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NOUVELLES ADDITIONS ET CORRECTIONS

SUIVIES DE LA TABLE GÉNÉRALE

A la page 98, nous avons dit, au sujet du proviseur Richard Barbe, que nous ne connaissions rien de lui, pas même son diocèse d'origine. Or, depuis l'impression de notre travail, a paru le second volume du magnifique Chartularium Universitatis Parisiensis, et nous y puisons, sur ce point, d'utiles renseignements que son savant auteur vient d'ailleurs de nous signaler dans le bienveillant compte rendu dont il nous a honoré au Bulletin critique1. Nous apprenons ainsi que Richard Barbe était du diocèse de Rouen, maître és-arts de la Nation de Normandie, avant 1342, et qu'à cette date il se trouvait à Avignon au nombre des dix messagers de l'Université de Paris qui sollicitaient du pape Clément VI la collation de certains bénéfices ecclésiastiques dès qu'ils viendraient à vaquer. C'est ce que l'on appelait des survivances expectatives. Nous voyons aussi que Richard Barbe étudia la théologie avec succès et fut pourvu d'un canonicat, car il est qualifie bachelier en théologie et chanoine de Beauvais, dans plusieurs documents cités par le P. Denifle, à une époque où Barbe n'était pas encore proviseur du collège d'HARCOURT 2. Ce canonicat est peut-être le bénéfice qu'il avait demandé au pape. Richard Barbe fut même docteur en théologie et prit part, à ce titre, à certaines controverses Scotistes soulevées de son temps sur la volonté divine. Duplessis d'Argentré, dans sa Collectio judiciorum de novis erroribus, mentionne, en effet, ses opinions à la date de 1360, hic Parisiensis doctor ita dicebat circa annum 13603.

Au bas de la page 202, une phrase incomplete semble dire que Calvin fut contemporain d'Érasme et de Rabelais au collège de MONTAIGU, alors qu'Érasme l'avait quitté en 1497, trente ans avant que Calvin y parût et que Rabelais n'y vint jamais. Pour respecter la vérité des faits, il faut lire que Calvin « avait été élevé à MONTAIGU et se distingua par ses écrits presqu'en même temps qu'Érasme et Rabelais. On sait en effet que les Colloques d'Érasme, dont nous parlons à la page 184, sont de 1528, que le roman rabelaisien est antėrieur à 1533, et que l'Institution chrétienne parut en 1535.

A la page 209, ligne 23, ajoutons que Nicolas Maillard fut aussi proviseur d'un autre collège normand, voisin et mitoyen du collège d'HARCOURT, celui de JUSTICE, dont nous nous proposons de raconter un jour l'histoire. (V. Arch. nat. M. 137.)

1. Bulletin critique, no du 1er février 1892.

2. Chartularium Universitatis Parisiensis, auct. Denifle et Chatelain, t. II, p. 528 et 529, note 8.

3. D. d'Argentré, coll. jud., t. I, p. 334-335.

HARCOURT-SAINT-LOUIS.

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A la page 215, ligne 31, au lieu de 1665, il faut lire 1565.

Mentionnons au XVIIe siècle, sous le provisorat de Pierre Padet, chapitre V, plusieurs thèses de philosophie soutenues au COLLEGE D'HARCOURT: le 1er août 1638, celles de Jean-Baptiste Pellot, de Lyon, dédiées au cardinal de Richelieu; le 15 juillet 1640, celles de Charles de Sévigné-Monmoron, de Rennes, dédiées également au cardinal de Richelieu; le 3 septembre 1662, celles de Louis le Blay de Quesnay, de Normandie; le 26 août 1663, celles de Henri Louis Barrin de la Galissonnière, de Bourges, sous la présidence du professeur des Auberis; en 1661, celles de Renart de Fuchsamberg, sous la présidence du professeur Noël.

Le 2 mai 1663, François Guenon, de Coutances, soutenait aussi ses thèses de théologie au collège d'HARCOURT, in aula Harcuriana. (V. Bibl. de la Sorbon. Arm. IV. 20; V. 14. 16, et Revue des bibliothèques, août, septembre, octobre 1891.)

A la page 352, ligne 31, nous rappelons que B. Grenan, professeur de rhétorique au collège d'HARCOURT, prononça l'oraison funèbre de Louis XIV, dans l'église de la SORBONNE. Nous avons retrouvé le mandement du Recteur Demontempuys, qui invitait l'Université de Paris à cette solennité, le 11 décembre 1715, et il n'est pas sans intérêt de le transcrire ici à titre de document.

