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nieur. Ses services lui valurent des appréciations très élogieuses de ses chefs et, dès la fin de 1863, alors qu'il ne comptait encore que neuf années de grade, il fut l'objet d'une proposition pour la croix de la Légion d'honneur après l'achèvement de la construction du pont de Fium' Alto de 40 mètres d'ouverture en voûte surbaissée. Cette distinction lui fut conférée en 1867 après qu'il se fût créé d'autres titres par les travaux du port de l'anse Saint-Nicolas, à Bastia, ceux du pont de Fango de cinq arches de 18 mètres, avec fondations difficiles, d'importants travaux de dessèchement et d'irrigation, le projet du grand phare d'Alistro, · ceux des distributions d'eau des villes de Bastia et de Calvi.

M. Doniol était rappelé sur le continent le 1er septembre 1868 et chargé du service ordinaire et vicinal de l'arrondissement de Beauvais, avec un contrôle de chemins de fer; un peu plus tard, il eut à procéder aux études de l'avant-projet du chemin de fer de Montsoult à Amiens, qui lui valurent une lettre de félicitations du ministre. M. Doniol s'était acquis à Beauvais une excellente situation; il y devint membre du conseil municipal, situation qu'il conserva jusqu'à son départ.

Lorsque le poste d'ingénieur en chef du département de l'Oise devint vacant, personne n'était mieux désigné que l'ingénieur ordinaire de l'arrondissement de Beauvais pour en recueillir la succession; il en fut chargé en février 1876 et fut promu ingénieur en chef le 3 juillet suivant.

En janvier 1871, il avait été attaché au 22 corps d'armée en qualité d'ingénieur en chef du génie, puis appelé à remplacer le colonel directeur du génie à Saint-Omer; il eut à traverser plusieurs fois les lignes ennemies et s'acquitta de ses fonctions militaires avec beaucoup d'activité et de dévouement; il assura la mise en état de défense du fort Saint-Pol près de Dunkerque et fit construire de nombreux retranchements.

Au début de l'année 1879, M. Doniol était placé à la tête du service des Ponts et Chaussées du département du Nord, puis, chargé, en outre, à partir de 1881, des études et travaux des chemins de fer de Lens à Armentières, Valenciennes au Cateau, Don à Templeuve, etc.

C'est alors que j'ai servi sous les ordres de M. Doniol et que j'ai pu apprécier ses hautes qualités d'intelligence, d'activité et de caractère. Esprit à la fois conciliant et ferme, administrateur habile, il acquit vite, dans le département du Nord, une grande autorité; elle lui valut d'être appelé, à la fin de 1881, aux fonctions d'agent voyer en chef et d'être l'objet, dès 1882, d'une proposition pour la croix d'officier de la Légion d'honneur et, bientôt après, d'une proposition pour le grade d'inspecteur général.

M. Doniol fut le président français d'une Commission internationale chargée de rechercher les mesures à prendre pour assurer le curage, l'amélioration et la police des cours d'eau limitrophes de la France et de la Belgique et, notamment, l'assainissement de la rivière l'Espierre; on peut attribuer à la manière dont il conduisit les débats une grande part dans la réalisation de l'accord intervenu entre les Gouvernements à ce sujet; il était aussi membre de la Commission internationale des moërs et watringue ainsi que du Canal de Dunkerque à Furnes. En témoignage des services ainsi rendus, M. Doniol reçut, en 1883, la croix d'officier de l'ordre de Léopold et, plus tard, en 1889, celle de commandeur du même ordre.

Il était promu officier de la Légion d'honneur par décret du 29 décembre 1885 et nommé inspecteur général de 2o classe le 1er novembre 1886.

Il eut d'abord l'inspection des services d'études et travaux de chemins de fer concédés aux Compagnies d'Orléans et du Midi, dont l'infrastructure était exécutée par l'État, et il y joignit ensuite l'inspection de six départements. Dans ces fonctions, il eut à procéder aux épreuves et à la réception d'un important ouvrage, qui fait époque dans l'histoire des constructions métalliques, le viaduc de Garrabit, sur la ligne de Béziers à Neus

sargues.

Une réorganisation des services lui fit donner, en 1888, une autre région d'inspection avec les lignes nouvelles du réseau

d'Orléans.

L'année suivante, M. Doniol devenait directeur du contrôle

de la Compagnie du chemin de fer d'Orléans, fonctions qu'il ne conserva que dix-huit mois pour être chargé, en janvier 1891, de l'inspection des Travaux publics de l'Algérie, laquelle s'étendait aussi, à cette époque, à la Tunisie. Il eut alors à diriger les études du chemin de fer d'Aïn-Sefra à Djinien-Bou-Rezg, dans le Sud Oranais; il fit approuver les projets d'amélioration des ports d'Alger et de Phillippeville et aussi ceux des principaux ports de la Tunisie: Bizerte, Tunis, Sousse et Sfax. Commandeur du Nicham Iftikar depuis 1886, il fut promu grand officier de l'ordre en 1892.

En dehors de ses fonctions principales, M. Doniol avait été appelé, en 1886, à la Commission de l'Hydraulique agricole et en 1890 à la Commission des routes nationales, dont il devint président en 1898.

Le 13 septembre 1893, il était nommé directeur du personnel et de la comptabilité au ministère des Travaux Publics et élevé, en même temps, au grade d'inspecteur général de première classe; quelques mois plus tard, il devint conseiller d'Etat en service extraordinaire.

