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de la Chronique d'Alexandrie, pour représenter l'harmonie de l'univers, du ciel, de la terre, de la mer.

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>> On figurait le zodiaque par douze portes 1». L'intérêt du commerce, l'enthousiasme que dut nourrir la description de ces jeux célébrés par Homère, concoururent à imprimer à ces solennités ce caractère d'une magnificence qui paraît tenir du génie oriental. Celui des artistes de la Grèce et des poètes, les honneurs immodérés décernés aux vainqueurs, tout enflamma l'imagination d'un peuple qui connut toutes les ivresses, et dont tous les sentimens étaient des passions.

On se croit transporté au milieu des merveilles de la féerie, en parcourant, dans Pausanias, la description des monumens olympiques.

Là, tout bois est un temple, et tout marbre est un dieu.

A chaque pas que l'on y faisait, en comparant une statue avec une autre, on distinguait les différentes écoles, et on apprenait l'histoire de l'art mêine. Son enfance se montrait dans les ouvrages des élèves de Dipoene et de Scyllis; son progrès dans les ouvrages de Calamis, de

1 Dupuis.

Canochus, de Myron; sa perfection dans ceux de Phidias, d'Alcamène, d'Onatas, de Scopas, de Praxitele, de Polyclète, de Lysippe, de Pythagore de Rhegium; et enfin sa décadence dans les monumens des temps postérieurs 1.

Sur la route d'Olympie, près du fleuve Alphée, s'élève un rocher escarpé; c'est de là qu'on doit précipiter, d'après une loi des Eléens, toute femme qui serait surprise dans la célébration des jeux. On raconte que Callipathire, devenue veuve, se déguisa sous l'habit d'un maître d'exercices, et conduisit elle-même dans les jeux son fils Pisidore. Il est déclaré vainqueur sa mère, dans son transport, franchit la barrière, et se laisse reconnaître. Les triomphes de son père, de ses frères et de son fils couronnés dans les mêmes jeux, lui sauvèrent la vie. Mais, depuis cette aventure, il fut statué que les maîtres d'exercice paraîtraient entièrement nus 2.

Il paraît que les femmes furent cependant admises à ces jeux, puisque la fille d'Archidamus, la sœur d'Agis et d'Agésilas' Cynisca, remporta le prix de la course des chars, ainsi qu'Eurylionis de Sparte, et Bélistique. La prê1 Gédoin.

2 Pausan. Elid.

tresse de Cérès et les jeunes vierges obtenaient, dans ces jeux, une place distinguée; ce qui semble impliquer contradiction, et avec la loi que nous venons de rapporter, et avec les moeurs des Grecs, chez qui les femmes étaient assujetties aux loix d'une pudeur sévère 1.

Un Grec a publié la nomenclature de tous les monumens dont la piété et le luxe ont enrichi l'Élide. Ce livre sert de guide aux étrangers. Je vais le transcrire :

GUIDE DES VOYAGEURS EN ÉLIDE.

Près du bois sacré, dans l'Altis, on admire le temple et la statue de Jupiter : le temple est l'ouvrage de Libon; la statue, celui de Phidias. Sous la voûte est suspendue une Victoire de bronze doré, qui soutient un bouclier d'or, sur lequel est sculptée la tête de la Gorgone.

Dans le tympan du fronton, l'artiste a représenté le combat de Pélops et d'nomais. Jupiter occupe le centre à sa droite est nomaiis, coiffé d'un casque, et près de lui une des filles d'Atlas, Stérope. Le cocher Myrtile tient les rênes du char traîné par quatre chevaux. On admire, au centre du fronton opposé, le combat

1 Pausan. Elid.

des

des centaures et des lapithes, qui troublent les noces de Pirithoäs: Eurythion enlève la nouvelle épouse; Thésée venge son ami par le carnage des centaures: dans ce tumulte, l'un viole une jeune vierge, et l'autre un beau garçon.

Dans le temple, on a représenté les travaux d'Hercule. Ici, il combat contre les Amazones, et Thésée le suit: là, il combat le lion de Né→ mée; plus loin, il délivre Prométhée, attaché sur le Caucase.

Achille soutient Penthésilée mourant; Ajax viole Cassandre: deux Hespérides apportent des pommes d'or. Voici la Grèce, et la ville de Salamine représentée sous la figure d'une femme qui s'appuie sur la poupe d'un vaisseau. On doit ces peintures au frère de Phidias, à Panénus. Mais tout cède à l'éclat de la statue de Jupiter; elle est d'or et d'ivoire : le dieu est assis sur un trône; il porte une couronne d'olivier ; sa main droite supporte une Victoire de mêmes matières; sa main gauche est armée d'un sceptre composé du mélange de tous les métaux, et surmonté d'un aigle. Son manteau est, comme celui de la Nature, parsemé de fleurs, de fruits et d'animaux. Au milieu de l'éclat de l'or dont son: trône étincelle, on remarque l'opposition de l'ivoire et de l'ébène dont il est formé. Aux

quatre extrémités, quatre Victoires dansent les mains entrelacées. Deux autres sont aux pieds de Jupiter. Les supports du trône sont des sphynx, qui arrachent de tendres enfans du sein de leur mère. Au-dessous, Apollon et Diane percent de flèches les enfans de Niobé.

Ici, vous remarquez le nombre mystérieux de sept figures. Ce jeune adolescent, que l'on reconnaît à la bandelette qui ceint ses cheveux, est le beau Pantarcès, chéri de Phidias, et qui remporta le prix de la lutte 1.

Sur la tête du dieu, planent les Grâces et les Saisons. Les bas-reliefs du stylobate représentent le Soleil sur son char, Jupiter et Junon : près de Jupiter, une des Grâces, suivie de Mercure, qui précède Vesta. Vénus paraît sortir du sein de l'onde; l'Amour l'accueille, et Pytho la couronne. Voici Apollon et Diane, Hercule et Minerve, Neptune et Amphitrite. La lune court sur un mulet 2.

Au-dessous de la statue, s'étend un bassin pavé de marbre noir, et dont les bords sont de marbre de Paros.

Dans sa 86° olympiade.

2 Serait-ce parce que le mulet fut regardé long-temps comme incapable de produire, qu'il est attribué ici à la vierge Diane?

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