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facile à saisir, et que, pendant la traction, le crochet de la béquille de manoeuvre soit forcément ramené contre le champignon, c'est-à-dire au milieu de la hausse.

Quand la hausse est dressée, l'éclusier détache le crochet en l'enfonçant d'abord jusqu'à ce qu'il touche le radier, et ensuite en le retournant d'équerre à sa position première, de façon que le bout du crochet, de perpendiculaire qu'il était à la poignée de la hausse, lui devienne parallèle, et soit par conséquent facile à retirer.

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Chaînes de traction. L'emploi du crochet de traction est très-facile, tant que la cataracte n'est pas trop élevée ; mais dès qu'elle dépasse oTM.50, elle agit sur le crochet et le soulève assez pour que l'éclusier soit obligé de déployer une certaine force afin de le faire plonger jusqu'à la poignée de la hausse. Si la cataracte à 0.60 ou 0.70 de chute, l'éclusier ne réussit pas toujours à saisir du premier coup la poignée de la hausse; souvent il est obligé de renouveler ses efforts, ou d'employer des crochets plus lourds.

On a eu recours, dans ce cas, au barrage de Conflans, à un expédient qui a très-bien réussi, et dont la description a déjà été donnée dans les Annales des ponts et chaussées de 1859; nous la reproduisons en partie.

Les hausses sont attachées entre elles par des chaînes, de telle sorte qu'une hausse quelconque porte, à la poignée de son pied, le bout d'une chaîne, et sur sa tête, le bout de la chaîne suivante.

Supposons donc une hausse levée, et donnons-lui le n° 1. Elle apporte sur sa tête la chaîne attachée au pied de la hausse suivante (le n° 2); quand ce no 2 sera levé, il apportera la chaîne attachée au pied du n° 3, et ainsi de suite.

Ceci admis, l'éclusier détache du n° 1 la chaîne du n° 2 et la fixe au câble de traction; on tourne le treuil; le n° 2

se lève, se met debout, et apporte la chaîne du n° 3.

Une fois le n° 2 en place, l'éclusier détache sa chaîne de la corde de traction et la rattache au n° 1; il avance son bateau et relève le n° 3 comme il vient de relever le n° 2.

On pouvait craindre, tout d'abord, que ces chaînes ne vinssent à s'engager d'une manière fâcheuse dans la barre à talons et ses organes; mais l'expérience a prouvé qu'il n'en était pas ainsi; on peut, au reste, au moyen de petits crampons, fixés sur le bord des hausses, empêcher les chaînes de glisser vers les entre-deux.

La force que l'on développe pour relever une hausse part du treuil, passe sur la poulie de l'avant du bateau et se dirige obliquement vers la hausse. Elle se divise, dans ce changement de direction, en deux composantes, dont l'une est détruite par la résistance du bateau de manœuvre et dont l'autre agit sur la hausse. Cette composante se divise ellemême en deux autres, dont l'une tend à soulever la hausse et l'autre à la tirer en arrière. Selon que le bateau est plus ou moins éloigné de la hausse, cette dernière force est plus ou moins grande. En effet, plus les eaux sont élevées en rivière, plus le bateau, qui est tenu à distance des hausses par les écrans, tend, pour une même longueur d'écran, à se rapprocher de la projection horizontale de la hausse à lever et plus la force qui tire la hausse en arrière s'amoindrit; dans certains cas, elle peut même être nulle.

Dimensions des écrans. Il est donc très-important de calculer la longueur des écrans de manière que l'une et l'autre de ces dernières composantes puissent agir avec efficacité.

Si ces écrans sont trop longs et les eaux trop basses, la force de soulèvement est faible; s'ils sont trop courts, la force de traction en arrière l'est à son tour.

Lorsqu'on n'a que des écrans d'une même longueur, il vaut mieux qu'ils soient trop longs que trop courts. En résumé, nous croyons que des écrans d'un mètre de

Annales des P. et Ch. MÉMOIRES.

TOME II.

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longueur seront suffisants pour le barrage de la Seine à l'époque des eaux basses ou moyennes, et qu'il faudra leur donner 1.30 lorsque les eaux seront plus élevées.

Vérification de la mise en place des arcs-boutants des hausses. §4. Lorsqu'on lève une hausse, le pied de son arcboutant monte le plan incliné et vient tomber contre le front du heurtoir; généralement, les choses se passent de telle sorte que l'axe de l'arc-boutant s'appuie contre le milieu de ce front; il arrive cependant quelquefois que l'arc-boutant est dévié de cette position, soit à cause de l'obliquité de l'amarrage du bateau de manoeuvre sur la hausse, soit à cause des pressions ou des chocs des écrans.

