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COMMUNICATIONS.

I.

Analectes historiques.

Onzième série (1).

(Par M. GACHARD, membre de la Commission.)

CCCXIV.

Lettre de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, à Henri III, roi de Castille et de Léon, en réponse à ce qu'il lui avait fait exposer par ses ambassadeurs : 29 octobre

(1405).

Très-hault et très-puissant prince, très-chier seigneur et cousin, j'ay, par voz ambassadeurs, porteurs de cestes, qu'il vous a nagaires pleu envoier par deçà, receu voz très-aimables lettres, et tant par eulx comme par le contenu de vosdites lettres, sceu vostre bon estat, dont en vérité j'ay de cuer esté si très-liez et joyeux que plus ne pourroie; et pry à Nostre-Seigneur que, en le multepliant toujours de mieulx en mieulx, le veulle adez, par sa grâce, maintenir en telle et si parfaitte prospérité comme plus singulièrement le pourriez souhaitier, et je le

(1) Voy., dans la 2me série des Bulletins, le tome V, pp. 197-228′, 299380; le tome VII, pp. 23-220; le tome VIII, pp. 67-268; le tome IX, pp. 103-236; le tome XI, pp. 167-418; le tome XII, pp. 359-516; dans la 3me série, le tome I, pp. 311-496; le tome III, pp. 345-554, et le tome IV. pp. 323-566.

vouldroie pour ma propre personne. Si vous pry, très-hault et très-puissant prince, très-chier seigneur et cousin, que trèssouvent par les messagés entrevenans vous plaise m'en rescripre et faire savoir la certaineté, pour la très-grand consolation, resjoïssement et plaisance que ce m'est toutes foiz que j'en puis oïr en bien. Et, très-hault, très-puissant prince, très-chier seigneur et cousin, quant est de mon estat dont, la vostre mercy, savoir aussi vous plaist, j'estoie, à la faisance de ces lettres, en bonne santé, loez en soit Jhésu-Christ, qui ce meismes vous veulle tousdiz ottroier. Très-hault et très-puissant prince, très-chier seigneur et cousin, j'ay bien oy les trèsdoulces et affectueuses parolles que vozdiz ambassadeurs m'ont dites et rapportées de par vous, desquelles et de la bonne amour que par icelles paroles j'ay bien senti et apperceu que vous avez moy, sachant bien aussi l'amour que vous eustes à feu monseigneur mon père, cui Dieux perdoint (1), je vous remercie tant et si de cuer que plus ne pourroie, en vous priant qu'il vous y plaise fermement persévérer si comme en vous j'en ay parfaicte confidence, et en bonne foy vous trouverez adez le pareil en moy, de mon povoir, sens faillir, et ay bien en entencion de pièça d'envoier aucuns de mes gens par-devers vous. Mais, trèshault et très-puissant prince, très-chier seigneur et cousin, pour les très-grans empeschemens et occupacions que j'ay euz depuis le trespassement dudit feu monseigneur mon père, tant pour le fait d'icellui et du décès qui avint si tost après de feue madame ma mère, dont Dieux ait l'âme (2), comme pour les besoignes que j'ay eu nouvellement à faire par deçà, ainsi que vozdiz ambassadeurs vous pourront, s'il vous plaist, dire plus à

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(1) Philippe le Hardi, père du duc Jean, était mort à Hal, près de Bruxelles, le 27 avril 1404.

(2) Marguerite de Flandre, épouse de Philippe le Hardi, était morte à Arras le 21 mars 1405 (et non le 16, comme le dit l'Art de vérifier les dates).

plain, je ne l'ay pas si tost peu faire comme j'avoie proposé, non mie par faulte de bonne volunté, mais pour cause des empeschemens dessusdiz: de quoy je vous pry, très-hault et trèspuissant prince, très-chier seigneur et cousin, me vouloir avoir et tenir pour excusé. Et quant au fait des alliances et confédéracions d'entre vous et moy dont vozdiz ambassadeurs m'ont aussi touchié et parlé, je, non mie seulement pour l'amistié et affinité qu'il y avoit entre vous et ledit feu monseigneur mon père entretenir, mais adez l'accroistre entre nous de plus en plus, suy et seray prest de y entendre toutes les foiz qu'il vous plaira, et envoieray très-voluntiers, pour ceste cause, de mes gens par delà devers vous, s'il vous plaist; ou s'il vous plaist envoier aucuns des vostres pour ce par deçà, je besoingneray voluntiers sur ce avecques eulx, ou j'envoieray voluntiers de mesdites gens en aucun lieu en marche (1), pour y assembler avecques les vostres, selon ce que vous amerez le mieulx, sceue sur ce vostre bonne response et volunté. En oultre, très-hault et très-puissant prince, très-chier seigneur et cousin, j'ay entendu que la guerre est ouverte entre vous et le roy de Garnade; et pour ce, s'il vous plaist avoir de mes gens de par deçà pour vous servir en ladite guerre, plaise vous le moy féablement faire savoir, et je vous en envoieray voluntiers et de cuer, prest aussi et désirant d'acomplir adez en toutes autres choses voz bons plaisirs. Et je pry au Saint-Esperit, très-hault et très-puissant prince, très-chier seigneur et cousin, qu'il vous ait en sa benoîte garde. Escript à Paris, le XXIX jour d'octobre.

