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c'est là

que doivent se rapporter tous ses membres (r).

$ 11. II. De l'Église dans son essence. A) Exposé général.

Si l'on réunit tous ces faits pour rechercher l'idée générale qui y réside, il en résulte que l'Eglise a été instituée par Jésus-Christ même comme une communauté visible, une, universelle, apostolique, vraie et sainte, nécessaire au salut. I. Elle est visible, parcequ'elle repose sur une base et un centre visibles, et parceque la doctrine et les sacrements qu'elle tient du Christ sont des signes visibles (s). II. Elle est une, parceque depuis son origine elle reconnaît comme loi fondamentale (t) une doctrine qui par son essence divine est une, immuable et indivisible (u) et que cette unité intérieure se produit extérieurement dans l'unité de l'épiscopat (v). L'unité et l'immutabilité ne doivent s'entendre que du dépôt sacré des révélations du Christ, non des dispositions que l'Eglise croit devoir prendre pour sa discipline (w), et qu'elle maintient ou mo

collatam, in qua sederit omnium Apostolorum caput Petrus; unde et Cephas appellatus est. c. 25. c. XXIV. q. 1. (Hieronym. c. a. 386.)-c. 35. c. II. q. 7. (August. c. a. 412.)

(r) Irenæus († 201) contra hæres. III. 3. Ad hanc enim (romanam) ecclesiam propter potiorem principalitatem necesse est omnem convenire ecclesiam. Pour atténuer le poids de ce texte, on a imaginé nombre d'explications qui en partie se contredisent elles-mêmes; une preuve en résulte, c'est qu'il y a dans le texte quelque chose qui inquiète vivement et dont on ne peut se défaire. Le dernier essai de cette sorte par Gieseler est réfuté par Döllinger, Kirchengeschichte. Th. I. § 33.

(s) Bellarmin. de ecclesia militante lib. III. cap. 12. Ecclesia enim est societas quædam, non angelorum, neque animarum, sed hominum. Non autem dici potest societas hominum, nisi in externis et visibilibus signis consistat. Nam non est societas, nisi se agnoscant ii, qui dicuntur socii; non autem se possunt homines agnoscere, nisi societatis vincula sint externa et visibilia. - Unde Augustinus, libro XIX, contra Faustum, cap. II. in nullum, inquit, nomen religionis, seu verum, seu falsum, coagulari homines possunt, nisi aliquo signaculorum seu sacramentorum visibilium consortio colligentur.

(t) Ignat. († 110) ad Philadelph. c. 4. Operam igitur detis, ut una eucharistia utamini. Una enim est caro domini nostri Jesu Christi et unus calix in unitatem sanguinis ipsius; unum altare, sicut unus episcopus cum presbyterio et diaconis. Idem ad Magnes. c. 7. In unum convenientibus una sit oratio, una deprecatio, una mens, una spes, in caritate, in gaudio inculpato. Unus est Jesus Christus, quo nihil præstantius est. Omnes itaque velut in unum templum Dei concurrite, velut ad unum altare, velut ad unum Jesum Christum, qui ab uno patre prodiit, et in uno existit, in unum revertitur. -Cyprianus (†258) epist. LXX. Et baptisma unum sit, et Spiritus sanctus unus et ecclesia una, a Christo domino supra Petrum origine unitatis et ratione fundata. (u) I. Cor. 12. 13, Ephes. IV. 4-6.

(✔) Cypriani († 258) de unit. eccles. (apud Gratian. c. 18. c. XXIV. q. I.)— Idem epist. LII. A Christo uno ecclesia per totum mundum in multa membra divisa, item episcopatus unus episcoporum multorum concordi numerositate diffusus.

