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Ce n'est pas en général sur les pièces en fonte que les résultats sont les plus satisfaisants, néanmoins nous avons usé avec avantage de ce procédé de réparation au pont de la Voulte. La pl. 6, photographie L, montre l'installation du groupe électrogène utilisé pour ces travaux.

Tout d'abord nous avons pu réparer ainsi très convenablement les montants en fonte des garde-corps qui, en bien des points, étaient avariés et comportaient parfois de longues fentes dont la réparation par tout autre procédé eût été bien difficile.

D'autre part, le relèvement de o m. 60 de la voie sur l'ouvrage nous a obligé à relever aussi le trottoir; le garde-corps actuel devenait dès lors trop bas et nous avons dû le surélever par des fers ronds soutenus par des pièces en fonte.

Ces pièces en fonte auraient été difficilement fixées par boulons ou vis sur les têtes des piliers de garde-corps, tandis qu'elles ont été fixées très facilement, très proprement et très solidement au moyen de la soudure à l'arc électrique (Pl. 6, photos J. et M).

Enfin nous avons cru bien faire en faisant souder superficiellement sur les deux faces toutes les fentes qui existaient dans les pièces en fonte du viaduc. Nous comptons avoir ainsi quelque peu renforcé ces pièces ou tout au moins avoir prévenu toute aggravation des avaries.

Il est à remarquer qu'une soudure au chalumeau eût sans doute été à la fois inefficace et dangereuse en raison des échauffements qu'elle aurait entraînés dans les masses de fonte voisines des fentes à réparer.

La soudure à l'arc électrique au contraire, surtout lorsqu'elle est faite avec soin, c'est-à-dire en ne travaillant pas longtemps de suite aux mêmes points, permet avec un peu de patience de réunir petit à petit les deux bords de la fissure sans provoquer un échauffement appréciable des pièces que l'on peut toucher à la main à quelques centimètres du point soudé.

Nous n'avons pas connaissance que le travail de soudure ait amené l'aggravation d'aucune des fissures.

Nous n'avons d'ailleurs pas cherché à réaliser la soudure sur toute l'épaisseur des pièces en fonte qui avaient généralement

3 centimètres d'épaisseur. Le travail eût été difficile, incertain et très onéreux.

Nous nous sommes contenté de faire souder les deux faces de la pièce sur une profondeur de 5 mm. environ. (Voir figure cidessous.)

Une expérience de traction nous a montré que dans ces conditions on peut compter que la soudure sur fonte donne par centimètre de longueur de soudure pour chaque ligne de soudure une résistance de 500 kilogs, soit 1.000 kilogs pour les deux lignes de soudure.

C'est une résistance très convenable pour des pièces en fonte de 3 centimètres d'épaisseur, lesquelles, d'après le Règlement du 29 août 1891, ne doivent pas subir, par centimètre de longueur, un effort transversal de traction supérieur à

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Le calcul du pont renforcé a présenté quelques difficultés et par conséquent quelque intérêt; nous ne pouvons pas cependant, faute de place, insérer dans les Annales tous les travaux de ce calcul.

Nous nous bornons à rappeler dans l'annexe no 1 les données générales pour l'établissement des calculs et dans le tableau C de l'annexe no 3 (pl. 8) un résumé des résultats donnés par le mémoire de calculs. Nous signalons que le calcul a été fait en tenant compte de l'ordre d'avancement du travail, les sections. renforcées n'intervenant dans le calcul qu'au fur et à mesure de leur achèvement.

Nous avons eu soin aussi, comme il est de règle, de ne compter sur la résistance du béton à la tension que pour le calcul des déformations et non pour la détermination des efforts.

Vérifications expérimentales.

La décision ministérielle du 28 avril 1922 approuvant le projet de renforcement du viaduc sur le Rhône à la Voulte avait prescrit qu'il soit rendu compte à l'Administration des résultats des vérifications expérimentales que la Compagnie devait effectuer avant et après le renforcement de l'ouvrage.

Trois opérations d'auscultation ont été effectuées :

1o Avant renforcement, en utilisant la surcharge de machines légères.

2o Après renforcement, en utilisant la surcharge des mêmes machines légères qu'à l'opération précédente.

3o Après renforcement, en utilisant la surcharge de machines « Pacific » (Pl. 6, photographie N).

