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Chaque appareil de rotation comprend un moteur à trois cylindres actionnant, par l'intermédiaire d'un train d'engrenages, un tambour sur lequel s'enroule une chaîne sans fin; qui passe sur des galets de renvoi et des galets de support, puis autour d'une couronne à gorge fixée sous le tablier.

Un tampon de choc à ressort arrête chaque volée dans sa position exacte de fermeture; à côté, se trouve un crochet qui empêche tout retour en arrière sous la réaction du ressort ou l'action du vent; pendant l'opération de calage, ce crochet se dégage et rend la volée libre.

La durée d'une manœuvre d'ouverture est de 1 minute 30 secondes; celle d'une manœuvre de fermeture de 1 minute 40 secondes. Une manoeuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 675 litres d'eau comprimée à 50 kilos, ce qui représente une dépense d'énergie de 337.500 kilogrammètres, soit :

337.500
2 X 79

= 2.136 kgm. par tonne de poids du tablier.

Cette consommation considérable tient à l'utilisation, pour la rotation, d'un moteur de cabestan à trois cylindres et d'un train d'engrenages, au lieu de presses agissant directement sur la chaîne qui entoure la couronne.

Le pont tournant dont il s'agit a coûté 86.253 fr., dont la moitié environ se rapporte aux appareils de manœuvre.

Il est décrit dans la notice sur le port de Saint-Nazaire, rédigée par MM. les Ingénieurs POCARD-KERVILER, MALLAT et LE TROCQUER pour la collection des Ports Maritimes de la France publiée par le Ministère des Travaux Publics, ainsi que dans un mémoire de M. l'Ingénieur en Chef MALLAT inséré dans les Annales des Ponts et Chaussées, année 1908.

b) A volée unique sur une seule passe.

Le type de pont tournant à volée unique est celui qui est le plus souvent appliqué depuis que l'emploi des moteurs mécaniques s'est généralisé, parce qu'il n'exige qu'un seul jeu d'appa

reils de manœuvre que l'on dispose d'un même côté de la passe ; il procure ainsi une économie appréciable sur les frais d'établissement, d'entretien et de fonctionnement desdits appareils, comparativement au type de pont à double volée.

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Ponts tournants des écluses Carnot, à Calais (Pl. 1, fig. 13). Ces ponts, construits en 1889, sont décrits en détail dans la notice rédigée par MM. les Ingénieurs ARON, CHARGUÉRAUD et BODIN pour la collection des Ports Maritimes de la France, ainsi que dans le Cours de Travaux Maritimes de M. l'Inspecteur Général QUINETTE DE ROCHEMONT. Ils sont au nombre de quatre, dont deux franchissent une passe de 21 mètres d'ouverture et les deux autres une passe de 14 mètres; ils ne diffèrent que par la longueur de leur tablier, savoir :

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Le tablier, composé de deux poutres principales à treillis entretoisées, a une largeur totale de 8 m. 80 et porte deux voies charretières, avec voie ferrée dans l'emplacement de l'une d'elles, et deux trottoirs extérieurs de 1 m. 25 en encorbellement.

Dans la position de fermeture, le tablier repose sur trois points d'appui respectivement situés à l'extrémité de la culasse et sur le bord des deux bajoyers de la passe; pendant la rotation, il repose sur une presse pivot et sur deux galets de culasse.

La presse-pivot se compose d'un cylindre en fonte formant pivot à l'intérieur d'un autre cylindre en même métal constituant la crapaudine. Le piston porte, à sa partie supérieure, un évidement de forme demi-cylindrique dans lequel s'emboîte exactement une rotule de même forme faisant corps avec un sommier boulonné sous le chevêtre; c'est sur cette articulation que le pont bascule pour le dégagement des appuis des bajoyers. La partie inférieure du pivot porte, d'autre part, une couronne plate

en acier qui s'appuie sur une couronne semblable garnissant le fond de la crapaudine; cette dernière couronne est munie de rayures qui convergent vers l'évidement central. En haut de la presse-pivot, un presse-étoupes constitue une garniture étanche entre le pivot et la crapaudine. L'espace. annulaire est mis en communication avec le sommet d'une bouteille en fonte contenant de l'huile de naphte, au-dessous de laquelle on fait agir la pression de la conduite générale d'eau comprimée. Cette disposition a pour but de bien graisser les surfaces sur lesquelles s'effectue la rotation, de réduire la pression entre ces surfaces et d'avoir, en même temps, dans la presse-pivot un liquide ne se congelant qu'au dessous de 20°. Pour les ponts de 21 mètres, le diamètre du pivot est de 0 m. 68 et les surfaces annulaires en contact supporteraient une charge de 100 kilos par centimètre carré, si celle-ci n'était pas atténuée par la pression transmise à l'huile de naphte.

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Le basculement est effectué au moyen de deux presses différentielles placées à une certaine distance de l'extrémité de la culasse, au-dessous des poutres principales, et le calage ou le décalage au moyen de deux tasseaux de forme cubique qu'on pousse ou qu'on retire, en arrière de ces presses, au moyen d'une petite presse spéciale (Pl. 1, fig. 14).

