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incivique de ces passages:,,Les coquins ont pris mon bien, ils m'ont laissé l'honneur, dont ils n'avaient que faire Les honnêtes gens sont aujourd'hui aux galères, et ceux qui n'y sont pas . . . — mais n'est-ce pas la force qui gouverne les trois quarts du monde ?" Au théâtre Feydeau, on a également applaudi, dans un sens de véritable réaction, ce passage de Léonore:,,Quoi! épargner le monstre qui ne s'est pas rassasié d'assassiner son semblable!"

C'est en Prusse, qu'est placé le lieu de la scène dans une pièce, qui se donne au théâtre Montansier sous le titre de la Prisonnière; on voit, en conséquence, un uniforme prussien écarlate, couleur commune aux uniformes anglais.

Au théâtre des Victoires nationales se donne une pièce qui, si elle ne contient rien d'ouvertement nuisible à l'esprit public, ne peut du moins en seconder l'essor. Elle a pour titre Les femmes politiques. Le Bureau central a prescrit des changements dans cet ouvrage. Au surplus, l'accueil assez vif que cette pièce a reçu du public était dû, principalement, à une critique de femmes s'occupant de politique, et à la défaveur jetée sur un personnage de tricoteuse ou d'habituée des Tribunes.

La tranquillité a subsisté sans altération sur tous les points de cette commune.

Culte. L'administration municipale du 11° arrond. a informé le bureau central que, le hasard ayant conduit un de ses membres dans la ci-devant église Notre Dame, il avait vu un ministre du culte qui pérorait les fidèles et les invitait à résister courageusement à toute innovation, promettant les palmes du martyr à ceux qui pourraient être victimes de leur dévouement etc. Elle a ajouté, qu'on avait assuré à cet administrateur que l'orateur était l'évêque Royer. Il a été envoyé au ministre de la police copie de la lettre de cette administration, et une surveillance a été établie en conséquence.

Fêtes décadaires et nationales. L'administration municipale du 6 arrondissement à invité plusieurs fois les directeurs des théâtres de son arrondissement, à envoyer une portion de leur musique pour donner aux fêtes décadaires et nationales toute la pompe dont elles sont susceptibles; mais ses invitations sont restées sans succès. Le bureau central, qu'elle avait consulté sur les moyens à employer pour obtenir cette musique, lui a observé qu'il n'existait aucun moyen coercitif; que les musiciens composant l'orchestre d'un théâtre ne sont sous la dépendance des entrepreneurs que pour le service du spectacle; qu'il n'est qu'une seule fête nationale, celle de la souveraineté du peuple, pour laquelle le bureau central invite les orchestres à se partager; mais que la lettre n'est

qu'une simple invitation, et que l'on attend tout du ravivement de l'esprit public, qui ne tardera pas à donner aux institutions républicaines l'éclat qu'elles doivent avoir.

Spectacles. Les entrepreneurs des spectacles ont été invités à seconder les intentions du gouvernement, en donnant, les décadis et fêtes nationales spécialement, des pièces propres à vivifier l'esprit public.

L'administration du théâtre Feydeau a répondu qu'elle n'avait trouvé dans son répertoire qu'une seule pièce de ce genre, ayant pour titre: L'officier de fortune.

Le C. Ruollan, demt au collége de Narbonne, rue de la Harpe, en applaudissant à la démarche du bureau central auprès des entrepreneurs de spectacles, lui a observé qu'à l'exception de quelques tragédies, il n'existait aucune comédie qui fît mention de l'amour de la patrie; qu'il se trouvait le seul avoir traité ce sujet, pendant dix années de loisir que lui avait laissé la révolution. Il a proposé quatre pièces qu'il a composées, comme très-instruisantes et attachantes par la bonne morale, les sentiments purs et républicains, et, en un mot, propres à faire respecter les bons principes et les autorités. Il a invité le bureau central à lui faire connaître ses intentions et offert de lui présenter ses pièces. Il n'a pas encore été répondu à ce citoyen.

