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(N. 381)

I: Le gouvernement Consulaire.

An 8-an 12 (1799-1804).

L'AN HUIT. LE DÉBUT DU CONSULAT.

>>PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE

de l'administration centrale du département de la Seine du 28 brumaire an 8 [19 nov. 1799].«

Le Couteulx, président, Sabatier, Sauzai, Davous, Guinebaud, administrateurs, Réal, commissaire du gouvernement, et tous les citoyens attachés à ses travaux, prêtent le nouveau serment, prescrit par la loi du 25 brumaire an 8, dans la cour de la maison des séances.

>> Discours du président.

Il existait dans notre nouvelle organisation sociale des vices qui ne cessaient d'opérer des déchirements dans la république depuis son établissement.

La constitution de l'an 3 avait bien consacré la souveraineté du peuple, la division des pouvoirs, le système représentatif; mais c'est en vain que depuis quatre ans nous lui avons cherché une garantie, un moyen d'exister par elle-même.

Nous voulons la paix intérieure et extérieure; et chaque jour, chaque événement nous éloignait du but où nous voulions atteindre. Des hommes d'une forte conception, d'un grand courage, ont bien jugé les circonstances, ils se sont dit:

Les Français républicains ne veulent pas retomber sous le

A. SCHMIDT, Tableaux. III.

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joug honteux du despotisme sacerdotal et nobiliaire, ni passer encore une fois sous celui d'une horrible et sanglante démagogie; mais l'un ou l'autre malheur est inévitable, l'abîme est entr'ouvert sous nos pas, si l'on ne s'empresse de donner à la république française de la stabilité dans ses lois, une garantie réelle dans ses institutions, de la force et de la dignité dans son gouvernement.

Voilà quel a été le but de cette grande entreprise à laquelle nous avons vu s'associer tous les vrais citoyens.

Et qui méconnaît aujourd'hui dans la révolution du 19 brumaire les destinées impérissables de la liberté humaine? qui méconnaît le caractère imposant de la volonté et des voeux du peuple français? Citoyens, nous voulons tous la république; mais nous lui voulons un gouvernement où l'on cesse enfin d'être oppresseurs ou opprimés, vaincus on vainqueurs; nous voulons tous que la liberté des bons soit protégée, celle des méchants comprimée. Voilà les vrais sentiments du peuple français; tout ce que nous avons éprouvé depuis dix ans en a pénétré nos cœurs.

Citoyens, c'est avec cette volonté, c'est dans ces sentiments que vous allez prêter avec nous le serment de fidélité à la république fondée sur les bases de la liberté, de l'égalité, et du système représentatif.

Nous dirons ici avec un honorable membre de la commission législative du Conseil des anciens: Si notre confiance est bientôt justifiée, les bénédictions et le bonheur de la France républicaine nous absoudront, aux yeux de nos administrés, de la part que nous avons prise à ce mouvement; si au contraire les événements trompaient nos intentions et nos efforts, nous déposons ici d'avance, en leurs mains, notre acte d'accusation et l'arrêt de notre honte et de notre mort.

Après ce discours, vivement applaudi, et suivi du cri répété de Vive la république, le Président a prononcé en ces termes la formule du serment prescrit par la loi:

Je jure d'être fidèle à la rép. une et indivisible, fondée sur l'égalité, la liberté et le système représentatif.«<

(N. 362)

DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-SAÔNE.

CANTON DE QUERS.

»Quers le 29 brumaire an 8 [20 nov. 1799].

Le commissaire du gouvernement près l'administration municipale du Canton de Quers

Au ministre de l'Intérieur [Laplace].

Mon dernier état annonçait que nos succès multipliés avaient intimidé les royalistes et relevé l'espoir des républicains. Aujourd'hui, par une gaucherie pitoyable, les royalistes ne croient-ils pas s'approprier les fruits des 18 et 19? - Déjà ils menacent les républicains; ils font trembler les acquéreurs de biens nationaux; ils sonnent le tocsin contre les fonctionnaires dont le zèle et la prudence ont su contenir toutes les factions; en un mot, ils parlent d'un roi et d'un ancien régime!!!

Les plus raisonnables d'entr'eux ne prédisent qu'une bascule; mais les sots, et c'est le plus grand nombre, croient déjà voir la couronne de France flétrir les lauriers du héros des deux parties du monde, et repasser aux Bourbons. Car, ajoutent-ils, il nous faut de la Race.

Je désirerais que le décadi arrivât plus fréquemment; j'aurais plus d'occasion de dissuader les uns, et d'affermir de plus en plus les autres dans l'aveugle confiance que nous devons tous à Bonaparte ....

Gravier.<<<

(N. 363)

>>TABLEAU DE LA SITUATION

morale et politique du département de la Haute-Saône à l'époque du 1er frimaire an 8 [22 nov. 1799].

Le commissaire du gouvernement près l'administration centrale etc.

Au ministre de l'Intérieur.

Esprit public. La masse des citoyens de la Haute-Saône est sincèrement attachée à la république... On ne dissimulera

pas que les moyens extraordinaires, que la cessation de tous les services a forcé de mettre en usage, ont singulièrement altéré l'esprit public dans plusieurs communes. Le mode de réquisitoire est généralement repoussé par tous les citoyens. Les circonstances où nous avons été placés ont pu seules l'autoriser, mais il y aurait du danger à l'employer de nouveau. Le gouvernement s'empressera sans doute d'y substituer un autre ordre de choses. ... La loi du 19 brumaire a été publiée dans toutes les communes du dép. avec toute la pompe qu'elle exigeait. Le calme et la tranquillité la plus parfaite continue à y régner.

Force armée. Divers dépôts sont placés dans plusieurs cantons du dép.; ils activent, de concert avec les colonnes mobiles et la gendarmerie, le départ des conscrits et réquisitionnaires qui ont lâchement abandonné leurs drapeaux.

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Le ministre de l'Intérieur au ministre de la Police générale.

Mon cher collègue, je vous envoie copie d'une lettre de Siret, commissaire près l'administration municipale du canton St. Calais. Je ne doute pas que vous ne preniez cette lettre dans la plus haute considération. «

Lettre incluse.

»St. Calais, le 16 brumaire an 8 de la république [7 nov. 1799]. Le commissaire du directoire exécutif près l'administration municipale du canton

Au ministre de l'Intérieur.

Notre malheureux canton, cerné de toutes parts par les brigands, est depuis un mois dans les plus cruelles alarmes; chaque jour nous réclamons des secours, mais toujours en vain.

1 Voir le n. 357.

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