KEYTHULLE.

Vostre cousin,

Le Duc de Bourgoingne, Conte de Flandres,
D'ARTOIS ET de Bourgoingne.

(1) En marche, sur la frontière.

TOME VIIme, 3me SÉRIE.

2

Suscription: A très-hault et très-puissant prince mon trèschier seigneur et cousin le roy de Castelle et de Lyon.

(Original, aux Archives de l'Empire, à Paris, sec

tion historique, carton K, 1381, B. I. 16.)

CCCXV.

Lettre des états de Hainaut à Jean de Bavière, par laquelle ils lui déclarent que l'Empereur n'a sur la Hollande et la Zélande que le droit d'hommage, et qu'il n'a aucun droit sur le Hainaut : 11 mai 1418 (1).

Très-redoubtés sires, plaisir vous soit de savoir que nous advons recheu voz lettres patentes escriptes à Dourdrecque le.. jour d'apvril derrain passé, adreschans à nous, les prélas, nobles et bonnes villes dou pays, et les lettres dou roy des Romains icelles lettres contenans en substance que ledit roy des Romains dist à luy estre esqueut (2) de no seigneur le ducq, vostre frère, quy trépassa sans hoir masle légitisme, les pays et seignouries de Haynnau, Hollande et Zellande, et que iceulx pays il vous a donnés; sy nous mandés et requérés, à ceste cause, que recepvoir vous vueillons comme à seigneur, et faire serment, et dou serment qu'avons faict à no damme vostre nièpce (3) ledit roy nous dispense, et mander notre response. Sur quoy vous soit plaisir de croire que,

(1) Voir les Annales du Hainaut de Vinchant, édition publiée par la Société des Bibliophiles belges, t. IV, pp. 72 et 73.

(2) Esqueut, échu.

(3) Jacqueline de Bavière.

du roy des Romains, quy prétendt à avoir droict èsdis pays, advons très-grand merveille : car nous advons bien veu lettres seellées de Loys, roy des Romains, quart de ce nom, de moult anchienne dabte, par lesquelles il recognoist que és pays de Hollande et Zellande n'a nul droict quelconques, excepté l'omaige seullement, et autres lettres et bulles de ce meisme. roy, faictes au temps qu'il estoit empereres, par lesquelles, et du consentement de ses pers, ensy le recognoist: quy sont coses sy notables que, se le roy de présent en fust informés, il se peuwist estre avisés de faire le don dessusdit, et ossy vous, très-redoubtés sires, de le volloir accepter. Et quant est au pays de Haynnau, ledit roy ne ses prédécesseurs n'eulrent oncques nul droit, ne n'est tenus de luy, combien que scitués soit en l'Empire; ossy tout temps y ont femmes succédé, quant le cas s'y est offiers, comme madamme saincte Waudrut, dont li corps sains gist à Mons, dont estes yssus, quy en fut héritière et contesse, et qui se maria à monsieur sainct Vinchien, et à cause d'elle possessa ladite conté de Haynnau; ossy depuis madamme la contesse Ricault (1), la contesse Alis et ma trèsredoubtée damme l'empereis, vostre taie (2), dont la seignourie vint à no seigneur monsieur le ducque Aubert, vostre père. Et s'est li lois dou pays telle que, en toutes baronnies, viscontés et aultres seignouries femmes succèdent, quant à elles esquient (3) par faulte d'oir malle. Se vous supplions que vous soit plaisirs luy advertir de la droitte vérité, et de ce que nous advons faict foyaulté et serment à nodite damme, vostre niepce, héritière doudit pays, comme faire deviens et tenir vo

(1) Richilde.

(2) L'empereis, vostre taie, l'impératrice, votre aïeule. Marguerite, fille du comte Guillaume Ier, avait épousé l'empereur Louis de Bavière, dont elle eut, entre autres enfants, Guillaume III, qui lui succéda au comté de Hainaut, et Aubert, qui succéda à son frère.

(3) Esquient, échoient.

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