Le ministre de l'Intérieur a été invité à recommander aux administrateurs du théâtre des Arts, de remettre à la scène l'opéra patriotique intitulé: Toute la Grèce ou Ce que peut la liberté, pièce représentée il y a quelques années. Le bureau central a prévenu, de cette invitation au ministre, le citoyen Beffroi Reigni [Beffroyde-Reigny], auteur de la pièce.

Le bureau central a pris un arrêté concernant la surveillance qu'il a le droit d'exercer sur le théâtre de la République et des Arts; cet arrêté a été envoyé à l'administration centrale pour être revêtu de son approbation.

En exécution d'un ordre du ministre de la police, du 11 fruct., le bureau central a fait fermer le théâtre Molière le jour même, et en a informé le ministre.

Écrits et journaux contre révolutionnaires. Des ordres ont été donnés à l'effet 1° de rechercher les imprimeurs et colporteurs de divers écrits contrerévolutionnaires. Plusieurs ont été arrêtés. 2o D'arrêter les colporteurs qui annonceraient les journaux autrement que par leur titre; plusieurs de ces colporteurs trouvés contrevenant à la loi ont été arrêtés.

Plusieurs journaux ont été prohibés par un arrêté du directoire exécutif. Les scellés ont été apposés sur les presses servant

à les imprimer, et sur les effets et papiers des journalistes; cette mesure, cependant, n'a pu être exécutée à l'égard de quelques-uns, pour lesquels il était donné de fausses adresses. Il en a été rendu compte au ministre de la police.

Pour rapport

Les administrateurs L. Milly. Champein.<<

Voilà le dernier compte du bureau central que nous avons trouvé; il a été, comme il va sans dire, rédigé et expédié au mois de vendémiaire an 8. Peut-être est-ce aussi le dernier qui a été effectivement expédié. Car les journées dû 18 et du 19 brumaire qui anéantirent le gouvernement directorial, et vers lesquelles le compte de vendémiaire aurait dû être expédié, interrompirent l'action du bureau central et ébranlèrent même son existence. Voir la conclusion du chapitre suivant.

IV. La fin du gouvernement directorial.

(N. 356) » TABLEAU DE LA SITUATION MORALE ET

POLITIQUE

du département de la Haute-Saône à l'époque du 1 vendémiaire an 8 [23 sept. 1799].

Le commissaire du directoire exécutif près l'administration centrale du dép. de la Haute-Saône

Au ministre de l'Intérieur.

Esprit public. Les événements heureux ou malheureux semblent depuis un mois régler l'esprit public dans ce département. L'audace des partisans du trône et de l'autel s'accroît en raison des revers que nous éprouvons et qu'ils se plaisent à exagérer. Les embarras et les désordres qui naissent à chaque instant dans l'intérieur, par la cessation absolue de tous les services et la pénurie

des caisses, sont encore des circonstances favorables dont la malveillance tire un très-grand parti. La dissolution prochaine du gouvernement républicain, l'entrée des Russes en France, et le massacre de tous les patriotes, tels sont les bruits que ces apôtres de la royauté sèment dans les campagnes, et dont le but tend évidemment à comprimer l'énergie des amis de la liberté, et à porter le découragement dans l'âme de l'insouciant et de l'homme faible. Cependant on peut assurer qu'une grande partie des habitants de la Haute-Saône est encore étrangère à ces suggestions perfides. L'exactitude avec laquelle se remplissent les réquisitions de denrées destinées à l'approvisionnement de l'armée du Danube, l'empressement des conscrits à se ranger sous les drapeaux de la liberté, doivent sans doute désespérer les amis des rois et déjouer leurs trames criminelles.

L'instruction publique

stagnation.

toujours dans le même état de

Les visites domiciliaires.. ont procuré l'arrestation . . . d'une foule de déserteurs, qui ont été dirigés sur le quartier général à Besançon.

