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rait à des panneaux de bois appliqués contre un grillage métallique.

Dans un sens opposé, on pourrait songer à s'engager dans la voie plus moderne des «< canons à ciment », capables de précipiter, en les refoulant à l'air comprimé, de grandes quantités de matériaux en très peu de temps (type Ingersoll-Rand, 25.000 fr.). Il ne faut s'aventurer qu'avec prudence dans cette voie, car on peut se demander si l'extrême lenteur d'exhaussement de nos tourelles, où nous condamne la mer (1), n'est pas le gage de leur résistance relative.

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Dans la partie haute, des moyens puissants peuvent donc être dangereusement efficaces et il faut savoir tempérer le désir d'une élévation trop rapide.

Dans les parties basses, où le temps gagné se compterait par années et non par mois, on peut sans doute avoir avantage, en

(1) On admet, dans certains services, qu'il ne faut pas monter plus de deux à trois rangs de moellons smillés (si l'on s'en sert comme enceinte) par marée, de manière à éviter le tassement des joints, la cassure des rejointoiements au Vassy, etc.

certains cas, à intensifier la production instantanée de béton. Des essais bien conduits pourraient prononcer entre les deux écoles.

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Il faut citer encore, parmi le matériel mécanique groupé sur les plateformes, les moto-pompes destinées à fournir de l'eau au chantier (type de Dion-Bouton de 1 HP 5, ou Japy); mais on place plutôt celles-ci sur un échafaudage volant, afin de ne pas dépasser la limite d'aspiration. Ailleurs, on s'est contenté de la pompe à bras et à balancier, vu l'obstruction fréquente des sou

papes par les goémons ou graviers; il faut reconnaître que les quantités nécessaires sont faibles.

Vient enfin l'outillage perforateur : les marteaux IngersollRand (BCR, 430, à retenue de fleuret) sont pratiques, après un type plus ancien (BCR, 43).

Les gros marteaux BCR, 53, actionnent des fleurets hexagonaux de 25 mm., sans emmanchement, ou des fleurets ronds à emmanchement carré de 22 mm. (1.850 francs à la fin de la guerre).

Ces marteaux à main, commodes au début, ne permettent pas de sceller de grosses barres (30 mm. au plus); au delà, il faut recourir aux perforatrices proprement dites.

A celles-ci sont associés:

des groupes compresseurs (moto-compresseur Ingersoll-Rand, ou compresseur indépendant de même marque avec moteur Aster, comme sur le Blocqueville; exceptionnellement groupe moto-compresseur d'une sirène de phare);

des engins de forgeage, forge no 3 Leyner à l'huile lourde (1), machine à forger Leyner no 33, l'une et l'autre fournies par Ingersoll-Rand, aux prix de 2.250 et 6.500 francs à la fin de la

guerre.

Ces outils peuvent être actionnés avec de l'air comprimé produit sur une chaloupe voisine, à laquelle le chantier fixe est relié par une conduite de 25 mm.

A titre d'exemple, nous indiquerons la composition de l'outillage d'un grand chantier en mer, comme celui du phare de Kéréon (57) sur la roche Men-Tensel, étant entendu, d'une manière générale, que sa répartition à bord et au-dessus de la roche dépend notamment des commodités et des chances d'accostage de l'ouvrage aux diverses époques de travail.

Le matériel flottant comprenait :

un (avant 1911), puis deux vapeurs (l'Eugène Potron, défini plus haut, à partir de 1912);

(1) Les forges à main brûlent l'acierdes fleurets, en raison des sulfures dégagés par de mauvais charbons.

Ann. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1924-II.

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depuis 1910, une gabare de 9 m. x 3 m. 20 à moteur Peugeot à essence de 24 chevaux (5 nœuds) portant 6 tonnes ;

un chaland ponté de 70 tonnes qui prenait les matériaux aux carrières ou grèves du continent;

un petit chaland non ponté de 15 tonnes;

une embarcation à 8 avirons de 9 m. x 2 m. 55 capable de porter 4 tonnes environ.

