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place à Uzerche; Rue montante à Uzerche, 1905), A. Chabanian, etc. (1).

A Treignac, dans la banlieue de laquelle mugissent les eaux du Saut de la Virole, et où s'arrondissent les ballons des Monédières, tapissés de bruyères et d'ajoncs, les artistes s'y sont faits plutôt rares. Nous y signalerons toutefois : Vanginaud, MM. Mathis Picard, Louis Leinia de La Jarrige, dont les études servent de motifs aux fonds de ses dessins et caricatures; Paul Hallez, qui sut rendre le charme suranné des rues de Treignac et les longues perspectives qui s'encadrent dans l'ogive des vieux ponts; Gaston Vuillier, à qui la Virole rappela Gimel; Charles Gabert (Joueur de cartes: Fontaine des amoureux à Égletons; Vieille porte de Treignac; Vieux pont de Treignac, etc.). Enfin M. Edmond Tapissier, un artiste lyonnais de la meilleure école, qu'un mariage attacha au pays et qui s'en est inspiré dans plusieurs de ses toiles: Coucher de soleil aux Monédières, au Musée de Tulle; Le vieux Berger (1903); La meneuse de taureau (1904); Cour de ferme, Le gardeur de pourceaux (1908), et dans un projet de tapisserie des Gobelins, Histoire d'autrefois (Salon de 1905), etc.

«

Aux environs de Treignac, il convient de signaler un artiste de Limoges, M. Paul Ranson, qui fut connu longtemps comme décorateur et que la nature inspira à Lafarge, où il exécuta des tableaux, pastels et fusains rehaussés, d'un art nouveau et subtil que loua le critique et poète Charles Morice Ranson n'a pas inventé cette atmosphère ardente, cet aspect rude, cette coloration puissante de la Corrèze; il copie la nature avec un soin jaloux. » De lui, nous citerons : Châtaigneraie, Paysage et étang de Lafarge, Le Châtaignier du hibou, Les Peupliers, Les monts de Chamberet, Château de Lafarge, A Lafarge, Châtaigneraie, L'Étang de la Sorcière, etc.

(1) Mentionnons encore M. Marc Jonchères, un décorateur de l'atelier de Jambon, qui a peint de nombreux aspects uzerchois, anciens et modernes, dans la maison Materre, à Uzerche même.

Frits Thaulow (1903) et M. Armand Guillaumin (1906) visitèrent Uzerche, mais n'en rapportèrent aucun sujet de composition à notre connaissance.

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Un artiste un peu oublié, mais qui, en son temps temps surtout de la bonne bohême, chère à Mürger, eut son heure de célébrité, et qu'une nouvelle de Champfleury mit en lumière, le graveur Rodolphe Bresdin, dit ChienCaillou, vint habiter les environs de Tulle vers 1851, où il reçut l'hospitalité chez des amis qui l'avaient connu à Paris. Il y exerça son art, mais nous ne savons si la nature même du pays sollicita son attention.

« Une famille amie le retira à la campagne, dit M. Émile Fage (1), dans la commune de Chanteix, au lieu de Bellevue, un pays de solitude, de tranquillité parfaite, orné de jolis arbres, bien ensoleillé, avec des perspectives ravissantes à l'horizon, vers Donzenac et Sainte-Féréole. Non loin de la maison d'habitation, dans le fond de la vallée, s'étendait un étang de belle dimension, en forme de coupe allongée, réputé pour la transparence de ses eaux, et bordé d'un côté par un chemin très propre qui formait promenade. Tout auprès, sur la petite plate-forme d'un monticule, gros comme une taupinière, et d'où l'on dominait l'étang, s'élevait, pas bien haut au-dessus du sol, une cabane de pêche; elle était d'aspect misérable, déjetée par le temps, couverte d'un chaume moussu et éclairée par l'unique jour qui tombait. du tuyau de la cheminée ou que laissait passer la porte ouverte. La vue, de ce point, était bornée, mais agréable.

« C'est dans cette cabane branlante que Bresdin installa ses pauvres pénates et vécut quelque temps en ermite. Cet intérieur à la Rembrandt, délabré et fantastique comme ses propres songes, l'avait enchanté solitude profonde, grand silence; nul être autour de lui si ce n'est quelques poules de la ferme qui venaient picorer ses maigres restes; et tout près, dans un rayon dont ses yeux percevaient aisément toutes les formes et toutes les nuances, une exposition permanente de paysages d'un pittoresque achevé.

