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le plaisir barbare de le faire souffrir, languir et mourir d'inanition.

que

Rendue à des fonctions qui lui étaient interdites par la puissance même qui se démentait en l'invoquant, l'officialité mit moins de précipitation, mais tout autant de complaisance dans ses procédés, que le Sénat. Elle rendit, le 9 janvier 1810, une sentence conforme en tout au Sénatus-Consulte. Nous disons la puissance se démentit en recourant à l'officialité, parce que Napoléon prétendait établir son droit de régner sur les Constitutions de l'Empire, et parce que les Constitutions Françaises d'alors ôtaient aux tribunaux ecclésiastiques la connaissance des affaires contentieuses et conséquemment rendaient les officialités inutiles. Mais il n'y avait point de loi qui ne dépendît des caprices du despote. Il lui était aussi facile de refaire l'officialité qu'il le lui avait été de supprimer le Tribunat. Elle avait déjà repris naissance pour casser le mariage de Jérôme Buonaparte avec Mle Péterson, Américaine, devenue mère.

Des formalistes firent d'abord quelques objections relatives à l'incompétence de ce tribunal, attendu que ces sortes de cas étaient, par

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l'usage, soumis à la décision de Rome. L'incident fut préalablement jugé par une Commission ecclésiastique résidante à Paris, Commission, qui, tout aussi bien, aurait pu suppléer le tribunal qu'elle déclara compétent, puisqu'il ne s'agissait que d'obéir aux volontés du maître.

C'est ici qu'il faut admirer la sagesse de la discipline de l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine qui a réservé au Saint-Siége de connaître de tous les cas de dissolution quelconque de mariage. Les anciens Evêques français ne regrettaient pas cette juridiction, ils sentaient qu'il pouvait naître telle occurrence où toute l'autorité des clefs serait nécessaire pour s'opposer aux passions d'un despote, et ils abandonnaient sans peine au Père commun des fidèles le jugement des causes que lui seul pouvait dignement terminer. Buonaparte connaissait bien les principes immuables de nos anciens prélats; mais, Souverain intrus, il sentit qu'il ne pouvait se reposer, s'appuyer, se soutenir qu'avec des Evêques intrus, et il rejeta constamment de légitimes Prélats qui, fidèlement attachés à la légitimité Royale, n'auraient voulu prêter qu'à elle seule la puissante coopération de leur saint ministère et la force mo

rale de leur doctrine et de leurs vertus (1). Le machiavélisme qui avait induit Buona

(1) « Pourquoi Louis XVIII, légitime héritier du « trône, lorsqu'il y remonte par ses vertus et ses « droits, serait-il moins prudent et moins sage qu'un «< usurpateur? Pourquoi ne rétablirait-il pas l'Eglise « de France de manière à la faire concourir, comme << autrefois, au maintien de la gloire et de la puissance du trône? Voudrait-il laisser à l'intrusion ecclésias

«tique le soin de prêcher en faveur de la légitimité politique ? Pourrait-il compter sur le zèle et la fidé«lité de tels apôtres ? Oserait-il s'entourer de faux << pasteurs, et leur confier la garde, la conduite et <«< l'instruction morale de son peuple? Pourrait-il « enfin préférer à son clergé fidèle, des pontifes qui, « dans la chaire de la vérité, ont osé appeler Buona« parte l'Envoyé de Dieu, et dont le sacerdoce par«< jure et mercenaire a brûlé tour-à-tour son encens « sur l'autel de Baal et du Dieu d'Israël?

«Non! on ne peut plus s'abuser; le moment est << venu où toutes les fausses considérations et les prin« cipes dangereux de prudence, de modération, d'é<< preuves et de tempéramens, doivent céder et se taire « devant l'expérience qui parle, et qui nous avertit du << péril où nous sommes; elle vient de nous démon<«< trer que l'organisation, l'esprit et les sentimens de <«<l'armée de Buonaparte étaient incompatibles avec « l'existence de la monarchie française, et que sa << milice, glorieuse autrefois, aujourd'hui parjure, 4

parte à professer l'Alcoran sur les bords du Nil, le porta à feindre de professer l'Evangile sur les bords de la Seine; mais, en habile usurpateur, il eut soin d'établir et d'organiser sa nouvelle église de manière à la faire concourir au maintien de son autorité et de son intrusion politique; car c'était moins la religion catholique, que sa puissance qu'il voulait établir.

Il se réserva, pour cet effet, le droit de diriger la vocation des jeunes écclésiastiques, de hâter ou de retarder, de permettre ou d'interdire

«< n'avait environné le trône des Bourbons, que pour « en saper les fondemens, et parvenir plus sûrement « à sa ruine. Louis XVIII, pour sa conservation et «< celle de son peuple, a été obligé d'en ordonner le licen« ciement général et la prompte réorganisation. Peut« il penser que l'église napoléone soit plus favorable « au maintien de notre antique monarchie, et que la « milice religieuse du tyran soit plus fidèle et plus « sincèrement dévouée aux Bourbons que sa milice « guerrière? C'est une erreur de le croire; ce serait « une faute grave, et peut-être un crime de s'y « confier. » Adresse aux deux Chambres, par M. l'abbé VINSON.

Sans adopter ici ni discuter toutes les opinions de M, l'abbé Vinson, dans ce qui précède et suit cette note, nous nous empressons cependant de lui faire hommage de celles dont nous lui sommes redevables.

leur ordination, afin de n'accorder sans doute au culte que la réforme de ses armées, ou le rebut de ses camps.

Il fit de ses prêtres, comme de ses soldats, une milice mercenaire et stipendiée, afin que leur solde fût le garant de leur fidélité, et le témoignage annuel de leur honteuse et servile dépendance; car il les voulait plus sincèrement attachés au culte de sa tyrannie, qu'au culte du Très-Haut.

Il ordonna que la jeunesse fût formée à la Religion; mais à celle de l'esclavage et de l'obéissance aveugle; et pour atteindre ce but, il fit composer un catéchisme dans lequel sa doctrine fut confondue avec celle de Dieu; et où l'on plaça le symbole Napoléon avant le symbole de Nicée, où enfin le Code impérial fut constamment en opposition au Code Evangélique, et où la parole de Dieu fut continuellement combattue par la sienne.

<< Agissant dans les arts comme dans les con«quêtes, il prit le volume pour la beauté, et les << eût tous rendus gigantesques et barbares. Il ac « capara leurs produits, comme ceux du com« merce, réduisit les tableaux à des batailles, <<< l'architecture à des trophées, et la littérature

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