N° 4

NOTE

sur la reconstruction du pont de la Citadelle

A LILLE

Par M. WAHL,

Ingénieur des Ponts et Chaussées.

Parmi les ouvrages à reconstruire à la suite de la guerre, le pont de la Citadelle, sur le canal de la Deule, avait une importance particulière pour la ville de Lille, en raison de son emplacement, à l'extrémité du boulevard de la Liberté, voie de 32 m. de large, entre le Jardin Vauban, d'une part, et la région du Bois de la Deule et du Bois de Boulogne, d'autre part.

On envisageait d'ailleurs, à l'époque où l'on décidait des dimensions à donner à l'ouvrage, la création d'un grand Boulevard de plus de 50 m. de large, qui aurait réuni Lille et Armentières, et dont le point de départ se fût trouvé au Pont de la Citadelle.

Aussi fut-il décidé que le pont, qui n'avait avant guerre que 8 m. de large, serait reconstruit avec une largeur de 23 m. (la ville de Lille participant dans les dépenses de reconstruction pour une proportion de 15/23) et pour lui donner un caractère architectural satisfaisant, le pont devait franchir, sans appui intermédiaire, la décharge et l'écluse de La Barre, en présentant la forme d'un arc de 20 m. de portée.

La faible épaisseur à la clé exigée par les nécessités de la navigation, l'impossibilité d'accroître d'une manière excessive les rampes d'accès, la difficulté de faire supporter au terrain des poussées trop considérables, rendaient le problème assez délicat. La solution qui a été adoptée à la suite du concours ouvert

en 1920, qui a été étudiée et réalisée par l'entreprise NordFrance, nous paraît de nature à pouvoir être imitée dans certains cas spéciaux.

Nous dirons d'abord quelques mots des résultats du concours; puis nous examinerons les dispositions qui ont été adoptées définitivement et nous donnerons quelques renseignements sur l'exécution même de l'ouvrage.

Huit projets ont été présentés: cinq comportaient des arcs très surbaissés encastrés ou avec semi articulations, du système de M. l'Inspecteur général Mesnager. Ces projets ne présentaient rien de bien spécial au point de vue technique.

Un projet, présenté par M. Le Bomin, comportait un arc à intrados parabolique très surbaissé, et dans le tablier de l'ouvrage était logé un tirant relié aux naissances de l'arc par des cloisons verticales fortement armées et destinées à supprimer les poussées sur les fondations.

Un autre projet, présenté par cet entrepreneur, comportait un arc à intrados en anse de panier, l'extrados constitué, d'une part par le hourdis, d'autre part par des cloisons verticales aux nais

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sances, était considéré comme solidaire de la voûte à laquelle il était réuni par des cloisons longitudinales. L'ensemble de l'ouvrage était considéré comme des arcs, en forme de double tés articulés aux trois sections ABC où le moment d'inertie de la section était minimum. Dans une variante présentée à la suite d'observations de la Commission de Concours, le point mince à la clé a été remplacé par une articulation (1).

(1) Il semble qu'on ait à redouter des fissurations du béton «< aux points minces » si la section n'est pas frettée d'une manière ou d'une autre. Considérons en effet une poutre constituée comme nous l'avons indiqué avec un moment d'inertie non négligeable aux points A B C, par rapport

Enfin, la troisième solution intéressante était celle de la Société Nord-France, qui a été exécutée et que nous allons examiner dans sa forme définitive.

Dispositions adoptées. L'ouvrage comporte une travée indépendante de 7 mètres de portée prenant appuis sur 2 consoles de 6 m. 50 de longueur. Ces consoles sont solidaires d'une plateforme en béton armé sur pieu et sont lestées au moyen d'un pisé reposant sur la plateforme et donnant un poids de 56.000 tonnes.

L'ensemble présente l'aspect extérieur d'une voûte en anse de panier où l'épaisseur à la clé se trouve réduite à o m. 84 entre le niveau du sous-poutre et celui de la chaussée pavée.

Cette solution a le grand avantage de supprimer de la manière la plus complète toute poussée sur les fondations (Fig. 1 et 2). Le hourdis, de 20 cm. d'épaisseur, est divisé en dalles de 2 m. de côté dans le sens longitudinal, de 1 m. 875 dans le sens transversal, et repose sur des entretoises de 0, 25 × 0,50 et sur les poutres principales.

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Fig. 3.

Poutre maîtresse de la travée indépendante.

Ces poutres, de hauteur constante pour la travée indépendante, ont, sous chaussée, une hauteur totale de 55 cm. et une largeur de 35 centimètres.

Elles sont très fortement armées de 5 ronds de 44 mm. de dia

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au moment d'inertie en D, et supposons qu'on fasse tendre le rapport des épaisseurs vers O. Si la voûte devait être, à la limite, considérée comme articulée, cela reviendrait à admettre que l'on puisse passer d'une manière continue d'un système encastré à un système articulé par simple variation relative des dimensions. Or, si le système est encastré en A, la tangente à la fibre déformée garde en ce point une direction constante: si le système est articulé, cette tangente doit au contraire prendre, après déformation, une direction différente de sa direction primitive. Il faut, par suite, que la fibre moyenne déformée présente aux environs du point A une discontinuité de premier ordre qui correspondrait à des efforts infiniment grands.