L'appareil de rotation comprend deux presses à quatre brins conjuguées à simple pouvoir agissant sur une chaîne qui entoure une couronne à gorge fixée sous le tablier; le mouvement de rotation est arrêté, à fin de course, dans un sens ou dans l'autre, par un tampon hydraulique d'inertie. On sait que le principe de cet appareil repose sur la résistance opposée au passage de l'eau par des rainures à section décroissante mettant en communication les deux faces d'un piston qui se déplace dans un cylindre. sous l'action d'un choc; le calcul complet des tampons d'inertie figure dans la notice précitée sur le port de Calais.

Il existe, en outre, comme au pont tournant de l'écluse Trystram à Dunkerque, une presse de soulèvement de la culasse qui permet de redresser le pont lorsque celui-ci se trouve dans la position d'ouverture; mais, dans la pratique, on n'en fait pas usage.

La durée d'une manœuvre d'ouverture est de 1 minute 40 secondes ; celle d'une manœuvre de fermeture 1 minute 20 secondes. Une manœuvre complète, comprenant l'ouverture et la fermeture, absorbe 350 litres d'eau comprimée à 50 kilos pour l'un des ponts de 21 mètres pesant 274 tonnes, ce qui représente une dépense d'énergie de 175.000 kilogrammètres, soit :

175.000
274

639 kgm. par tonne de poids du tablier.

Les quatre ponts ont coûté ensemble 228.283 fr. pour le tablier et 139.230 fr. pour les appareils de manœuvre.

Un seul agent suffit pour la manœuvre de chaque pont; les frais d'entretien des mécanismes s'élèvent à 400 fr. environ par an pour les quatre ponts.

Un autre pont semblable a été construit en 1906, au même port, pour franchir l'écluse de l'Ouest de 17 mètres de largeur, et fonctionne, comme les quatre autres, d'une manière très satisfaisante.

Pont tournant du Pollet, à Dieppe (Pl. 1, fig. 15). — Ce pont, construit en 1889, a fait l'objet d'un Mémoire très complet de M.' l'Ingénieur en chef ALEXANDRE inséré dans les Annales des Ponts et Chaussées, année 1891. Il couvre une passe de 40 mètres d'ouverture; la longueur totale du tablier est de 70 m. 50, dont 47 m. pour la volée, et 23 m. 50 pour la culasse; le tablier, composé de deux poutres principales à treillis, entretoisées haut et bas, présente une largeur libre de 7 mètres entre poutres, dont 4 m. 50 pour une double voie charretiére et 2 m. 50 pour deux trottoirs latéraux; il pèse 810 tonnes, y compris 234 tonnes de lest en fonte pour contrepoids de culasse; ce lest dépasse de 20 tonnes environ celui qui serait strictement nécessaire pour l'équilibre sur le pivot, ce qui permet de contrebalancer une surcharge accidentelle de 50 kilos par mètre carré sur toute la surface du tablier, tenant au vent, à la neige ou à toute autre cause. L'appui sous l'extrémité de la volée comporte des rouleaux de dilatation qui ont été ajoutés après coup, parce que les

efforts longitudinaux causés par les poutres principales sous l'action des variations de température descellaient les pierres de taille formant sommiers.

Les appareils de manoeuvre de ce pont sont semblables à ceux des ponts tournants de Calais; les differences portent seulement sur les dimensions, qui sont beaucoup plus importantes, et sur les dispositions suivantes :

La presse-pivot contient de la glycérine au lieu de contenir de l'huile de naphte; pour faciliter sa visite et son remplacement, on peut la faire glisser sur des rails disposés à cet effet dans l'encuvement.

Les tasseaux sont en forme de coin au lieu d'être de forme cubique.

Les galets de culasse forment deux groupes de deux galets réunis par un balancier.

Les presses de basculement ne sont pas capables d'exercer à elles seules l'effort de soulèvement nécessaire pour permettre d'opérer le calage ou le décalage de la culasse; il faut faire agir en même temps la presse-pivot, dont le piston se détache alors du fond de la presse.

La presse de redressement du tablier dans sa position d'ou ́verture a été supprimée.

Les presses de rotation sont du type différentiel; le faible pouvoir correspond à un vent soufflant horizontalement et exerçant un effort de 10 kilos par mètre carré de surface normale à sa direction; le grand pouvoir correspond à un vent de 40 kilos. Enfin, les butoirs limitant la course du tablier à la fin de l'ouverture et de la fermeture consistent tout simplement dans un tampon en fonte à axe horizontal pénétrant dans un cylindre également en fonte fermé à son extrémité; l'intervalle compris entre le tampon et le fond du cylindre est rempli par un bloc de bois dur formant matelas; un boulon traverse le tampon, le bloc de bois et le fond du cylindre dans l'axe et sert de guide au tampon. Les poutres principales, au point qui correspond à la butée, sont garnies d'une pièce de chêne recouverte d'une tôle pour éviter les dégradations que les chocs pourraient produire.

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