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pratique est-elle d'accord avec la théorie ? c'est ce qu'il s'agit d'examiner, c'est-à-dire qu'il faut déterminer la position de la poulie d'où émane la force de traction par rapport à la hausse à relever.

Deux quantités sont à calculer:

1o La hauteur verticale de la poulie au-dessus du radier de la passe navigable.

2o La distance horizontale de cette poulie à l'axe inférieur du chevalet.

1° Soit y la hauteur de cette poulie au-dessus du niveau de l'eau, il faut qu'en basses eaux la poulie soit au-dessus du point le plus élevé que peut atteindre la culasse de la hausse pendant son relèvement; or ce point se trouve à une hauteur de 1.42+1.36 sin 15° 1.77 au-dessus de l'axe inférieur du chevalet. Lorsque l'eau est à l'étiage la hauteur de la poulie au-dessus du même axe sera y+0.78; il faut donc que y+0.78>1.77 ou y>om. 99. D'un autre côté, il ne faut pas que y soit trop grand, parce que la longueur de la gaffe qui porte le crochet pourrait créer une difficulté de manœuvre. On a admis y=1". 10 et l'on a relevé en conséquence l'avant du bateau.

2° Soit la distance horizontale qui sépare la poulie et l'axe inférieur des tourillons du chevalet; il faut que cette distance soit plus grande que la longueur de la culasse afin que celle-ci en basculant ne rencontre pas le bateau. Il faut donc que x> 1.36. Or x se compose de la demilargeur du bateau au maître bau, laquelle est de 1.20, et de la largeur de l'écran d'appui. Cette largeur d'écran doit donc être supérieure à o". 16; mais si on ne lui donnait que 0.16, la direction de la corde serait trop rapprochée de la verticale, surtout quand les eaux seraient élevées. On a admis que l'écran devrait avoir une largeur variable de 1 mètre à 1,50; l'expérience indiquera d'ailleurs mieux que ne pourrait le faire le calcul la meilleure largeur à adopter.

Si maintenant on considère la hausse encore couchée, et

si l'on désigne par ò l'angle de la puissance avec la verticale, on aura dans cette position:

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Dans l'autre position extrême, quand le chevalet est ver

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La position adoptée pour la poulie exerce une grande influence sur la force de traction puisqu'elle en détermine la direction. Elle peut rendre cette force infinie dans deux cas : d'abord si au point de départ la hauteur verticale de la poulie est très-petite, en second lieu, si cette poulie se projette horizontalement très-près de l'axe iuférieur du chevalet; mais la position choisie pour les hausses de la Seine est telle que le maximum de traction reste à peu près tel que les calculs précédents l'ont donné, c'est-à-dire que cette force est dirigée à peu près suivant la résultante des maxima trouvés pour les positions extrêmes de la hausse.

Les calculs que nous venons de donner dans le présent

chapitre concernent les hausses des passes navigables. Il serait sans intérêt de les recommencer pour les hausses des ⚫déversoirs on comprend suffisamment la marche qui a été suivie pour déterminer les efforts dont on doit tenir compte.

:

Observation générale. - Nous terminerons par une observation qui fait ressortir l'un des principaux caractères des barrages à hausses mobiles. Lorsqu'on manœuvre un barrage de ce système, soit pour le relever, soit pour l'abattre, la puissance n'est jamais appliquée directement sur les résistances, elle n'agit sur ces dernières que par l'intermédiaire d'un treuil que l'on est complétement libre de disposer comme on le désire, c'est-à-dire de manière que la puissance soit une fraction aussi faible que l'on veut de la résistance.

Lorsqu'il s'agit, au contraire, de manœuvrer un barrage à fermettes, la puissance est appliquée directement sur la résistance, de sorte que la hauteur du barrage est fort limitée; l'observation qui vient d'être faite nous permet de penser que l'on pourra se servir de hausses de plus de 3 mètres de hauteur quand les circonstances locales l'exigeront.

