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çant que l'officier de garde, témoin de tous ces faits, y a mis ordre en faisant sortir ce perturbateur.

Pour rapport

Les membres du bureau central.

Houdeyer.<<

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»4 pluviose an 4. Esprit public. On est très-mécontent de voir renchérir de nouveau les objets dont le prix avait un peu fléchi, tels que le pain, la viande, les pommes de terre et autres denrées.

Un observateur rapporte que les patriotes paraissaient trèsmécontents du journal dit le Courrier Républicain, dont le rédacteur a inséré dans sa feuille d'hier une dénonciation qui les accuse d'un complot contre une partie du corps législatif. Par suite de ce mécontentement, hier soir des militaires ont souffleté un particulier au café de la République, sans doute regardé par eux comme un royaliste, parce qu'il avait une coiffure regardée comme suspecte. Un autre agent rapporte que, dans une certaine classe, on dit que le règne des Jacobins va renaître, que déjà leur licence se manifeste d'une manière alarmante, et qu'ils sont autorisés par le gouvernement.

Suivant le rapport d'un 3me le peuple se prononce de plus en plus contre les êtres nuisibles à la société et désire que Paris en soit purgé.

Un 4me observateur rapporte avoir assisté à l'audience du directoire exécutif et avoir remarqué, qu'il y avait un grand nombre de spectateurs qui paraissaient très-satisfaits de la manière honnête et affable, avec laquelle le cit. Carnot recevait les pétitions de tous les citoyens indistinctement.

Un 5me observe que dans tous les lieux où il s'est porté, l'opinion publique ne lui avait pas semblé aussi divisée que de coutume, et que le plus grand nombre des citoyens lui ont paru parfaitement disposés en faveur du gouvernement républicain.

Un sixième, en rapportant le résumé d'une conversation par lui entendue dans quelques cafés, dit que plusieurs citoyens prétendaient que, si l'on voulait donner plus de force à la république, il serait essentiel de supprimer le mot provisoire, qui inspirait toujours de l'inquiétude et de la méfiance aux divers employés peu assurés de leur sort.

Un observateur rapporte que, dans les cafés qu'il a surveillés, on parlait de la majesté de la dernière cérémonie, mais que l'on

disait en même temps que le serment de haine à la royauté était fait pour éloigner les puissances de toute intention pacifique, et qu'on y exagérait d'une manière alarmante la situation de nos armées et le nombre incalculable des morts et blessés.

Du rapport d'un autre observateur résulte la nouvelle, vraie ou fausse, que l'on débitait hier dans quelques cafés, savoir la tenue d'un congrès à Bâle pour la pacification de l'Europe, et le départ du représentant Sieyès pour cette ville.

On désire que les marchands honnêtes ne soient pas écrasés par le poids de l'emprunt forcé; c'est contre les nouveaux enrichis, accapareurs et agioteurs, que l'on voudrait voir dirigées les mesures les plus actives.

Spectacles. Au théâtre de la rue Favart le parterre a demandé Chenard, d'autres Fay, pour chanter l'hymne des Marseillais. Cette lutte a duré un bon quart d'heure; les seconds l'ont emporté, Fay a chanté; les applaudissements des jeunes gens étaient très-ironiques, comme de coutume, aux couplets qu'ils tournent contre le gouvernement; et ceux-ci, suivant le rapport de l'observateur, se sont efforcés encore par des rires affectés et autres applaudissements dérisoires et bruyants de couvrir la voix du chanteur, pour qu'il ne soit pas entendu dans les passages qui n'étaient pas de leur goût.

Au théâtre des Arts ce passage de Tarare,,un peuple juge et n'assassine pas" a été couvert des plus vifs applaudissements. Au théâtre de Feydeau, où le bon ordre a régné, les jeunes gens ont néanmoins, comme de coutume, accueilli ces paroles Tremblez tyrans et vous perfides.

