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qu'ils ont fait soutenir à leurs élèves, les distributions de prix qui en ont été la suite, ont annoncé que, du côté de l'instruction, beaucoup ne laissèrent rien à désirer. Je ne dois pas passer sous silence la fête bien touchante de la distribution des prix aux élèves des écoles primaires du département. J'ai vu tous les spectateurs attendris des succès précoces d'enfants de 4 et 5 ans, déjà lancés dans la carrière républicaine, de leur joyeuse émulation, du zèle de leurs instituteurs qui, malgré leur indigence, la nullité de leur rétribution, se livrent avec courage à une tâche difficile. Tenus seulement à enseigner gratuitement le quart de leurs élèves, il en est tels qui ont soixante élèves indigents sur 4 ou 5 payants. Leurs noms ont été offerts à la reconnaissance publique. Les jeunes filles ont eu une grande part aux succès des écoles primaires. Il est à remarquer que, lors de l'examen préliminaire fait par le jury, leur instruction a paru généralement plus soignée que celle des garçons.

Le goût et l'étude des sciences exactes, professées à Paris par les plus habiles maîtres de l'Europe, est général parmi la jeunesse. L'école polytechnique, le prytanée, les écoles centrales, les maisons d'éducation particulières, offrent à la patrie une foule d'élèves tout prêts à soutenir la gloire du génie et de l'artillerie française, et à rendre à notre marine celle qu'elle n'eût jamais dû perdre. Il en est de même du dessin, dont le goût est généralement répandu, dont l'étude devient une espèce de passion, et qui promet à nos manufactures les plus brillants succès. Les étrangers qui viennent en France sentent mieux que nous-mêmes notre supériorité à cet égard, et il est facile de prévoir les triomphes qu'elle garantit à la république, lorsque l'expérience aura perfectionné par ses leçons les talents précoces d'une si belle jeunesse. Il y a donc mauvaise humeur, s'il n'y a mauvaise foi, à dire que les dix années écoulées depuis le commencement de la révolution sont perdues pour l'instruction publique. Si l'étude des belles-lettres a été interrompue, dans ces moments mêmes d'interception la jeunesse a reçu une instruction négative beaucoup plus utile. Les événements de la révolution l'ont accoutumée à méditer, lui ont formé le jugement, et cette grande école vaut bien les bancs du collége. La jeunesse française en a profité, et il n'est pas rare de trouver un jeune homme de 15 ans raisonner sur les principes de la politique beaucoup mieux que les vieux conseillers de la cour de Vienne.

Annuaire Républicain. Son triomphe est assuré. Déjà le dimanche expire à la porte des boutiques ouvertes, et chaque coup de marteau de forges hâte sa destruction. Mais, par quelle fatalité le fanatisme échappe-t-il toujours aux attaques de la philosophie? Après sept années de triomphe, la république voit encore

les coryphées de la superstition s'asseoir effrontément à côté de son annuaire. C'est déjà trop, selon moi, de permettre qu'on imprime en France le calendrier Grégorien. Il devait être saisi comme mesure, abolie, comme on saisit et l'aune et la voie; mais qu'on l'accole à l'annuaire de la république, qu'on y joigne toute la légende monastique, que ce monument de superstition vienne se placer sur le bureau des fonctionnaires publics, c'est une honte!

Les prêtres savaient bien qu'en s'emparant de nos sens, de nos affections, de notre imagination, ils consolideraient leur empire; ils savaient bien qu'en mettant chaque jour sous nos yeux un nouveau trait de dévouement pour leur puissance, ils attacheraient par le merveilleux et fixeraient les peuples à leurs genoux. Pourquoi donc par un motif plus digne ne nous emparerions-nous de leurs idées, quand elles peuvent être utiles à la chose publique? Pourquoi, effaçant le nom des Saints et des martyrs, n'y substituerionsnous pas ceux des Républicains, des bienfaiteurs de l'humanité? C'est dans cet almanach respectable que les pères choisiraient les prénoms de leurs enfants. Faut-il donc qu'une génération républicaine reçoive en naissant le cachet de la sottise! Cette idée n'était pas échappée à la Convention nationale, lorsqu'elle décréta notre annuaire. A la légende mystique elle avait substitué une nomenclature intéressante puisée dans les productions les plus utiles de la nature et des arts; mais un citoyen n'aime pas plus porter devant son nom celui de Carotte, Choux, Artichaud que ceux de Antoine, Loup, Roch, Cloud. Les noms des Catons, des Cicérons, des Mutius, des Horaces, des Aristide, des Socrate, des Franklin, des Mirabeau, des Marceau, des Hoche, des Montesquieu, des Helvétius sont plus agréables à l'imagination et au sentiment. Pourquoi la République n'aurait-elle pas sa légende, ses fastes, où elle inscrirait avec honneur un grand homme à sa mort, de quelque nation qu'il fût!

