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Pour un bétonnage coffré par des madriers, on se réglera instinctivement sur le gabarit de ceux-ci, et les tâches successives correspondront souvent alors à l'épaisseur de deux cours, soit o m. 45.

Si l'on a utilisé la maçonnerie ordinaire, il faudra veiller à ce que les ouvriers ne la montent pas par assises trop parallèles, qu'ils laissent de très sérieux arrachements et des boutisses verticales nombreuses; à cet égard, les praticiens du « bâtiment >> travaillent très médiocrement, ne pouvant se dégager de leurs habitudes, formées pour d'autres fins.

Nous rappelons que les recommandations indiquées à propos du nettoyage du rocher s'appliquent, avec certains tempéraments, aux reprises successives du bétonnage ou du blocage.

Une bonne précaution générale pour préserver les maçonneries fraîches abandonnées aux cotes basses et moyennes consiste à les surmonter d'un matelas d'eau (répandu avec beaucoup de douceur), si l'enceinte est susceptible d'en retenir (1); car l'effet du retour du flot s'en trouve amorti (2).

Un but analogue pourra être atteint en recouvrant les maçonneries de plusieurs épaisseurs de grosse toile ou de sacs cousus, retenus par des gueuses en fonte.

On évitera ainsi de recourir trop abondamment au ciment à prise rapide qui doit être ménagé comme long (et cependant nécessaire) à retirer lors de chaque reprise.

Les coffrages devront, de leur côté, être l'objet de précautions appropriées contre l'action de la mer.

On recommande, par exemple, dans le travail en viroles, de ne pas laisser saillir une trop grande hauteur de ces enceintes sans les remplir en majeure partie, surtout si l'on quitte le chantier sur la menace d'une tempête; car on risque de ne pas les retrouver

(1) Le joint inférieur de la première virole sera garni d'un bourrelet de ciment prompt. A Men-Du (80), le matelas d'eau ayant fui un jour, le béton fut délavé, la virole emportée, ce que la mer n'eût pas pu faire normalement.

(2) D'aucuns évaluent à o m. 40 l'épaisseur de la submersion, qu'elle soit artificielle ou naturelle, au delà de laquelle le risque diminue.

intactes. On prendra soin de les haubanner ou de les étrésillonner par des cordages, ou de les contreventer par des madriers de champ.

D'autre part, on ne devra pas bétonner complètement la virole (jusqu'à la moitié environ) avant d'avoir assemblé l'anneau supérieur ; faute de quoi, on la trouverait déformée et on ne parviendrait pas à la coiffer, sous le même gabarit, de l'anneau suivant; on se méfiera aussi de l'effet d'un pilonnage excessif à cet égard.

On s'évitera beaucoup de mécomptes, quelques coffrages que l'on emploie, si l'on règle le chantier de manière à ne pas en abandonner sur l'ouvrage à l'entrée de la mauvaise saison. Car ceuxci donnent prise à la mer et lui facilitent un arrachement partiel des maçonneries.

Les saillies devront, en tous cas, être réduites au minimum, et maint accident de balises ou mâts de service en béton armé constitués en viroles (voir plus loin) paraît explicable par l'oubli de cette précaution; les cornières extérieures notamment, ou les colliers d'assemblages sont dangereux jusqu'à une grande hauteur. On ne se méfie pas assez de la cote qu'atteignent les paquets de mer en hiver et de l'imprudence commise en conservant des planchers de service ou des départs de plateforme à quelques mètres seulement au-dessus des hautes mers (voir plus loin, § XII-E.).

Parmi les artifices susceptibles de réaliser un gain de temps sur la période de travail efficace, nous relèverons, entre bien d'autres, la pratique consistant, si les circonstances s'y prêtent, à commencer le déchargement des moellons sur un point de la tourelle en construction, avant que son sommet ne découvre complètement, puis le dépôt du gravier et du sable en sacs (1);

(1) On jauge les sacs une fois pour toutes, sans les remplir complètement, pour faciliter leur manutention; d'aucuns mesurent o m. 40 × om. 80; on les distingue entre eux par des ficelles de couleurs différentes. A Barnouic (26), on s'approvisionnait ainsi d'une fois et demie les quantités prévues pour la marée normale.

on réduit ainsi, d'ailleurs, au minimum la dénivellation en hauteur à franchir pour ces manutentions.

Le fait d'encadrer, à chaque séance, le couronnement du tronçon en cours d'élévation d'un léger garde-corps peut accélérer le travail en assurant les mouvements des ouvriers (si l'on a recouru aux arêtiers, on peut profiter de leurs trous de boulons pour y ficher des supports appropriés où s'enfile un cordage); mais ce n'est guère justifié que pour les ouvrages très élevés.