La nommée M., traduite au tribunal criminel à Besançon comme prévenue d'avoir recélé un prêtre insoumis, vient d'être acquittée par le jury d'accusation, quoique le fait fût matériellement constant ... Ce jugement inique, en même temps qu'il relève l'audace des partisans du trône et de l'autel, afflige et indigne tous les amis de la république, qui ne voient dans cet acte qu'une nouvelle preuve de l'attachement des tribunaux à la cause de la royauté et de la superstition.

Les patriotes attendent aussi avec anxiété le jugement des brigands royaux qui, en messidor dernier, ont tenté d'enlever à main armée deux prêtres insoumis des mains de la gendarmerie . . . .

.....

Dans le compte précédent, on a parlé de divers agents de l'étranger qui embauchaient et dirigeaient sur la Vendée et les départements méridionaux des prétendus déserteurs ou prisonniers Autrichiens. On suit cette affaire avec la plus grande activité. Déjà de précieux renseignements ont été acquis, et en suite desquels le nommé Chauveau, garde-vente de la forêt de Ly .. . ., 1 a été mis en arrestation.

1

Les militaires, pour se soustraire à la loi qui les appelle à la défense de la patrie, ont présenté de faux congés; ils ont été de

1 On est tenté de lire Lyaune, mais ce nom n'existe ni dans le département de la Haute-Saône, ni ailleurs; probablement, il faut lire Lyxeuil (Luxeuil).

suite arrêtés, et on cherche dans cet instant à découvrir les fabricateurs de ces pièces, pour les livrer aux tribunaux.

Vesoule, le 6 vend. l'an 8 de la rép.

Hennequin.<<

(N. 357) DÉP. DE LA SARTHE. AFFAIRES DES CHOUANS. 1

>> Au Mans, le 29 vendémiaire an 8 [21 oct. 1799].

L'administration centrale du département de la Sarthe

Au ministre de l'Intérieur.

...

Vous avez été informé . . . de l'entrée subite des Chouans dans notre commune; leur nombre, et la station qu'ils y ont faite pendant trois jours, nous ont empêchés de nous réunir, et, jusqu'à l'arrivée des troupes républicaines qui ont protégé la rentrée des patriotes dans leurs foyers, il ne nous a pas été possible de vous rendre compte de cet événement. . . .

Le 21 de ce mois nous fûmes instruits par le nommé La Garantière, agent secret du direct. exécutif, envoyé par le ministre de la Police parmi les rebelles, pour découvrir leurs projets et prévenir les autorités administratives et militaires de leurs marches... Il leur apprit [au commissaire Jouenneault et au général Simon] la réunion d'une partie des Chouans de Maine-et-Loire et La Mayenne avec ceux de la Sarthe pour s'emparer, le 23, des villes de Châteaudu-Loir, St. Calais, et successivement de quelques autres où il existe des recettes d'arrondissement et des prisons de tribunaux correctionnels... Il dit même que Bourmont, leur chef, l'avait chargé de l'y précéder [c.-à-d. en allant à St. Calais]... Les événements laissent à douter, s'il a été fidèle à la mission importante.<< Car, au contraire, »le 23 à 4 heures du matin Le Mans fut surpris par 3000 Chouans... Le général Simon fut percé de 10 à 12 coups de feu... Tout fut pillé: armes, canons, argent, chevaux etc... Les brigands n'ont évacué que le 4ième jour, à l'arrivée de la garnison de Mantoue.... Nous ne dormons pas; chaque nuit nous craignons d'être attaqués et envahis comme nous l'avons été le 23. La commune est en état de siége, le général Vimeux y commande.<<

Le rapport du 29 vendémiaire n'étant pas arrivé à Paris, l'administration centrale du département de la Sarthe en envoya 1 Voir ci-après les nn. 364 ss. et 374 ss.

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