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janvier jusqu'au dernier décembre 18o, pour soumettre les remèdes à des épreuves réitérées dans la pratique.

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7.o Les prix fixés pour chacune des cinq question's proposées, sont de 500 ducats en or (250 louis d'or); ils seront décernés à la pluralité des voix par la susdite commission.

EXTRAIT de l'instruction sur les Champignons, adressée à M. le Conseiller-d'Etat, Préfet de Police, par la Faculté de Méde

cine de Paris.

DES accidens nombreux arrivés dans divers lieux de l'Empire, et particulièrement aux environs de Paris, par des champignons pernicieux, ont excité la sollicitude de M. le Préfet de Police, qui a demandé à la Faculté une instruction simple et abrégée, propre à être répandue dans le public, pour l'éclairer sur le choix de ce genre de végétaux, et lui indiquer lés moyens de combattre les effets de ce poison..

La Faculté a pensé que le meilleur moyen d'éviter les accidens causés par des champignons pernicieux, était de faire connaître au public ceux dont il peut faire usage en toute sécurité, ainsi qué les espèces délétères que l'on pouvait confondre avec eux, à cause de leur ressemblance.

Les champignons dont on peut manger sans crainte, sont au nombre de onze.

1.o Le champignon ordinaire qui croît dans. les pâturages et sur les friches, et que l'on cultive dans nos jardins sur des couches agaricus campestris des botanistes modernes), se reconnaît à l'absence de bourse à la base du pied ou pivot qui est plein, charnu, et d'une forme à-peu-près cylindrique, muni d'un collet très-apparent. Son chapeau est blanc en dessus, et ses lames au-dessous ont une couleur de chair plus ou moins foncée. Ce champignon, connu par-tout sous le nom de champignon de couches, ne peut nuire que lorsqu'on le mange en trop grande quantité, ou dans un état trop avancé.

On confond souvent cette bonne espèce avec une autre très-pernicieuse, qui est le champignon bulbeux, agaricus bulbosus, ainsi nommé parce que la base de son pied est renflée en forme de bulbe; on trouve autour les vestiges d'une bourse qui renfermait le champignon avant son développement; le pied est pourvu d'un collet comme le champignon de couches, mais indépendamment du bulbe et de la bourse qui n'existent pas dans celui-ci, il en diffère encore par les feuillets de son chapeau qui sont parfaitement blancs. Le chapeau est en dessus tantôt très-blanc, tantôt verdâtre ; ce qui constitue, selon les uns, deux variétés १ et selon d'autres, deux espèces, nommées agaricus bulbosus et agaricus vernus. Ce sont ces champignons qui ont trompé beaucoup de

personnes séduites par quelque ressemblance avec le bon champignon, et en dernier lieu c'est lui qui a causé les funestes accidens arrivés à Belleville.

2.o L'oronge vraie, agaricus aurantiacus, qui est recherchée comme un mets très-délicat et très-sain, a une bourse très-considérable de laquelle sort un champignon, ordinairement. plus gros que celui de couches, à chapeau rouge ou rouge orangé en dehors, à feuillets d'une belle couleur jaune, dont le pied, ou support, jaunâtre très-renflé, sur-tout par le bas, est garni à son sommet d'un collet assez grand, pareillement jaune.

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3. L'oronge blanche, agaricus ovoïdeus moins estimée que la précédente, mais d'un goût agréable, ayant les mêmes formes, une bourse et un collet pareils, diffère, parce que toutes ces parties sont blanches, et qu'on n'y retrouve ni la couleur rouge du chapeau, ni la couleur jaune des feuillets.

Il existe malheureusement un autre champignon un peu semblable aux deux précédens, ayant le chapeau rouge du premier, le collet et les feuillets blancs du second, et muni également d'une bourse; c'est la fausse oronge, agaricus pseudo-aurantiacus; espèce très-pernicieuse qui a produit les accidens les plus funestes. On la reconnaîtra à son chapeau d'un rouge vif parsemé de petites taches blanches qui sont des detritus de la bourse; à son collet et à ses

peau, d'une grande quantité de tuyaux droits et jaunes, pressés les uns contre les autres, ce qui lui donne un aspect poreux : le chapeau en dessus est blanc, épais et assez fort. Cette dernière partie est la seule que l'on mange; on a soin de séparer l'autre et de la jeter.

10. La morille, phallus esculentus; c'est. un champignon très-recherché, qui, sur un pivot élargi par le bas, porte un chapeau toujours resserré contre lui, ne s'ouvrant jamais. en parasol, inégal et comme celluleux sur sa surface extérieure.

Le satyre, phallus impudicus, qui ressemble un peu à la morille, s'en distingue aisément par son pied très-élevé, sortant d'une bourse, portant également un chapeau celluleux, d'où suinte une liqueur verdâtre, en même temps, qu'il présente une forme désagréable et exhale une très-mauvaise odeur. Ce champignon est très-dangereux.

11.° Girole, clavaria coralloïdes ; c'est un champignon très-différent de tous les autres: il présente une substance charnue, ayant une espèce de tronc qui se ramifie comme le choufleur, dont il a un peu la forme, et se termine, dans ses dernières ratifications, en pointes arrondies; sa couleur est tantôt blanchâtre tantôt jaunâtre, tirant sur le rouge. Ce champignon est d'un goût délicat.

Tels sont les champignons que l'expérience a

fait connaître pour être bons à manger et exempts d'aucun effet pernicieux. Ilen est beaucoup d'autres que l'on pourrait manger, et que l'on mange en effet impunément; mais la difficulté de les reconnaître, doit empêcher les personnes sages de s'en servir, et les engager à n'employer que les espèces indiquées.

Les personnes qui ont mangé quelques-uns des champignons malfaisans qui viennent d'être indiqués, éprouvent plus ou moins promptement tous les accidens qui caractérisent un poison âcre et stupéfiant : savoir, des nausées, des envies, des efforts de vomir avec défaillances, anxiété, sentiment de suffocation, d'oppression, souvent une soif ardente, constric tion de la gorge, toujours avec douleur des régions de l'estomac, quelquefois des vomissemens fréquens et violens; des déjections alvines, abondantes, noirâtres, sanguinolentes, accompagnées de coliques, de ténesme, de gonflement et tension douloureuse du ventre. D'autres fois au contraire, il y a rétention de toutes les évacuations, rétraction et enfoncement de l'ombilic. A ces premiers symptômes, se joignent bientôt des vertiges; la pesanteur de la tête, la stupeur avec l'assoupissement léthargique; des crampes douloureuses, des convulsions aux membres, à la face; le froid des extrémités, la faiblesse du pouls, et la mort vient terminer, dans un, deux ou trois jours', cette scène de douleurs.

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