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Seuils des déversoirs. Le radier du déversoir doit être arasé de telle sorte que, tout en trouvant facilité et économie à le construire, sa section ajoutée à celle de la passe navigable offre un débouché en rapport avec le débit de la rivière à ses diverses époques. Il faut, en outre, que son seuil soit à un niveau tel que pendant le relèvement des hausses de la passe il donne passage aux eaux de la rivière sans produire une chute trop forte de l'amont à l'aval de cette passe : on comprendra plus tard toute l'importance de cette disposition.

Il existe donc nécessairement un rapport entre la section de la passe navigable et celle du déversoir, et en outre, pour celui-ci, un rapport entre sa largeur et la hauteur de

son seuil.

Les seuils des déversoirs de la haute Seine ont été placés à 0.50 au-dessus de l'étiage.

Largeur des passes navigables. La passe navigable est un ouvrage coûteux à établir; il ne faut lui donner que la largeur réclamée par les besoins de la navigation.

Sur l'Yonne et la petite Seine, les passes navigables ont une largeur de 35 mètres; sur la haute Seine, elles varient, entre Montereau et Paris, de 40 à 55 mètres, mesurés perpendiculairement à la direction de la rivière.

Largeur des déversoirs, -Les largeurs des déversoirs varient entre 60 et 70 mètres.

Lorsque la largeur de la rivière ne permet pas de placer le déversoir dans le prolongement de la passe et perpendiculairement à la direction de la rivière, on peut le mettre obliquement; dans ce cas, l'angle d'inclinaison ne doit pas être moindre que 60°, afin d'éviter que les graviers, chassés par les eaux du déversoir, ne viennent encombrer le chenal qui fait suite à la passe.

Le radier doit avoir Radier des passes navigables. une largeur telle, qu'il puisse recevoir les divers organes

des hausses et les batardeaux qui servent à la construction, quand les fondations sont établies sur béton.

Sur la haute Seine, cette largeur est de 9.50, et se divise en trois zones, savoir :

Deux ayant 1.75 pour les batardeaux et une ayant 6 mètres pour le pavage destiné à recevoir les organes que l'on appelle les parties mobiles du barrage. On ne pourrait diminuer cette largeur qu'en plaçant les batardeaux en dehors du coffrage du radier, mais ce mode de construction, soumis à quelques expériences, ne paraît pas avantageux pour les fondations sur sable et gravier.

Le radier doit avoir une épaisseur suffisante pour résister aux sous-pressions pendant les épuisements, et aux diverses forces qui agissent lorsque le barrage fonctionne.

Sur la haute Seine, cette épaisseur est de 2 mètres, non compris le pavage.

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Résistance à la force d'arrachement. On verra plus loin que chaque hausse de passe navigable peut produire sur le radier une force verticale dirigée de bas en haut; cette force est égale à 2 200 kilogrammes environ, lorsque la différence de niveau de l'amont à l'aval s'élève à 2.40, comme sur les barrages de la haute Seine. Si le seuil était en même temps soumis à une sous-pression, comme cela peut arriver, il faudrait attacher au pied de chaque hausse un bloc de pierre cubant 2.34 pour en bien fixer les attaches.

Les carrières dont ou se sert ne peuvent pas toujours donner des pierres de pareilles dimensions; ces pierres occasionneraient d'ailleurs des difficultés de pose et de réparations; on a donc été conduit à proposer l'emploi d'ancres qui relient le seuil de la passe au massif de béton des fondations.

L'inspection des dessins joints au présent mémoire fait bien comprendre la disposition de ces attaches.

Pour chaque hausse il y a une ancre. Cette ancre est un

tirefond vertical; sa tige traverse à la fois la pierre qui forme l'encastrement du seuil du radier et le seuil en bois portant les crapaudines du chevalet de la hausse; un écrou muni de sa rondelle la fixe sur la partie supérieure du seuil, sa boucle placée sous la pierre de l'encastrement est traversée par une barre de fer de 3 mètres de longueur dont l'extrémité pénètre sous la rangée de pierres de taille qui reçoit les heurtoirs.

Cette première série d'ancres ne sert qu'à relier le seuil en bois à la pierre d'encastrement et à empêcher tout mouvement de rotation de cette pierre.

Une autre série d'ancres de fond sert à relier les pierres d'encastrement au massif du béton de fondation. Il y a une ancre pour deux hausses; chaque ancre se compose à la partie inférieure d'un disque en fonte de oTM.50 de diamètre au moins, portant une tige de fer terminée en pas de vis à sa partie supérieure.