On a donné à la République L'honnête criminel. Il y a dans cette pièce un personnage, nommé Guernon, qui, après avoir perdu un procès qui l'a ruiné, déclame avec violence contre ses juges, et étend sa mauvaise humeur sur tous les hommes en place et, surtout, ceux en qui réside le pouvoir. Les sarcasmes et les injures que lui arrache l'injustice qu'il éprouve, ont été applaudis avec fureur. Au surplus, ce spectacle est actuellement très-fréquenté par les femmes publiques.

Pour rapport

Les commissaires du bureau central.
Houdeyer.<<

»5 pluviose an 4. Esprit public. Les observateurs, dans leurs rapports de ce jour, s'accordent à nous dire que, dans leur

tournée de surveillance, ils n'ont remarqué rien de contraire au bon ordre et à la tranquillité, mais qu'ils ont cependant entendu des propos inconsidérés.

Discours que l'on entend, surtout, aux rassemblements qui se font aux fontaines et aux portes des boulangers:,,Quand il n'y en avait qu'un, on avait du pain; à présent qu'ils sont sans nombre, on manque de tout."

Plusieurs observateurs rapportent que, dans ce moment-ci, le commerce est dans une stagnation inquiétante à cause des ouvriers qui sont sur le pavé, et que toutes les opérations mercantiles et relations commerciales refluent sur la bourse, qui devient le thermomètre des marchands.

L'arrestation faite hier maison de Sirilly, vieille rue du Temple, de quelques prêtres réfractaires, ainsi que de jeunes gens de la première réquisition, a été très-approuvée par les uns qui la regardaient comme une mesure sage, tendante à détruire le fanatisme et à couper racine aux anciennes guerres de religion; d'autres disaient au contraire que, le culte étant permis, chacun était libre de s'attacher à tels prêtres qu'il voulait, et que la persécution suscitée contre eux n'était autre chose qu'une résurrection du système de terreur.

On répand, dit un inspecteur, beaucoup d'inquiétude dans le public sur les Panthéonistes, auxquels on reproche de reprendre leur système de calomnie avec le plus violent acharnement.

D'autres observateurs rapportent que, dans quelques cafés, les habitués réclament l'exécution de la loi du 3 brumaire dans les administrations.

Hier au café de Valois on s'entretenait du plan de campagne, dont l'avantage, disait-on, était toujours pour nos ennemis; on ajoutait mystérieusement, que nos gens en Bretagne avaient battu l'ennemi, et qu'ils avaient pris un gros convoi. Celui des agents de la police qui fait ce rapport observe, que par le mot ennemi les discoureurs, par la malignité de leur propos, donnaient à entendre que c'était les républicains.

On remarque qu'il arrive à Paris une quantité de gens des départements qui viennent échanger leur numéraire et leur argenterie contre des assignats, qu'ils destinent au payement de l'emprunt forcé, dont le recouvrement est toujours désiré par les bons républicains, nonobstant les cris que les agioteurs faisaient entendre hier, au café du Caveau, contre la tyrannie du gouvernement.

Spectacles. Au théâtre de la rue Favart, l'hymne des Marseillais a été écouté très-tranquillement; mais au moment, où l'on a chanté ces paroles Tremblez tyrans, de nombreux applaudissements se sont fait entendre dans toutes les parties de la salle, grand

nombre de citoyens ont crié bis, mais l'acteur a continué sans avoir égard à cette demande.

Au théâtre du Marais, on a joué la tragédie de Brutus. L'observateur rapporte qu'au passage où l'ambassadeur dit: Au lieu d'un tyran vous en aurez cent, les applaudissements d'une partie des spectateurs ont été étouffés par le plus grand nombre de ceux qui ont crie à bas les Chouans.

Tous les autres spectacles ont joui de la plus parfaite tranquillité, le bon ordre y a régné, les airs et chants patriotiques ont été favorablement accueillis.

