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mètre d'épaisseur; elles sont chargées d'une couche de pavés de 25 centimètres d'épaisseur, reliés par divers ciments.

Dans le premier projet les plates-formes ne devaient avoir que 3 mètres de largeur et régner sur toute la longueur de l'estacade. Mais on a été conduit à leur donner une largeur de 5 mètres et à les arrêter à 450 mètres de distance de la laisse de basse mer.

Battage des pieux. Au mois de septembre 1858, on commença par battre les pieux qui devaient former le prolongement de la levée du Boucarot. Cet ouvrage fut exécuté conformément au projet et ne présenta pas de difficultés. Le tassement des fascinages qui le remplissaient fut presque insignifiant.

Mais quand on arriva dans la plage de sable qui avait été très-battue par la mer, le battage présenta des difficultés plus grandes qu'on ne s'y attendait, et il fallut établir un battage à vapeur, pour suppléer à l'insuffisance du battage à la main qui eût été interminable. D'après les renseignements et les dessins que M. Janvier, ingénieur des travaux hydrauliques à Toulon, nous a communiqués, nous avons fait construire deux sonnettes mises en mouvement par une locomobile de 6 chevaux. Les deux sonnettes sont placées de manière à battre en reculant chacune un pieu des lignes extrêmes. Les moutons pèsent 920 kilogrammes et tout l'agencement diffère peu des indications contenues dans le mémoire de M. Janvier, inséré aux Annales de 1856. Seulement, après avoir cassé beaucoup de ressorts et reconnu l'inconvénient de ce genre de déclanchement, nous avons trouvé avantage à remplacer tout cet attirail par un simple crochet manœuvré par un gabier.

Le battage avait été évalué à 25 francs par pieu dans le projet et coûtait réellement davantage à l'entreprise, puisque nous avons payé depuis 23 jusqu'à 55.francs pour le battage d'un pieu avec la sonnette à déclic. Avec les sonnettes

à

vapeur

dont l'installation complète a coûté 14 000 francs,

le prix de revient du battage d'un pieu a été de 11 francs se décomposant ainsi qu'il suit :

Un atelier coûtant 24 francs par jour et composé de:

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on trouve que le battage d'un pieu revenait en moyenne à 11 francs, non compris l'échafaudage, dont la dépense est très-variable suivant le temps et l'état de la mer.

Même avec les sonnettes à vapeur, le battage a toujours présenté de grandes difficultés à cause de la résistance du sable et des débris de navire qui s'y trouvaient enfouis. Nous avons vu plusieurs fois les pieux traverser, en les fendant, des pièces de bois de 0.25 d'équarrissage et continuer leur enfoncement sans difficulté après ce premier temps d'arrêt; mais il est arrivé plusieurs fois que des pieux dont la pointe était arrêtée se sont repliés sur eux-mêmes vers leur milieu et ont été trouvés complétement broyés quand on a déblayé le sable qui les entourait. En somme, cependant, ce battage présente un résultat satisfaisant.

Toutes les pointes des pieux ont été aiguisées à la machine, de manière à leur donner exactement la forme du sabot. Les sabots sont en tôle du système Camusat et pèsent 3 à 5 kilogrammes, pour tous les pieux de ferme et pour une partie des pieux de remplissage. Les autres sont en

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fonte et pèsent 7 kilogrammes. Ils ont aussi présenté un résultat satisfaisant, grâce à l'excellente qualité de la fonte des Landes.

Fascinages inférieurs. Le battage des pieux était immédiatement suivi de la pose des fascinages inférieurs qui devaient remplir toute la base de l'estacade jusqu'à 1 mètre au-dessus des basses mers. En réalité, le dessous de cette fondation a été placé à des profondeurs variables depuis le niveau des basses mers jusqu'à 2 mètres au-dessus. On déblayait le sable jusqu'à o".70 au-dessous de l'eau qui baissait plus ou moins suivant la position du courant et on plaçait des couches successives de fascines de bois de pin ayant 2 mètres de longueur, o".20 de diamètre moyen et pesant vertes 23 kilogrammes.

Cette couche était chargée de gazons et de pierres, de manière que son tassement l'amenât au niveau du dessous des moises transversales. Le sable qu'on jetait dessus, ou que la mer y apportait, remplissait tous les interstices des fascines, et cet ensemble formait un massif à peu près étanche.

