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prenaient, pour chaque voûte, 5 fermes placées à 1 m. 45 d'axe en axe; ces fermes étaient du type à contrefiches disposées en forme d'éventail, de façon à soutenir les abouts des vaux. Chaque cintre reposait sur cinq palées intermédiaires distantes de 5 m. 80 les unes des autres; les trois palées centrales étaient constituées par une double ligne de pieux de 0 m. 30 de diamètre espacées de 1 mètre d'axe en axe; les deux autres palées ainsi que les points d'appui extrêmes ne comportaient qu'une seule ligne de pieux de 0 m. 30. On avait également battu des pieux de choc à 2 m. 50 à l'amont et à l'aval des pieux de tête. Des moises de contreventement disposées dans les deux sens assuraient convenablement la rigidité du cintre et des pieux de support. Les boîtes à sable avaient été protégées contre les eaux de crue de la Loire par des coffrages en planches de sapin qu'on avait remplis de béton de ciment autour de chaque boîte et, dans l'intervalle compris entre les boites, on avait mis du sable argileux bien tassé que l'on recouvrit ensuite d'une chape en ciment.

Les voûtes étaient formées d'une douelle et de bandeaux en moellons smillés; la maçonnerie de remplissage au-dessus des moellons de douelle a été faite avec des moellons gisants, bruts, que l'on avait choisis de façon à présenter un queutage aussi grand que possible, le tout hourdé au mortier de ciment Portland dosé à raison de 550 kilogrammes de ciment par mètre cube de sable. Pour la construction des voûtes, on les divisa en 4 tronçons disposés symétriquement par rapport à la clef et qui furent menés simultanément sur toute la largeur de la voûte et à pleine épaisseur. Ces tronçons de voûte laissaient par conséquent cinq intervalles, savoir: deux aux naissances, un à la clef et les deux autres sur les reins au droit des contrefiches normales à l'intrados, soit à 6 m. 80 environ de la clef. En ces derniers points on avait établi des chevalements destinés à soutenir les maçonneries des tronçons du sommet de la voûte ; aux naissances on avait procédé de la manière suivante : le premier cours de moellons de douelle s'appuyant sur le sommier était posé à sec en ayant soin de placer dans le joint

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sec des naissances et à 0 m. 05 en arrière de la surface d'intrados, des lames de plomb de 0 m. 05 de largeur et 0,015 d'épaisseur; à la partie supérieure, ce calage était complété par des coins en chêne et l'on avait eu soin de boucher l'ouverture supérieure de ce joint avec des chiffons gras et de recouvrir le tout de sacs vides afin d'empêcher l'introduction des poussières dans ce joint; le premier cours de moellons ainsi mis en place, on posait les deux cours suivants au mortier de ciment employé en pate ferme. Au-dessus de ces trois cours de moellons, on a établi à la place de la maçonnerie de queutage, un coffrage en charpente destiné à soutenir les tronçons constituant les reins de la voûte; aussitôt que les coffrages et chevalements sus-indiqués étaient mis en place, on commençait l'exécution des maçonneries des quatre tronçons de voûtes à la fois en partant bien entendu des points les plus bas qui se trouvaient soutenus, ce travail était conduit de façon à achever chaque tronçon à peu près au même moment. Les clavages des intervalles commencèrent par celui de la clef et après que les maçonneries des tronçons de la voûte suivante étaient achevés ; à cet effet, on posa à sec le cours de moellons de douelle à la clef en ayant soin d'assujettir ces moellons avec des coins en bois et l'on procéda ensuite avec des battes en fer méplat, au matage des joints secs avec du mortier pulvérulent ; ce travail, qui a été fait en régie, était mené par deux équipes en partant des bandeaux de tête pour se rejoindre au milieu de la largeur de la voûte. Aussitôt ce matage effectué on exécutait la maçonnerie de queutage superposée aux moellons de douelle en laissant un joint sec soigneusement calé par des coins en chêne jusqu'après l'achèvement du matage des autres joints inférieurs de la douelle sur les reins et aux naissances. Pour ce dernier travail on procédait à l'enlèvement des chevalements ou coffrages, en commençant toujours du côté des bandeaux et l'on avait soin de caler les maçonneries au moyen de butoirs ; on exécutait ensuite la maçonnerie de douelle dans l'intervalle situé entre la clef et les naissances en ménageant le joint sec au droit de la contrefiche du cintre que l'on matait de la