(w) C. II. D. XII. (Augustin. a. 400,, c. 2. D. XIV. (Leo I. c. a. 443).

difie selon les phases de la vie des peuples et le caractère de chaque époque (x). III. Elle est universelle (y), parceque la mission qu'elle a reçue du Christ embrasse tous les hommes et tous les temps, et qu'en vertu de cette mission elle étend ses membres sur tous les peuples (z). IV. Elle est apostolique, parcequ'elle conserve et perpétue dans la suite non interrompue des évêques, successeurs des apôtres, la puissance conférée à ceux-ci par le Christ, et par là se trouve toujours et partout en état de prouver la légitimité de son existence (a) V. Elle est vraie et sainte, parceque le Christ lui a promis la protection du Saint-Esprit et son assistance jusqu'à la fin des temps. VI. Enfin elle est nécessaire au salut (b), parceque la mission de Jésus-Christ a principalement pour objet la rédemption et la sanctification de l'homme, et que la doctrine et les sacrements par lui expressément institués dans ce but (c) ne se rencontrent purs et complets que dans la véritable Eglise. En se disant nécessaire l'Eglise n'exprime que la conviction intime de sa vérité (d) et du but que lui a imposé le Christ. Lorsque dans cette

(x) L'étude des diverses époques en fournit la preuve et montre notamment les formes d'administration ecclésiastique et civile toujours en état de corrélation et exerçant l'une sur l'autre une influence réciproque. Celui donc qui pénètre jusque dans ses détails la constitution du moyen âge et a l'intelligence de tels rapprochements, y trouve la clef de beaucoup de points de la discipline ecclésiastique que l'esprit prévenu de notre époque ne peut présenter que sous un jour odieux. La féodalité notamment a beaucoup influé sur l'esprit et les formes de l'administration ecclésiastique. C'est ce qu'on remarque particulièrement dans l'ancienne constitution de la Cour papale et de l'Etat de l'Eglise, dans le Système des Bénéfices, dans les levées de taxes par le Siége de Rome, et dans beaucoup d'anciens usages et formules en partie encore usités. De même l'Histoire de la Juridiction ecclésiastique et des Exemptions ne peut être considérée en dehors des rapports politiques contemporains.

(y) L'expression załoλızń ixxλnoiz se trouve déjà dans Ignat. († 110) ad Smyrn. c. 8. (z) Cyprian († 258) epist. LII. Una ecclesia per totum mundum in multa membra divisa.

(a) Tertullian. († 215) de præscript. hæreticor. c. 32. Edant ergo (hæretici) origines ecclesiarum suarum; evolvant ordinem episcoporum suorum, ita per successiones ab initio decurrentem, ut primus ille episcopus aliquem ex Apostolis vel apostolicis viris, qui tamen cum Apostolis perseveraverint, habuerit auctorem et antecessorem. Hoc enim modo ecclesiæ apostolicæ census suos deferunt: sicut Smyrnæorum ecclesia Polycarpum a Joanne conlocatum refert: sicut Romanorum Clementem a Petro ordinatum edit. Perinde utique et ceteræ exhibent, quos ab Apostolis in episcopatum constitutos apostolici seminis traduces habeant.

(b) Ignat. († 110) ad Ephes. c. 5. Nemo erret: nisi quis intra altare sit, privatur pane Dei. — Qui igitur non venit ad id ipsum, hic jam superbit et se ipsum judicavit. — Cyprian. († 258) de unit. eccles. Quisquis ab ecclesia segregatus adulteræ jungitur, a promissis ecclesiæ separatur, nec pervenit ad Christi præmia. — Augustin. († 430) de unit. eccles. c. 2. Utique manifestum est, eum qui non est in membris Christi, Christianam salutem habere non posse.

(c) Marc. XVI. 16., Joann. III. 36. XVII. 3.

(d) Toute croyance, toute Eglise, même le dévouement pour la science et le zele à

conviction elle condamne comme une désertion de l'étendard du Christ l'erreur qui se dresse contre elle, elle ne prononce pas sur l'individu; mais, de même qu'auprès du baptême de l'eau elle reconnaît un baptême de désir (e), elle laisse au jugement de Dieu à admettre dans la communion des saints ou Eglise triomphante ceux qui, dans la mesure de leurs forces, ont aspiré vers la vérité et sont restés innocemment dans l'erreur.

$ 12.B) Rapport à l'Église invisible.

