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Si l'on avait à faire un tableau de la situation générale de l'Allemagne, on y trouverait encore dans diverses parties les agitations qui se firent sentir lors de l'invasion de l'Espagne par l'armée française. Le succès de plusieurs écrits publiés à cette époque, (surtout celui de M. Hornthal, député aux états de Bavière), a montré qu'il existait en Allemagne un parti nombreux, contraire aux doctrines émises au nom de la sainte alliance. Les plaintes tant de fois faites à la Diète sur les fausses théories, la conservation de la commission d'enquête établie à Mayence, et les ordonnances rendues dans divers États, annoncent qu'on y croyait encore à l'existence d'associations secrètes, qui s'étendraient bien au delà du cercle des universités; mais des rapports de police ne suffisent pas pour établir des faits, et depuis que les fondateurs du Tugend-Bund ont quitté ces assosiations, elles ont perdu, si tant est qu'elles existent, leur caractère et leur importance historique.

D'ailleurs il s'en faut bien que l'Allemagne présente à cet égard les ressources, les opinions et les mœurs homogènes qu'on lui suppose. Les Allemands, malgré ce que des écrivains ont dit de leur caractère grave et spéculatif, sont encore de tous les peuples celui où il y a le moins d'esprit public et de nationalité. Il faut les voir chacun chez eux.

CHAPITRE II.

AUTRICHE.Mesures de goavernement. - Emprunt de 30 millions de florins. Voyage de l'Empereur à Czernowitz. — PRUSSE. - Formation du ministère. - Ordres du cabinet sur les associations secrètes. Organisation des États

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provinciaux dans la Marche de Brandebourg et la Basse-Lusace. — Lois réglémentaires. Mariage du Prince royal.— BAVIÈRE. — Objets divers. · WURTEMBERG. - Dissentiment du cabinet au sujet des circulaires de Vérone et des décisions de la diète germanique.— Naissance d'un prince. — Suppression de l'Observateur allemand. — Rappel des ministres d'Autriche, de Prusse et de Russie à la cour de Stuttgard. Rappel de M. de Wangen. heim, ministre de Wurtemberg à la Diète. Retraite de M. de Wintzingerode. Convocation des États. — Ajournement. BADE. Rupture et

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HESSE CASSEL.-

suspension des États de Bade. Objets divers. - HESSE DARMSTADT. — Oαverture des États. — Objets des discussions. — Budget. Mesures de gouvernement. - Lettres anonymes écrites à l'électeur.- SAXE WEYMAR. Convocation et discussions de la Diète.- ÉTATS DIVERS.Mort du duc d'Oldenbourg. - HANOVRE. Délibérations des États du

royaume.

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On a toujours peu de choses à dire, faute de documens publics, sur l'histoire annuelle de l'Autriche. On n'aperçoit que dans ses relations avec d'autres États l'importance ou la puissance réelle ou relative de cet empire; les États qui s'y tiennent dans diverses provinces sont des espèces de parlemens, où les propositions impériales sont portées et reçues sans contradiction. Il n'en est publié que les discours de félicitation qui n'apprennent rien de positif sur la situation du pays; ainsi, nous nous bornerons à remarquer que l'assemblée des représentans des quatres ordres du Tyrol a été ouverte le 7 avril, et que les États ont reçu avec reconnaissance toutes les propositions faites au nom du souverain.

Un des actes du gouvernement à citer dans l'ordre administratif est la réduction opérée dans l'armée autrichienne par le renvoi dans leurs foyers, pour un temps illimité, de vingt hommes par compagnie. Cette réduction, dont il doit résulter une diminution totale de vingt-cinq mille hommes, avait été motivée sur l'état

de paix et sur l'évacuation prochaine du royaume de Naples. Elle avait d'abord été suspendue lors de l'ouverture de la campagne d'Espagne : quelques régimens venus de Naples, avaient eu ordre de faire halte dans l'Italie septentrionale, et c'est à cette mesure que faisaient allusion plusieurs membres de l'opposition dans les deux Chambres de France. Mais dès que le sort de la campagne fut décidé, les troupes autrichiennes reprirent leur route, et la réduction projetée s'est alors opérée sans difficulté. C'est vers ce temps aussi (12 juillet), que le roi des Deux-Siciles, revenu du congrès de Vérone avec l'empereur d'Autriche, et qu'on croyait devoir faire à Vienne un plus long séjour, prit congé de la famille impériale pour retourner dans ses états.

Au mois de septembre, l'Empereur fit lui-même, dans la Gallicie et dans la Buckowine, un voyage dont le but réel ou du moins le plus important était d'avoir une entrevue avec l'empereur de Russie, qui visitait alors les provinces méridionales de son empire. L'entrevue eut lieu du 6 au 11 octobre à Czernowitz. L'empereur d'Autriche, qui devait en faire les honneurs, avait envoyé son adjudant général le feld maréchal lieutenant baron de Kutschern à Kamenietz-Podolsky, pour y complimenter l'empereur de Russie. Le jour de l'arrivée de son auguste ami, S. M. était allée le recevoir en personne sur la frontière. Les deux souverains entrèrent ensemble le 6 octobre à Czernowitz, à 6 heures et demie du soir, dans la même voiture; ils passèrent sous un arc de triomphe qu'on avait élevé à l'entrée de la ville, et se rendirent au milieu d'une double haie de troupes, au bruit du canon et aux acclamations des habitans, au logement destiné pour l'empereur Alexandre. L'entrevue des deux souverains ne dura que cinq jours, durant lesquels ils se firent de fréquentes visites et dînèrent plusieurs fois ensemble. Ce fut une suite de fêtes d'usage en pareil cas ils recurent, mais séparément, en audience particulière, une députation composée de trois boyards moldaves que le prince Stourdza, hospodar de Moldavie, avait, par ordre de la sublime Porte, envoyés pour complimenter LL. MM. II. On y attendait même, suivant des bruits assez généralement répandus, Annuaire hist. pour 1823.

