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N° 30

NOTE

SUR

L'IRRIGATION DE LA PLAINE DU CHÉLIFF DANS LE DÉPARTEMENT D'ORAN

PAR

M. VIELLE,

Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, Adjoint technique à la Direction des Travaux Publics de l'Algérie, chargé de l'intérim de la Circonscription Est d'Oran.

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Situation. La vallée de Chéliff, dépendant du Tell algérien, s'étend dans les départements d'Alger et d'Oran.

Dans le département d'Alger, le cours du fleuve a une allure torrentielle jusqu'à Affreville, point où il s'assagit en traversant les plaines de Duperré, Oued Fodda et Orléansville.

A l'endroit où le fleuve pénètre dans le département d'Oran, la vallée s'élargit brusquement à hauteur du Merdja, un peu en amont du confluent du Riou, en formant une immense plaine de forme trapézoïdale, ayant comme bases 4 et 10 kilomètres et comme hauteur 50 kilomètres environ.

L'altitude de cette plaine varie entre la cote 70 à l'amont, et la cote 40, à l'aval, contre la Mina.

Cette plaine est fermée, à l'est, par la colline transversale d'El Kherba, haute de 180 mètres, qui la sépare de la plaine d'Orléansville; au sud par l'Atlas, au nord par le massif du Dahra, à l'ouest par la montagne de Bel-Hacel qui s'élève jusqu'à 500 mètres.

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Fig. 1. Irrigation de la plaine du Chéliff. Plan général.

Machine elevatoire

MEROJA
Sendu Mordja

Merdja S'Abed

Oued

ElAleR

OULAD

TOUARES

10 Km

EL GARGAR

OULAD

EUR

OTsab

Ammi M

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Charon

Le Chéliff longe presque constamment le pied des coteaux du Dahra, aussi la plus grande étendue de la plaine se trouve sur la rive gauche du fleuve englobant une surface de 25.000 hectares environ qui comprennent les territoires colonisés d'Inkermann, Saint-Aimé et Hamadéna, pour une superficie de 10.000 hectares environ, et des territoires indigènes, presque incultes actuellement, dont l'étendue dépasse 15.000 hectares.

Sur la rive droite du Chéliff, la plaine commence à l'Oued Ouarizane et finit à l'Oued Taria; sa longueur est de 20 kilomètres et sa plus grande largeur de 5 kilomètres. La zone susceptible d'irrigation est de 8.500 hectares.

La plaine de rive gauche a une superficie de 27.500 hectares, divisée en trois parties par les oueds Riou et Djidiouia, savoir : entre la colline d'El-Kherba et l'Oued Riou. 4.500 hectares entre l'Oued Riou et l'Oued Djidiouia entre l'Oued Djidiouia et la Mina .

3.000 20.000

Dans le département d'Alger on a eu recours depuis bien longtemps, aux irrigations pour mettre en valeur la vallée du Chéliff. Aussi a-t-on obtenu des résultats remarquables pour les cultures.

La partie oranaise de la vallée du Chéliff est au contraire une des régions de l'Algérie les plus éprouvées par le manque de récolte. La pluie y atteint pourtant une moyenne annuelle de 440 millimètres, suffisante pour la culture des céréales; mais elle est mal répartie. Trop souvent, elle arrive tardivement et les labours sont empêchés ou les ensemencements compromis. Trop souvent aussi, une période prolongée de sécheresse détruit les céréales en herbe.

L'irrigation doit remédier à la mauvaise distribution des chutes pluviales. Le débit abondant du Chéliff en hiver la rend possible. Aussi, depuis de longues années, les Corps élus et les Colons ne cessent de réclamer les travaux nécessaires à cet objet.

Etudes diverses faites en vue d'un programme de travaux. — Les premières études d'une dérivation du Chéliff remontent à plus de 30 ans.

En 1885, à la suite d'un vœu formulé par la Commission municipale du centre d'Inkermann, M. l'Ingénieur en Chef GENTY présenta un double avant-projet dressé par M. l'Ingénieur SOULEYRE.

