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geur est munie en conséquence d'un secteur horizontal qui s'appuie sur deux galets destinés à s'opposer aux efforts transversaux excrcés par la chaîne de rotation; lesdits galets sont portés par des chapes mobiles logées dans une chaise en fonte scellée dans la maçonnerie de la fosse. Le diamètre intérieur de la presse étant insuffisant pour que le tablier se soulève sous l'action de la pression de régime de la canalisation, qui est de 52 kilos, on fait usage d'un appareil spécial, appelé multiplicateur, qui envoie dans la presse de l'eau comprimée à 290 kilos; pour éviter la chute du plongeur et la descente brusque du tablier en cas de rupture de la conduite d'amenée, on a disposé, au point de raccord de cette conduite avec la presse, un appareil de sûreté qui fermerait instantanément l'évacuation si la pression venait à manquer.

La presse-pivot est posée sur une chaise en fonte sur laquelle on peut la faire glisser, au moyen d'une crémaillère de rappel, pour la visiter et la réparer.

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Le mouvement de rotation est obtenu au moyen d'une chaîne sans fin qui s'enroule autour d'une couronne à gorge de 14 mètres de diamètre, boulonnée sous les poutres principales, et qui est actionnée par deux presses conjuguées à quatre brins à simple pouvoir. Il est arrêté à fin de course par de simples butoirs en bois.

L'équilibre du pont, pendant la manœuvre, a été calculé dans l'hypothèse d'un vent de 45 kilos par mètre carré, soufflant suivant une direct-on inclinée à 45° sur l'horizontale, ce qui correspond à une pression verticale de 32 kilos sur le tablier et à une pression horizontale de 32 kilos également sur les faces des poutres principales.

La durée d'une manoeuvre d'ouverture varie de 2 minutes 55 secondes à 3 minutes 25 secondes suivant la force du vent; celle d'une manoeuvre de fermeture de 2 minutes 25 secondes à 2 minutes 55 secondes. Une manœuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 594 litres d'eau comprimée à 52 kilos, ce qui représente une dépense d'énergie de 308 860 kilogrammètres, soit :

308 880
790

391 kgm. par tonne de poids du tablier.

La dépense totale d'établissement du pont s'est élevée à 417 157 fr., y compris une somme de 56 000 fr., environ pour les appareils de manœuvre.

Le pont tournant de la Joliette (Pl. 2, fig. 25), construit en 1875, couvre une passe de 21 m. 30 d'ouverture; la longueur totale du tablier est de 41 m. 99, dont 27 m. 60 pour la volée et 14 m. 39 pour la culasse; le tablier, composé de deux poutres principales à treillis entretoisées, a une largeur totale de 8 mètres, comprenant 5 mètres pour une double voie charretière et 1 m. 80 pour deux trottoirs latéraux; il a été établi pour pouvoir supporter, en cas de besoin, une voie ferrée; il pèse 286 tonnes.

Les appareils de manœuvre sont analogues à ceux du pont des bassins de radoub, mais avec diverses simplifications très appréciables.

En premier lieu, la presse-pivot a un diamètre suffisant pour effectuer le soulèvement du tablier avec la pression de régime de la canalisation; d'autre part, elle suffit à elle seule pour réaliser le basculement sans le secours d'aucun appareil de calage; à cet effet, les appuis fixes de la culasse ont été placés à 2 m, 50 environ de l'extrémité de la culasse, entre la presse-pivot et les galets; lorsqu'on commence à soulever le pont une légère rotation s'opère d'abord sur lesdits appuis, puis le soulèvement continuant, les galets viennent porter sur leur chemin de roulement et l'extrémité de la volée se dégage, à son tour, de ses appuis; on peut alors faire fonctionner les presses de rotation. La manœuvre du pont ne comporte, par suite, que deux mouvements distincts.

Les plaques d'appui sur lesquelles repose l'extrémité de la volée sont munies latéralement de rebords inclinés destinés à ramener le pont dans sa position exacte de fermeture.

A l'origine, la presse-pivot était constituée de manière qu'on pût soulever le pont de 0 m. 50, ce qui permettait, grâce au basculement correspondant, de faire passer les embarcations non

mâtées sous le tablier; on économisait ainsi la rotation dans un grand nombre de cas. L'eau comprimée consommée à la montée était récupérée en grande partie à la descente, au moyen d'un dispositif spécial analogue à celui employé dans les presses différentielles. On a renoncé à cette manœuvre en raison des inconvénients résultant des fréquents remplacements des cuirs emboutis de la presse. Aujourd'hui la presse-pivot est du type ordinaire, avec presse-étoupes à la partie supérieure.

Le tablier et les appareils de manœuvre ont été calculés en vue de supporter, pendant la rotation, un vent exerçant une pression verticale de 40 kilos par mètre carré sur toute la surface du tablier et un vent exerçant une pression horizontale de 60 kilos sur les deux poutres principales.