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Mandatum Rectoris. UNIVERSITAS PARISIENSIS nunquam peni«tius meminit se a Regibus suis conditam et institutam fuisse, quam « ubi aliquod laudis aut pietatis obsequium optimis suis Parentibus præstandum est. Quandonam vero hujus utriusque officii justior <«< fuit necessitas quam in præsenti Ludovici XIV obitu? Multam « enim vero laudem et sibi et toti Galliæ accivit ille Princeps vere Magnus sed ea quæ magna et laudabilia nobis videntur, judicat ipse Deus in justitia et quo Princeps qui regnavit diutius, eo magis timendum habet ne ab eo corripiatur qui Rex est regum et « Dominus dominantium. Quam ob causam, nos Joannes Gabriel Demontempuys, Rector universi studii Parisiensis, mandamus et præcipimus omnibus et singulis ejusdem Universitatis Doctoribus, Magistris, clientibus et administris ut conveniant omnes, ornati, ut « decet, in ædem Deo sacram sub invocatione sanctæ Ursula in Sorbona, die Mercurii undecim decembris, hora sesqui-octava matutina, << æternam christianissimo regi quietem apud Deum adprecaturi. Rem « sacram, pro sua pietate in regem defunctum, suaque in Academiam « nostram benignitate faciet Eminentissimus cardinalis Noaillius, archiepiscopus Parisiensis. Inter sacrum solemne funebrem ora<< tionem habebit vir clarissimus Benignus Grenan, humanitatis pro«fessor in schola Harcuriana. Ad partem tam pii officii invitamus << honestum virum quemque erga Academiam nostram bene animatum. « Solido die sileant scholae.

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« Datum in Ædibus nostris SORBONE-PLESSÆIS, die quarta mensis « decembris anno millesimo septingentesimo decimo quinto. (V. Bib. « Sorb. U. 17, 44.)

C'est à ce recteur Demontempuys, chanoine de Notre-Dame, qu'arriva, en 1726, l'aventure assez piquante, racontée par l'avocat Barbier dans son Journal. Il avait entendu faire un tel éloge de la pièce de Zaïre de Voltaire et du jeu admirable de mademoiselle Gaussin, qu'il voulut en juger par lui-même. Mais, comme il ne convenait pas à un ecclésiastique d'aller à la comédie dans son costume, il eut l'idée bizarre de se déguiser en femme. « Pour cela, dit Barbier, il a trouvé dans un vieux coffre les habits de sa grand' mère manteau, jupe, écharpe et cornettes très hautes, tandis qu'on les porte très basses. Il s'est affublé de ces habits de femme sans songer à l'extravagance de son habillement, par la différence de ceux qui sont d'usage et de mode. Personne ne l'a vu ; il est monté en fiacre et s'est campé aux troisièmes loges, à la Comédie. Des gens ont trouvé cette figure extraordinaire, ont descendu au parterre en ont averti d'autres; enfin, on a regardė mon homme, et les gens du parterre ont fait un tapage de tous les diables, suivant la louable coutume, quand quelque chose déplaît au parterre. L'exempt a su que c'était un homme déguisé en femme; il a monté en haut, il a fait sortir l'homme, il l'a mis en fiacre et l'a conduit chez M. Hérault, lieutenant de police, qui n'était pas alors chez lui. C'est son premier secrétaire qui l'a reçu et qui me l'a dit, jamais homme n'a été plus fàché et plus interdit de la sottise qu'il avait faite. Le secrétaire a prévenu M. Hérault du caractère de cet homme, dont la figure était, dit-on, des plus risibles. On le renvoya chez lui, on lui promit de ne point dire son nom, mais tout Paris l'a su. » (Journal de Barbier, t. Ier, p. 418, éd. Charpentier, 1866). On fit même une chanson de cette équipée, dont le refrain disait :

Question rare et nouvelle

Pour les savants de Paris;
Dira-t-on mademoiselle

Ou monsieur Demontempuys?

De précieux documents qui viennent seulement de nous arriver de Vire nous permettent de compléter et de corriger aussi plusieurs faits concernant le provisorat de Gilles Asselin, chapitre V.

Ainsi la page 393, sur la foi d'un travail de M. Finot, nous avions affirmé, tout en émettant des doutes au sujet de son exactitude (page 378), que G. Asselin n'avait été ordonné prêtre qu'en 1752, à l'âge de 70 ans, afin de pouvoir prendre le grade de docteur en théologie. Or, le diplôme de doctorat de G. Asselin, que nous avons sous les yeux, porte formellement qu'il fut fait docteur le 23 novembre 1720, c'est-à-dire trente-deux ans plus tôt que ne le prétend M. Finot, et à l'âge de 38 ans, au lieu de 70 ans : Magister Thomas Egidius Asselin, Bajocensis, doctoratus gradum seu doctoratum in nostra

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literas pecturis, Decanus & Facultas Sacra Theologia Venera-
bilis Studi Parisiensia, Salutem in co qui est omnium vera salur Cum vnivers fide Catholica culto-
divinæ legia præcepto sint adstricti, ut fulele testimonui perhibeat
res.lam naturali æquitate quam
Veritati:multo magis convenit, ut Magistri Sacre Theologice Professores qui veritatem de divinur
scrutantur, et in ea alios instruint et informant ut sic nec amore vet favore,aut alia quacumque occa
sione, devient à rectitudine veritatis, aut rationis Cum igitur non solum fama referente, sed ipsius rei
evidenta declarante veraciter nobis constet, dilectum nostrum Venerabilum et diferetum virum,
Magiflrum, Thomam ziduum Affeline Presbyterum Bajocentem.-.-.