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un plénipotentiaire turc qui ne vint pas. En rapprochant de cette circonstance l'indisposition subite de M. de Metternich, qui fut retenu à Lemberg de manière à ne pouvoir arriver assez tôt à Czernowitz pour y retrouver l'empereur de Russie, « on a voulu trouver à ce voyage des motifs diplomatiques fort importans. Les dernières réponses de la sublime Porte aux griefs exposés dans la note du comte Nesselrode à lord Strangford, du 19 mai (voyez l'Appendice), sur les différends qui existaient entre la Porte et la Russie n'ayant pas paru satisfaisantes, les deux Empereurs s'étaient contentés, dit-on, de convenir personnellement des mesures à prendre, et ils avaient remis à leurs ministres le soin de les concerter. En conséquence, l'empereur de Russie quittant son auguste allié (11 octobre) plus tôt qu'on ne l'avait cru, pour retourner dans ses états, avait envoyé à Lemberg son ministre le comte de Nesselrode, pour conférer avec le prince Metternich sur l'exécution des mesures convenues entre les souverains. Est-il vrai que ces conférences aient été transférées à Lemberg par d'autres motifs que par l'indisposition alléguée de M. de Metternich? c'est ce que nous ne pouvons éclaircir. Quoi qu'il en soit, ces conférences, auxquelles M. de Talischeff prit part, durèrent plusieurs jours, et il paraît qu'il y fut rédigé une note énergique qui devait être remise au divan, par l'intermédiaire de lord Strangford, pour inviter la Porte, de la manière la plus formelle, à évacuer les deux principautés, et à faire cesser sur-le-champ les vexations que ses agens faisaient éprouver aux pavillons des puissances chrétiennes dans la mer Noire; vexations qui causaient d'ailleurs le plus grand préjudice au commerce d'Odessa. On croyait alors que les Russes feraient à l'appui de cette note quelques démonstrations sérieuses sur le Pruth et le Danube, afin d'amener le divan à des sentimens propres à terminer enfin les différends pour lesquels on négociat en vain depuis deux ans. La note concertée fut en effet remise; et il en est résulté pour l'Autriche, dont il est seulement ici question, une convention qui a fort adouci, pour les bâtimens marchands autrichiens, les rigueurs de la législation turque sur la navigation des Dardanelles et de la mer Noire. Il a été convenu qu'ils ne se

raient plus soumis qu'à une seule visite, encore jugée nécessaire pour la sûreté de l'empire, dans l'état actuel de l'insurrection des Grecs; mais que cette visite n'aurait lieu que lorsque les bâtimens passeraient des Dardanelles dans la mer Noire, et sans causer ni embarras, ni retard, ni frais d'aucune espèce. L'Autriche obtint encore des diminutions assez considérables de droits de douane et de transit. Tels furent les résultats connus des conférences de Czernowitz et de Lemberg. Ils n'ont pas servi à rendre la politique autrichienne plus favorable aux Grecs. »

Malgré l'économie reconnue de son gouvernement tout paternel, la régularité des procédés de la caisse d'amortissement, l'amélioration du crédit, et la vente des domaines publics qui se poursuit avec activité dans toute la monarchie, pour l'extinction de la dette, le numéraire était toujours très-rare (1); l'Autriche, toujours obérée, était dans l'impossibilité de suffire, avec ses revenus habituels, à ses dépenses ordinaires. Elle a contracté, dans le cours de cette année, deux emprunts: l'un, au mois de juin, de 30 millions de florins d'Autriche ( 75,000,000 fr. ), dont les maisons de banque, Rotschild, Fries, Gaïmuller et Arnstein, se sont chargées au cours de 82-; l'autre, de 25 millions de florins (62,000,000 fr.), appréciables en entier à la liquidation de la dette de l'Autriche envers l'Angleterre, a été souscrit par les maisons Baring, Reid, Irving et Rotschild, au même cours, et à 5 pour 100 d'intérêt, payables à Vienne par semestre... Cet emprunt fut reçu avec tant de faveur, qu'au bout d'un mois les coupons portaient déjà une prime de 5 pour 100. On expliquera l'année prochaine le résultat de cette hausse qui se fit sentir partout et sur tous les effets, excepté sur ceux d'Espagne.

PRUSSE.

En passant de l'Autriche en Prusse, on y sent déjà l'influence de l'opinion publique sur son administration, et plus de difficultés aussi dans le gouvernement.

(1) Les obligations de la banque de Vienne en circulation au 31 décembre 1823 montaient à 206,461,188 florins.

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