manière indiquée pour la clef et l'on faisait également le remplissage au-dessus en laissant un joint sec convenablement calé. On opérait de la même façon pour le matage du joint inférieur de douelle aux naissances et pour le remplissage au-dessus. Il ne restait plus ensuite qu'à effectuer le matage des joints secs du remplissage de la voûte, opération qui se faisait en partant toujours de la clef. Les travaux de matage de joints étaient terminés le 29 mai pour la voûte no 1 et le 3 juin pour la voûte n° 2; le décintrement de ces deux voûtes a eu lieu le 22 juin alors que le matage était terminé dans la voûte no 3 et se poursuivait dans la voûte no 4. Toutes les cinq voûtes étaient complètement achevées fin juin et leur exécution n'a demandé que 50 jours. Le décintrement des voûtes a toujours eu lieu environ 20 jours après l'achèvement du matage des joints; le tassement de la clef après décintrement a été de 15 mm. pour la voûte no 1, de 11 mm. pour la voûte no 2, de 10 mm. pour la voûte no 3, de 14 mm. pour la voûte no 4 et de 10 mm. pour la voûte no 5 sans différence appréciable de l'amont à l'aval dans chaque voûte. Le surhaussement des cintres à la clef qui était de 5 centimètres avant tout chargement n'atteignait guère que 2 centimètres lors de l'achèvement complet des voûtes, de sorte que les altitudes du sommet des voûtes telles qu'elles étaient prévues au projet ont été réalisées à moins d'un centimètre. Lors de ces décintrements il n'a été constaté aucune fissure dans les voûtes.

La construction des tympans, des voûtelettes d'élégissement entre tympans au-dessus des piles, des murs longitudinaux intermédiaires au-dessus des culées et du dallage en béton armé qui reliait la partie supérieure des murs, a été faite aussitôt après le décintrement des grandes voûtes en même temps que le dégradage des joints et le rejointoiment de la douelle et des bandeaux ; mais à partir du mois d'août, lors de la mobilisation, les travaux ont marqué un ralentissement sensible; le personnel ouvrier était très réduit et les maçonneries des tympans ne furent prêtes à recevoir les plinthes que dans le courant d'octobre 1914. On profita des basses eaux de l'automne

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1914 pour activer les travaux de terrassements aux abords du pont qui consistaient à élargir le lit de la Loire, à exécuter les remblais des rampes d'accès au pont et à construire des perrés pour la protection des berges. Au mois de mai 1915, bien que l'activité du chantier eût été très faible, le pont était complètement achevé à l'exception du garde-corps métallique qui n'avait pu être livré par le constructeur en raison de la hausse sensible du prix des fers pendant la guerre et des difficultés d'exécution de cet ouvrage par suite de l'importance des fournitures pour l'Armée, dont étaient chargées les usines métallargiques. Pour permettre la mise en service du nouveau pont, l'Administration avait promis aux entrepreneurs de leur accorder une indemnité correspondant à la hausse subie par les fers et elle se mit aussitôt en rapport avec les usines pour obtenir la livraison des fers du garde-corps; de cette façon, il a été possible de livrer le pont à la circulation dans le courant d'octobre 1915.

§ III. - DÉPENSES

La dépense totale de construction du pont, des rampes d'accès et travaux aux abords, y compris les frais de surveillance et acquisitions de terrains, s'élève à 369.756 fr. 88, se décomposant ainsi :

Décompte définitif de l'entreprise (rabais

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Par nature d'ouvrages, ce total se subdivise comme il suit :

(1) Tous les actes de vente sont passés et signés mais le paiement des terrains et l'accomplissement des formalités prescrites par la loi du 3 mai 1841 restent à faire.

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La longueur du pont entre abouts extérieurs des culées étant de 187 mètres, les prix de revient de cet ouvrage, par unité de longueur et par unité de surface en plan et en élévation,sont les suivants :

par mètre linéaire de pont :

336.703 fr. 18
187

1.800 francs.

par mètre superficiel en plan (entre garde-corps) :

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par mètre superficiel en élévation (entre le dessus des fondations et le niveau supérieur de la plinthe):

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Nous avons dressé le projet de cet ouvrage et nous avons fait exécuter les travaux sous la direction de M. l'Ingénieur en Chef PIGACHE.

La surveillance du chantier a été faite avec intelligence et dévouement par M. RONGÈRE, conducteur des Ponts et Chaussées Jusqu'au moment de la mobilisation en août 1914 et ensuite par M. BOURGOGNE, sous-ingénieur des Ponts et Chaussées, chargé par intérim de la subdivision pendant la guerre.

Les entrepreneurs étaient MM. SOUILLARD frères, qui ont exécuté avec le plus grand soin les travaux, tant des fondations que de l'élévation, et le règlement des comptes s'est fait sans difficulté.

Charolles, le 28 avril 1916.

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