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GRANDE-BRETAGNE.

session du parlement. réponse au discours.

CHAPITRE XIII.

Changement dans le ministère. Ouverture de la

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Motions et propositions diverses. - Réduction des taxes et de la dette publique." Bills passés aux deux Chambres. Votes de subsides. Affaires d'Espagne. Demandes faites aux ministres. Ajournement des séances. Communications diplomatiques faites aux deux Chambres et discussions sur les affaires d'Espagne. Adresses au Roi à ce sujet. Continuation de l'alien bill. Motion de M. Buxton pour l'abolition de l'esclavage, et amendement adopté sur la proposition de M. Canning. Pétitions diverses. Bill pour les catholiques d'Angleterre rejeté dans la chambre des pairs. Commerce de l'Inde. Motion sur l'état de l'Irlande. Continuation de l'acte d'insurrection. Budget.

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Prorogation du parlement. Événemens divers. - Dispositions du gouvernement à l'issue de la campagne. - - Révolte à Démérari. — Troubles à la Jamaique.

IL était question au commencement de l'année d'un grand changement dans le conseil britannique. Il paraissait y régner quelques dissentimens sur les questions qui touchent de plus près aux intérêts de l'État; mais ce changement se réduisit à la retraite du chancelier de l'échiquier, M. Vansittart, homme d'une grande intégrité, d'une lucidité d'esprit remarquable dans les matières les plus difficiles. Il fut élevé à la pairie, nommé chancelier du duché de Lancastre, et remplacé à la chancellerie de l'échiquier par M. F.G. Robinson, président du bureau de commerce, place qui fut donnée à M. Huskisson, membre distingué de la chambre des communes. Ce changement n'était sans doute pas de nature à faire changer la marche politique du gouvernement; mais il renforçait l'influence de M. Canning dans le conseil et dans la chambre des communes les nouveaux membres du conseil étaient ses amis particuliers. L'un, M. Robinson, avait déjà fait connaître ses idées sagement libérales et ses vues indépendantes des préjugés nationaux, dans la discussion des modifications adoptées l'année dernière au fameux acte de navigation (voyez l'Annuaire historique pour

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1822, p. 562, 567); l'autre, M. Huskisson, élève de Pitt, et longtemps son collaborateur, sorti du ministère en 1809 en même temps que M. Canning, orateur infatigable et financier fort habile, n'était pas moins utile au parlement qu'au conseil ; mais, comme nous l'avons dit, il n'en résulta guère que des déplacemens dans la haute sphère de l'administration.

(4 février.) Le Roi, qui a eu cette année plusieurs attaques de goutte longues et douloureuses, étant retenu par cette indisposition à Brighton, ne put assister en personne à l'ouverture de la session du parlement, et son discours fut lu par commission.

On l'attendait avec plus d'intérêt que de coutume, par cette raison surtout qu'il venait peu de jours après celui que S. M. T. C. avait prononcé à l'ouverture de la session française, et en effet il offre un caractère bien différent. Ici le roi d'Angleterre annonce à son parlement que, « fidèle aux principes qu'il avait annoncés au monde entier, comme faisant la base de sa conduite, il avait refusé de prendre part, à Vérone, à aucune mesure qui pût être considérée comme une intervention dans les affaires intérieures de l'Espagne de la part des puissances étrangères, mais qu'il avait employé et continuerait d'employer ses efforts et ses bons offices - pour détourner, s'il était possible, le malheur d'une guerre entre la France et l'Espagne. »

A ce trait qu'il faut bien remarquer pour l'intelligence des discussions du parlement et de la conduite du ministère, S. M. B. ajoutait «< qu'elle espérait que la paix serait conservée dans l'est; elle annonçait les satisfactions obtenues de l'Espagne, les démarches faites pour assurer l'abolition de la traite des Noirs, l'augmen tation des revenus, la diminution des charges, la réduction des impôts. Elle recommandait l'état de l'Irlande à l'attention des deux Chambres; et, tout en déplorant la dépression continue des intérêts de l'agriculture, elle témoignait sa satisfaction de voir l'état florissant de l'industrie et du commerce, « dans la persuasion intime que la prospérité progressive d'un si grand nombre d'intérêts du pays contribuerait à l'amélioration graduelle de ce grand intérêt (celui de l'agriculture), qui est le plus important de tous. »

