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Les arcs-boutants des hausses, au barrage de Conflans, sont des tiges presque cylindriques, depuis la tête jusqu'au pied; leur diamètre est de o".07.

Lorsqu'on relève les hausses de la passe navigable par une chute d'eau de o".60 à 0.70, on constate que le courant qui se forme sous la hausse frappe contre l'arc-boutant avec tant de force qu'il le tient en suspension dans l'eau, et l'empêche ainsi de s'abaisser pour venir s'appuyer contre le front du heurtoir. Cet effet soumis au calcul a démontré qu'effectivement le poids de l'arc-boutant est trop faible, et qu'il reste écarté de 8° environ, de la position qu'il occuperait si son pied était appliqué contre le front et la se-melle du heurtoir.

Les mêmes calculs ont indiqué qu'il faut augmenter de 10 kilogrammes environ le poids du pied de chaque arcboutant de ce barrage pour qu'il puisse se mettre en place, malgré l'action de la force vive développée par une chute d'eau de om. 60 de hauteur.

On a doublé cette quantité pour les arcs-boutants des barrages de la Seine, afin qu'il n'y eût aucun doute sur les résultats.

Le pied de l'arc-boutant est en outre taillé suivant un angle de fuite de 3o vers la glissière. Nous parlerons de cet angle lorsqu'il sera question du heurtoir.

La longueur totale de l'arc-boutant est de 2.70.

C'est au reste, l'hypoténuse d'un triangle rectangle dont le petit côté est le longueur du montant du chevalet, et l'autre cette même longueur, augmentée de la largeur de la loge réservée pour la barre à talons et le pied de l'arc-bou

tant.

Dans cette position, l'arc-boutant fait un angle de 52° 50' avec la verticale. Cette inclinaison a été expérimentée à Conflans et a été trouvée convenable, en ce sens qu'on paraît obtenir ainsi le minimum, tant pour la longueur des pièces que pour les pressions qu'elles supportent.

Dans les expériences faites à l'usine de la Pique, et dont on a parlé plus haut, il a été constaté que les dimensions de l'arc-boutant étaient telles, qu'il pouvait résister au double des pressions qu'il doit supporter.

Heurtoir de l'arc-boutant. Nous avons été obligé de parler plusieurs fois du heurtoir de l'arc-boutant, sans pouvoir entrer dans quelques détails au sujet de cette pièce; nous allons en donner la description:

On a vu que l'arc-boutant devait glisser vers l'aval lorsqu'on abattait une hausse, et qu'il devait s'appuyer contre le front du heurtoir lorsqu'on la relevait; enfin que ces mouvements devaient se faire avec une véritable précision. A cet effet, on a construit une pièce en fonte, représentée avec détails sur les dessins.

C'est un plan incliné, de forme trapézoïdale, long de 0.345, large à la base de om. 24, au sommet de oTM.10, entouré sur les faces obliques d'oreilles de o".03 d'épaisseur et de o".06 de hauteur.

Le front de ce plan incliné a oTM. 10 de hauteur et oTM.12 de largeur.

Ce front est limité d'un côté, par l'oreille du plan incliné qui se prolonge sous un angle de 45°, et de l'autre par une glissière qui, elle aussi, est garnie d'une oreille de oTM.06 de hauteur.

Entre l'oreille oblique du front et celle de la glissière se trouve la semelle du heurtoir; elle s'étend jusqu'à la longrine qui porte la barre à talons; sa largeur est de o".44.

La longueur totale de la glissière est de 1.52, sa largeur n'a rien de déterminé d'une manière absolue; cependant elle ne peut guère avoir moins de om. 17, y compris l'oreille.

La forme de la glissière est courbe.

Enfin le front du plan incliné a un angle de fuite de 3o du côté de la glissière.

Le plan incliné et la glissière sont deux pièces de fonte

assemblées entre elles avec des tenons et scellées dans le radier, au moyen de pattes et de crampons.

Enfin le heurtoir est placé de manière que le milieu du plan incliné et le milieu de l'extrémité de la glissière soient sur la projection d'un plan normal à la hausse et contenant l'axe de l'arc-boutant.

