait paru à Bologne à l'époque où l'école de légistes y avait déjà atteint un haut degré de splendeur; traitant d'ailleurs d'une matière qui offrait par elle-même une immense importance, il fut bientôt un objet d'enseignement, peut-être des leçons de Gratien même. Par là naquit avec le recueil une nouvelle école qui lui valut, sans aucune recommandation spéciale, considération et accueil dans toute l'Europe (g). Les maîtres de cette école étaient nommés Magistri, un peu plus tard Doctores decretorum, et ses membres en général canonistes, décrétistes ou décrétalistes (h). Indépendamment de l'enseignement oral, l'activité des maîtres se signalait par des travaux écrits. Ces productions étaient principalement des gloses, c'est à dire des explications annexées au texte, à l'effet d'être

(g) D'après le calendaire de Bologne ce recueil aurait été approuvé et très expressément recommandé par Eugène III: mais la fausseté de ce calendaire est aujourd'hui généralement reconnue. Savigny Histoire du Droit Romain au moyen âge. Part. III. §. 4. (k) Savigny prouve Part. IV. p. 477. que ces expressions étaient indifféremment employées l'une pour l'autre.

copiées et répandues comme tous autres livres (i. Dans le principe, ces gloses étaient très courtes et pouvaient s'écrire entre les lignes; mais bientôt on en fit en marge de plus développées qui peu à peu finirent par former une sorte de commentaire suivi. Un tel commentaire ou série d'éclaircissements sur tout le texte par un même juriste était nommé apparatus; ordinairement il renfermait des gloses des écrivains antérieurs. Plus tard les explications du texte reçurent plus de liaison entre elles, et dès lors aussi le nom de commentaires. Les premiers glossateurs du recueil de Gratien, pour la plupart ses élèves et successeurs à Bologne, n'ont vraisemblablement composé que de courtes gloses interlinéaires. Parmi eux, on cite Paucapalea, Omnibonus, Sicardus, Ansaldus et autres (k). Les gloses de Rufin, Silvestre, Joh. Faventinus, Joh. Hispanus, Petr. Hispanus, Etienne de Tournay et autres étaient déjà plus dévelop→ pées, mais elles sont en partie encore inédites, en partie connues seulement par les apparatus de maîtres postérieurs. Un grand commentaire encore inédit, intitulé Summa decretorum, fut commencé par Huguccio de Pise(), et après sa mort (1240) continué, vers 1247, par Johannes de Deo, mais non entièrement achevé (m). Enfin Johannes Teutonicus écrivit sur le décret, vers 1212, un apparatus qui fut, vers 1236, augmenté et corrigé par Barthélemi de Brescia, et passa sous cette forme dans les éditions imprimées.

$ 100. c) Les recueils de décrétales avant Grégoire IX (n).

Peu de temps après Gratien, le droit ecclésiastique s'enrichit de nouveaux décrets des conciles œcuméniques et, par suite de l'autorité puissante dont jouissait le saint-siége, des décrétales et rescrits se répandirent dans toutes les directions. Comme ces pièces circulaient isolément en dehors du recueil usité, on les nommait extravagantes. Leur multiplicité nécessita bientôt de nouveaux recueils;

(i) La relation desdites gloses aux annotations écrites dans les leçons orales est très clairement exposée par Saviguy Part. III. Chap. XXIV.

(k) Les meilleures recherches sur ces glossateurs et les suivants sont celles faites par les abbés de l'ordre des Camaldules Maurus Sarti († 1766) et Maurus Fattorini († 1789) dans leur ouvrage déjà plusieurs fois cité et non terminé. V. sur cet ouvrage et autres autorités les renseignements fournis par Savigny. Part. III. Chap. XVII.

(7) Il est analysé par Sarti de claris archigymnasii Bonon, profess. T. I. P. I. p. 271. 273. 275. 297.

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(m) Sarti T. I. P. II. p. 194., Savigny Part. V. p. 425.