L'adresse qu'il est d'usage de voter en réponse au discours du trône donna lieu dans les deux Chambres à quelques discussions. Dans celle des pairs, lord Stanhope commença par manifester son étonnement de ce que l'adresse proposée n'était jamais qu'une copie servile du discours. Il dit que « s'il exista jamais une circonstance où l'on dût renoncer à cette uniformité, c'était le moment où la détresse du pays menaçait des plus grands dangers. » Et comme le discours du trône n'offrait pas la moindre lueur d'espérance aux malheureux agriculteurs, il proposait d'ajouter au projet d'adresse cet amendement « que la Chambre voyant avec le plus profond regret la détresse sans exemple qui affligeait le pays, s'occuperait immédiatement d'en examiner la nature et les causes, à l'effet d'y remédier. »

Le marquis de Lansdown, prenant pour objet spécial de sa critique le passage relatif aux affaires d'Espagne, croit qu'il n'y a pas un seul homme en Angleterre qui ose défendre la conduite de la France envers l'Espagne. Il admet que les ministres anglais ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour préserver la tranquillité de l'Europe; mais il pense que leur conduite peut amener pour l'Angleterre le résultat qu'ils voulaient éviter, c'est-à-dire une rupture éclatante, « à moins, dit S. S., que l'Angleterre n'abandonne son ancienne politique, ses anciens alliés, qu'elle ne renonce aux droits qui lui appartiennent comme nation, et qu'elle ne refuse de remplir les devoirs que lui imposent les traités. » Le noble lord eût souhaité que le discours de S. M. eût été conçu en termes plus énergiques et plus formels à l'égard de la conduite de la France, et il demande que l'adresse qui doit être présentée à S. M. exprime fortement les sentimens du parlement et de la nation en général sur les principes malheureusement admis au congrès des grandes puissances continentales; principes qui, s'ils étaient sans restriction, banniraient de l'Europe tous les sentimens de liberté et d'indépendance, et finiraient par ouvrir un vaste champ aux passions les plus dangereuses.

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Lord Liverpool répondit à ce discours en rapportant les expressions de celui de S. M. comme professant expressement le principe

fondamental de l'indépendance des nations. Ce principe, c'était que

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chaque pays est le meilleur juge dans le choix de son gouvernement et de ses institutions politiques, et que c'est à lui d'adopter ce qui lui paraît le plus avantageux sous ses deux rapports. » S. S. déclare que l'opinion du ministère est que l'Angleterre doit demeurer neutre dans la guerre dont l'Espagne est menacée; mais qu'il ne faut pas croire cependant que, si les, circonstances l'exigeaient, elle ne se résoudrait point à la guerre. « Quelle que soit la probabilité d'une rupture entre la France et l'Espagne, dit-il, en terminant, je ne pense pas qu'il faille renoncer totalement à l'espoir d'une négociation et d'un arrangement à l'amiable, croyant qu'il existe encore une chance pour accomplir cet objet; je soutiens que tant que cette chance existera, il est de l'intérêt et de la sagesse de l'Angleterre de tenir un langage qui ne l'empêche point d'atteindre au but si généralement désirable. »

Malgré cette explication donnée par lord Liverpool sur les sentimens du ministère, lord Ellenborough n'en insista pas moins sur la nécessité de se prononcer contre une guerre qui lui paraissait dirigée contre la liberté, et « dont le succès lui causerait la plus vive affliction; » Mais l'amendement de lord Stanhope, mis aux voix, fut rejeté à la majorité de 62 contre 3, probablement la sienne et celles des deux lords qui l'avaient soutenu.

