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48.202

INTRODUCTION.

DE L'ORIGINE DE L'UNIVERSITÉ DE FRANCE,
DE SA CONSTITUTION ET DE SON OBJET.

BONAPARTE passait à Turin. Un jour qu'il parcourait le palais de l'université fondée en 1771 par CharlesEmmanuel III, il se fit représenter les statuts qui régissaient cette institution. Il y vit quelque chose de grand et de fort qui le frappa. Cette grave autorité qui, sous le nom de magistrat de la réforme, gouvernait tout le corps enseignant; ce corps lui-même, uni par des doctrines communes et librement soumis à des obligations purement civiles qui le consacraient à l'instruction de la jeunesse comme à l'un des principaux services de l'état; ce corps sans cesse renouvelé par un pensionnat normal qui devait transmettre d'âge en åge les saines traditions et les méthodes éprouvées : tranquille sur le présent, par la garantie que lui dounait sa juridiction spéciale, tranquille sur l'avenir, par la certitude d'honorables retraites; cet ordre de professeurs, tous choisis parmi des agrégés nommés au concours; cette noble confiance de la puissance souveraine qui donnait au conseil chargé de la direction générale un droit permanent de législation intérieure et de continuel perfectionnement; tout ce plan d'éducation établi sur la base antique et impérissable de la foi chrétienne, tout cela lui plut, et il en garda la mémoire jusqu'au sein de ses triomphes en Italic et

en Allemagne. Rassasié enfin de gloire militaire et songeant aux générations futures, après avoir solidement établi l'administration civile, après avoir relevé les autels et promulgué le Code Napoléon, après avoir, par différentes lois, substitué les lycées aux écoles centrales, régénéré les écoles de médecine et créé les écoles de droit, il voulut fonder aussi pour la France un système entier d'instruction et d'éducation publique. Il se souvint de l'université de Turin, et l'agrandissant, comme tout ce qu'il touchait, dans la double tion de son empire et de son génie, il fit l'Université impériale (1).

propor

Hâtons-nous d'ajouter qu'en cela même Bonaparte répondait aux vœux que la France avait exprimés à l'époque mémorable de la première année du dixneuvième siècle. Les conseils généraux de département venaient de s'assembler. Les Français, lassés de tant de vaines théories essayées à leurs dépens sur tous les points de la machine politique, aspiraient au repos, voulaient l'unité partout et faisaient effort vers la monarchie. Au milieu de la ruine universelle des institutions, les conseils généraux jetant un douloureux regard sur l'état déplorable de l'éducation, avaient retracé avec une juste reconnaissance les services rendus par les anciennes corporations enseignantes; ils avaient gémi profondément sur le terrible naufrage qui avait tout englouti, corps et biens: mais en même temps, ils ne s'étaient point bornés à des regrets stėriles, ils n'avaient point oublié que nos meilleures institutions d'autrefois laissaient à désirer quelque chose, et ils avaient tracé, d'une main assez ferme (1),

(1) Dans un écrit publié en 1816, nous avons mis en parallèle les deux institutions. L'une est évidemment le type de l'autre, mais modifié, étendu et développé, comme il couvenait à la France.

(2) L'analyse des procès-verbaux de la session de l'an 9, a été publiée en l'an X, par les soins du ministre de l'intérieur, M. Chaptal.

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