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du parallèle de Sein, chercheront la rigidité et l'ancrage nécessaires dans l'emploi du béton armé. Leurs armatures, particulièrement soignées, comme nous le verrons plus loin, deviendront un des éléments essentiels de leur liaison avec la roche et de l'adhérence des reprises successives..

Encore faut-il renoncer le moins possible au bon effet de la masse, en ne réduisant pas le diamètre à l'excès; on a consenti 2 m. 70 (sur contour cylindrique) aux Leuriou (85), où la mer est moins forte, après 2 m. 80 aux Soldats (baie d'Audierne) et après avoir hésité et renoncé à descendre jusqu'à 2 m. 50. On se risque, depuis la guerre et par économie, dans certaines régions peu menacées et de faible marnage, à des colonnes standardisées de 2 mètres [Les Verrès (89), Basse-Gouac'h (75), Runiec (78)], sans parler des colonnes de chantier (voir plus loin) de o m.70 à 1 m. 20; mais on a l'impression que ces minima côtoient parfois les limites de la prudence.

Quand la mer est moins dure encore, quand la visibilité de la balise n'est pas exigible de loin, ou est convenablement assurée avec une tige métallique (d'un à trois décimètres de diamètre) surmontée de son voyant réglementaire, on peut se borner à constituer en maçonnerie, avec des procédés plus ou moins analogues à ceux qui seront décrits pour les tourelles complètes, une embase suffisante pour l'emplanture d'une balise en acier ou en bois.

Des balises purement métalliques ont été très employées, par raison d'économie, dans les eaux abritées de notre littoral (on en compte environ 170); mais elles ne sont plus admissibles dès que l'effet du large se fait trop sentir, qu'il s'agit de marquer à grande distance des dangers plus isolés, ou que la cote de la roche est trop basse pour le scellement direct d'un mât.

On monte, en ce cas, l'embase en maçonnerie (qu'on peut même relier à la roche par des armatures spéciales) jusque vers le niveau des basses mers de morte eau, par exemple, en tous cas de manière à procurer un scellement de 1 m. à 1 m. 50 de profondeur; on y ménage, dans la partie médiane, un trou d'emplanture excédant de o m. 15 environ le diamètre de la tige approvisionnée. Le scel

lement est ensuite poursuivi selon l'un des procédés réglementaires (1) (fig. 3).

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Il faut avoir égard aux divers risques d'ébranlement que la balise, travaillée par la mer, peut imprimer au massif ; il vaut mieux, à ce point de vue, souhaiter et préparer son descellement que la désagrégation de la partie de l'ouvrage la plus onéreuse à rétablir (2).

(1) Articles 9 à 16, 34 à 42 des Instructions sur le balisage de 1898: coulage de sable mouillé (plutôt que de ciment), autour de la base de la tige, maintenue avec des coins en bois ou en fer, puis, le tout, cacheté par du ciment.

(2) Au sujet de ces balises métalliques, qui se sont souvent ployées à la mer et ont dû être abandonnées de ce chef, nous ajouterons les quelques considérations suivantes :

Leur résistance peut être accrue en recourant à des métaux spéciaux (acier au chrome nickel 2CN, trempé et recuit, revenant à 4 fr. 30 le kg. en 1913).

M. l'Ingénieur en chef Lebert, qui a fait une analyse très serrée de la question à la suite des nombreux incidents survenus à Basse Catic (101, entrée de Port Maria de Quiberon), pense que l'effet de bras de levier de la balise peut être évalué, notamment d'après la dimension des blocs isolés que la mer serait capable de remuer sur une roche donnée; il estime

La consistance de la superstructure ayant été déterminée d'après les considérations qui précèdent, sa forme même demeurera seule à définir. Nous reviendrons plus loin, à propos de la mise en œuvre des matériaux, sur les mérites respectifs de la disposition circulaire et de la disposition polygonale pour cette configuration des fûts en maçonnerie. Si la forme ronde a été adoptée, à l'exclusion du plan carré, dans les phares en mer, à raison de sa moindre résistance au vent et à la lame, la forme octogonale offre pratiquement des avantages analogues, tout en s'adaptant mieux à certains procédés de coffrage.

C'est ainsi qu'on pourra établir un schéma général de l'ouvrage, d'après la base de fondation reconnue. Encore se bornera-t-on souvent à dresser et à faire approuver le projet du seul massif de fondation, renvoyant après la plus ou moins heureuse confirmation des espérances primitives, après une suffisante démonstration des facilités ultérieures d'entretien, le moment où l'on définira la nature et l'importance que pourra revêtir la superstructure; c'est là un des rares exemples, en matière de travaux publics, où les grandes lignes du projet ne peuvent pas toujours

devancer l'exécution.

