D'autres résultats ont trait à la mesure des vitesses de surface entre les différents ponts. Parmi les ponts que nous avons considérés, un certain nombre ont été pour nous l'objet d'observations de détail prolongées; nous en avons étudié séparément les différentes piles ainsi que les effets qu'elles provoquent ; et nous nous sommes préoccupés d'obtenir des mesures correspondant aux différentes arches, de façon à caractériser le mieux possible le régime du cours d'eau. Pour d'autres, au contraire, et c'est le cas d'un certain nombre de ponts métalliques à une seule travée, nous nous sommes bornés à faire des mesures de vitesses aux abords qui constituaient, dans ces cas particuliers, la seule constatation intéressante. Les ouvrages de cette espèce n'opposent, en effet, au courant du fleuve qu'un obstacle presque nul; et l'on ne saurait à proprement parler qualifier de remous les phénomènes insignifiants qui se produisent à la rencontre du plan d'eau et des retombées de l'arc, lorsque celles-ci sont partiellement immergées. Nos études n'ont pu commencer que le 4 février; et elles se sont terminées le 20 février. C'est dire, le maximum de la crue ayant été atteint à Paris le 28 janvier, que les phénomènes contemporains du maximum ont échappé à nos recherches. C'est évidemment là une lacune; mais il n'est peut-être pas nécessaire d'y attacher beaucoup d'importance. Nos études ultérieures, en effet, nous ont montré que les phénomènes de remous et de dénivellation aux abords d'un pont sont d'autant moins prononcées et moins visibles superficiellement que ce pont est plus près d'être noyé et qu'ils disparaissent complètement dès que le pont est aveuglė. Nous avons pu contrôler nos observations sur ce point en nous reportant à des photographies datant des derniers jours de janvier. Grâce à elles, il est facile de constater que tout le phénomène se réduisait à l'amont (notamment au Pont au Change et au Pont de l'Alma), à un gonflement de largeur variable et de 0,05 à 0m,10 de hauteur devant toute la largeur des piles et à la formation d'une crète écumeuse qui retombait en amont devant les arches aveuglées. Celles-ci fonctionnaient comme des conduites forcées ou comme des siphons. Avec des arches partiellement libres, le phénomène était plus intéressant; et la masse d'eau qui s'y engouffrait et qui paraissait formée d'un seul bloc, surtout quand il s'agissait d'arches étroites, présentait une surface qui allait s'abaissant de part et d'autre jusqu'au milieu de l'arche, pour se relever à partir des épaulements des piles et des culées. Ce caractère ressortait bien net pour le Pont de l'Archevêché et pour l'arche centrale du Pont au Change.. A l'aval, les phénomènes étaient presque nuls et se bornaient à la présence de surfaces d'eau morte au droit de chaque pile et de surfaces de régime troublé avec petites vagues, au droit de chaque arche (Pont Notre-Dame et Pont-Neuf sur le petit bras de la Seine). A l'époque où nous avons opéré, au contraire, et qui, comme nous allons le dire, appartenait encore à un régime de crues très exceptionnel, nous avons pu observer des phénomènes bien nets, d'autant plus nets que la baisse du fleuve s'accentuait, au moins jusqu'à une certaine limite. Grâce à une succession tout à fait rare des crues des divers affluents, nous avons pu faire toutes nos observations à des niveaux en somme peu différents. C'est ainsi qu'en rapportant les cotes à l'échelle du Pont-Royal que nous avons prise comme repère dans toute cette étude, nous n'avons jamais constaté plus de 1,05 de variation et le niveau a constamment oscillé entre 6,50 et 5, 15 comme limites extrêmes. C'est ce qu'indique le tableau suivant où nous avons réuni quelques lectures faites simultanément au Pont Royal et au Pont de la Tournelle et quelques indications sur les variations de la pente superficielle kilométrique entre ces ponts et sur celles du niveau du fleuve. La cote normale au Pont Royal oscille autour de 27,52; nos recherches ont donc bien porté sur une suite d'états singuliers, d'ailleurs tous comparables entre eux dans les limites de niveau que nous venons de rappeler. DATES du Le zéro de l'échelle au Pont Royal est à l'altitude 24,52 (nivel lement Bourdaloue). MOIS DE FÉVRIER Notre classification est fondée sur la forme des avant-becs des piles (la même dans Paris que celle des arrière-becs, pour un même. ouvrage) et comprend trois types rectangulaire, triangulaire, circulaire. La première catégorie est un peu artificielle, car, à vrai dire, il n'existe pas à Paris de ponts à piles rectangulaires, mais à l'époque de nos observations, deux ouvrages : le Pont du Carrousel et le Pont de Solférino, avaient leurs piles circulaires noyées au-dessus du chaperon et c'étaient les massifs rectangulaires qui les surmontent que rencontraient les courants de surfaces; ces massifs jouaient donc vraiment le rôle de piles rectangulaires vis-à-vis d'observations de surface, et l'assimilation semble légitime. En regard de chaque observation, nous en avons indiqué la date et l'heure ainsi que la cote correspondante du niveau de la Seine (nivellement Bourdaloue) à l'échelle du Pont Royal. Il nous est arrivé parfois, en effectuant pour un pont des observations générales, communes à tous les autres, d'être témoins de phénomènes spéciaux qui ne se retrouvaient pas ailleurs; nous les avons signalés au passage, nous réservant d'y revenir ultérieurement avec plus de détails. Le cas s'est présenté notamment pour les ressauts d'aval observés aux ponts de Grenelle et d'Iéna et pour le curieux phénomène oscillatoire du Pont Notre-Dame, dont nous donnons quelques croquis et photographies. OBSERVATIONS DES VITESSES. Nous donnons sous forme de tableau, avec indication des dates d'observation, les résultats de nos mesures; nous avons eru devoir classer ces mesures en deux groupes distincts correspondant à deux séries d'états du fleuve. Les chiffres indiqués sont relatifs aux vitesses superficielles en amont et en aval des ouvrages; nous donnons en outre, sous toutes réserves quelques chiffres de vitesse superficielle sous certains ponts; mais le manque de précision de nos méthodes de mesures particulièrement sensible pour un passage si court ne nous permet pas d'en déterminer ie degré d'exactitude. 1o Vitesse superficielle aux environs de la cote 6,50 au Pont Royal Tournelle... 9 Février 5,70 30,22 30,98 13,80 205 307 >>> 1,72 Arts. A 5,70 30,22 30,80 11 300 1,57 5,70 30,08 16 307 330 1,73 5,56 30,08 20 Sts-Pères.. A EXPOSÉ DES OBSERVATIONS Premier groupe. Ponts à avant-becs rectangulaires. Pont du Carrousel: 4 fév. 1910, 3 h. soir, h = 31,02 Pont de Solferino: 9 fév. 1910, 11 h. matin, h = 30,22. Nous avons expliqué plus haut l'assimilation que nous avons cru devoir faire : nous n'y reviendrons pas. 1° Pont du Carrousel. Devant le massif rectangulaire qui prolonge la pile se produit un bourrelet de 0,10 à 0,15, sensiblement elliptique, mais dont l'épanouissement ne dépasse guère la largeur de la pile et se fond ensuite dans le courant général sous l'arche. A l'épaulement se produit une brusque dénivellation du fait de la formation de deux tourbillons dont la présence est un phénomène |