-vita, moribus et scientia fore multipliciter commendabilem,vdenies quantum nobie in-
cumbit hac in parte veritat testimonium perhibere tenore praesentium noum facimus tam præsenti-
futurice, quod præfatur Maviler Thomas, ridius affelin Bajo censif Doctoralis
bus quam
gradum Leu doctoratum in nostra Facultate praia examinibus rigorosis secundü ejusdem
noftræ Facultatis statuta et confuetadines ligenter præhabitis solemmatibus in talibus afsuretis
tuulabiliter et honorifice est adeptus, die gestão teria novembris anno Domu millesimd
Septingentesimo vsem
-in cujus rei testimonuire sigillar postrum, afen-
Libus literis duximus apponendum. Datum Parisis in nostra Congregatione generale apud Col-
legum Sorbonce salemniter celebrata anno Domini millesimo Septinguite smo vigelimo primo
The fecunda januarii.

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Diplôme de doctorat en théologie du proviseur Asselin.

A

facultate.... laudabiliter et honorifice est adeptus die vigesima tertia novembris anno Domini millesimo septingentesimo vigesimo1. propos des affaires du JANSENISME, dont nous parlons à la page 387, nous devons rappeler que le collège d'HARCOURT devint un instant suspect au gouvernement sous le provisorat de G. Asselin. Une lettre du cardinal de Fleury qui lui est adressée, nous apprend qu'il fut obligé d'expulser certains précepteurs demeurant au collège avec leurs élèves, que l'on accusait de trop aimer PORT-ROYAL. Voici cette lettre intéressante à plus d'un point de vue :

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« A Rambouillet, le 28 avril 1733. »

« Vous pouvez vous souvenir, Monsieur, que je vous parlay il y a environ un mois d'un grand nombre de mauvais précepteurs qui << sont dans votre collège, et je suis par malheur encore plus confirmé aujourd'huy dans cette opinion que je ne l'estais alors. Je scay avec «< certitude par des témoignages indubitables que les sieurs François, « Lenard et Racine ont conduit plusieurs fois des gens du monde et « de toute profession sur les ruines du PORT-ROYAL-DES-CHAMPS, qu'ils ont enlevé des ossements du cimetière avec la terre et qu'ils « ont approuvé des convulsionnaires qui y ont donné des scenes tres indécentes. Ces trois hommes ne sont pas les seuls de votre collège, a et il y en a encore plusieurs autres, mais dont on n'a pu me dire « les noms. Vous les connoitrez seurement si vous vous donnez quelques << soins pour approfondir leur conduite, et je puis vous assurer que les « Jansenistes regardent votre college comme un azile pour eux. Je suis bien éloigné d'avoir le plus léger soupçon sur vos sentiments, et je n'ay aucune inquiétude sur ce que vous pensez personnellement. Mais vous estes rempli de douceur, de bonté et vous aimez la paix. S'il « falloit l'achepter au prix du mal qu'ils peuvent faire parmi votre jeunesse, ce serait non seulement une fausse paix, mais elle entraineroit encore les suites les plus facheuses. Je vous prie donc « instamment de vous défaire de ces trois précepteurs, et de ceux qui « pensent comme eux. Si les parents de leurs écoliers, n'y veulent pas «< consentir, il vaut encore mieux les prier de se retirer car il est « certain que le mal gagneroit et que votre college se gateroit entié«rement et sans ressource; personne au monde ne scait que je vous << en écris et je vous laisse conduire tout avec votre prudence ordi<< naire. Vous connoissez, Monsieur, l'estime particulière que j'ay pour « CARD. DE FLEURY.

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Dans un registre de comptes de 1762, sous le provisorat de M. Asselin, nous retrouvons encore des noms d'élèves distingués qui prouvent que l'aristocratie était largement représentée au collège d'HARCOURT: D'Andigné, d'Argouges d'Asnebecq, d'Arsilly, d'Aubigny, de la Buissonnière, Bonnet de Chamblin, de Bethune, de Boufflers,

1. Voir ci-contre la reproduction de ce diplôme.

2. On sait que le cardinal de Fleury fut élève du collège d'HARCOURT. v. p. 309.

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