Quoi qu'il en soit, quand ce schéma complet ou partiel aura été esquissé, on étudiera aussitôt, de plus près, les conditions d'accostage de la roche.

ainsi qu'une balise tubulaire pourra être exposée à un effort triple de la limite recommandable pour une balise pleine.

Les tiges métalliques peuvent présenter des périodes de vibration synchrones de la mer; il faut y prendre garde à cause de l'action destructive qui en résultera sur la tige elle-même.

Une autre source de mécomptes pourrait provenir, toujours d'après M. Lebert, d'une ovalisation ou d'un martelage de la tige creuse dans la direction des lames les plus fortes, qui accroîtrait l'effet des vibrations sur le serrage des coins et le scellement de la tige.

Cet inconvénient peut être évité en remplissant, sur place, de ciment, l'intérieur de celle-ci pour la raidir; c'est un procédé qui modifie les conditions de vibration et a donné de bons résultats, meilleurs que la tige pleine, souvent trop lourde pour les manoeuvres sur la roche (cette dernière considération est primordiale à l'égard de l'emploi des tiges en béton armé, confectionnées d'avance à terre).

VI. OUVRAGES PRÉALABLES ET ACCESSOIRES.

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A. Moyens d'accostage. L'amélioration de ces conditions d'accostage est préparée, en effet, dès que l'on a suffisamment reconnu la roche pour en avoir pu décider l'aménagement; on s'y emploie au cours même de ces opérations de reconnaissance, à tout hasard, pour ainsi dire, et afin de ne pas risquer de perdre le bénéfice éventuel des circonstances, souvent si exceptionnelles, qui ont pu accompagner la période des premières investigations. On fore d'abord des trous pour le scellement de quelques organeaux d'amarrage, en vue du stationnement ultérieur des embarcations, de quelques pitons (fig. 4) devant permettre aux gaffes

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de mordre, aux hommes de s'agripper sur la roche si elle est balayée par la mer ou le courant.

Quand le niveau de son émergence le comporte, on installe quelques barreaux d'échelle sur la face ou les faces (selon les circonstances) de la roche les plus favorables aux accostages, c'està-dire, en pratique, au droit des aires de remous de courant ou des zones abritées du large par l'écueil lui-même.

Ces échelles seront prolongées ensuite le long des maçonneries au fur et à mesure de leur exécution et serviront d'amorces aux échelons métalliques (en bronze plutôt qu'en acier) de l'ouvrage proprement dit, en prévision de son entretien ou de ses ravitaillements ultérieurs.

Ces échelons pourront même être doublés par des marches d'escalier, grâce auxquelles il sera plus facile de prendre pied sur

une roche élevée quel que soit l'état de la marée; mais, pratiquement, on limitera les extrémités de ces degrés d'après la période où l'on sait les manœuvres possibles par ailleurs.

A Barnouic (26, entre Bréhat et les Roches-Douvres), on a constitué un escalier entre les cotes (+ 2,00) et (+ 5,00), avec du béton de ciment et un parement en briques; on y a consacré 5 marées et 10 hommes; on l'a abrité à l'Ouest de la cale débarcadère, qu'on s'était préoccupé d'exécuter tout d'abord. En effet, pour les matériaux, il importe de créer, le plus tôt possible, ce qui n'existe pas en général naturellement : une surface à peu près plane et déjà un peu défendue de la mer, près d'un accore dont puissent approcher, sans gros risque de talonner, les embarcations, chalands ou même vapeurs.

Cette cale de Barnouic, dite du S.-W., mesure une quinzaine de mètres de longueur et s'arase au voisinage de la cote (+6,40) (fig. 36). On y a employé 23 mc. (1) de béton avec ciment de Vassy (puisqu'il ne s'agissait pas d'un massif destiné à être incorporé dans l'ouvrage définitif et qu'il fallait, avant tout, en disposer rapidement).

Au Grand Léjon (23, baie de Saint-Brieuc), une des cales surmonte et rectifie une éminence accolée à la superstructure, de manière à donner un accès à l'échelle extérieure de la tour pour un niveau de l'eau supérieur à la mi-marée, car le plateau, très bas, ne découvre pas suffisamment en morte-eau pour un débarquement à pied sec, tout en n'offrant pas passage à une embarcation.

Ces cales peuvent avoir une très grande longueur, quand la roche se présente comme un vaste plateau; elles sont indispensables pour le roulage des matériaux et, plus tard, des approvisionnements sur la surface relativement lisse qu'elles offrent. Il en existe dans beaucoup de nos phares en mer quand on ne peut accoster directement la tour, ou qu'on veut se réserver la possibilité de relever son personnel de garde à marée basse.

Sur le vaste plateau d'Antioche (125), la cale ne mesure pas (1) Avec déchet de 30 °/。.

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