Nous n'avons pas la place de donner les procès-verbaux de chacune de ces trois opérations, nous donnons seulement :

Dans l'annexe no 2 le graphique comparatif des résultats bruts (surcharges seules) consignés aux trois procès-verbaux.

Dans l'annexe no 3 : l'analyse des résultats donnant tous les coefficients de travail théoriques et effectifs de la fonte avant et après renfoncement.

Graphique comparatif (Annexe no 2, pl. 7).

Sur ce graphique nous avons indiqué, pour chaque section d'arc étudiée, les coefficients de travail unitaire déduits des trois opérations successives sous l'effet des surcharges seules.

Le bénéfice du renforcement est mis en évidence par la comparaison des opérations faites avec les mêmes machines, avant renforcement et après renforcement.

On voit que sous les mêmes surcharges les coefficients de travail après renforcement ne sont plus que le tiers, parfois le quart

et même le cinquième, des coefficients aux mêmes points avant renforcement.

Les efforts directs de compression semblent d'ailleurs très atténués car le rapport des efforts en valeur absolue mesurés à l'extrados et à l'intrados d'une même section se rapproche beaucoup de l'unité.

Les résultats obtenus sous la surcharge de machines « Pacific » confirment, en les accentuant, les bons résultats obtenus par le renforcement.

D'autre part, on a pu constater combien le renforcement a augmenté la stabilité d'ensemble du viaduc, car après la dernière vérification expérimentale, nous avons fait passer à deux reprises sur le viaduc le train de trois « Pacific » attelées ensemble, la vitesse du train était de 45 km. à l'heure à la sortie de l'ouvrage et aucun mouvement de trépidation sensible n'a été perçu.

Analyse des résultats (Annexe no 3, pl. 8)

La comparaison des tableaux A et B montre que le travail de la fonte, compte tenu du résultat des vérifications expérimentales, est en réalité moins élevé que ne l'indiquent les calculs purement théoriques.

La même observation est à faire à propos de la comparaison des tableaux Cet D; et encore faut-il remarquer que l'atténuation de travail constatée par la vérification ne porte que sur l'effet de la surcharge; nous n'avons pas, dans le tableau D, supposé (comme on le pourrait) que l'effet de la surcharge permanente devrait être atténué dans la même proportion que l'effet de la surcharge.

Les chiffres accusés par le tableau D sont donc des maxima et les coefficients de travail réels sont certainement inférieurs encore à ceux donnés dans ce tableau.

Quoi qu'il en soit, on remarque que, même en tenant pour bons les chiffres du tableau D, les coefficients de travail de la fonte seraient nettement inférieurs aux coefficients théoriques du tableau C, et resteraient même partout inférieurs aux limites réglementaires de 1891:

Ann. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1924-V.

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A la clé, la fatigue théorique de + 6 kg. 99 a été ramenée à

+ 5 kg. 66.

Aux reins, la fatigue théorique de + 6 kg. 62 a été ramenée à + 5 kg. 26.

Aux naissances, la fatigue théorique de + 5 kg. 60 a été ramenée à + 5 kg. 10.

et cela, nous le répétons, sans qu'il ait été besoin de faire bénéficier des résultats de l'auscultation les fatigues dues notamment à la surcharge permanente.

Dépenses.

Comme nous l'avons dit au début de cette note, le but et l'intérêt principal du projet exécuté était de réaliser une économie sérieuse par rapport aux dépenses qu'aurait entraînées le remplacement de l'ouvrage.

Notre espérance a été réalisée pleinement.

Bien que les décomptes ne soient pas encore réglés, nous sommes certains, dès à présent, que la dépense totale n'atteindra pas le chiffre de 2 millions auquel nous avions estimé le travail. Le remplacement de l'ouvrage aurait coûté de 4 millions 1/2 à 5 millions.

L'économie réalisée dépasse donc la moitié de la dépense qu'aurait coûté le remplacement. C'est ce que nous espérions et le résultat montre que l'estimation du projet exécuté avait été faite avec soin.

Conclusion.

On voit, d'après les résultats des trois vérifications expérimentales, que les espérances de renforcement escomptées lors de la présentation du projet ont été pleinement réalisées et même dépassées.

Il est intéressant de noter que la réduction des coefficients de travail de la fonte, si nettement accusée par la vérification expérimentale, n'est pas le seul résultat du renforcement.

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