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l'équarrissage du pieu qu'il doit recouvrir, sa hauteur est égale à celle des moises, et son épaisseur est égale à leur écartement, non compris deux tenons ayant la forme d'un parallelogramme dont chacun a une longueur d'environ om. 03. Ces tenons ont une hauteur égale à celle du taquet, une base égale à la moitié de la longueur du taquet et celui d'une face est incliné en sens contraire de celui de l'autre face (fig. 13).

Assemblage de deux cours de moises. Les diverses moises qui se font suite sur une même face de coffrage sont réunies entre elles par des assemblages en sifflet à crochet (fig. 1).

Chacune des deux pièces formant un cours de moises est coupée suivant deux faces inversement inclinées; l'une de ces faces forme un joint de recouvrement par rapport à la moise qui précède, l'autre forme un joint d'attente par rapport à la moise qui suivra.

Le milieu de chacun de ces joints doit se trouver au droit du pieu extrême correspondant; le taquet est alors remplacé par deux demi-taquets, dont l'un se trouve sur un cours de moises et l'autre sur le cours suivant. Ces demi-taquets sont disposés de telle sorte que lorsque celui du joint de recouvrement aura été superposé à celui du joint d'attente, leur ensemble reproduira exactement un taquet ordinaire avec ses deux tenons inclinés. Ainsi les demi-taquets des joints sont obtenus en passant un trait de scie dans un taquet ordinaire sous un angle égal à celui du joint d'assemblage.

Chaque demi-taquet est relié à ses deux pièces de bois par un étrier et par deux broches, l'étrier est inférieur pour les joints d'attente et supérieur pour les joints de recouvrement, de sorte que la broche barbelée qui se trouve au droit d'un joint de moise traverse successivement l'étrier supérieur, le demi-taquet supérieur, le demi-taquet inférieur et l'étrier inférieur, elle penètre ensuite dans le pieu. Les assemblages des moises à l'angle de deux faces d'un coffrage se font d'une manière analogue, seulement le joint

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n'est plus incliné mais horizontal et à mi-bois, chaque demitaquet forme encore le complément de l'autre ; mais comme leurs lignes homologues font entre elles un angle de 90°, le solide produit par leur superposition n'offre plus la forme d'un taquet courant.

Le système de moisage que nous venons de décrire a été employé dans notre service sous des hauteurs d'eau qui ont varié de o à 2TM.oo, et quoiqu'il fût nouveau pour nos charpentiers, les moisages ont été exécutés vite et bien.

On peut évaluer à environ 60'. oo par mètre cube de bois employé, le prix de main d'œuvre de ce système de moisage.

N° 15

NOTE

Sur les traverses Pouillet et les voies avec rails
dits de Vignole.

Par M. MANIEL, ingénieur en chef des ponts et chaussées.

M. Brame a publié dans les Annales des ponts et chaussées (4° cahier de 1860, no 261) un rapport qui donne des détails intéressants sur les expériences faites par la compagnie du chemin de fer du Nord, pour l'amélioration des voies.

Ayant dirigé une bonne partie de ces expériences, comme ingénieur en chef des travaux et de la surveillance, pendant la première période décennale de l'existence de la compagnie du chemin de fer du Nord (1845-1855), nous tenons naturellement à bien fixer la véritable portée de ces expériences. C'est pourquoi nous voudrions ajouter ici quelques détails sur deux objets : les traverses Pouillet et la voie avec rails Vignole.

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Traverses Pouillet. Les traverses Pouillet sont bien connues, et M. Brame en a donné les dimensions. Elles ont l'avantage de présenter le maximum d'assiette, là précisément où la charge agit sur elles. Elles n'ont donc pas l'instabilité dont sont affectées les traverses ordinaires, surtout quand un cantonnier maladroit commet la faute de bourrer le ballast sous la traverse, vers le milieu de la voie.