(n) V. sur cette matière Sarti T. I. P. I. p. 256-58., Aug. Theineri commentatio de Romanorum Pontificum epistolarum decretalium antiquis collectionibus. Lips. 1829. 4. (Aussi dans ses disquisit. criticæ p. 1-109), Recherches sur plusieurs collections iné dites de décrétales du moyen âge par Aug. Theiner. Paris. 1832. 8. (dans ses disquisit, criticæ p. 111-37).

Voici ceux que l'on connaît: 1) Un recueil en cinquante parties (o), dont la première contient les seuls décrets du troisième concile de Latran (1179), et les autres des décrétales de différents papes, notamment d'Alexandre III († 1181); les dernières sont de Clément III (+ 1191). 2) Un recueil inédit renfermant, après les décrets du concile de Latran, des decrétales des papes depuis Léon 1er jusqu'au dernier quart du douzième siècle, sous une série de soixante-cinq titres, puis des canons des conciles et autres matières (p). 3) Un recueil aussi en soixante-cinq titres, extrait du précédent (q). 4) Un recueil tout à fait semblable, sous cinquanteneuf rubriques, a été découvert dans un manuscrit à Bruges (r). 5) A la même époque, vers 1190, Bernard, alors prévôt du chapitre de Pavie, lequel fut professeur à Rome et à Bologne, composa un Breviarium d'extravagantes, où il rassembla d'anciennes pièces qui ne se trouvaient pas dans Gratien, et les décrétales depuis Alexandre III jusqu'à Clément III (s). Il les classa par ordre de matières en titres et rubriques, et divisa le tout en cinq livres sans intitulé. Le code de Justinien lui a manifestement servi de modèle. Ses matériaux sont principalement puisés aux deux recueils en soixante-cinq titres, mais il a aussi exploité l'autre en cinquante parties. Ce Breviarium de Bernard prit place auprès du recueil de Gratien à l'école de Bologne, fut aussi glosé, et, comme premier recueil reconnu d'Extravagantes, nommé Compilatio prima (!). Peu après il en fut fait un abrégé (u). 6) Les décrétales d'Innocent III (1198-1216) furent d'abord l'objet d'une compilation du diacre Rainerius, moine à Pomposi, faite dans la troisième année de l'avénement de ce pape sur les trois premiers livres de ses Regesta. Elle n'a pas été reçue (v).

(o) Theiner comment. p. 5-11., Richter de ined. collect. p. 14-17. Il se trouve dans les recueils de Conciles, rotamment dans Mansi T. XXII. col. 248-454.

(p) Ce recueil a été trouvé et décrit par A. L. Richter de inedita decretalium collectione Lipsiensi. Lipsiæ 1836. 8.

(9) Ce recueil a été édité d'après un manuscrit de Cassel par J. H. Böhmer dans son édition du Corp. jur. can. T. II. App. col. 181-340.

(r) Theiner Recherches p. 19-25.

(s) Sarti T. 1. P. I. p. 302-5. P. II. p. 194., Theiner comment. p. 3-12. 41-46.

(t) Il a été d'abord imprimé avec trois autres anciens recueils de décrétales à Lérida 3576 fol. Cette édition devenue très rare est due à Ant. Agostino alors évèque de Lérida. Ph. Labbé en publia une nouvelle édition corrigée et augmentée sous le titre suivant : Antiquæ collectiones decretalium cura Antonii Augustini episcopi Herdensis et Jacobi Cujacii Jc. celeberrimi notis et emendationibus. Parisiis MDCIX. fol. J. A. Riegger voulait l'éditer avec rapprochement du recueil de Grégoire IX; mais il n'en a paru que le commencement: Bernardi præpositi Papiensis Breviarium extravagantium cum Gregorii IX. decretal. collect. ad harmoniam revocatum. P. I. Friburgi 1779. 4. (u) Theiner Recherches p. 26-31.

(v) Theiner comment. p. 14. Elle a été éditée par Baluze dans ses Epistolarum Innocentii III. Romani pontificis libri undecim (Paris. 1682. II. vol. fol.) T. I. p. 543-606.

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