Geci posé, voici ce qui se passe quand on abat ou qu'on relève la hausse :

Lorsque l'arc-boutant est tiré dans le sens de l'angle de fuite, il glisse contre le front du heurtoir jusqu'à l'angle arrondi qui le termine; là, il a perdu tout appui et s'échappe dans la glissière, qu'il suit en frottant contre son oreille, jusqu'à ce qu'il se soit complétement allongé sur le radier; dans cette position, son axe est venu se superposer sur la ligne passant par le milieu de son plan incliné, et par conséquent sous l'axe même de la hausse couchée au-dessus de cet arc-boutant; dès lors, tout est bien préparé pour que le relèvement se fasse dans de bonnes conditions; en effet, quand on relève la hausse, le pied de l'arc-boutant tend à suivre cette ligne du milieu du plan incliné; c'est à peine s'il se porte vers l'oreille de la glissière, ne pouvant, à cause de l'organisation même de sa tête, se porter à l'autre côté; il y est d'ailleurs attiré par une gorge que l'on a creusée à cet eflet tant dans la fonte que dans les pierres du radier; il arrive ainsi entre les deux oreilles du plan incliné qui lui servent de guides pour le monter. Parvenu à l'extrémité de sa course, il tombe brusquement du haut du front du heurtoir sur sa semelle, et il est d'autant plus pressé contre ce front et cette semelle que la charge de l'eau sur la hausse est plus forte.

Le prolongement sous un angle de 45° de l'une des oreilles du plan incliné, empêche l'arc-boutant de se porter de ce côté, lorsque la hausse subit des chocs ou éprouve des oscillations.

Le front du heurtoir n'est pas un plan vertical; il fait avec

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la semelle un angle de 107° environ. Cette disposition a été adoptée afin de réduire autant que possible l'espace que le pied de l'arc-boutant doit parcourir sur cette semelle quand il y est tombé, pour revenir s'appliquer contre le front du heurtoir, cet espace est ainsi réduit à oTM.04.

L'angle de fuite du heurtoir a été déterminé par la considération suivante :

La pression transmise par l'arc-boutant sur le heurtoir est de 4 500 kilogrammes environ.

Le coefficient du frottement pour des surfaces de fer et fonte mouillées d'eau est de 0,16; prenons o, 18.

La force à vaincre pour faire glisser l'arc-boutant contre le heurtoir, est donc exprimé par 810 kilogrammes.

Sile front du heurtoir avait un angle de fuite de 11° 18′ 40′′, l'arc-boutant ne pourrait pas s'y maintenir, conséquemment, pour chaque degré de l'angle de fuite, la résistance diminue d'un onzième environ, Pour un angle de 3o, la résistance est réduite à 550 kilogrammes environ.

Les expériences faites au barrage de Conflans semblent avoir prouvé qu'un angle de fuite de 4o était trop grand. C'est par ce motif qu'on a adopté 3° pour les barrages de la Seine.

La semelle du heurtoir doit avoir un angle de fuite à peu près semblable, de sorte que ce front et cette semelle sont raccordés par une surface courbe.

Barre à talons. La barre à talons est l'engin dont on se sert pour faire glisser l'arc-boutant contre le front du heurtoir et l'amener dans la glissière.

C'est une barre plate, armée d'autant de talons qu'elle doit abattre d'arcs-boutants; on la fait mouvoir horizontalement et parallèlement au radier, dans un sens perpendiculaire aux plans de projection verticale des arcs-boutants, au moyen d'un treuil placé à l'une des rives du barrage. Dans ce treuil s'engage une crémaillère également horizontale adaptée à l'extrémité de la barre à talons.

Lorsque la largeur de la passe navigable dépasse 3o mètres, on divise généralement la barre à talons en deux parties qui sont mises bout à bout. Chacune d'elles se manœuvre en sens inverse de l'autre, au moyen d'un treuil placé, pour l'une à gauche de la passe navigable, et pour l'autre à droite. L'extrémité de chaque barre pénètre dans une loge pratiquée dans l'épaulement, ou la pile, qui limite de son côté la passe navigable.

Il y a lieu de considérer, dans la barre à talons:

1° La barre elle-même, en dehors de l'épaulement dans lequel elle s'engage;

2o Les guides;

3° Les supports;

4o La partie de la barre engagée dans l'épaulement;

5o La loge du treuil;

6o Le treuil lui-même ;

Les talons de la barre et leur espacement.

Nous allons entrer dans quelques détails au sujet de chacun de ses paragraphes.

Barre et prisonniers. Sr. La barre à talons est portée par des galets mobiles et guidée par des tringles en fer; ces tringles, ainsi que les supports des galets, sont vissés sur une longrine en bois attachée dans une feuillure du radier avec des goujons; ceux-ci sont scellés dans la pierre et retenus sur le bois par des écrous.

Cette barre a 0.08 de largeur et o".03 d'épaisseur du côté des arcs-boutants, elle est terminée par un chanfrein qui leur est à peu près parallèle,

Elle porte, en dessous, des prisonniers de o".06 de largeur et de o".03 d'épaisseur, qui pénètrent entre les guides; ces prisonniers ont au moins o". 12 de longueur.

Ils devront être plus longs s'ils servent à réunir bout à bout les parties d'une même barre.

Chaque prisonnier est percé, à sa partie inférieure, d'un trou pour recevoir une goupille, dans le cas où on croirait

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