Les traverses Pouillet ne peuvent être faites qu'en bois d'excellente qualité, mais elles permettent d'utiliser cer

tains déchets. Sous ce double rapport, on ne saurait, il nous semble, songer à en faire un usage général, mais leur emploi limité peut procurer de notables avantages.

Ces traverses sont composées de plusieurs pièces, et présentent de grandes surfaces, et on ne peut s'empêcher de craindre qu'elles ne soient exposées à une prompte détérioration par dislocation et pourriture, mais d'autre part, la bonne qualité des bois, le mode mécanique d'assemblage, remarquable par sa simplicité et sa précision, et aussi la stabilité qu'elles donnent à la voie, doivent contribuer à réduire beaucoup les fâcheux effets de ces chances de détérioration, et l'expérience seule peut prononcer en dernière analyse.

Or, les essais tentés remontent déjà assez loin, notamment sur la ligne du Nord, pour permettre de conclure, et si le mémoire de M. Brame n'en a pas donné le résultat définitif, c'est qu'il paraît n'avoir pas eu connaissance de l'expérience la plus ancienne.

« M. Brame dit que les traverses Pouillet, expérimentées depuis 1852 sur le chemin de fer de ceinture, ont été « appliquées au Nord, lors de la substitution sur d'assez << grandes longueurs, principalement entre Breteuil et << Amiens et entre Douai et la frontière par Valenciennes ; « une autre application importante en a été faite sur la ligne << de Saint-Quentin à Erquelines.

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Toutes ces applications remontent au plus à 1855, et la première expérience faite sur le chemin de fer du Nord date. de 1848. A cette époque on a posé près de Janville, sur la ligne de Creil à Saint-Quentin, 2 549 mètres de voie avec traverses Pouillet, qui ont été livrés à l'exploitation en février 1849, en même temps que la voie contiguë posée avec des traverses ordinaires, à titre de comparaison.

Cette expérience comparative a été suivie avec soin dans les premières années, et dans cette période la voie Pouillet s'est montrée supérieure à la voie ordinaire, tout en exigeant

moins de main d'œuvre d'entretien. A égalité de longueur et dans des conditions aussi semblables que possible la main d'œuvre a été dans la proportion de quatorze pour la voie Pouillet, à dix-huit pour la voie ordinaire.

Ces voies n'étaient pas éclissées aux joints (*), et la voie Pouillet présentait aux joints une supériorité marquée sous le rapport du déversement des traverses. Le nivellement général de la voie était plus satisfaisant, mais le dressage en plan paraissait exiger plus de soins que dans la voie ordinaire.

En mars 1855, époque où nous avons cessé nos fonctions à la compagnie du chemin de fer du Nord, la voie Pouillet avait déjà plus de six ans de service et elle était en parfait état; nous croyons par suite pouvoir en conclure que sa conservation et sa durée auront été satisfaisantes, mais il y aurait intérêt à s'en assurer (**).

Voies en rails Vignole. Le rail Vignole, est, comme on sait, un rail à un seul champignon avec patin du côté opposé, lequel repose directement sur les traverses sans interposition de coussinets.

M. l'ingénieur en chef des mines Couche a publié en septembre 1855, dans le premier numéro des Annales des mines de cette année, un mémoire très-instructif, dans lequel il fait connaître en détail, avec une préférence marquée, les voies du système Vignole. Déjà M. Lechatelier avait appelé

Les premières éclisses du chemin de fer du Nord ont été commandées en mars 1854.

(**) M. l'ingénieur en chef des travaux du chemin de fer du Nord, consulté par le secrétariat sur l'état actuel des traverses Pouillet, a répondu « Les traverses posées près de Janville, sur la ligne de « Creil à Saint-Quentin, sont en assez mauvais état et devront être « remplacées avant la fin de 1863 : les coussinets sont partout in" crustés dans les traverses dont l'épaisseur est ainsi réduite outre «mesure, et comme il est impossible de resserrer les écrous, les « coussinets n'ont plus aucune stabilité. Le bois des traverses est « aussi, sur beaucoup de points, atteint de pourriture. »

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