Voici l'explication de ces déviations

1° Lorsque la traction se fait exactement dans la direction du milieu de la hausse (celle-ci étant d'ailleurs bien d'équerre sur son axe de rotation), l'arc-boutant arrive à sa place avec toute la régularité désirable; mais si la traction, par suite d'une cause ou d'une autre, est un peu oblique à cette direction, l'arc-boutant fouette en quittant les oreilles du plan incliné et tend à se porter, soit à droite, soit à gauche du milieu du front du heurtoir. S'il se porte du côté de l'oreille du heurtoir prolongée à 45°, il est ramené par elle dans sa position normale; s'il s'est porté au contraire, du côté de la glissière, il peut s'arrêter sur le bord du front et s'en détacher sous le moindre choc ou la plus petite pression.

2o Le même effet peut se produire encore pour les oscillations que la clef à T et les deux écrans impriment à la hausse pendant la manœuvre du relèvement.

Ces oscillations sont assez marquées pour les premières hausses; mais elles diminuent à mesure que la pression de l'eau agit sur ces hausses, et elles cessent complétement dès que ces pressions sont le résultat d'une chute d'eau de om. 12 à om.15 de hauteur.

Il importe donc de s'assurer de la position des arcs-boutants, et de la rectifier au besoin. A cet effet, l'éclusier monte

sur le pont de service et vérifie, au moyen d'une gaffe et par-dessus la hausse, la position de l'arc-boutant; quand il le trouve trop rapproché de la glissière, il le repousse dans le sens opposé à l'aide de cette gaffe dont il se sert, comme d'un levier, en l'engageant sous l'arc-boutant.

Quoique l'éclusier ne soit pas commodément placé ét qu'il se serve d'un instrument dont le manche est flexible, cette opération s'exécute facilement et sans un bien grand effort, tant que la hauteur de la retenue déjà produite par les hausses ne dépasse pas om.20; au delà, l'opération est inutile, car l'arc-boutant, ramené dans une direction convenable par le courant qui s'établit sous la hausse pendant le relèvement, tombe généralement bien, et les oscillations qui pourraient lui faire quitter sa position ne se reproduisent pas.

En résumé, il importe donc de vérifier et de rectifier la position des arcs-boutants, surtout pour les premières hausses.

Quand les arcs-boutants sont bien en place, les volées des hausses doivent se trouver sur le même alignement; s'il n'en est pas ainsi, c'est un avertissement pour l'éclusier que le barrage est mal relevé, et il doit le redresser. Il est arrivé quelquefois à Conflans que l'éclusier abattait tout le bar rage plutôt que de laisser subsister la moindre irrégularité dans l'alignement des hausses.

Lorsque, malgré toutes les précautions que nous venons d'indiquer, un arc-boutant s'échappe et que sa hausse tombe, l'éclusier ramène le bateau et la relève. Cette circonstance ne fait naître ni complications ni dangers.

Calcul des résistances et des effets produits pendant le rêlèvement des hausses. - Les forces qui s'opposent au relèvement des hausses sont :

1o Le poids du chevalet; 2° Celui de l'arc-boutant;

3o Le poids des ferrures de la culasse de la hausse;

4o Le poids de la charpente de la hausse selon qu'elle est plus ou moins immergée ;

5° La force vive qui agit sur l'about du pied de la hausse, et qui croît avec la hauteur de la cataracte ;

6° La force vive qui agit sur la hausse, notamment sous la culasse;

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7o Le poids de la chute d'eau qui tombe sur la culasse de la hausse, et la force vive qui résulte de cette chute.

Nous avons introduit toutes ces forces dans une formule dont on a fait l'application au barrage de Conflans: nous avons trouvé successivement pour ce barrage:

1° Que l'effort développé par l'éclusier au moyen du treuil gréé pour la manoeuvre était exprimé par 40 kilogrammes quand il n'y a pas de chute d'eau;

2° Que le même effort l'était par 105 kilogrammes pour une chute d'eau de oTM.50.

Comme ces résultats sont assez d'accord avec l'expérience, nous en avons conclu que la formule est suffisamment exacte, et nous en avons fait l'application à des barrages de 3 mètres de hauteur.

Pour ces barrages, l'engrenage du treuil est composé de deux grandes roues de om.60 de diamètre, de deux pignons ayant om. 12, d'un tambour de o".30 et d'une manivelle.

Les calculs ont donné les résultats suivants :

Quand il n'y aura pas de chute d'eau, l'effort développé par l'éclusier sera exprimé par 11.83..

Lorsque la chute d'eau s'élèvera à 0.60 de hauteur, l'effort développé par l'éclusier ne dépassera pas 30 kilogrammes.

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