Pour éviter les déblais de sable, qui ne laissaient pas d'être considérables, nous avons dirigé le courant le plus que nous avons pu sur les parties à fasciner et les eaux ont effectué une notable partie de ce déblai. On a même pu, par le moyen de ce courant, obtenir des profondeurs plus grandes que celles qu'on aurait eues avec le dragage à la main.

C'est ainsi qu'une tempête de la fin de mars 1860 ayant barré le courant, nous lui avons laissé conserver pendant un mois sa déviation au sud, de manière à lui faire déblayer successivement tout l'emplacement à fasciner sur une longueur de 100 mètres. Chaque jour, à basse mer, on plaçait autant de fascines que possible, ce qui repoussait à l'ouest la direction du courant qui se creusait un nouveau

lit, lequel était le lendemain comblé de fascines. Arrivé aux plateformes, le courant a pris presque naturellement la direction normale à la côte qu'il n'a pas quittée depuis. Les marins de la localité qui ne comprenaient pas ce travail, commençaient à désespérer du port de Capbreton et à croire qu'on ne pouvait pas maintenir la direction du chenal. Au fond, ce système a causé peu de gêne aux pêcheurs, qui pouvaient échouer leurs barques sur la plage au sud de la jetée.

Le tassement de ces fascinages a été d'environ 1/8 de leur épaisseur, sous le choc des vagues et le poids d'une couche de pierre de oTM. 25.

m

Rectification du courant. - Nous avons déjà dit que le courant de Capbreton allait se jeter dans la mer à 500 mètres au sud de l'extrémité de l'estacade projetée. Dès que le battage fut arrivé à l'emplacement où ce courant traversait l'estacade, il se produisit un exhaussement sensible du fond, et les basses eaux se tenaient à une hauteur telle que le fascinage inférieur et la pose des moises longitudinales devenaient impossibles.

Force nous fut donc d'ouvrir une nouvelle embouchure au nord de l'estacade, et afin de ne pas être gênés dans le battage par les eaux, nous portâmes cette embouchure à 50 mètres au nord de l'estacade et parallèlement à sa direction. Une tranchée fut ouverte dans le sable dans toute la largeur du bourrelet qui fait suite à la dune littorale, en ayant soin de la mettre à l'abri des vagues et du courant; un batardeau provisoire fut fait dans l'emplacement même de la jetée, et le passage des eaux fut barré avec des fascines, des pierres et de l'argile. Ce barrage ne se fit pas sans peine parce qu'il se produisit d'énormes affouillements dans le sable. Enfin, quand tout fut préparé, on enleva les deux bourrelets qui protégeaient la fouille et on y lança les eaux qui avec le secours des dragueurs, élargirent et approfondirent leur lit de manière à permettre l'obstruction com

plète de l'ancienne embouchure qui fut bientôt comblée par la mer.

Après l'ouverture de cette rectification, les eaux de l'intérieur baissèrent tout d'un coup de 40 centimètres et permirent de pousser activement la pose des moises inférieures.

Mais cet état ne dura pas longtemps, et à la première houle un peu forte, le courant recommença sa déviation vers le sud, ce qui diminuait la profondeur et interrompait le moisage. Il fallait à chaque instant le rouvrir à grandpeine et sans prévoir quand finirait ce travail ingrat.

Plates-formes. C'est alors que nous essayâmes de maintenir le courant en plaçant immédiatement les plates-formes en fascinage, qui devaient être construites plus tard en risberme au pied de l'estacade.

Ces plates-formes ont été composées de cinq couches de saucissons de branchages de pin reliés par des cordes goudronnées, lardés de piquets et chargés d'argile et de moellons. Elles ont 5 mètres de largeur et ont été placées par longueur de 10 mètres (Pl. 13, fig. 2, 4, 5).

Leur construction a présenté des difficultés de toute espèce, parce que la plupart ont été posées en travers du courant dont il fallait dévier les eaux par des moyens variables chaque jour. Aucun des ouvriers ni des employés du chantier n'avait jamais fait ni vu faire de travail analogue, et il fallait absolument que la plate-forme fût terminée dans une marée. Il y a bien eu des hommes et des bateaux emportés à la mer, des marées perdues, des fascines broyées par les vagues, mais il n'y a pas eu d'accidents graves à déplorer, et grâce à une ardeur fiévreuse communiquée aux ouvriers du chantier, ce travail fut mené à bonne fin. En 20 jours, il y eut 110 mètres courants de plates-formes posés, et aucune d'elles ne fut emportée par la mer. Avec quelques réparations, elles ont victorieusement traversé deux hivers orageux, et, grâce à un revêtement dont nous

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