Page images
PDF
EPUB

que de fêtes, de parties de plaisir, et de numéraire. Les affaires. publiques, la situation et les embarras du gouv. n'occupaient personne. C'est dans ces endroits que l'on semble être en pleine paix et au sein de l'abondance; ce n'est pas là qu'il faut sonder l'esprit public; l'on n'y trouverait que celui de l'égoïsme et de la plus grande insouciance.

Dans les conversations, dans les cafés, on n'entend que ces mots:,,Toujours des victoires, et point de paix! Quand viendra-t

elle?"

Pour rapport

Les membres du bureau central.
Bréon.<<

Voilà le dernier rapport de l'année 4. Il semble que les troubles de fructidor ont fait déplacer une grande partie des actes. Dans la nuit du 10 au 11 fructidor (du 27 au 28 août 1796), celle où Babœuf et ses complices devaient partir pour Vendôme, il y eut, dans divers quartiers de Paris, des mouvements qui n'eurent aucune suite. Dans la nuit du 23 au 24 fructidor (du 9 au 10 septembre) six à huit cents Patriotes ou Jacobins, conduits par des ex-conventionnels terroristes, se mirent à soulever l'armée du camp de Grenelle; le complot échoué, un grand nombre des conjurés, parmi eux Javogues, furent condamnés à mort et exécutés. V. l'Hist. parl. T. 37 p. 168 ss. Les dates indiquées par Thiers, hist. de la rév. fr. chap. 48 (le 12 et le 22 fructidor) sont fausses. Quant à l'histoire de la crise financière, on peut consulter l'un et l'autre de ces ouvrages.

Dès lors, il y a des lacunes considérables dans nos papiers. Aussi, les bulletins journaliers du bureau central disparaissent tout-à-fait. Au lieu d'eux nous trouvons des comptes décadaires, mensuaires et annuaires, rendus en partie par le bureau central, en partie par le commissaire du directoire exécutif près l'administration centrale du département de la Seine, et par cette administration centrale elle-même.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

I. L'an cinq de la république.

L'an cinq est signalé par les approches et les effets de la grande crise de fructidor. Il y avait deux partis opposés dans le Corps législatif: les Conventionnels et les Clichiens.1 Ceux-là, c'étaient les républicains révolutionnaires et hardis; ceux-ci, c'étaient les républicains modérés et antirévolutionnaires, auxquels se joignaient les royalistes de toutes les nuances, tant absolutistes que constitutionnels et démocrates. Conformément à cette division, le directoire et le ministère, les administrations et le public étaient de même divisés. La majorité du directoire, Barras, Laréveillère-Lepaux et Reubell, s'appuyait sur les Conventionnels; la minorité, Carnot et Barthélemy, sur les Clichiens.

Jusqu'aux élections de germinal (mai 1797), les Conventionnels avaient le dessus dans les deux conseils; mais, par suite de ces élections, les majorités Conventionnelles des Cinq-cents et des Anciens cédèrent à des majorités Clichiennes. Une lutte sourde et acharnée s'engagea, aussitôt, entre les deux partis. C'est alors que le triumvirat directorial, plus vigilant et plus actif que ses adversaires, se mit à préparer un coup d'état militaire, pour terrasser le parti Clichien. Bonaparte, vainqueur en Italie, après avoir fomenté la discorde par ses dénonciations de complots royalistes, encouragea le triumvirat par une adresse vigoureuse de son armée, et par l'envoi du général Augereau. Enfin,

1 Ainsi nommés à cause de la réuniou de leurs chefs à Tivoli, près de la rue de Clichy.

le 18 fructidor (4 sept.), le coup d'état s'accomplit. Barras, Laréveillère et Reubell, dans le cabinet de ce dernier, dirigèrent les opérations, ensemble avec Talleyrand, Merlin et François de Neufchâteau, les ministres des affaires étrangères, de la justice, et de l'intérieur.1 Augereau commanda les troupes, entrées nuitamment dans Paris, et exécuta avec ardeur tous les ordres qu'il reçut. La terreur fut victorieuse. Les deux conseils, mutilés et représentés surtout par les deux minorités, furent forcés de voter à la hâte les,,lois de fructidor." Celles-ci, sous le titre d'une grande conspiration découverte, condamnèrent à la déportation: les directeurs Carnot et Barthélemy; 53 membres du Corps législatif; Cochon, l'exministre de la police, et Dossonville, employé à la police; le journaliste Suard et beaucoup d'autres. En même temps le directoire qui, quelques jours après, fut complété par Merlin et François, obtint une espèce de dictature, notamment sur la presse périodique et les clubs.

3

La situation où se trouvait, aux approches de la crise, l'administration de la police en général, et le bureau central en particulier, était sans doute pénible et ambiguë; la scission régnait partout, à chaque pas on risquait de se compromettre, à chaque mot on craignait de dire trop.

C'est en se ressouvenant de cette situation, et de toutes les particularités que nous venons d'énoncer, qu'il faut peser les rapports qui suivent.

1 Benezech avait été remplacé à l'intérieur par François de Neufchâteau le 28 messidor an 5 (16 juillet 1797).

2 Cochon de Lapparent avait été remplacé à la police, le 28 messidor an 5 (16 juillet 1797), par Lenoir-Laroche; mais celui-ci ayant donné sa démission peu de jours après, le 8 thermidor, le directoire nomma Sotin de la Coindière, son commissaire près le département de la Seine, ministre de la police (26 juillet 1797—12 février 1798).

3 Voir le rapp. du 22 prairial an 4, note.

« PreviousContinue »