Oeuvres de Chamfort et Rivarol

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Popular passages

Page 178 - Quand un homme et une femme ont l'un pour l'autre une passion violente, il me semble toujours que, quels que soient les obstacles qui les séparent, un mari, des parents, etc., les deux amants sont l'un à l'autre, de par la nature, qu'ils s'appartiennent de droit divin, malgré les lois et les conventions humaines.
Page 279 - J'éprouvais au plus haut degré cette fascination de la crainte, quand enfin la porte s'ouvrit. On nous introduisit auprès de Rivarol, qui, en ce moment, était à table avec quelques amis. Il nous reçut avec une affabilité caressante, mêlée toutefois d'une assez forte teinte de cette fatuité de bon ton qui distinguait alors les hommes du grand monde. (Rivarol, comme on sait, avait la prétention d'être un homme de qualité.) Toutefois il me mit bientôt à mon aise en me disant un mot aimable...
Page 255 - ... à toutes les révolutions de son temps, et la renommée s'accoutuma à ne plus parler sans lui Ayant caché le despotisme de l'esprit sous des grâces toujours nouvelles, il devint une puissance en Europe, et fut pour elle le Français par excellence, lorsqu'il était pour les Français l'homme de tous les lieux et de tous les siècles. Il joignit enfin à l'universalité de sa langue son universalité personnelle, et c'est un problème de plus pour la postérité.
Page 171 - La calomnie est comme la Guêpe qui vous importune, et contre laquelle il ne faut faire aucun mouvement, à moins qu'on ne soit sûr de la tuer, sans quoi elle revient à la charge, plus furieuse que jamais.
Page 180 - Une femme d'esprit m'a dit un jour un mot qui pourrait bien être le secret de son sexe ; c'est que toute femme, en prenant un amant, tient plus de compte de la manière dont les autres femmes voient cet homme, que de la manière dont elle le voit elle-même.
Page 282 - Rien de plus incomplet que cette pensée : elle « est vaine, superficielle, moqueuse, dissolvante, essen« tiellement propre à détruire, et voilà tout. Du reste, il « n'ya ni profondeur, ni élévation, ni unité, ni avenir, « rien de ce qui fonde et systématise. » Ainsi disant, il faisait la revue des principaux ouvrages de Voltaire, et les marquait en passant d'un de ces stigmates qui laissent une "empreinte ineffaçable, semblable à la goutte d'eauforte qui creuse la planche de cuivre...
Page 280 - Il passait tour à tour de l'abstraction à la métaphore, et revenait de la métaphore à l'abstraction avec une aisance et une dextérité inouïes. Je n'avais pas d'idée d'une improvisation aussi agile, aussi svelte, aussi entraînante. J'étais tout oreille pour écouter ces paroles magiques qui tombaient en reflets pétillants comme des pierreries, et qui d'ailleurs étaient prononcées avec le son de voix le plus mélodieux et le plus pénétrant, l'organe le plus varié, le plus souple et...
Page 248 - Mais, en supposant que l'Espagne eût conservé sa prépondérance politique, il n'est pas démontré que sa langue fût devenue la langue usuelle de l'Europe. La majesté de sa prononciation invite à l'enflure, et la simplicité de la pensée se perd dans la longueur des mots et sous la plénitude des désinences. On est tenté de croire qu'en espagnol la conversation n'a plus de familiarité, l'amitié plus d'épanchement, le commerce de la vie plus de liberté, et que l'amour y est toujours un...
Page 150 - Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité. Il n'ya qu'elle qui puisse nous donner celui dont la nature humaine est susceptible. L'homme heureux par l'illusion a sa fortune en agiotage; l'homme heureux par la vérité a sa fortune en fonds de terre et en bonnes constitutions.
Page 169 - Presque tous les hommes sont esclaves, par la raison que les Spartiates donnaient de la servitude des Perses, faute de savoir prononcer la syllabe non. Savoir prononcer ce mot et savoir vivre seul, sont les deux seuls moyens de conserver sa liberté et son caractère.

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