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Les membres du bureau central.
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»6 pluviose an 4. Esprit public. Le calme se soutient malgré l'agitation des esprits. L'augmentation de toutes les choses nécessaires à la vie excite de nouveau les plaintes et les murmures de la classe indigente; les conversations du peuple, sur la misère, prouvent à quel point il est fatigué de l'état de souffrance où il se trouve; un des agents dit avoir entendu dans les marchés les paroles suivantes:,,Peu importe le gouvernement que l'on veut nous donner, pourvu que nous ayons du pain."

Toutes les spéculations, soit à la bourse, soit au palais Égalité, dans les rassemblements des citoyens connus sous le nom d'agioteurs, sont absolument dirigées vers la hausse et la baisse; aussi n'est-ce pas sans peine et sans inquiétude, que l'on voit la langueur du commerce et la désertion des manufactures.

Un observateur expose avoir remarqué que les Jacobins se montrent aujourd'hui ouvertement; il dit avoir vu des gens à figure sinistre porter de gros bâtons, dont ils paraissent, ajoute-t-il, avoir intention de se servir pour exercer leur vengeance, et provoquer les inconvénients favorables au dessein qu'ils annoncent, de changer le mode de gouvernement.

La démission du ministre des finances a sensiblement affecté beaucoup de monde; on se livre à cet égard à des conjectures peu favorables.

Ce qui ajoute encore au degré d'inquiétude que l'on conçoit, c'est la proposition qui a été faite d'un nouvel emprunt; on en conclue que le 1er ne réussit pas; en conséquence on se permet de dire que le gouvernement a manqué son but, et brusqué une opération ⚫ dont les vices sont plus que démontrés, en imposant les uns d'une

manière bien supérieure à leurs facultés, tandis que d'autres ne sont atteints que très-légèrement. Tous ces entretiens, recueillis au café du Caveau, étaient suivis de raisonnements très-critiques contre le gouvernement. Entr'autres choses, on disait que depuis l'ouverture de l'emprunt forcé tout était en stagnation, les familles désolées, les ateliers désertés et, enfin, que la république était dans le plus mauvais état.

Au café de la République, les opinions y étaient bien différentes, la proposition d'un nouvel emprunt y a trouvé grand nombre d'approbateurs.

Ailleurs, on dit que le gouvernement règle la bourse à son gré, et qu'il est absolument maître de toutes les variations du numéraire; on pense qu'il fera monter le louis jusqu'à 10000liv.

Spectacles. Au théâtre de la Cité la Marseillaise a été faiblement applaudie, si ce n'est au couplet Tremblez tyrans; celui des agents qui rapporte ce fait observe que les applaudissements partaient des premières loges, mais qu'une partie du public, qui s'est aperçue de l'ironie, a crié bravo à l'invocation: Amour sacré de la patrie.

Au théâtre de Feydeau le couplet Tremblez tyrans a été accueilli par les plus nombreux applaudissements; la tranquillité et le bon ordre n'ont point été troublés.

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Les commissaires du bureau central.
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>>7 pluviose an 4. Esprit public. Les marchands d'argent et autres brocanteurs pullulaient hier sous les galeries du palais Égalité. C'est de la source impure de ce trafic scandaleux, que découlent tous les abus, disons plus, tous les fléaux qui affligent aujourd'hui l'humanité. Ce sont ces êtres vils, connus sous la dénomination d'agioteurs, qui ont détruit la confiance, qui chaque jour avilissent les assignats, élèvent le prix des matières d'or et d'argent, et de toutes les marchandises, à un taux exorbitant; c'est enfin par les effets funestes de leur mauvaise foi, et de leur révoltante cupidité, que le commerce n'est plus à présent qu'un honteux brigandage.

Un observateur rapporte avoir entendu dire dans beaucoup de lieux publics, que la société du Panthéon devient très-nombreuse et que, si elle est composée de quelques gens probes, il s'y trouve des terroristes connus pour avoir fait guillotiner, et d'autres qui

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