(1) Chien Caillou, sa vie, son œuvre (Tulle, 1897).

<< Bresdin était amoureux de son gite; il prit tout de suite au sérieux son rôle de maître de maison; il se mit à faire lui-même son ménage, sa cuisine. Dieu, quelle cuisine et quel ménage! Les galettes ou crêpes de sarrasin, fort en usage dans la contrée, étaient de son goût; il voulut les confectionner de sa propre main et y réussit, très grossièrement il est vrai. Un couvercle de marmite lui servait de poële. Il en sortait des galettes d'une couleur peu avenante et d'une épaisseur qui les rendait semblables à de petites. tourtes de pain. Les paysans n'en auraient pas voulu. Lui s'en régalait, vantait à qui voulait l'entendre l'excellence de ses produits culinaires. Les gens de l'endroit qui passaient par là jetaient un coup d'œil curieux, mais effaré, sur cette installation primitive et sur les allures mystérieuses du personnage qui y résidait un être à mine rébarbative, d'humeur fantasque, ne parlant pas et ne faisant rien comme les autres, tantôt occupé à son ménage, tantôt travaillant à des choses incompréhensibles, avec des bouts de crayon ou des pointes d'acier qu'il faisait aller et venir de façon bizarre, et leur produisant l'effet de ces apparitions fantasmagoriques dont le récit émerveille les soirées d'hiver à la campagne. On racontait même que, peu de temps après son installation à Bellevue, à la seule fin d'écarter les importuns, il s'était procuré. un fusil en bois dont il se servait pour viser les curieux au passage et leur inspirer une crainte salutaire.

« Bresdin, au fond, n'était pas si effrayant que cela. Il y avait du bonhomme en lui. Il avait fini par apprivoiser les gens de son entourage. On l'accueillait avec plaisir. Il venait familièrement prendre place à leur foyer, se mêlait à leurs veillées; il en était même arrivé, par ses histoires et ses drôleries, contées le soir, au coin du feu, à les intéresser et à les égayer.

« Il frayait aussi avec le voisinage, poussait des reconnaissances dans les villages d'alentour, excursionnait jusque dans les communes environnantes.....

« Le réfractaire s'humanisait au contact d'un foyer favo

T. XXX.

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rable, où il trouvait des figures souriantes et l'oubli de ses misères.

« Malgré tout, persistait en lui un fond de sauvagerie, qu'il dépendait du seul hasard de la conversation ou des circonstances les plus futiles, de faire tout à coup surgir. »

Peu à peu ces sautes d'humeur jetèrent un certain froid. entre Bresdin et ses amis et épuisèrent les sympathies qu'il s'était acquises. Il dut s'éloigner, quitter Chanteix et reprendre la vie errante.

Les longues étendues du Plateau de Millevaches que parcourent les grands troupeaux de moutons; l'apre désolation. qui les enveloppe; l'intense mélancolie qu'elles dégagent, prònée par le maître graveur Bracquemont, ont été dédaignées des artistes. M. Gaston Vuillier les visita au cours d'un voyage documentaire sur les sorciers de la HauteCorrèze et les fontaines miraculeuses. Il en fixa quelques tragiques aspects. M. Bourgeois y traduisit un Lever de lune, qu'on voit au Musée du Petit-Palais des ChampsElysées. Enfin, MM. Mascré, Georges Beaume, Auguste Barthon et François Ferrand s'en inspirèrent dans quelques tableaux et eaux-fortes:

L'étage inférieur de cette région d'Ussel est, d'ailleurs, complètement délaissé des peintres, à part peut-être Bort, dont le site enchanteur, sur la Dordogne, s'ouvre sur deux provinces le Limousin et l'Auvergne (1). A Bort, Chaigneau travailla, vers le milieu du siècle dernier, ainsi que Schenck, le peintre des moutons et des oies, et Rosa Bonheur. De nos jours, il convient d'y signaler M. Pierre Galerne, M. Charles Lamour, M. Didier-Pouget, qui s'y rendit pendant l'été de 1907, et qui en rapporta Le Matin, vallée de la Dordogne (Madic), au Salon de 1908.

(1) A Ussel et ses environs citons M. Forestier, peintre, aquarelliste et fusainiste.

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