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HISTOIRE

DU

CANAL DE LANGUEDOC.

CHAPITRE PREMIER.

A quelle époque a pu être formé un plan de jonction des deux mers dans le midi de la

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présenté à Colbert en 1662.

Commis

saires nommés par le Roi et les États de Languedoc pour l'examen de ce projet. Procès-verbal des Commissaires. Offre de Riquet de faire à ses dépens une rigole d'essai. -Succès de cet essai.

LA France est resserrée au pied des Pyrénées entre la Méditerranée et l'Océan : son extrémité méridionale forme un isthme entre ces deux mers. Cet isthme est coupé dans sa longueur par un grand fleuve, qui descend

Le vœu de tous les hommes éclairés appelait

qu'un amas de ruines eniâssee, au hasard.

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et NAJAC.

des Pyrénées et coule vers l'Océan. Une rivière moins considérable, l'Aude, sortant des mêmes montagnes, se jette dans la Méditerranée, et ces deux rivières se rapprochent dans leurs cours, assez pour ne laisser entre elles qu'une distance de quatorze lieues. Il eût suffi de former entre elles un Canal de communication pour joindre les deux mers. Cette idée est si simple, qu'elle a dû se présenter à tous les Gouvernemens qui ont régi l'isthme entier.

C'est sous l'empire d'Auguste que toutes les parties de l'isthme furent, pour la première fois, unies sous une même domination. Agrippa s'occupa de tracer des routes, de creuser des ports, et de vivifier le commerce dans ce côté de l'isthme, qui depuis a été désigné sous le nom de Languedoc. S'il n'entreprit point d'opérer la jonction des deux mers, c'est que l'Océan n'offroit encore aucun commerce ses bords n'étoient fréquentés que par des pêcheurs; un Canal entre la Garonne et l'Aude, n'eût été que d'une utilité médiocre, et le foible produit d'un commerce d'échange entre deux provinces limitrophes n'eût point couvert les frais de l'entreprise.

Dans le cinquième siècle, l'invasion des barbares divisa la possession de l'isthme entre deux peuples différens. Ensuite le partage usité entre les princes de la première race, donna des souverains particuliers à l'Aquitaine, tandis que la Septimanie demeura sous la puissance des rois de France. Lorsque enfin toutes les parties de ce grand Etat furent réunies sous l'empire de Charlemagne, prince auroit pu sans doute concevoir l'idée de joindre les deux mers. Mais malgré les conjectures de quelques historiens modernes, deux circonstances durent l'empêcher de songer à l'exécution de ce projet. D'un côté, l'Aquitaine, dernier patrimoine des Mérovingiens, ne fut jamais paisiblement soumise au chef de la nouvelle dynastie; de l'autre, les Normands infestoient déjà les bords de l'Océan, et cherchoient à pénétrer, par les rivières, dans l'intérieur des Etats. C'eût été leur ouvrir une route dans le centre de l'Europe, que de tracer un Canal de l'Océan à la Méditerranée : maîtres de passer d'une mer dans l'autre, ils eussent subjugué le Midi.

Sous la troisième race de nos rois, l'Aquitaine et le Languedoc formèrent encore deux

membres, pris dans sa famille, devoient entretenir et perfectionner ce grand ouvrage. Ils ont rempli, pendant plus de cent trente ans, les devoirs qui leur avoient été tracés par l'inventeur du Canal; et s'ils n'ont pas mérité les mêmes éloges que lui, ils ont du moins imité fidèlement son dévouement au bien public.

C'est à retracer ce double mérite de Riquet, que cet écrit est destiné. Sa mémoire a été vivement attaquée dans un Livre que le nom de son auteur ne nous permet pas de laisser sans réponse. M. Andréossy, Général d'artillerie, grand Officier de la Légion d'honneur et membre de l'Institut d'Egypte, en publiant une Histoire du Canal du Midi, s'est proposé de démontrer que Riquet n'en étoit point l'inventeur; et qu'il avoit, par son crédit, usurpé une gloire qui appartenoit

à un autre. Le seul moyen d'éclaircir une semblable question, est de constater les faits. Nous allons donc composer une Histoire du Canal de Languedoc, non avec des conjectures et des probabilités, mais avec les pièces originales conservées soit à la Bibliothèque impériale, soit aux archives du Canal.

Lorsque Tacite écrivoit la vie de son beau-père, il espéroit trouver dans (1) sa piété filiale, ou sa recommandation, ou son excuse. Pour nous, n'ayant ni ses talens, ni un sujet égal au sien, nous ne chercherons dans le même sentiment que l'excuse' de notre entreprise; et lorsqu'une agression que nous étions loin de prévoir, nous oblige d'entretenir le public d'un simple particulier, la mémoire de ce qu'il

(1) Aut laudatus, aut excusatus erit.

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