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sert aujourd'hui d'école maternelle, rue Blaise-Reynal, ancienne rue des Frères. Du décor vieillot où habitaient également les familles de Sahuguet, de Gilibert, de Chamaillard et des Bruslys, il reste de remarquables balcons en fer forgé, d'un fort beau style, appelés à disparaître prochainement comme tant d'autres vestiges du passé. C'est dans l'hôtel de Salès qu'au soir de la monarchie, un bal fut offert à la duchesse de Berry de passage à Brive. Sur la cour d'entrée, au-dessus de la fenêtre centrale, s'effrite un écusson où apparaissent encore, à demi-rougies par les intempéries et la vétusté, les armoiries que maintenait en décembre 1754, en faveur de Pierre de Salės, une lettre royale de confirmation conservée au Cabinet des titres, nouveau d'Hozier, tome 298 :

De gueules, aux trois tours d'argent posées 2 et 1, au chef d'azur chargé de trois étoiles d'or.

Encore un peu de temps, et comme le nom, comme la race, comme le souvenir même, les pierres, elles aussi, auront vécu.

J. DE SAINT-GERMAIN.

Le Tombeau de la famille Cabanis

Au Cimetière d'Auteuil (1)

ICI REPOSENT DANS LE MÈME CERCUEIL CHARLOTTE-FÉLICITÉ GROUCHY, VVE CABANIS DÉCÉDÉE LE XXIX OCTOBRE MDCCCXLIV DANS SA 77° ANNÉE ET LE COEUR DE SON ÉPOUX PIERRE-JEAN-GEORGES CABANIS MEMBRE DE L'INSTITUT DE FRANCE et du SÉNAT

DONT LE CORPS EST DÉPOSÉ AU PANTHEON

ET QUI DÉCÉDA LE VI MAI MDCCCVIII A L'AGE DE 51 ANS

ANETTE (sic) PAMELA CABANIS

VEUVE EN PREMIÈRES NOCES DE C. MERCIER DU PATY EN DEUXIÈMES NOCES DE N. R. JOUBERT

NÉE A AUTEUIL LE 25 MARS 1800 ET DÉCÉDÉE A PARIS LE 6 FÉVRIER 1880

Sur cette froide pierre en vain le regard tombe.
O vertu son aspect est plus fort que la tombe
Et plus évident que la mort.

LAMARTINE.

A la fois médecin, homme de lettres et philosophe, CABANIS est né à Cosnac, près Brive, comme en té

(1) Nous extrayons cet article sur le tombeau de la famille Cabanis (immatriculé C. 26), au cimetière d'Auteuil, de l'Historique que M. Georges Bertin va publier sur ce cimetière. Les lignes qu'il veut bien nous communiquer ont leur place tout indiquée dans notre Bulletin, où ont paru déjà plusieurs études sur le médecin philosophe : Cf. Docteur François Labrousse, Quelques noles sur un médecin philosophe, P.-J.-G. Cabanis (1903), et Docteur G. Hervé, Un transformiste oublié, P.-J.-Cabanis (1905).

Ajoutons que l'ouvrage de M. Georges Bertin contient encore une autre notice sur un tombeau d'une famille limousine, la famille Champseix (pp. 53-54), qui repose aussi à Auteuil. M Champseix, sous le pseudonyme d'André-Léo, a écrit un volume connu de Légendes Corréziennes.

moigne son acte de baptème, conservé au greffe du Tribunal civil de la Sous-Préfecture de la Corrèze :

<< Pierre-Jean-Georges Cabanis, fils de Monsieur Cabanis, bourgeois, et de demoiselle Marie-Hélène d'Escarole de Souleyrac, son épouse, demeurant actuellement au lieu de Salagnac et habitants de la ville de Brive, né le cinq du mois de juin mil sept cent cinquante-sept, a été baptisé par nous, curé soussigné, en l'église paroissiale de Cosnac. A été parrain, M Jean-Georges Loïs, avocat au parlement de la ville de Sarlat, en Périgord, au nom et place duquel a tenu sur les fonts baptismaux Me Pierre Conchard de Vermeil, aussi avocat, habitant de la ville de Brive, et marraine, demoiselle Françoise de Cabanis, épouse de sieur Antoine de Bosredon, lieutenant de la juridiction de Varetz et y habitant, ladite marraine tante maternelle du baptisé... ».

Dès sa plus tendre enfance, Cabanis montra une grande indépendance de caractère et une volonté peu commune. Il commença ses études chez les Doctrinaires de Brive; mais, à peine âgé de quatorze ans, il ne pouvait plus se plier à leur discipline et son père dut l'envoyer à Paris pour y achever son éducation. Rappelé par ses parents au bout de deux ans, notre jeune Corrézien ne revint pas au foyer paternel, mais préféra suivre à Varsovie, en qualité de secrétaire, le prince Massalski, évêque de Wilna (1). Brouillé peu après avec son nouveau maître, Cabanis regagna Paris et Brive, puis revint à Paris pour s'adonner à

(1) Mort pendu à Varsovie, le 27 juin 1794.

l'étude des lettres. Il abandonna bientôt après les lettres pour commencer la médecine. Placé sous la direction du célèbre Dubreuil, Cabanis eut l'heureuse fortune de recevoir, durant cinq ans, les conseils éclairés de cet illustre maître.

Contraint par une santé débile et la surexcitation de ses nerfs à vivre à la campagne, le jeune Cabanis jeta son dévolu sur Auteuil et s'y fixa. C'est à Auteuil qu'il se lia avec Mme Helvétius et la plupart des hommes remarquables qui fréquentaient le salon de cette femme supérieure, tels que Benjamin Franklin, qui lui légua son épée, Daunou, Condorcet, l'abbé La Roche, Destutt de Tracy, Volney, Garat, Laromiguière, Ginguené, le poète Roucher et le grand orateur Mirabeau, qu'il soigna, et dont il a retracé les derniers moments dans Le Journal de la maladie et de la mort de Mirabeau.

De son côté, Mme Helvétius se prit d'une telle affection pour le « défenseur des Encyclopédistes >> que, le considérant comme un fils adoptif, elle l'engagea à venir habiter chez elle. A sa mort, Mme Helvé tius lui légua la jouissance de sa maison.

Nommé professeur d'hygiène aux Ecoles normales, en 1796, Cabanis, déjà juré du Tribunal révolutionnaire, fut élu député au Conseil des Cinq Cents, en l'an VI. Malgré son aversion pour les idéologues, Napoléon le nomma sénateur le 3 frimaire an VIII, comte de l'Empire par lettres patentes du 26 avril 1808, membre de la Légion d'honneur (9 vendémiaire an XII) et commandant de l'ordre (25 prairial).

Peu après son entrée à l'Institut, Cabanis s'était

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