Page images
PDF
EPUB

A l'égard des finances, et de ce qu'on appelle la bourse, les plaintes sont toujours les mêmes; la sévérité du gouvernement est appelée à grands cris sur les individus qui y trafiquent. On a remarqué cependant, que le peuple en général n'était pas indifférent au succès de nos victoires, et qu'il n'entrevoyait pas sans plaisir l'époque d'une paix prochaine; et ees mots,,il faut attendre" terminent ses doléances sur la situation pénible.

Le représentant Drouet n'excite plus un si vif intérêt depuis la publication de sa lettre, tout le monde est d'accord sur la folie de son projet; mais la curiosité est toujours en haleine sur l'issue de cette conjuration et le mode qui sera employé pour instruire le procès de tant de conjurés; on redoute le jury d'accusation, et l'on semble désirer que la surveillance de cette affaire ne lui soit pas renvoyée.

Spectacles. Au théâtre de la République on n'a pas chanté l'hymne patriotique; à ce sujet plusieurs personnes ont été entendues disant: „Aurait-on défendu de chanter? Ce ne serait pas mal.“ Il sera pris des mesures pour que cette omission ne se répète plus.

Surveillance. Il y a eu beaucoup de groupes dans lesquels il n'était question que de l'agiotage qui se fait au palais Égalité. On se plaint généralement de la cherté excessive de toutes les denrées, et surtout du pain. Les conversations roulent sur la conjuration qui a été sur le point d'éclater, et sur ceux qui en sont les auteurs.

Pour rapport

Les commissaires du bureau central.

Limodin. <<

NEUVIÈME PARTIE.

LE GOUVERNEMENT DIRECTORIAL

DEPUIS LA CONJURATION DE BABŒUF

JUSQU'AU

COMPLOT DU CAMP DE GRENELLE

(MAI-SEPTEMBRE 1796).

I. Tableau de prairial an 4.

(N. 303) » BUREAU CENTRAL DU CANTON DE PARIS.

Rapports généraux de la Surveillance pendant le mois prairial an 4 de la république française [20 mai 18 juin 1796].<<

Extraits.

»1 prairial an 4. Esprit public. La nullité presque totale des assignats, le brigandage affreux qui s'exerce sur cette monnaie, et qui s'étend avec rapidité sur les mandats, le sur-enchérissement inconcevable des marchandises, l'opiniâtreté du commerçant, la difficulté de pouvoir se procurer les objets de 1ère nécessité, rendent le peuple presque insensible aux efforts du gouvernement pour rendre sa situation meilleure.

On ne peut concevoir que l'assignat, réduit dans sa masse à plus des deux tiers, tant par les rentrées, que par les produits des ventes et de l'emprunt forcé, soit porté à près de 9000 liv. contre une espèce d'or de 24liv., tandis que, lorsqu'il y en avait deux fois davantage en circulation, il ne fallait que 2 à 4000 procurer.

liv.

pour se la

On conçoit encore moins que le mandat soit avili aussi impunément, tandis qu'une loi sévère prononce des peines contre ses dépréciateurs; les calculs sont à l'infini sur cette matière, les idées se confondent et se perdent, la patience échappe, et le peuple n'a plus qu'un sentiment, celui de sa misère et de son dénuement.

Dans ses murmures il provoque la sévérité du gouvernement contre l'agiotage, contre les paysans surtout, qui ont attiré à eux tout le numéraire, et qui l'enfouissent. Une remarque bien essentielle, c'est qu'il est notoire que dans toutes les campagnes qui avoisinent Paris, vous n'y trouvez rien pour des assignats, et, si l'on

« PreviousContinue »