raison de 6 chaque fois, à 7 jours, à 28 jours, à 3 mois, à 1 an, à 2 ans, à 3 ans, à 4 ans et à 5 ans. Les séries ont été au nombre de 14, comme dans les premières expériences, et le mortier de chaque série contenait aussi la même proportion d'argile.

Pour obtenir plus de régularité dans la résistance des mortiers et en raison du nombre de briquettes à faire, la chaux a été prise dans la même fourniture en réunissant le contenu de plusieurs sacs et en le mélangeant intimement. Il a été procédé de même pour le ciment.

Les éprouvettes de chaque série, soit 48 éprouvettes, ont été faites avec le même mortier, c'est-à-dire avec du mortier contenant la même proportion de chaux, de sable, d'argile et d'eau et gâché en une seule fois.

Comme il est dit plus haut, les expériences ont porté :

1° Sur du mortier de chaux avec sable de carrière et argile provenant du lavage de ce sable, et, à titre de vérification, un deuxième essai a été fait avec de la chaux de même provenance mais d'une fourniture différente;

2o Sur du mortier de ciment avec ce même sable et cette même argile;

3o Sur du mortier de chaux avec sable de la rivière « La Vienne » et vase provenant du lavage de ce sable ;

4o Sur du mortier de ciment avec ce dernier sable et l'argile en provenant.

La chaux et le ciment employés purs ont donné, aux essais, les résultats suivants :

(1) Dans tous les essais de chaux et de ciment purs et dans les essais de mortier, il a été rompu chaque fois 6 éprouvettes et les résultats indiqués

Comme dans les précédents essais encore, les éprouvettes de mortier ont été brisées à la traction avec un appareil Michaëlis. Les résultats obtenus sont représentés par les graphiques joints à la présente note, planches 11, 12 et 13, figures 2 à 6 et 8 à 12. Dans les essais représentés par les graphiques des figures 2 et 8, 3 et 9, 5 et 11, toutes les éprouvettes étaient au moment de leur rupture, parfaitement intactes et à arêtes vives.

Dans les essais représentés par les graphiques des figures 4 et 10, les éprouvettes de mortier contenant une proportion d'argile de 30 % et au-dessus se sont désagrégées très rapidement (moins de 3 mois).

Dans ceux représentés par les graphiques des figures 6 et 12, les arêtes des éprouvettes contenant plus de 30 % d'argile s'étaient légèrement épaufrées. Au-dessous de cette proportion, elles étaient restées parfaitement vives.

Les déductions à tirer de ces graphiques sont nombreuses. Nous allons en examiner les principales.

1° Mortier de chaux avec sable et argile de carrière. Dans les nouvelles expériences des mortiers de cette catégorie, l'influence heureuse des argiles est moins affirmée que dans les premières; elle subsiste, néanmoins, dans les mortiers anciens surtout.

D'autre part, si, comme l'a constaté M. l'Inspecteur général Alexandre, les mortiers avec sable argileux se décomposent rapidement à la mer, il ne semble pas en être de même dans l'eau douce. Pendant la longue période de cinq années qu'ont duré nos expériences, rien de pareil n'a été constaté. Lorsque la désagrégation n'a pas lieu dès le début, et cette désagrégation ne s'opère à ce moment qu'avec des proportions d'argile très élevées la résistance augmente à peu près régulièrement avec l'âge.

Les graphiques des figures 8 et 9 l'indiquent nettement. Avec des sables analogues, il semble donc possible pour ceux dont

sur les graphiques ont été déterminés comme il est prescrit au 3o paragraphe de l'article 10 de l'arrêté ministériel du 2 juin 1902, c'est-à-dire en prenant la moyenne des quatre plus forts.

une grande résistance immédiate n'est pas nécessaire, d'obtenir des mortiers très satisfaisants avec un lavage très sommaire. On peut, dans ce cas, sans risques croyons-nous, utiliser des sables contenant jusqu'à 15 à 20 % d'argile. Mais, lorsque, au contraire, on a besoin, dans le plus court délai, d'une résistance aussi élevée que possible, comme dans la construction des voûtes par exemple, le lavage du sable doit être plus soigné. Dans ce cas, une proportion de 5 à 10 % ne paraît pas devoir être dépassée.

