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Ensuite le ministre demande »un compte détaillé et un état précis de tout ce qui concerne les établissements d'instructiou publique... Vous comprendrez [dit-il] dans cet état les écoles primaires, les écoles centrales, les musées et bibliothèques, et les pensionnats. ... D'après ces détails, je dois moi-même tracer au directoire le tableau général du progrès des lumières, l'état des connaissances et des mœurs sociales.<<

1" Écoles primaires. »>Quelles précautions a-t-on prises, en général, pour le choix des instituteurs et des institutrices, relativement aux talents, à la moralité, et à leur attachement aux lois républicaines?

Si c'est le fanatisme dont les suggestions ont nui au succès des écoles, comment l'avez-vous combattu? et par quelles instructions avez-vous éclairé, surtout, les habitants de la campagne?

... Les élèves ont-ils récité ou écrit la déclaration des droits

et des devoirs, l'acte constitutionnel?

La constitution et les livres républicains sont-ils connus dans ces écoles?...

Je me propose de venir au secours des écoles primaires, par l'exécution d'un plan que je me suis formé; ce plan sera neuf et facile.

Je médite depuis longtemps ce plan vraiment élémentaire, qui doit faire un amusement, une sorte de jeu des premières études, si sèches et si rebutantes suivant la routine actuelle.<<

2° écoles centrales... »Les professeurs, se sont-ils attachés à inspirer dans leurs leçons la haine de la royauté, l'amour de la patrie et les vertus républicaines?<<

3° musées et bibliothèques. >>Citoyens, répandons en France une noble émulation, pour éclairer l'esprit et pour former le cœur de tous les citoyens! La liberté veut la lumière; l'esclavage et le fanatisme ne sont fondés que sur l'erreur. Semons donc la raison et la réflexion; c'est le moyen de faire des républicains vertueux.

Les presses des imprimeurs s'avilissent-elles à multiplier des journaux contre-révolutionnaires, ou les écrits des fanatiques?... Salut et fraternité.

Le ministre de l'intérieur François (de Neufchâteau). 1«

1 Immédiatement après, le 23 fructidor (9 sept. 1797), François de Neufchâteau fut proclamé membre du directoire, à la place de Carnot. Son successeur au ministère de l'intérieur fut Letourneux, nommé le 28 fructidor.

A. SCHMIDT, Tableaux. III.

19

II. L'an six de la république.

(N. 309) TABLEAU ANNUAIRE DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE. 1

>>Compte rendu par les administrateurs du dép. de la Seine: depuis 27 flor. an 6 [22 sept. 1797-16 mai 1798].

le 1 vend.

Police.

L'administration n'a perdu de vue aucun moyen ni aucune circonstance de montrer, combien elle était pénétrée de ces vérités: ses conférences avec le bureau central, les municipalités et les officiers de la force armée, ont successivement contribué à rétablir le bon ordre dans plusieurs parties de service public, détruites ou menacées par l'influence des ennemis, qui, sans la mémorable journée du 18 fructidor eussent infailliblement renversé la république. Fidèlement attachée à la constitution de l'an III, au gouvernement et au bonheur de ses administrés, elle n'a cessé de prendre toutes les mesures qui lui étaient dictées par la prudence, pour assurer l'exécution des lois et des arrêtés du Directoire exécutif.

Cultes. L'administration s'est empressée de faire droit aux réclamations qui lui ont été adressées par les citoyens exerçant le culte théophilantropique, 2 qui demandaient, aux termes de la loi, à jouir, concurremment avec les catholiques, des édifices qui leur avaient été accordés.... Elle a réglé, conformément à la loi, les heures auxquelles les différents cultes auraient lieu; savoir: celui des catholiques, jusqu'à onze heures du matin; et celui des théophilantropes depuis cette heure jusqu'à trois du soir... L'administration, informée que des ecclésiastiques autorisés à rester sur le territoire de la république, eu égard à leur âge et à leurs infirmités, avaient négligé de prêter le serment prescrit par la loi du 19 fructidor an V, a pris un arrêté, portant que les administrations municipales ... rendraient compte à l'admin. centrale des mesures qu'elles auraient prises pour faire prêter le serment par les ecclésiastiques dont il s'agit.

1 Voir n. 306, note.

2 On écrivait constamment theophilantrope, au lieu de théophilanthrope. Voir, sur la formation de cette secte, le Moniteur du 9 floréal an 5. Laréveillère-Lepeaux, directeur, en était l'auteur et le chef.

Spectacles. ... Elle a souvent recommandé aux entrepreneurs de ne représenter que des pièces capables d'entretenir l'esprit de liberté, et d'inspirer l'amour de la constitution et des lois qui en émanent.<<

>>Compte rendu par les administrateurs etc. depuis le 27 flor. an VI-1 vend. an VII [16 mai-22 sept. 1798].