TROISIÈME PARTIE.

EXPÉRIENCES FAITES AU BARRAGE DE CONFLANS.

Extrait du registre des tournées de l'ingénieur en chef du canal du Nivernais et de la rivière d'Yonne.

Le 14 septembre 1860, je suis allé visiter et voir manœuvrer le barrage à hausses, inventé et construit par M. l'ingénieur en chef Chanoine, à Conflans, sur la Seine, près de la petite ville de Romilly.

Arrivé à sept heures du matin, le' 14 septembre, au barrage de Conflans, j'ai quitté les lieux à dix heures ; pendant ces trois heures j'ai vu avec un grand intérêt manœuvrer le barrage qui a une passe navigable formée par vingt-neuf hausses mobiles et un déversoir surmonté de vingt hausses automobiles.

A mon arrivée le barrage était complétement ouvert, les hausses de la passe appliquées sur le radier et celles du déversoir en bascule et renversées horizontalement sur leurs chevalets qui étaient relevés. Le seuil de la passe est à o".50 sous l'étiage et le couronnement du barrage à o".50 au-dessus.

L'eau de la Seine était assez haute, élevée de 1,07 au-dessus de l'étiage en amont du barrage et de 1 mètre en aval.

La manœuvre pour relever les vingt-neuf hausses mobiles de la passe s'est faite au bateau par deux hommes et un aide en cinquante-cinq minutes; cet aide n'a pas toujours travaillé; il était là à cause de l'état de la rivière. Cette manoeuvre n'offre aucun danger pour les hommes. L'éclusier a mis trois minutes et demie pour dresser les hausses du déversoir.

Le dessus des hausses est à 1.80 au-dessus de l'étiage ou à 2.30 au-dessus du seuil de la passe.

Les hausses du déversoir s'abattent d'elles-mêmes quand l'eau s'élève de o.10 au-dessous de leur crête. Quand l'eau a eu atteint 1".go à l'amont et est descendue à o".45 en aval, les hausses du déversoir ont commencé à se mettre en bascule; pendant quarante minutes il s'en est abattu seize seulement; à ce moment il était neuf heures

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cinquante minutes, l'eau était à i".88 en amont et o".go en aval; on a alors abattu les hausses de la passe navigable; cette opération s'est faite en quatre-vingt-dix-sept secondes. Après le débouchage, l'eau était à 1.45 en amont et à 1.32 en aval; à ce moment, les hausses du déversoir se sont dressées d'elles-mêmes.

L'agent secondaire, M. Lambert, m'a donné de longs et intéressants détails sur les manœuvres, sur les essais, changements et perfectionnements qu'on a déjà apportés au mécanisme des hausses, etc. Ce qui m'a surtout frappé, c'est la rapidité de la manœuvre, de l'abatage des hausses notamment, et l'absence de danger pour les hommes.

On manœuvre rarement le barrage à la hauteur à laquelle étaient les eaux du 14 septembre 1860.

L'ingénieur en chef,

Signé CAMBUZat.

Conflans, le 15 septembre 1860.

L'agent secondaire des ponts et chaussées, à M. Chanoine,

ingénieur en chef.

Monsieur l'ingénieur en chef,

J'ai l'honneur de vous informer que M. Cambuzat, ingénieur en ' chef de la navigation de l'Yonne, est venu faire manœuvrer le barrage de Conflans le 14 du courant; on a exécuté en sa présence le levage et l'abatage de la passe navigable et du déversoir. Le levage de la passe navigable s'est exécuté en cinquante-cinq minutes.

On a commencé la fermeture de cette passe à sept heures douze minutes du matin ; elle a été terminée à huit heures sept minutes. Hauteur d'eau au barage avant l'opération :

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Après la fermeture de la passe navigable on a levé les vingt hausses du déversoir qui étaient en bascule; l'éclusier a mis trois minutes et demie pour exécuter cette manœuvre. A neuf heures dix

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