Le matériel de levage installé sur la roche, dont il a été déjà fait mention au § D ci-dessus, était essentiellement constitué, depuis 1910:

par un pylône de 15 mètres de hauteur, métallique d'abord, soutenu ensuite (depuis 1911) par des colonnes en béton armé qui le portaient 4 mètres plus haut;

par une plateforme de 50 mètres carrés ;

par une poutre-transporteuse de 12 m. (réduite à 7 m. 50 en 1912) inclinée au 1/20, avec un chariot Temperley à déclenchement automatique, de 1.000 kg. (élevé à 1.500 kg., en 1916, par installation sur brin double);

par un treuil à engrenage de 500 kg., mû à l'aide d'un moteur à essence Aster à 2 cylindres de 7 chevaux, plus tard (à partir de 1912), par un treuil électrique de 1.500 kg. avec moteur à essence de Dion à 4 cylindres de 35 chevaux et dynamo de 100 ampères sous 220 volts et 1.000 tours ;

En outre, à partir de 1914, par une grue de 1.000 kg. pour la répartition circulaire des pierres de taille déjà hissées par le treuil électrique.

Le matériel de travail proprement dit comprenait :

une bétonnière Orenstein et Koppel à cylindre horizontal, tournant à 10 tours par minute grâce à un moteur analogue à celui du treuil ;

un groupe de pompage d'eau avec moteur de Dion de 1 ch. 5, associé à une pompe centrifuge Dumont ;

un groupe électrogène à bord du Potron commandant un groupe moteur-compresseur (24 HP-220 volts);

3 marteaux perforateurs de la Société d'Explosifs et дroduits chimiques, avec une centaine de mètres de flexibles et des fleurets de 22 mm., longs de 1 à 3 mètres.

Quels que soient la composition et les types de l'outillage adopté, on ne doit pas perdre de vue les conditions très dures de son utilisation, les risques de perte, d'avaries, de mauvais entretien, de manœuvre inexperte auxquels il est exposé.

C'est ainsi que les bâtis des gros treuils, voire même des bétonnières, sont souvent abandonnés sur leurs plateformes élevées, pendant l'hiver (au prix de quelques visites, d'un bon graissage d'une enveloppe de prélarts (1), et le chantier reprend plus vite au printemps... quand on les y retrouve.

Il faudra donc concevoir un matériel fruste, peu coûteux, facile à déplacer ou à remplacer. Il faut éviter, en effet, le reproche que nous lisons dans les comptes rendus de la Petite-Barge d'Olonne (118), où l'on était enclin à rembarquer trop tôt un matériel trop lourd et à raccourcir sensiblement chaque marée de forage. C'est ce qui arrête aussi, plus généralement, dans la voie d'un outillage à trop bon rendement, qu'il faudrait installer avec des pertes de temps inadmissibles.

Il faudra prévoir de nombreuses pièces de rechange pour toutes les parties susceptibles de se remplacer, de se détériorer (induits notamment), afin de réduire au minimum les interruptions intempestives de travail indépendantes des circonstances atmosphériques.

Des engins de même sorte (treuils, pompes, moteurs, perforatrices) devront également pouvoir se doubler mutuellement. Moyennant ces précautions, on s'est trouvé généralement satisfait, même du matériel électrique.

A Rochebonne (119)-Chanchardon (122), les rhéostats seuls ont un peu souffert de la trépidation des moteurs, évidemment mal assis; mais les câbles sous-marins eux-mêmes se sont bien comportés pendant six ans.

A Men-Tensel (57) cependant, l'arbre et les cames du moteur Aster se faussaient par suite des secousses au levage des charges effectué avec mer houleuse.

(1) On contrevente ou on amarre les bras des temperleys (voir le schéma ci-dessus réalisé à Chanchardon (122).

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