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trottoirs ont été ripés et poussés à 2 ou 3 mètres, et que des madriers en sapin de 0,08 d'épaisseur, de 0,22 de largeur et de 7 à 8 mètres de longueur placés sur les poutrelles pour la circulation des ouvriers ont été soulevés par le vent, sont passés par dessus le parapet, haut de 1,65, et ont été jetés au ravin comme de simples fétus de paille.

Il fallait donc ici un pont dont le tablier fût par lui-même non seulement rigide, mais assez lourd pour résister par son poids aux efforts exercés par le vent, et à cet égard je ne puis m'empêcher de penser qu'il aurait été préférable d'augmenter, plus encore qu'on ne l'a fait, et l'épaisseur de la dalle en ciment armé qui forme le tablier et aussi la résistance du garde-corps, sauf pour ne pas augmenter la partie coûteuse, c'est-à-dire les câbles de suspension — à prévoir des surcharges moins fortes que celles indiquées par la circulaire de 1891.

Il est certain en effet que dans la plupart des cas les hypothèses de deux files continues de chariots de 6 à 8 tonnes, voire même d'une foule absolument compacte, sont tout à fait chimériques, et lors même qu'elles se réaliseraient une fois par hasard, il s'en suivrait tout simplement que dans ces circonstances le coefficient de sécurité au lieu d'être alors de 5 ou de 4 serait réduit à 3 ou à 2 et demi.

La situation générale de l'ouvrage n'en serait pas plus mauvaise pour cela, bien au contraire, car ce que l'on oublie trop souvent, ce sont les expériences de Woehler et de Wertheim, qui montrent pourtant d'une façon péremptoire que les matériaux de construction et principalement les métaux, se comportent d'autant mieux qu'ils sont soumis à des efforts aussi peu variables que possible.

Dans le cas d'un pont suspendu, l'on peut d'ailleurs admettre d'autant mieux des coefficients élevés pour les cas absolument exceptionnels de surcharge complète, que l'on est en mesure de calculer avec une grande approximation la fatigue occasionnée dans les organes essentiels qui sont les câbles de suspension, alors que dans les ponts métalliques proprement dits - quel que soit leur système -nul n'ignore que les efforts secondaires qu'on ne calcule pas, qu'on ne sait d'ailleurs guère calculer, forment une part importante très importante même dans les petits et moyens ouvrages - des efforts totaux que les divers éléments ont à supporter.

Forme et dimensions principales du pont.

Entre les pare

ments des pylônes, le tablier a une longueur de 160 mètres. D'axe en axe des appuis sur pylônes la portée est de 164m,30. La largeur du tablier est de 5m,80, soit 4,50 de chaussée et deux trottoirs de 0,65.

La flèche des câbles de suspension est de 18 mètres, mais comme le pont est en rampe de 0,01, le pylône rive gauche à une hauteur de 18,80 et celui de rive droite une hauteur de 1720.

Dans la partie centrale, sur 104,30, le tablier est suspendu aux câbles paraboliques, au nombre de six de chaque côté, formés de fils d'acier à haute résistance à torsions alternées, et pesant 25 Kg le mètre linéaire.

Les deux parties extrêmes de 30 mètres chacune, sont soutenues par des câbles obliques, analogues aux précédents et pesant de 7 à 10 Kg le mètre.

De chaque côté et sur chaque tête il y a six câbles obliques, mais pour équilibrer mieux les tensions, les câbles 1 et 2 ne sont en fait

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qu'un câble unique qui s'enroule sur la poulie A, de même 3 et 4, puis 5 et 6.

L'effort des câbles obliques sur le chariot de roulement est contrebalancé par les câbles de retenue spéciaux fixés en B.

Comme les efforts des câbles obliques tendent à comprimer la

longrine MN, un câble de traction C la réunit avec celle qui est placée à l'autre bout et les empêche ainsi de se voiler.

L'ossature du tablier est formée par des poutres armées d'un système particulier, inventé par M. Arnodin et breveté, espacées de 1,25.

Les trottoirs sont formés de tôle striée.

Entre les trottoirs règne une dalle en ciment armé de 0,10 d'épaisseur supportant un pavage de 0,04 d'épaisseur en asphalte comprimé.

Enfin le garde-corps est constitué par une véritable poutre en croix de St-André de 1,65 de hauteur (saillant de 1",30 au dessus du trottoir), pesant 240 Kg au mètre linéaire.

Ancrages.

Une des particularités des ponts Arnodin et, à mon avis, le perfectionnement le plus important apporté par ce constructeur aux systèmes anciens, c'est la façon dont sont effectués les ancrages.

Tandis qu'autrefois les extrémités des câbles étaient noyées à jamais dans des puits qui, si soigneusement qu'ils fussent bourrés de maçonnerie ou de béton, pouvaient toujours laisser passer assez d'humidité pour oxyder le métal, rien au contraire ne se trouve caché dans le type actuel.

Au delà des deux extrémités de l'ouvrage, on a établi non des puits mais des galeries inclinées à la pente des câbles, et qui se rejoignent au bout par un demi-cercle, de façon à former ainsi une galerie unique en fer à cheval.

Les câbles de suspension de la tête aval de l'ouvrage sont réunis au fond de chaque galerie avec les câbles correspondants de la tête

amont.

La réunion se fait de la manière suivante :

Le bout d'un câble est scellé au moyen d'un alliage fusible mais dur, dans un culot en fonte à alvéole troncoïdale, le dit culot étant muni d'un étrier en acier qui embrasse un gros goujon également en acier posé sur une plaque de fer scellée dans le rocher.

Il suffit de serrer ou de desserrer les écrous qui fixent les étriers

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aux culots pour tendre ou détendre les câbles, et par suite en régler la flèche.

Les galeries sont accessibles, et rien n'est plus aisé que de vérifier l'état des câbles et de tous les accessoires et de les goudronner lorsque le besoin s'en fera sentir.

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Amovibilité des divers éléments du pont. Cette disposition des ancrages donne le moyen de visiter et d'entretenir les parties essentielles de l'ouvrage, mais elle a en outre l'immense avantage de permettre le remplacement des câbles sans interrompre la circnlation.

Tous les autres organes du pont: tiges de suspension, poutrelles, garde-corps sont également amovibles ou composés de pièces amovibles. Ils peuvent par conséquent être changés et remplacés, élément par élément, sans qu'il en résulte de gêne sérieuse pour le public,

On peut donc dire que le système Arnodin résout complètement le problème de la conservation indéfinie des ponts suspendus.

Calculs de stabilité. Les câbles de suspension, les haubans, les tiges de suspension, les poutrelles du tablier ont été calculés suivant les méthodes classiques et aucune observation intéressante n'est à faire à ce sujet.

En ce qui concerne au contraire le garde-corps, qui joue ici un rôle important pour la répartition des poids voyageurs et des charges dyssymétriques, il me paraît utile d'entrer dans quelques détails.

Le calcul du garde-corps, ou pour parler plus exactement, de la poutre de rigidité, a été établi suivant les principes indiqués par Maurice Levy dans un mémoire publié aux Annales des Ponts et Chaussées (1886- 2o Semestre).

L'auteur montre que, lorsque les extrémités du pont sont, comme c'est le cas ici, soutenues par des haubans:

1o La poutre de rigidité peut être considérée comme encastrée en A et B ;

2o L'action sur la poutre d'une charge isolée P, d'abscisse a, est la

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