Mœurs. Il n'y en a plus, il faut en créer de nouvelles. Faut-il un dieu pour ce grand ouvrage? Non, il faut seulement des institutions sages et républicaines, le gouvernement peut tout à cet égard. Cependant, quand je dis qu'il n'y a plus de mœurs, je n'entends pas dire que le désordre moral soit à son comble; mais seulement que les principes sur lesquels étaient basées les mœurs de nos pères sont détruits, ce qui ne serait pas un mal, si sur le champ on donnait une nouvelle base à nos mœurs nationales. Si l'on tarde trop, elles s'anéantiront, et la morale particulière se pervertira. On a compté dans ce mois beaucoup de vols, 12 suicides etc.

Cultes. Dans les campagnes le trône sacerdotal s'écroule chaque jour. Dans plusieurs communes les prêtres ont vécu; dans d'autres on parvient à les museler; quelques-uns même se prêtent

d'assez bonne grâce à porter leur office au décadi. A Paris ils sont plus tenaces, plus obstinés, mais non plus puissants. On ne voit plus guère autour d'eux que des vieillards et des enfants. On déserte les églises pour les bals champêtres. Cependant il ne faut pas encore chanter victoire. Si l'on n'y prend garde, ils vont s'emparer de l'instruction de l'enfance et de la jeunesse. Tous se font instituteurs; il est bien urgent de leur enlever cette proie. enfin, c'est laisser au tigre l'éducation de l'agneau. Une loi qui ordonnerait à tout instituteur d'être marié, en chasserait beaucoup de ces fonctions sacrées; ce serait une grande conquête pour la république.

Car

Les assemblées des Théophilantropes sont moins suivies ; cependant il n'y a plus aujourd'hui une seule église à Paris où leur culte ne soit inauguré. Mais il n'annonce pas une existence durable. On entend avec plaisir les discours des théophilantropes, dont la morale est toujours l'objet, et où ils ne mêlent aucune question politique. Parlons au peuple par image, par tableau, conquérons ses affections par la vue et le sentiment, peu de paroles et beaucoup de spectacle, voilà ce qu'il faut pour l'attacher. L'artisan, l'ouvrier veut jouir sans application, sans réflexion profonde; l'attention fixe et continue de l'esprit le fatigue; il veut être récréé, de simples discours l'endorment. Les théophilantropes le savent, mais ils sont sans moyens pécuniaires.

Dupin.<<

(N. 327)

CÉLÉBRATION DES DÉCADIS.

>> Extrait de l'arrêté de l'administration centrale du département de la Seine, du 2 jour complémentaire de l'an six de la république [18 sept. 1798].

Art. 1. La célébration des décadis se fera pour les cantons ruraux dans l'édifice remis à l'usage des habitants du chef-lieu de chaque canton, par l'art. 1 de la loi du 11 prairial an 3.

Art. 2. Dans le canton de Paris elle se fera par arrondissement dans les édifices désignés en la loi du 30 prairial an 3. (Savoir pour le 9. arrond. dans l'édifice Notre-Dame).

Art. 3. Les décadis, à huit heures et demie précises du matin, l'exercice de tout culte cessera dans les édifices désignés aux deux précédents articles; il ne pourra reprendre qu'après que les administrations municipales auront exécuté tout ce qui est prescrit par

la

loi du 13 fructidor, pourvu toutes fois qu'il ne soit pas plus de six heures du soir en hiver, et huit heures en été.

Art. 4. Les édifices dont il s'agit, pendant toute la célébration des décadis, ne devant plus être considérés comme destinés à des cultes particuliers, et la loi devant seule y être connue et entendue, les sectateurs des différents cultes seront tenus de faire enlever tous les signes quelconques de ceux qu'ils exercent, et de les faire voiler lorsqu'ils ne pourront être transportés.