Cette ancre est descendue au fond de la fouille avant qu'on y coule le béton; on maintient sa tige dans une position verticale pendant le coulage, et lorsqu'on pose la pierre d'encastrement on dirige cette tige dans un trou foré à l'avance ou dans un joint convenablement élargi; on réunit ensuite toutes les tiges de cette seconde série d'ancres au moyen d'une plate-bande de fer de 0.20 de largeur; enfin on fixe les tiges des ancres sur cette bande avec des écrous, et l'on complète l'attache au moyen de crampons intercalés entre les ancres et scellés dans les pierres de la plate-bande d'amont.

Au barrage d'Évry, on a remplacé ces ancres de fond par des pieux de 5 mètres de fiche dont les têtes sont noyées dans le radier et auxquels les pierres d'encastrement sont reliées; ces pieux sont hérissés de broches pour bien faire corps avec le massif de béton.

Résistance à la force de glissement. — On verra plus loin (2 partie) que la pression suivant l'arc-boutant d'une hausse

de passe navigable de la Seine est d'environ 4500 kilogrammes, laquelle produit une composante horizontale égale à environ 3 500 kilogrammes au droit de son heurtoir.

Cette composante tend à faire fléchir les coffrages des fondations et à faire pivoter le massif de béton de l'amont vers l'aval.

Des observations nombreuses ont montré qu'il ne fallait pas compter sur la résistance du coffrage d'aval, mais qu'il fallait au contraire le rattacher à celui d'amont par plusieurs tirants en fer.

Ces tirants sont espacés de 5 mètres; leur pose sous l'eau n'offre aucune difficulté, surtout lorsqu'on a un scaphandre à sa disposition.

Quand les coffrages de l'enceinte sont bien fichés dans le sol et reliés entre eux comme il vient d'être dit, aucun renversement n'est à craindre; mais comme le béton des zones d'aval du radier peut être affouillé, il faut que le pavage du radier puisse résister par son adhérence seule à la force de glissement de 3500 kilogrammes par hausse. Or, si l'on prend seulement 1 100 kilogrammes pour l'expres sion de l'adhérence d'un mètre quarré de maçonnerie, on trouve que l'adhérence jointe au frottement donne une résistance bien supérieure à 3500 kilogrammes.

Radier des déversoirs. La largeur du radier d'un déversoir de la haute Seine a été fixée à 4 mètres entre les pieux et 4.36 entre les palplanches, de manière qu'il y ait à peu près 1 mètre en aval et i mètre en amont des hausses couchées sur le radier.

L'ensemble d'un déversoir se compose d'un massif de béton coulé dans un coffrage en charpente recouvert d'un pavage et couronné par un système de hausses; mais comme le massif du béton pourrait subir à la longue des tassements nuisibles aux mouvements des parties mobiles, celles-ci reposent exclusivement sur des traverses et des longrines fixées sur les deux lignes du coffrage et sur une

ligne de pieux intermédiaires enfoncés au refus dans le sol comme les pieux et palplanches du coffrage.

Le massif de béton s'oppose d'ailleurs à ce que ces charpentes aient un mouvement dans le sens transversal.

Résistance à la force d'arrachement.

Chaque hausse de déversoir peut produire sur le radier une force d'arrachement; cette force s'élève à 1350 kilogrammes environ sur la haute Seine; elle tend à arracher le seuil assemblé à tenons et mortaises dans les traverses, et retenu en outre sur ces traverses par des équerres et par la patte du heurtoir.

Toute la charge est donc supportée par la traverse placée sous la hausse, et cette charge tend à l'écarter du coffrage d'amont en la faisant pivoter sur le pieu intermé→ diaire. Il est facile de s'opposer à ce mouvement, et l'examen des dessins joints au présent mémoire fait suffisamment comprendre le système adopté pour les déversoirs de la haute Seine.

Resistance à la force de glissement. La pression suivant l'arc-boutant d'une hausse de déversoir produit au droit du heurtoir une composante horizontale qui s'élève à 2500 kilogrammes environ sur la haute Seine. Cette composante est détruite par le poids propre du massif de béton, la stabilité est d'ailleurs augmentée par la fiche que les pieux et palplanches des coffrages prennent dans le sol.

Arrière-radier. Nous avons examiné la question de savoir s'il était utile de protéger les radiers des passes navigables et des déversoirs par des arrière-radiers, destinés à empêcher les affouillements. Sur l'Yonne, les barrages n'ont pas d'arrière-radiers, et le besoin ne s'en est jamais fait sentir. Or, sur la Seine, les graviers sont moins mobiles que sur l'Yonne; il y a donc lieu de penser que les arrièreradiers ne sont pas nécessaires; toutefois l'expérience prononcera sur ce point. En attendant, la liaison qui existe entre les coffrages d'amont et d'aval des radiers ne laisse

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