La durée d'une manœuvre d'ouverture varie de 2 minutes à 2 minutes 20 secondes suivant la force du vent; celle d'une manœuvre de fermeture varie de 1 minute 35 secondes à 1 minute 55 secondes. Une manœuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 242 litres d'eau comprimée à 52 kilos, ce qui représente une dépense d'énergie de 169 400 kilogrammètres, soit :

169 400
286

=

592 kgm. par tonne de poids du tablier.

Le pont tournant de la Joliette a coûté 262 500 fr., dont 60 000 fr. environ pour les appareils de manoeuvre. Les frais d'entretien des appareils de manœuvre coûtent en moyenne 1 700 fr. par an.

Le pont tournant d'Arenc (Pl. 2, fig. 26), construit en 1889, est le plus important des ponts tournants à manœuvre hydraulique, non seulement du port de Marseille, mais de tous les ports français; il dépend de la concession de la Cie des Docks et Entrepôts de Marseille. Ce pont couvre une passe de 50 mètres d'ouverture; la longueur totale du tablier est de 95 m. 77, dont 59 m. 42 pour la volée et 36 m. 35 pour la culasse; le tablier, composé de deux poutres principales à treillis entretoisées haut et bas, porte deux voies ferrées et deux trottoirs latéraux; sa largeur totale est de 10 m. 05; il pèse 1 300 tonnes.

La passe d'Arenc est habituellement libre pour la navigation; on ne la ferme que pour livrer passage à des rames de wagons; le pont n'est pas ouvert au charroi.

Dans la position de fermeture, les points d'appui du tablier sont distribués de la même façon que pour le pont des bassins de radoub; mais les extrémités du chevêtre sont supportées par des coins. Pendant la rotation le tablier repose sur une presse-pivot et sur quatre galets groupés par deux sous chaque poutre principale.

Les appareils de manœuvre sont analogues à ceux du pont tournant du Pollet à Dieppe; ils en diffèrent toutefois sur les points suivants :

La presse-pivot n'ayant pas un diamètre suffisant pour soulever le tablier à la pression de régime de la canalisation d'eau comprimée, on fait usage d'un multiplicateur pour y envoyer de l'eau comprimée à 134 kilos; le gel étant peu à craindre à Marseille, on n'a pas jugé nécessaire de remplacer l'eau par la glycérine à l'intérieur de la presse.

Les extrémités du chevêtre étant calées dans la position de fermeture, au lieu de rester libres, des presses hydrauliques spéciales servent à manœuvrer les coins de calage correspondants, dont les mouvements sont d'ailleurs conjugués au moyen d'un système de leviers qui les rend solidaires (Pl. 2, fig. 27).

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Des coins sont également disposés dans l'encuvement pour caler les extrémités de la culasse et de la volée lorsque le pont doit rester longtemps dans la position d'ouverture; cette opération ne se fait généralement que le soir pour la nuit.

Les butoirs destinés à arrêter le mouvement de rotation sont formés par de simples tampons en bois.

L'ouverture du pont comporte la série des opérations suivantes : 1° Soulever le tablier de 0 m. 04 environ au moyen de la presse-pivot, fonctionnant à la pression de 134 kilos;

2o Décoincer les extrémités du chevêtre;

3o Relever la culasse au moyen des presses de soulèvement et décoincer l'extrémité de la culasse;

4o Abaisser l'extrémité de la culasse, jusqu'à ce que l'extré

mité de la volée se dégage de ses appuis et que les galets portent sur leur voie de roulement;

5o Remettre la pression normale dans la presse-pivot, pour que le plongeur vienne reposer sur le fond du pot;

6o Actionner les presses de rotation.

La fermeture comporte, en sens inverse, la même série d'opérations.

Certaines de ces opérations peuvent s'effectuer simultanément, notamment celles portant les numéros 1 et 2, ainsi que les numéros 4 et 5; la manœuvre n'en reste pas moins assez compliquée et assez lente.

Le tabliers et les appareils de manœuvre ont été calculés pour pouvoir supporter pendant la rotation :

1° Une surcharge verticale de vent ou de neige de 50 kilos par mètre carré sur toute la surface du tablier;

2o Un vent exerçant une pression horizontale de 10 kilos par mètre carré sur les poutres principales, lorsque les presses fonctionnent au faible pouvoir et un vent de 40 kilos lorsque les presses fonctionnent au grand pouvoir; les poutres étant à treillis, on a admis, d'autre part, que la première seulement supporterait l'action totale du vent et la seconde les deux tiers du même effort.

La durée d'une manœuvre d'ouverture par temps calme est de 5 minutes; celle d'une manoeuvre de fermeture de 3 minutes 25 secondes. Une manœuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 1 333 litres d'eau comprimée à la pression de 52 kilos lorsque les presses de rotation fonctionnent au faible pouvoir et 2 173 litres lorsqu'elles fonctionnent au grand pouvoir, ce qui représente une dépense d'énergie de :

693 160 kilogrammètres dans le premier cas et 1 129 960 kilogrammètres dans le second, soit respectivement :

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533 kgm. par tonne de poids du tablier, par

temps calme.

869 kgm. par tonne de poids du tablier, par

vent fort.

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