L'année suivante il était nommé vice-président de la Commission du nivellement général de la France.

M. Doniol reçut la croix de commandeur de la Légion d'honneur le 1er août 1894 avant de quitter la Direction du personnel pour prendre siège au Conseil général des Ponts et Chaussées.

Sa grande activité et ses hautes qualités professionnelles devaient le faire désigner pour de nombreuses et délicates fonctions: membre du Comité consultatif des chemins de fer, de la Commission de vérification des comptes des Compagnies de chemins de fer, de la Commission mixte des Travaux publics, du Conseil de l'École des Ponts et Chaussées, directeur du Service des débarquements et camionnages du camp retranché de Paris. Le 1er juillet 1895, il était chargé de l'Inspection du Service municipal de la ville de Paris qu'il conservait jusqu'à la fin de sa carrière, et, en mai 1897, il était appelé à la présidence de la 2o section du Conseil général des Ponts et Chaussées.

Cet ingénieur, dont la carrière avait été si remplie, et qui

avait occupé les postes les plus éminents du corps des Ponts et Chaussées, fut atteint par la limite d'âge le 1er mars 1899 et dut résigner toutes ses fonctions; il continua pourtant de siéger à la Commission de l'Hydraulique agricole.

Membre du Conseil de l'Ordre de la Légion d'honneur depuis la fin de 1895, M. Doniol fut appelé plusieurs fois à présider la distribution des prix des Maisons d'éducation de la Légion d'honneur; il sut exprimer avec éloquence, dans ses discours, les sentiments de devoir, d'honneur et de patriotisme si fidèlement entretenus chez des jeunes filles fières des services rendus au pays par leurs pères.

Après neuf années de collaboration aux travaux du Conseil, M. Doniol recevait une très haute distinction, à laquelle atteignent bien rarement les fonctionnaires de l'Administration des Travaux Publics, la dignité de grand officier de la Légion d'honneur conférée par décret du 13 juillet 1904.

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La merveilleuse activité de M. Doniol ne s'est pas affaiblie avec l'âge les loisirs que lui laissait sa retraite étaient employés à des œuvres de philanthropie, à des recherches historiques, en même temps qu'il poursuivait l'étude des questions auxquelles il s'était particulièrement consacré pendant le cours de sa carrière, se tenant au courant de tous les progrès, de toutes les manifestations intéressantes de la science de l'ingénieur.

La liste est longue des associations auxquelles il apporta le concours de son infatigable énergie et de son savoir: Comité technique de la Préfecture de la Seine, Commission municipale du Vieux-Paris, Congrès national des Travaux Publics français, puis Association française pour le développement des Travaux Publics dont il fut président, Société des Ingénieurs civils de France, Comité d'admission et d'installation de l'Exposition Universelle de 1900, Union d'assistance par le travail et Caisse des Écoles du XVIe arrondissement de Paris, Société historique d'Auteuil-Passy où il occupa à deux reprises le fauteuil de la

présidence.

M. Doniol s'était profondément attaché à ce XVIa arrondissement où il s'était installé en 1894 et dont il devenait, dix ans plus tard, maire-adjoint.

La passion qu'il avait pour son quartier lui fit entreprendre une œuvre considérable qu'il publia, en 1902, sous le titre : « Histoire du XVIe arrondissement de Paris ». L'auteur y faisait preuve d'infiniment de savoir et de patience; son récit historique et anecdotique était accompagné d'un recueil très complet de documents et articles sur les personnages et les faits marquants de l'arrondissement à toutes les époques de son histoire.

M. Doniol a publié aussi de nombreux ouvrages et articles sur les questions qui concernent l'art de l'ingénieur et c'est encore dans la dernière période de sa vie que, sans vanité d'auteur mais uniquement pour faire œuvre utile, il fit paraître la plupart de ces documents qui témoignent de son inlassable labeur et de l'étendue de ses connaissances.

En 1878, il avait rédigé une instruction pratique pour la surveillance des routes et des chemins vicinaux que le Ministère de l'Intérieur avait envoyée à tous les agents voyers en chef. Appelé à présider la Commission chargée de rechercher les modifications à apporter au règlement et aux types de cahiers des charges de 1881, il s'est particulièrement consacré aux questions concernant les voies ferrées d'intérêt local. En 1900, il publia une étude très documentée sur la réglementation des chemins de fer d'intérêt local, des tramways et des automobiles qui fut suivie, en 1903, d'une autre qui la complétait en traitant de la jurisprudence administrative, des concessions et des clauses financières des conventions. Il fit paraître dans la Revue générale des chemins de fer, en 1907, en 1909 et en 1910, des articles sur le même sujet et sur les trains automobiles à propulsion mécanique.

M. Doniol apportait dans la vie de famille les qualités qui le faisaient apprécier de ses camarades et de ses collaborateurs; il n'était pas seulement très bienveillant; il était réellement bon et s'efforçait de faire le bonheur de ceux qui l'entouraient.

Il fut durement éprouvé par la perte de la compagne fidèle qui, pendant cinquante-deux ans, avait partagé toutes les satisfactions et parfois les tristesses d'une vie si fortement remplie. Il lui restait deux enfants : un fils qu'il avait eu la joie de voir

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