Sûreté publique... Fort peu de grands crimes; les vols et les accidents beaucoup plus rares qu'en l'an V.... Arrestation d'un grand nombre d'individus, ou prévenus d'émigration, ou prêtres insoumis, ou fuyards de la première réquisition, ou enfin dont les papiers n'étaient pas en règle. La surveillance de la Police eût encore eu de plus grands résultats, si la détresse où se trouvaient ses agents, par le non-payement de leurs salaires, eût permis d'activer davantage leur zèle et de juger plus sévèrement leurs efforts; à notre installation ils étaient arriérés de six mois; les modiques fonds mis à notre disposition, pour l'acquit des dépenses locales, n'ont pas même suffi à soutenir l'arriéré dans cet état, déjà trop affligeant; il s'est accru tous les jours. L'esprit public, en dépit des libellistes, est resté bon et porté à l'exécution des lois. Plusieurs journaux ont cherché à le corrompre; la loi renouvelée le 18 fructidor a réprimé leur audace. Presque toutes les associations publiques se sont dissoutes. ... Nous avons fait tous nos efforts pour éloigner de ce département tous les agents corrupteurs de l'étranger ... Nous avons écarté des fonctions municipales, en usant du droit que nous donnait l'art. CXCIV de la Constitution, quelques citoyens qui, par une conduite peu morale, ou par des opinions politiques peu conformes à la constitution de l'an III, pouvaient égarer le peuple, perpétuer les préjugés de l'ancienne servitude, ou offrir à l'étranger des ferments de trouble.

Police des cultes... Les temples peu fréquentés, les prêtres surveillés, quelques-uns arrêtés pour avoir refusé ou rétracté les serments prescrits par les lois. Le culte théophilantropique a achevé de s'établir dans tous les temples de Paris. Dans les cantons ruraux la plupart des prêtres catholiques ont eu le bon esprit de transporter leurs solennités au décadi. Ils s'étaient même retirés de plusieurs communes avant la loi sur les fêtes décadaires.

Spectacles. .. Il ne suffit pas que la décence y règne, il faut encore que le patriotisme y préside. Nous avons renouvelé les défenses portées en l'arrêté du Directoire exécutif du

...

18 nivose an IV, de chanter des hymnes et des chansons qui ne feraient point partie des pièces annoncées. Nous avons recommandé aux entrepreneurs de faire jouer les airs chéris de la liberté et de la victoire, et fait supprimer le combat du toureau, jeu cruel, qui n'était propre qu'à émousser la sensibilité, mère de toutes les vertus républicaines.

Instruction publique. L'organisation des écoles centrales ne laisse rien à désirer relativement aux moyens d'instruction. ... Nous nous sommes occupés des moyens d'organiser la quatrième et la cinquième écoles centrales ... 1

Les écoles primaires ont été plus fréquentées dans le dernier semestre de l'an VI, que dans le premier... Dans les premiers jours de l'an VI ces écoles étaient presque désertes; sur la fin de cette année elles ont été fréquentées par un assez grand nombre d'élèves.. Pour cimenter irrévocablement leurs succès, il conviendrait qu'elles fussent absolument gratuites, et que les instituteurs eussent un traitement fixe....

Elle a fait surveiller sévèrement les instituteurs et les institutrices des écoles particulières... Trois instituteurs, autant d'institutrices, ont été destitués pour ne s'être point soumis aux lois, ainsi qu'aux arrêtés du Directoire exécutif, et pour avoir refusé de prêter le serment de haine à la royauté, à l'anarchie, et d'attachement à la république.... Cette sévérité étant essentielle pour le maintien du gouvernement, elle est bien résolue de la déployer contre tous ceux qui s'écarteront de leurs devoirs.<<

(N. 310)

FÊTES DÉCADAIRES.

»Paris le 16 frimaire an 6 de la rép. [6 déc. 1797].

Les administrateurs du département de la Seine

au ministre de l'Intérieur.

Citoyen Ministre,

Nous avons reçu votre circulaire relative à la célébration des décadis, et nous nous sommes empressés d'en remplir les disposi

1 La » troisième école centrale« avait été ouverte »le 1 brumaire an VI.<

tions en donnant notre approbation à un arrêté pris à ce sujet par le bureau central. 1 Nous avons eu la satisfaction d'apprendre qu'il avait reçu son exécution, et que beaucoup de citoyens en avaient reconnu la sagesse en s'y soumettant avec zèle. Nous ne négligerons rien pour faire reconnaître et suivre le calendrier républicain dans toute l'étendue de notre département. Nous avons prescrit à tous les instituteurs de s'y conformer. Nous veillerons à ce que les fêtes républicaines et les décadis soient célébrés avec · ordre et décence, et nous sommes persuadés que l'exemple et la surveillance des autorités constituées leur rendra toute la solennité qu'ils doivent avoir.<<

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Je compte satisfaire au premier instant à la demande que vous m'avez faite de comptes décadaires. Je crois cette mesure infiniment utile. Le rapide courant de nos affaires très-multipliées m'a seul empêché de prévenir votre désir. J'ai expédié des circulaires à tous mes collègues près les administrations municipales de Paris et les cantons ruraux. Je stimule leur zèle sur cet objet et j'en attends des résultats qui me mettront à portée de mettre sous vos yeux le tableau de la situation politique et morale du département de la Seine.

Mathieu. 2<<

1 Le 5 frimaire. Il défendit d'exposer en vente aucunes marchandises, excepté les comestibles.

2 Mathieu de Mirampal, membre de la Convention et du conseil des Cinq-cents, fut nommé commissaire du directoire exécutif près l'administration centrale du département de la Seine vers le commencement de fructidor an 5 (août 1797). V. le Monit. du 2 fruct. an 5.

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