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Elles deviennent, de plus en plus, un élément inséparable de toutes nos tours ou tourelles en maçonnerie, quelque constitution ou fondation qu'on donne à ces ouvrages. C'est pourquoi il devient assez difficile d'établir une distinction très nette entre les tourelles en béton armé et les autres.

Utilisées timidement à l'origine, soit pour retenir des pierres de taille entre elles, soit pour lier la première assise à la roche avec une pénétration de deux à trois décimètres seulement, que la rusticité des moyens de forage ne permettait pas de dépasser alors sans consommation de temps (c'est-à-dire d'années) prohibitive, les armatures doivent intervenir aujourd'hui systématiquement, en raison du gain de sécurité et des avantages de toutes sortes qu'elles procurent.

On ne doit guère songer à les faire entrer dans un calcul de flexion; mais l'expérience, le bon sens et les nécessités de la pratique ont conduit peu à peu à les disposer généralement de la manière suivante, en distinguant les armatures de liaison à la roche et les armatures du corps de la construction :

Les forages sont entrepris généralement, sur la roche nue, à des distances de o m. 20 au moins, de 1 m. au plus, selon les risques d'arrachement; et cela, dès les premiers accostages, en même temps qu'on scelle les indispensables crochets d'amarrage.

Tantôt on les dissémine sur toute la base, à de plus grands intervalles, tantôt on les resserre sur plusieurs cercles concentriques voisins de la périphérie, ce qui est plus logique d'après le

calcul, mais fatigue peut-être davantage la roche et en intéresse, en tous cas, une moindre surface. On n'oublie pas notamment d'en placer dans les creux et sur les pointes.

Ces premiers forages sont évidemment très lents (1), d'autant plus qu'ils sont plus profonds et que l'organisation du chantier ne permet pas toujours de recourir dès le début aux moyens mécaniques. Aussi les a-t-on généralement limités à 0 m. 50.

Cette cote était regardée par M. Considère comme suffisante, car elle donne lieu à un effort d'arrachement de 30 tonnes avec les barres usuelles (45 mm.), c'est-à-dire supérieur à la fatigue de la partie courante de la tige quand elle travaille à 12 kg. par mm2 (soit 19 tonnes.).

Motivée surtout par des raisons pratiques, cette limitation nous paraît un peu faible pour les moyens actuels et la sécurité que le coût des sacrifices représentés par l'arrachement d'ure tourelle doit conduire à rechercher.

Il semble qu'on puisse aller depuis o m.70 ou 1 mètre en moyenne, jusqu'à 1 m.50, selon la dureté des bancs et l'exposition de la tourelle ; si la roche est schisteuse et présente des plans de clivage accentués, il est prudent de descendre plus bas encore.

A fortiori, devra-t-on proscrire les petits forages d'autrefois, de o m. 25 à o m. 30 (sauf l'exception citée plus loin), dont aucun n'était capable de résister à un effort un peu sérieux, ainsi qu'on l'a constaté à Astan [(38) 3o destruction du 29 mars 1878, § XVI] ou à Basse Rouge des Glénans [(83) reconstruite pour la 3e fois en 1899, emportée en 1916]. Il vaut mieux en réduire le nombre au profit de la profondeur.

En tous cas, il faut éviter d'arrêter la totalité des forages à peu près vers la même cote, de peur de déterminer un plan de moindre résistance et une amorce d'arrachement dans la partie de la roche qui porte précisément l'ouvrage ; le fait s'est produit, dans ces conditions, à la Jument de Penmarc'h (77), avec des forages uniformes de o m. 50 (fig. 28).

On ne doit pas oublier, en effet, qu'un écueil est généralement et naturellement apte à défier les assauts de la mer pour quelques

(1) o m. 15 à o m. 20 à l'heure (voir plus loin, § XIV).

siècles. Si on le surcharge d'une tourelle que les lames viennent frapper violemment, on dote la roche d'un gigantesque bras de levier dont l'arrachement aide à celui de sa propre embase.

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Fig. 28.

du

racher

Tourelle de la « Jument de Penmarch » (77). (Arrachement du rocher par les armatures,)

On peut donc, si l'on dispose de deux ou plusieurs cours d'armatures concentriques (1), les arrêter alternativement à des niveaux différents (de o m. 50 au moins).

(1) Trois cours prévus à la tourelle des Soldats [(87), 2 m. 80 de diamètre] très fortement armée.

Ann. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1924-II.

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