Art. 5. Nul ne pourra, sous les peines portées en l'art. 18 de la loi du 7 vendémiaire an 4, paraître dans les dits édifices pendant la célébration du décadi avec les habits, ornements ou costumes affectés à des cérémonies religieuses ou à un ministre d'un culte.

Art. 6. Il sera placé dans le lieu le plus apparent des mêmes édifices un tableau contenant la déclaration des droits et des devoirs de l'homme et du citoyen.«

Cet arrêté devint la cause d'un conflit entre la municipalité du 9ième arrondissement et la secte des Théophilanthropes. Ceux-ci se plaignaient de ce que »l'administration municipale<< avait consacré exclusivement à la célébration des fêtes décadaires la nef et le chœur de Notre-Dame, où s'exerçait le culte des Théophilantropes.<< Le carton 3 des actes du département de la Seine (F c) contient les actes nombreux de ce conflit, qui embrassait les mois de vendémiaire, brumaire et frimaire an 7. Voir, d'ailleurs, nos nn. 334 ss.

(N. 328) TABLEAU DES DIVISIONS DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE. 1

>>Canton de Paris. I. Arrondissement: 1. division des Tuileries; 2. div. des Champs-Elysées; 3. div. du Roule; 4. div. de la Place-Vendôme. II. arrondissement: 5. div. de la Butte-des-moulins; 6. div. Lepelletier; 7. div. du Mont-blanc; 8. div. du faubourg Montmartre. III, arrond.: 9. div. de Brutus; 10. div. Poissonnière;

1 Ce tableau, dont nous ne donnons qu'un extrait, porte la date de l'an 7; il peut servir, en même temps, de commentaire aux numéros précédents, et d'introduction au chapitre qui suit.

11. div. du Contrat-social; 12. div. du Mail. IV. arrond.: 13. div. des Gardes-françaises; 14. div. du Muséum; 15. div. des Halles-etmarchés; 16. div. de la Halle-aux-bleds. V. arrond.: 17. div. de Bon-conseil; 18. div. de Bonne-nouvelle; 19. div. de Bondy; 20. div. du Nord. VI. arrond.: 21. div. des Lombards; 22. div. des Amisde-la-Patrie; 23. div. des Gravilliers; 24. div. du Temple. VII. arrond. 25. div. de l'Homme-armé; 26. div. de la Réunion; 27. div. des Arcis; 28. div. des Droits-de-l'homme. VIII. arrond.: 29. div.

de Montreuil; 30. div. des Quinze-vingts; 31. div. de Popincourt; 32. div. de l'Indivisibilité. IX. arrond.: 33. div. de l'Arsénal; 34. div. de la Fidélité; 35. div. de la Cité; 36. div. de la Fraternité. X. arrond.: 37. div. de l'Unité; 38. div. de la Fontaine-de-Grenelle; 39. div. de l'Ouest; 40. div. des Invalides. XI. arrond.: 41. div; du Pont-neuf; 42. div. des Thermes; 43. div. du Théâtre-français. 44. div. du Luxembourg. XII. arrond.: 45. div. du Panthéon; 46. div. de l'Observatoire; 47. div. des Plantes; 48. div. du Finistère.

Cantons ruraux: 1. Canton de Passy; 2. de Nanterre; 3. de Colombes; 4. de Clichy; 5. de Franciade; 6. de Pierrefitte (Communes: Pierrefitte, Villetanneuse, Epinay, Isle Franciade, La CourNeuve, Bobigny, Drancy, Le Bourget, Dugny, Stains); 7. de Pantin; 8. de Belleville; 9. de Charenton-le-pont; 10. de Vincennes; 11. de Montreuil; 12. de Villejuif; 13. de Choisy; 14. de Sceaux-l'unité; 15. de Chatillon; 16. d'Issy-l'union. «

III. L'an sept de la république.

(N. 329)

LE BUREAU CENTRAL DÉNONCÉ.

>>Rapport particulier au ministre de l'Intérieur. 1re Division. 7o Bureau.

4 vendémiaire an 7 [25 sept. 1798].

Le compte décadaire rendu par le commissaire près l'administration centrale du département de la Seine pour le mois de thermidor dernier présente un fait qui m'a paru devoir mériter une attention particulière et être pris en prompte considération. Je me borne à l'exposer littéralement. ,,Il ne règne pas entre le bureau central (du canton de Paris) et le Commissaire du Directoire Exé

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