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ajouter aux intérêts du capital de 250 000 francs primitiyement engagé, qui se trouverait ainsi produire 12 p. 100.

Pour simplifier les calculs nous avons supposé que les terrains, une fois susceptibles d'être mis en culture, seraient affermés à raison de 200 francs l'hectare, ce qui n'a rien d'exagéré, mais n'est pas conforme aux usages du Midi, où les terres sont directement exploitées par le propriétaire.

En réalité, l'opération ne pourrait réussir qu'à la condition expresse que tous les terrains à comprendre dans le périmètre ne formeraient qu'un seul domaine, exploité sous une direction unique, avec toute latitude pour le choix des cultures et des assolements; ce qui implique la nécessité d'une dépossession complète des propriétaires actuels, en vertu de dispositions législatives spéciales.

Dans de telles conditions, une compagnie financière qui entreprendrait le desséchement, devrait se charger ellemême de la mise en valeur du domaine qu'elle aurait créé. Si, par exemple, comme nous avons tout lieu de le croire, de pareils terrains pouvaient être convertis en vignes, il y aurait à tenir compte des frais de main-d'œuvre pour aménagement du sol et des plantations, des dépenses pour construction de celliers et bâtiments, ainsi que de la perte d'intérêts du capital primitif pendant les 3 ou 4 ans que la vigne resterait improductive.

Mais ces nouvelles avances seraient aussi largement couvertes que les premières; car il ne sera douteux pour personne qu'une vigne en plein rapport, dans des terrains vierges, parfaitement dessalés et asséchés par le drainage, ne vaille au moins 7 à 8 000 francs par hectare, et ne produise au minimum 140 hectolitres de vin, qui, dans les années ordinaires, au prix minime de 10 francs l'hectolitre, représenteraient un revenu brut de 1400 francs, qui, au prix exceptionnel de l'année courante, en vaudraient plus de 3000.

XIII. L'œuvre du desséchement des marais de Vic est donc une entreprise qui nous paraîtrait être parfaitement exécutable, d'après les méthodes que nous venons d'indiquer, et qui pourrait, avec plus ou moins d'avantages ou de facilités, s'étendre à la plupart des marais et à une partie des étangs longeant la Méditerranée.

Il ne s'agirait de rien moins, comme on le voit, que de créer sur notre littoral tout un ensemble de polders formés des terres les plus riches et les plus fertiles, pouvant s'étendre sur une superficie de plus de 100 000 hectares, représentant une valeur agricole de 7 à 800 millions, égale ou supérieure à celle de l'un de nos meilleurs départe

ments.

Un seul essai largement tenté par l'État ou par une compagnie, sur une échelle convenable, suffirait pour résoudre la question. Nul doute, en effet, qu'on ne vît, en cas de réussite, les compagnies financières, qui ont en si peu de temps mené à bonne fin notre réseau de chemin de fer, porter avec le même empressement leurs capitaux sur de grandes entreprises agricoles, qui leur procureraient des produits tout aussi beaux et tout aussi assurés.

Note du Secrétariat.

L'assainissement et la mise en culture des marais du littoral de la Méditerranée auraient une telle influence sur la santé et sur la richesse des populations actuellement décimées par leurs miasmes délétères, que la commission des Annales a pensé qu'elle pourrait se départir de sa jurisprudence ordinaire, en votant l'impression des propositions faites par M. Duponchel pour l'amélioration de ces marais avant qu'elles aient été réalisées. Elle a pensé qu'il y avait un véritable intérêt à appeler l'attention sur une question aussi importante, en faisant connaître les moyens proposés tant pour assécher cette immense étendue de terrains

submergés, que pour les amener très rapidement à leur plus grande valeur, en leur enlevant le sel dont la présence les frappe maintenant de stérilité.

Toutefois, la commission n'a pas cru qu'il fût utile de publier le § 5 du mémoire de M. Duponchel, dans lequel cet ingénieur avait indiqué les dispositions législatives destinées à assurer l'exécution régulière des travaux sur des terrains actuellement morcelés, en les réunissant dans les mains d'une seule et même association. Les mesures proposées ne lui ayant pas paru de nature à atteindre ce but, elle s'est bornée à publier seulement la partie de mémoire relative à l'amélioration des terrains submergés par les eaux de la

mer.

N° 19

RAPPORT

sur

Les essais faits en Belgique et sur le chemin de fer du Nord, d'une locomotive de l'invention de M. Belpaire.

Par M. CLÉRY, ingénieur des mines.

La compagnie du chemin de fer du Nord a demandé à Son Excellence M. le ministre des travaux publics, l'autorisation d'expérimenter pendant 15 jours; sur sa ligne, une machine locomotive belge, à 4 roues couplées, disposée dans le but de consumer exclusivement de la houille maigre

et menue.

M. le ministre a accordé cette autorisation et a, en même temps, invité les ingénieurs du contrôle à le tenir au courant du résultat de cette expérimentation.

Les essais ont eu lieu dans le courant de février, et j'en ai rendu un compte sommaire favorable, dans mon rapport mensuel du même mois.

Les essais avaient été immédiatement concluants; les ingénieurs de la compagnie, satisfaits des résultats, ne crurent pas, et avec raison, devoir prolonger les expériences.

Il me parut cependant utile, pour donner une plus grande autorité aux conclusions du rapport qui était demandé, de joindre aux résultats obtenus en France ceux qu'avait donnés en Belgique, une expérience de tous les jours, suivie pendant plus d'un an. J'avais donc cru devoir ajourner mon

rapport définitif jusqu'au moment où j'aurais pu rassembler des renseignements encore inédits sur le service de ce système de machine en Belgique.

Je me suis, en conséquence, mis en rapport avec l'administration des chemins de fer de l'état belge à qui elle appartient, et celle-ci, en réponse à un programme détaillé de questions que je lui ai adressées, a eu la bienveillance de me communiquer les documents les plus complets. Ces documents concordent parfaitement avec ceux que j'ai recueillis au Nord. Ils ne se rapportent, il est vrai, qu'à la même machine, mais c'est la seule à laquelle se trouve encore appliqué le système Belpaire.

Cette machine a été mise en service au mois de janvier 1860, et 18 mois d'un travail continu sont suffisants pour permettre d'apprécier la valeur pratique des dispositions caractéristiques qu'elle présente.

Le problème que s'est posé M. Belpaire est l'organisation d'un service régulier de traction dans des conditions. plus économiques que les conditions actuelles, en n'employant pour combustible que du menu lavé, plus ou moins maigre.

Dispositions prises par M. Belpaire. Les dispositions qu'il a imaginées dans ce but, et dont la combinaison fait le mérite de son invention, sont les suivantes :

1° Surface de grille très-vaste (2.50 de longueur, 1. 12 de largeur).

2o Barreaux de grille très-petits, très-nombreux, très-peu espacés (épaisseur 0,007 à 0.008, écartement o".005) (*). La grille est inclinée de 10/107, de l'arrière à l'avant. 3° Hauteur de combustible très-petite (elle varie de 0.06 à 0.10, suivant la nature du combustible).

4° Grande porte de foyer (cette porte se compose de

(*) Cet écartement peut être augmenté: il doit varier suivant la nature du combustible.

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