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Ordonnance royale (1)

Henri, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, A nos amės et féaux conseillers les trésoriers de France et généraux de nos finances etably à Limoges,

Nous, suivant l'arrêt cy-attaché sous le contre-scel de notre chancellerie ce jourd'hui donné en notre Conseil,

Sur la requête présentée en iceluy par nos bien amés les consuls, manants et habitants de la ville de Brive, capitale du Bas-Limousin,

Vous mandons et enjoignons que, par les élus en l'élection dudit Brive, faites asseoir, imposer et lever en la présente année, sur tous les contribuables et cotisables en ladite ville, le fort portant le faible, le plus justement et également que faire se pourra et en la manière accoutumée, la somme de quinze cents livres, et soixante livres à laquelle somme nous avons taxé les fraix de l'obtention des présantes, pour, par ladite somme cueillie et levée ainsy qu'il est accoutumé et mise es mains du receveur de nos tailles en ladite ville et employée aux effets auxquels elle est destinée par notre arrêt et non ailleurs;

A la charge d'en rendre compte par celui qui en fera la recette: Et ou aucuns des cottisės seraient refusant de payer ladite taxe, nous voulons qu'ils y soient contraints par toutes voies dues et raisonnables comme pour nos propres deniers; pourvu toutes fois que la levée de nos deniers n'y soit autrement retardée ny diminuée.

De ce faire nous avons donné pouvoir commission et mandement spécial.

Mandons à tous qu'il appartiendra à vous obéir en ce faisant et au premier notre huissier ou sergent sur ce requis, faire pour l'exécution des présentes toutes contraintes requises et nécessaires, car tel est nostre plaisir.

Donné à Paris le 24 jour d'avril, l'an de grâce 1610, de notre règne le 21°.

Signé Par le Roy en son Conseil, BAUDOUYN et scellé.

(1) Archives de la ville de Brive, EE 1.

Ordonnance des trésoriers de France au bureau
de Limoges (1)

Les trésoriers généraux de France à Limoges, aux président, lieutenant, élus et contrôleurs des tailles en l'élection de Brive, salut.

Vu par nous l'arrêt du Conseil d'État du roy du vingt quatriesme avril dernier signé Baudouyn et commission par iceluy à nous adressant, des susdits jour et an, signé par le Roy en son Conseil, Baudouyn,

Par lequel Sa Majesté nous mande que, par vous nous ayons à faire asseoir, imposer et lever la présente année, sur tous les contribuables et cotisables en la ville de Brive, la comme de quinze cents livres et soixante livres pour les frais d'obtention des susdit arrêt et commission,

Pour être ladite somme cueillie et levée, mise ès mains du receveur des tailles en ladite élection et employée aux réparations des murailles de ladite ville, comme il est porté par le procès-verbal de la visite d'icelles et consentement des consuls et habitants des onze et douze mars dernier, comme il est plus au long porté par ledit arrêt et commission, suivant lesquels nous vous mandons et ordonnons la faire asseoir et imposer sur les manants et habitants de ladite ville de Brive, ladite somme de quinze cents livres d'un côté et soixante livres l'autre, ensemble la somme de dix livres pour les droits du sieur de Maupte (?) l'un de nous,

Revevant les dites sommes à celle de quinze cent soixante dix livres, laquelle vous fairès cueillir et lever par les collec teurs des tailles de ladite ville dans les trois quartiers de la présante année pour être mise ès main du receveur des tailles et employée aux réparations desdites murailles,

A la charge d'en rendre compte pardevant nous et que les deniers du Roy n'en soient pas retardés.

Ce faisant, contraindre les cotisés au paiement de ladite. taxe comme pour deniers royaux.

Fait au bureau des finances, à Limoges, le 22 mai 1610.

(1) Archives de la ville de Brive, EE 1.

A PROPOS D'UN VIEIL ACTE DE BAPTÊME

Un des anciens registres de la paroisse Saint-Martin de Brive contient l'acte ci-après transcrit :

« Marc-François-Charle-Jean de Salès fils naturel et légi« time à messire François de Salès chevailler de l'ordre royal et militaire de St Louis cydevant capitaine au régi«ment des dragons de la Reine et à dame Suzanne de « Guibert ses père et mère habits de la ville de Brive y est «< né le vingt huit du mois de septembre mil sept cent

soixante trois et a été baptizé le même jour dans la mai« son paternelle à cause du danger de mort par nous soussigni Guilhaume de Gilibert prieur commendataire de << Muzi chanoine curé de Brive: a été porté à l'église pour « supléer aux cérémonies de sacrement de baptême le second « du mois de décembre de la même année. A été parain « Marc-Pierre Devoyer du Poulmy comte d'Argenson mi«nistre d'État grand croix de l'ordre Royal et militaire de «St Louis qui a adressé procuration pour tenir à sa place à << messire Charle de St Viance chevailler mousquetaire de << la seconde compagnie de la garde du roy, et maraine dame Charlote Huguet de Semonville comtesse d'Estrade « qui a donné sa procuration à demoiselle Jeanne-Marie de « Salės damoiselle cousine germaine au d. baptisé qui ont signés avec nous et nombre de parents et amys qui ont assistés au d. baptême.