A titre de communauté extérieure et visible, l'Eglise comprend tous ceux qui par certains actes extérieurs se déclarent ses membres. Toutefois son être ne réside pas dans cette manifestation matérielle; elle a un côté invisible et tourné vers Dieu dont ladite manifestation n'est que l'enveloppe extérieure. Les vrais et parfaits membres de l'Eglise sont donc uniquement ceux qui, outre l'association extérieure, lui sont unis du fond du cœur. Sous le point de vue humain elle comprend pourtant les méchants même aussi longtemps qu'ils restent extérieurement attachés à la communauté; vice versa il peut y avoir des membres qui ne lui soient unis que d'esprit sans aucun signe extérieur (f). Les membres que compte l'Eglise visible peuvent donc être différents de ceux qui le sont véritablement devant Dieu. Mais, en ce qui concerne l'action de l'Eglise ici-bas, cette distinction est sans importance, parcequ'en vertu des promesses du Christ et malgré le mélange de membres faux ou purement apparents, elle reste toujours dans son intégralité l'Eglise vraie et dépositaire des vrais moyens de salut (g).

répandre une véritable conviction, repose sur cette persuasion de la nécessité et de la force salutaire de ce qu'on tient pour vrai. Autrement, en effet, quelle différence y aurait-il entre le vrai et l'erreur, et de quel droit s'aviserait-on de la combattre? (e) C. 34. 149. D. IV. de cons. (Augustin. c. a. 412.)

(f) Bellarmin, de ecclesia militante lib. III. cap. 2. Notandum autem est ex Augustino in breviculo collationis collat. III., ecclesiam esse corpus vivum, in quo est anima et corpus. Et quidem anima sunt interna dona spiritus sancti, fides, spes, caritas; corpus sunt externa, professio fidei, et communicatio sacramentorum. Ex quo fit, ut quidam sint de anima et corpore ecclesiæ, et proinde uniti Christo capiti interius et exterius ; et tales sunt perfectissime de ecclesia; sunt enim quasi membra viva in corpore, quamvis etiam inter istos aliqui magis, aliqui minus vitam participent, et aliqui etiam solum initium vitæ habeant, et quasi sensum, sed non motum, ut qui habent solam fidem sine caritate. Rursum aliqui sint de anima, et non de corpore, ut catechumeni, vel excommunicati, si fidem et caritatem habeant, quod fieri potest. Denique aliqui sint de corpore, et non de anima, ut qui nullam habent internam virtutem, et tamen spe aut timore aliquo temporali profitentur fidem et in sacramentis communicant sub regimine pastorum.

(g) Bellarmin. de ecclesia militante lib. III. cap. 9. Dico igitur, episcopum malum, presbyterum malum, doctorem malum, esse membra mortua, et proinde non vera,

$ 13. - III. Du pouvoir dans l'Église.

De l'essence et du but de l'Eglise dérive une triple attribution: l'administration des sacrements institués par le Christ, la prédication de sa doctrine, la fixation et le maintien de la discipline. Ces attributions constituent le pouvoir de l'Eglise qui se divise par conséquent en trois branches: la dispensation des sacrements, l'enseignement de la doctrine, et le pouvoir administratif et juridictionnel (h).

$ 14. IV. Exercice du pouvoir de l'Église. A) Administration des

-

sacrements.

A l'égard de l'administration des sacrements, les institutions de l'Eglise dans les premiers temps présentent une triple distinction: I. La dispensation de certains sacrements, notamment le droit d'ordination (i), n'appartient qu'aux évêques (k), et ce pouvoir spécial leur est conféré par le sacre. II. D'autres sacrements, particulièrement le sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ conforméinent à ce qu'il a prescrit dans la célébration de la cène, peuvent être administrés par de simples prêtres. A ce sacrifice que l'Eglise révère comme le plus sublime de ses sacrements, se rapporte le

corporis Christi, quantum attinet ad rationem membri, ut est pars quædam vivi corporis tamen esse verissima membra in ratione instrumenti, id est papam et episcopos esse vera capita, doctores veros oculos, seu veram linguam hujus corporis. Et ratio est, quia membra constituuntur viva per caritatem, qua impii carent at instrumenta operativa constituuntur per potestatem sive ordinis, sive jurisdictionis, quæ etiam sine gratia esse potest. Nam etsi in corpore naturali non possit membrum mortuum esse verum instrumentum operationis, tamen in corpore mystico potest, In corpore enim naturali opera pendent ex bonitate instrumenti, quia anima non potest bene operari, nisi per bona instrumenta, nec opera vitæ exercere, nisi per instrumenta viva: at in corpore mystico opera non pendent ex bonitate aut vita instrumenti. Anima enim hujus corporis, id est Spiritus Sanctus, æque bene operatur per instrumenta bona et mala, viva et mortua.