A la chambre des communes, M. Child proposa l'adresse de remerciement. Tous les orateurs s'accordèrent à féliciter les ministres sur les principes qu'ils avaient manifestés et sur la conduite qu'ils avaient tenue à Vérone. M. Brougham lui-même n'y vit rien à reprendre; mais il s'étendit fort au long, et se répandit en déclamations virulentes sur les notes que les trois puissances, l'Autriche, la Prusse et la Russie avaient adressées à l'Espagne : selon lui, le monde n'avait jamais vu paraître de pièces diplomatiques aussi

monstrueuses.

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La constitution d'Espague peut avoir des défauts, des taches, dit l'orateur; je conseillerai peut-être moi-même aux Espagnols de la corriger dans un autre moment; mais aujourd'hui je leur dirai : « N'en faites rien; attendez un moment où vous pourrez le faire sans qu'on puisse dire que la peur vous en ait dicté la loi. » Quant au style de ces trois notes, c'est le même langage bypo

crite qu'on remarqua dans les manifestes qui précédèrent le démembrément de la Pologne; ce sont les mêmes phrases sur la religion, la morale, et avant tout sur le calme, idée chérie du despotisme. Demi-sermon! demi-roman! demi-politique!... Maintenant, voyons les déclarations du congrès d'Aix-laChapelle, en 1818: elles portent que les congrès ne se composeront que des cinq puissances alliées, et qu'on n'y évoquera aucune affaire concernant une autre puissance, à moins que cette puissance elle-même ne le demande. Cominent donc pouvait-on s'occuper de l'Espagne au congrès de Vérone, sans que l'Espagne y eût un représentant? Comment a-t-on pu y prendre la décision que la France pourra envahir l'Espagne et anéantir son indépendance? Qu'un publiciste allemand essaie de justifier ces contradictions, jamais il ne parviendra à concilier la conduite des alliés avec leurs principes avoués...

Cette conduite fait voir à tous les gouvernemens ce qu'il peuvent attendre de ces coalitions. »

L'orateur complimenta ensuite les Espagnols « sur la fermeté avec laquelle ils ont répondu aux Tartares et aux Kalmouks » ; il conseille au roi de Prusse de réserver sa sagesse pour la rédaction de la constitution qu'il a promise à ses peuples; il invite l'Autriche à payer d'abord les 21 millions de liv. st. qu'elle doit à l'Angleterre, avant de faire des dépenses pour guerroyer contre l'Espagne. »

« Je vois avec regret, continue M. Brougham, que l'illustre monarque de France a pour un moment cédé à de mauvais conseils, et paru prendre place parmi les ennemis de la liberté de l'Espagne; mais je me flatte que ce n'est qu'une aberration momentanée des principes sains qui jusqu'à présent l'ont guidé, et que ce prince accompli abandonnera bientôt ces mesures odieuses. S. M. T. C. imitera la sagesse de cet homme d'État romain qui, cherchant son appui dans la liberté constitutionnelle, aima mieux se jeter dans les bras de ses concitoyens, que de se fier aux secours des Teutons, des Scythes ou d'autres Barbares.

M. Peel, secrétaire d'État au département de l'intérieur, prenant la parole, en l'absence de M. Canning, qui, ayant donné sa démission comme député de Liverpool, ne siégeait pas alors à la Chambre, commença par se féliciter, au nom du ministère, de voir la Chambre voter unanimement une adresse de remerciement au discours de S. M.; mais il en prit occasion de développer ainsi les sentimens du ministère sur deux points importans qui lui sem-blaient exiger quelques explications.

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Les principes qui ont guidé le ministère sont les mêmes que nous avons maintenus en 1793 et en 1801. Ces principes, à mon avis, sont suprêmes et impératifs : l'un deux est que chaque État doit être juge de toutes les réformes nécessaires à sa constitution, de toute régulation intérieure; que par consé

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