2o Mortier de chaux hydraulique avec sable de Vienne mélangé de vase. Les sables de rivière vaseux sont franchement mauvais employés dans la confection des mortiers de chaux, lorsque la proportion des matières vaseuses dépasse 5 %. Cela résulte très clairement des graphiques de la figure 10. Si, jusqu'à cette proportion, les mortiers sont de qualité à peu près égale à celle des mortiers avec sables parfaitement lavés, au delà et jusqu'à 20 %, ils donnent des mortiers très médiocres. Au-dessus de 25 %, les mortiers n'ont plus aucune résistance, leur désagrégation est complète.

Notre conclusion est que dans les mortiers de chaux hydraulique avec sable de rivière, celui-ci doit toujours être lavé s'il contient plus de 4 à 5 % de vase.

3o Mortiers de ciment de portland avec sable et argile de carrière. Dans les mortiers de chaux, l'influence heureuse de l'argile ne se fait pas sentir dans les mortiers de confection récente. Dans les mortiers de ciment, au contraire, elle se manifeste dès le début. Avec les sables et argiles de carrière plus particulièrement, les résultats obtenus sont absolument déconcertants. Les mortiers avec 50% d'argile donnent, après un an de fabrication, des résultats meilleurs qu'avec ces mêmes sables parfaitement lavés. Avant un an, les résultats sont moins bons avec des proportions. d'argile supérieures à 25 %, mais audessous de cette quantité, les résistances obtenues sont invariablement plus élevées et de beaucoup. On peut donc en conclure, qu'avec des sables de cette nature, le lavage, pour le mortier de ciment, peut être très rudimentaire.

4° Mortier de ciment de portland avec sable de Vienne mélangé de vase. Le mortier de ciment et sable de rivière mélangé de vase semble suivre la même loi que le mortier de chaux fabriqué avec ce même sable. Jusqu'à un an de fabrication, les résistances obtenues sont supérieures avec le sable propre qu'avec le sable. mélangé de vase; mais après un an, les mortiers dans lesquels la proportion d'argile ne dépasse pas 15 à 20 % donnent des résistances très nettement supérieures à celles obtenues avec le sable bien lavé. Les maxima paraissent obtenus avec une proportion comprise entre 10 et 15 %, et, dans ces limites, il ne semble pas y avoir danger à employer du sable qui ne répondrait pas à la formule ordinaire qui consiste à laver le sable jusqu'à ce que l'eau de lavage sorte claire pendant la trituration. A notre avis, et par mesure de prudence, il serait sage cependant de ne pas dépasser le premier de ces chiffres (1).

Ainsi qu'on l'a vu plus haut, la chaux hydraulique de l'usine de Lafarge a été exclusivement employée dans les expériences

(1) Une note parue au Génie civil en 1904, tome XLV, page 115, donne les résultats, d'après une étude publiée dans l'Engineering News, d'expériences faites au laboratoire d'essais de la Compagnie du Milwaukee And Saint Paul Railway à Chicago, sur l'emploi des sables argileux pour la fabrication du béton. Ces expériences ont porté sur des mortiers de ciment et sur des éprouvettes de un à trois ans de fabrication qui ont été rompues comme les nôtres à la traction.

Cette note, dont nous n'avons eu connaissance qu'après la rédaction de la présente, contient des résultats identiques à ceux que nous avons trouvés avec des mortiers de même nature. Les conclusions sont également les mêmes.

Signalons dans le sens contraire une annotation de la notice dressée par la Société Pavin de Lafarge en 1909, sur les chaux hydrauliques et ciment de cette Société, page 90, ainsi conçue: «Dans ces derniers temps, les expérimentateurs américains ont publié une quantité d'expériences tendant à montrer que, non seulement une petite quantité de terre glaise ne nuisait pas aux résistances initiales des mortiers et des bétons, mais tendait au contraire à les augmenter. Nous pensons que ces expériences sont de nature à induire en erreur les constructeurs. D'abord elles n'ont pas été poussées très loin et se bornent à des résultats à 84 jours, ensuite elles sont contredites par tout ce que la pratique enseigne. »

Cette appréciation, qui ne s'appuie que sur la formule du sable absolument propre, nous semble, en présence des expériences faites, donner lieu aux plus expresses réserves.