(h) Ces distinctions sont dans la nature des choses; ce n'est pourtant qu'au moyen åge qu'elles deviennent l'objet d'une division systématique. S. Thomas d'Aquin divise dans plusieurs passages la spiritualis potestas en potestas sacramentalis et jurisdictionalis. C'est de là que provient la division en potestas ordinis ou ministerii et potestas jurisdictionis, généralement adoptée dans les traités modernes. Le pouvoir de doctrine potestas magisterii y est expressément ou tacitement compris dans la potestas ordinis. C'est pourtant une erreur; car les deux pouvoirs sont entièrement distincts et par leur objet, et par le mode de leur action.

(i) Chrysostom. († 407) homil. XI. in epist. ad Timoth. I. cap. 3. Sola enim imDositione manuum superiores sunt episcopi, et hoc uno videntur antecellere resbyteris.

(4) Conc. Trid. Sess. XXIII. cap. 4. de ordine.

sacerdoce prêtrise de la nouvelle alliance (4), et ici les évêques et les prêtres ont égalité de pouvoir (m). Ce sacerdoce est, d'après l'exemple des apôtres, conféré par les évêques au moyen de l'ordination qui elle-même, à raison des dons extraordinaires qu'elle communique, est regardée comme un sacrement (n). III. Pour l'assistance dans l'administration des sacrements et autres fonctions ecclésiastiques, on a institué outre les diacres, des sous-diacres, des acolythes, des exorcistes, des lecteurs et des portiers, et chacun de ces grades a été lié à une ordination plus ou moins solennelle (o). La hiérarchie se compose donc des évêques, des prêtres et des ministrants (p). Les offices inférieurs il est vrai ont en partie disparu; néanmoins les ordinations qui les conféraient ont élé conservées comme grades préparatoires au sacerdoce, de sorte qu'on y parvient par sept ordinations actuellement nommées hiérarchie de l'ordre.

$15.

- B) De l'enseignement. 1) Organisation de ce pouvoir.

Jésus-Christ donna aux apôtres la mission solennelle d'enseigner toutes les nations (q) et y joignit la promesse de l'assistance du SaintEsprit jusqu'à la fin des temps (r); par là il institua pour son Eglise un pouvoir d'enseignement nécessairement général, infaillible et de tous les temps. Ce pouvoir se continue dans le corps des évêques comme successeurs des apôtres. Ce corps devant essentiellement être un (s), et l'unité ne subsistant que par l'accord de chacun des membres avec le centre commun, le siége apostolique de Rome apparaît comme la tête de tout le corps enseignant, et hors l'union avec lui, il n'y a ni légitimité d'enseignement, ni sûreté de doctrine.

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Jésus initia ses disciples à leur mission dans un commerce intime de plusieurs années, mais ne leur fit rien consigner par écrit

(2) Cyprian. († 258) epist. LXIII., Idem adv. Judæos lib. 1. c. 16. 17., Conc. Trid. Sess. XXIII. cap. I. de ordine.

(m) Cyprian. epist. LVIII. Cum episcopo presbyteri sacerdotali honore conjuncti. Eichorn, Kirchenrecht I. 19. 25. 465. 470-473., n'a pas saisi le caractère propre du sacerdoce, ni sa relation exclusive au sacrifice; l'égalité des évèques et des prêtres dans le sacerdoce lui fait tirer faussement la conséquence que primitivement elle devait exister aussi à l'égard des autres actes sacramentaux.

(n) Conc. Trid. Sess. XXIII. cap. 3. de ordine.

(0) Conc. Trid. Sess. XXIII. cap. 2. de ordine.

(p) Conc. Trid. Sess. XXIII. can. 2. de sacram. ordin.

(9) Matth. XXVIII. 19. 20., Marc. XVI. 15-20.

(r) Joann. XIV. 16. 17. 26. XV. 26. XVI. 13. Act. I. 8. (s) V. s. 11. Notes t. u. v.

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