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« De Sales St Viance Guibert de Salès mère au baptisé le chev' de Chateauvert commandeur de St Georges de Gili«bert Ernault de Brusly Damelin de la Salle du Saillant Sapientis Lavarde La Bachelerie Dubois de la Chabroulie de Guibert Lasterrie du Saillant Merigonde St Hilaire

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«Roche Laroche S Hilaire de Gilibert prévôt général de « Marsac Puymaiga Maleden de Labastille de Corn la Cha«broulie Maillard Lanier de Lavalette Milhiac La Bache«lerie de Bedoch de la Salle S' Bon Gilibert prieur com« mendataire de Muzi, chanoine curé de Brive de Salės, oncle paternel du baptisé pour avoir fait le baptème à la prière et du consentement de Mr le Curé. »

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A divers points de vue, cet acte mérite de retenir l'attention.

Il convient d'abord de le rapprocher d'un passage assez curieux des Mémoires de Marmontel, édition de 1804, tome II, qui se rapporte è la fois au parrain et à la marraine (1), et sur la portée duquel certaines réserves sont faites, bien entendu, étant donné l'esprit mordant de son

auteur :

Le médecin Quesnay, d'après ce que rappelle Marmontel, avait été placé auprès de la marquise de Pompadour par le vieux duc de Villeroy «<et par une comtesse d'Estrades, amie et complaisante de Mme d'Etioles (2) qui, ne croyant pas réchauffer un serpent dans son sein, l'avait tirée de la misère et amenée à la Cour. Quesnay était donc attaché à Mm d'Estrades par la reconnaissance, lorsque cette intrigante abandonna sa bienfaitrice pour se livrer au comte d'Argenson et conspirer avec lui contre elle.

Il est difficile de concevoir qu'une aussi vilaine femme, dans tous les sens, eût malgré la laideur de son âme et de sa figure, séduit un homme du caractère, de l'esprit et de l'âge de M. d'Argenson. Mais elle avait à ses yeux le mérite de lui sacrifier une personne à qui elle devait tout et d'être, pour l'amour de lui, la plus ingrate des créatures.

(1) Charlotte Huguet de Semonville, dame d'atours de Mmes de France, filles du roi Louis XV, avait épousé Charles Jean, comte d'Estrades, qui fut tué à Dettingen sur le Mein le 19 juillet 1743).

(La Chenaye Desbois, 2me édition, tome VI.) (2) Jeanne-Antoinette Poisson, qui devint marquise de Pompadour, avait épousé le fermier-général Lenormand d'Étioles. C'est donc la même personne que Marmontel appelle tantôt Mme d'Étioles et tantôt Mme de Pompadour.

Cependant Quesnay, sans s'émouvoir de ces passions enne. mies, était, d'un côté, l'incorruptible serviteur de Mme de Pompadour, et, de l'autre, le fidèle obligé de Mme d'Estrades, laquelle répondait de lui à M. d'Argenson; et quoique, sans mystère, il allât les voir quelquefois, Mme de Pompadour n'en avait aucune inquiétude. De leur côté, ils avaient en lui autant de confiance que s'il n'avait tenu, par aucun lien, à Me de Pompadour.

Or, voici ce qu'après l'exil de M. d'Argenson, me raconta Dubois qui avait été son secrétaire. C'est lui-même qui va parler; son récit m'est présent, et vous pouvez croire l'entendre.

Pour supplanter Mme de Pompadour, me dit-il, M. d'Argenson et Mme d'Estrades avaient fait inspirer au roi le désir d'avoir les faveurs de la jeune et belle Me de Choiseul, femme du Menin. L'intrigue avait fait des progrès; elle en était au dénouement. Le rendez-vous était donné; la jeune dame y était allée; elle y était dans le moment même où M. d'Argenson, Mme d'Estrades, Quesnay et moi, nous étions ensemble dans le cabinet du ministre. Nous deux, témoins muets, mais M. d'Argenson et Mme d'Estrades très occupés, très inquiets de ce qui se serait passé. Après une assez longue attente, arrive Mme de Choiseul, échevelée et dans le désordre qui était la marque de son triomphe. Mme d'Estrades court au devant d'elle, les bras ouverts, et lui demande si c'en est fait. « Oui, c'en est fait, répondit-elle, je suis aimée; il est heureux; elle va être renvoyée; il m'en a donné sa parole. » A ces mots, ce fut un grand éclat de joie dans le cabinet. Quesnay scul ne fut point ému. « Docteur, lui dit M. d'Argenson, rien ne change pour vous, et nous espérons bien que vous nous resterez. Moi, Monsieur le comte, répondit froidement Quesnay en se levant, j'ai été attaché à Mme de Pompadour dans sa prospérité, je le serai dans sa disgrâce. » Et il s'en alla sur-le-champ. Nous restâmes pétrifiés, mais on ne prit de lui aucune méfiance. « Je le connais, dit Mme d'Estrades, il n'est pas homme à nous trahir. » Et en effet, ce ne fut point par lui que le secret fut

T. XXX.

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