Le barrage était placé en regard de l'ancien télégraphe aérien de Sbéah, à 700 mètres en aval du pont du chemin de Charon à Renault; il élevait l'eau à la cote 71 ou à la cote 67, suivant la solution envisagée, avec une hauteur de retenue de 7 m. 50 ou de 3 m. 50. Le canal dérivait un débit de 6 mètres cubes à la seconde et desservait la plaine de rive gauché jusqu'à la Mina, dominant une surface de 26.000 ou de 23.000 hectares. La dépense était évaluée à 7.400.000 francs ou à 6.000.000 de fr. non compris les canaux secondaires.

M. le Ministre de l'Agriculture le jugea hors de proportion. avec les résultats à attendre des travaux, eu égard à ce que la colonisation n'était pas encore très développée et, par décision du 2 avril 1886, rejeta l'avant-projet.

Néanmoins, sur une demande du Conseil Général d'Oran, M. le Gouverneur Général décida que l'affaire serait reprise et ordonna, en 1889 et 1890, une nouvelle étude de la question.

M. l'Ingénieur en chef GENTY produisit, en 1891, un projet dressé par M. l'Ingénieur RABY,

Le barrage était reporté à 3 kilomètres plus haut dans le Chéliff, entre l'Oued Sli et l'Oued Taflout. En saillie de 2 mètres seulement au-dessus du lit, il retenait les eaux à la cote 68. Le canal pouvait prendre un débit de 8 mètres cubes et couvrait, sur la rive gauche, une étendue de 22.000 hectares.

La dépense du barrage et du canal principal était évaluée à 6.000.000 de francs; celle des canaux secondaires à 1 million 500 000 francs.

Une décision de M. le Ministre de l'Agriculture du 12 mai 1893 écarta définitivement le projet.

A la suite de nombreuses demandes des intéressés et du Conseil Général d'Oran, M. LEYGUE, Agent-voyer en Chef du département d'Oran, entreprit en 1898 une nouvelle étude à l'aide

d'une subvention de l'Etat et soumit à l'Administration un

projet complet.

M. LEYGUE barrait le lit du Chéliff, vis-à-vis le marais MerdjaSidi-Abed, en un point situé à 2.500 mètres au-dessus de la limite du département d'Alger et à 1.500 mètres en amont de l'ancien bordj de l'Agha.

Le barrage arasé à la cote 57 mètres, soit à 3 mètres audessus de l'étiage, dérivait l'eau dans un canal portant 6 mètres cubes. Le canal, très profond, côtoyait le Chéliff dans toute la traversée des communes d'Inkermann et de Saint-Aimé et n'atteignait le niveau de la plaine que près du village d'Hamadéna. Il n'arrosait ainsi, sur les deux rives, que la zone inférieure de la vallée. M. LEYGUE prévoyait l'aménagement des eaux du Riou pour l'irrigation des terres de colonisation supérieures. Il évaluait les dépenses du barrage, des ouvrages d'art et de tous les canaux, principaux et secondaires, à la somme totale de 2.620 000 francs seulement.

Les Ingénieurs des Ponts et Chaussées de l'époque firent ressortir l'insuffisance de cette évaluation et exposèrent un programme qui englobait dans la zone irrigable les territoires. d'Inkermann et de Saint-Aimé.

Ils établissaient la prise d'eau dans une boucle du fleuve voisine du marabout de Sidi-Salem, en face de l'éperon du plissement d'El-Kherba. La branche d'aval de la boucle était barrée par une digue en terre insubmersible. Un déversoir, construit dans une tranchée ouverte à travers l'étranglement de la boucle, exhaussait le niveau naturel de l'eau de 8 m. 50. Le canal s'alimentait dans le remous créé par le barrage en terre. Il arrivait au niveau de la plaine au bas du marais Merdja-SidiAbed, vers la cote 64,50. Sa section était calculée pour débiter 15 mètres cubes par seconde.

M. l'Ingénieur POUYANE, auteur du projet, évaluait la dépense à 3.000.000 de francs; M. l'Ingénieur en Chef GENTY la portait à 4.000.000 de francs.

Une Commission spéciale fut instituée par décision gouvernementale du 28 août 1899 pour examiner, au point de vue

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