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>> prévoient ce qu'ils ont à faire assez à temps, » pour que les moyens en soient préparés » d'avance. Il écoutera et jugera définitive>>ment toutes les plaintes; accordera aux » riverains leurs justes demandes, évitant >> tout procès, et signant tout de suite les >> accords sur les discussions, afin qu'elles >> soient décidées sans retour.

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>> Les considérations morales influent aussi >> beaucoup sur une pareille administration; » la régie doit être la plus nerveuse et la plus >> absolue que l'on puisse imaginer; mais >> comme l'autorité absolue ne se soutient » que lorsqu'elle est accompagnée d'une jus>> tice exacte et précise, que cette forme porte » à l'extrême du bien ou du mal, selon que » le chef est juste ou injuste, il faut que

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o propriétaires, ainsi que le directeur-géné» ral, et les autres directeurs, soient d'une équité parfaite. Les réprimandes et les pu»nitions sévères sans humeur sont les >> moyens de contenir ceux qui se négligent; » de même que les louanges et les récom» penses accordées sur le champ excitent l'ac» tion des hommes en général et doublent » celle des gens actifs. Il ne faut point, de » profusion dans les bienfaits; mais il faut

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>> en augmenter le prix par les formes agréa» bles dont ils peuvent être susceptibles.

>> Dans cette régie, comme dans toute » autre, les règles doivent être écrites et si » claires, qu'elles puissent servir de condam» nation à ceux qui s'en écartent.

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>> Tout employé qui se conduit bien doit » être l'ami des propriétaires; ses besoins, » ses malheurs, ses enfans, doivent les occu>> per; ils ne doivent rien épargner pour » leur tranquilliser l'esprit ; car on ne peut » remplir des devoirs de cette importance, si » l'on a des chagrins qui donnent des dis

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>tractions.

» C'est à tenir les employés dans le calme » heureux qui laisse à l'esprit toutes ses » facultés, que les propriétaires doivent » s'attacher. Leur douceur, ainsi que leur » attention à prévenir la timidité qui n'ose » se plaindre et à pénétrer les besoins, sont » des moyens de captiver des coeurs honnêtes, » et à tenir l'intérêt des employés réuni à >> celui des propriétaires, 'pour la conserva>>tion de ce grand et important ouvrage ».

C'est d'après ces principes, que les propriétaires du Canal s'attachoient à perpétuer les emplois de leur administration dans les

familles des premiers employés. Suivant la remarque de l'historien du Canal du Midi, ils avoient étendu ce systême d'hérédité jusqu'aux fonctions des entrepreneurs et des éclusiers. C'est ainsi que les familles des employés se regardoient comme associées à l'entreprise du Canal, et y portoient le zèle d'un intérêt permanent et héréditaire.

Le choix des divers directeurs-généraux (1) compose une liste où l'on ne trouve que des talens reconnus et des services honorables. Ce tableau n'est pas ce qui honore le moins l'administration du Canal. Les propriétaires, jaloux de perpétuer la génération des talens, avoient institué en 1760 une école particulièrement destinée à former des ingénieurs

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l'intérêt particulier d'une famille propriétaire, est le meilleur garant de l'intérêt général. Aussi les propriétaires du Canal avoient-ils rejeté le mode des adjudications au rabais. Ils s'attachoient, dans l'exécution des travaux, non à se procurer le meilleur marché, mais à donner le plus de perfection possible aux ouvrages. Une attention suivie à l'entretien journalier, évitoit quelquefois de grands accidens; mais s'il en survenoit d'extraordinaires, la meilleure économie aux yeux des propriétaires étoit de payer davantage, afin d'unir à la fois une plus grande célérité à une meilleure exécution. Ce n'étoit pas assez de réparer les désastres imprévus, il falloit prévenir ceux qui paroissoient simplement possibles. Des administrateurs publics seroient taxés d'une prévoyance chimérique, s'ils demandoient des fonds pour prévenir un danger incertain. Mais les propriétaires du Canal étoient conduits par l'honneur et l'intérêt, à faire souvent une dépense considérable pour prévenir un malheur regardé comme probable, quoique dans un grand éloignement.

C'est d'après le même systême qu'ils avoient formé une régie pour rassembler d'avance

les matériaux les plus nécessaires à la solidité des ouvrages. Elle avoit à Castelnaudary un entrepôt de tous les bois destinés aux constructions exigées par le Canal. Les avantages qui en résultoient avoient fait naître l'idée d'en former de semblables pour les pierres, soit à Trèbes, soit à Agde. A Trèbes, ce magasin se seroit rempli en élargissant la partie du Canal qui est creusée dans le roc, et dont la voie est trop étroite. A Agde, l'exploita tion des carrières voisines eût été dirigée de manière à ouvrir au Canal un débouché dans la rade de Brescou.

Les propriétaires du Canal s'étoient pres crit, dans leur administration, des règles générales dont ils ne s'écartoient jamais. Elles ont été tracées par l'un d'eux (1), dans un mémoire qui a été imprimé dans l'Histoire des Canaux navigables; nous en rapporterons ici un fragment.

<< Lorsque les propriétaires du Canal feront » leurs tournées, ils seront accompagnés du >> directeur-général et du contrôleur-général,

(1) M. de Caraman, lieutenant-général et commandant en Provence, principal propriétaire qui a administré pendant trente ans cette grande régie,

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